vendredi 21 décembre 2018

REMPLIE DE L'ESPRIT SAINT

QUATRIÈME DIMANCHE DE L'AVENT
(Lc 1, 39-45)
Me voici

Toi, Bethléem Éphrata,
le plus petit des clans de Juda,
c’est de toi que sortira pour moi
celui qui doit gouverner Israël.

Le cadre est planté : Celui qui est attendu depuis des siècles ne viendra pas chez les puissants de ce monde , Il n'apparaîtra pas dans une somptueuse capitale, encore moins dans une grande famille reconnue pas la société, non ! Il apparaîtra dans le plus petit des clans de Juda et nous apprendrons, plus tard, qu'Il devra chercher un lieu pour voir le jour car il n'y aura pas de place pour Lui à l'Hôtellerie ! C'est tout simplement remarquable ! Celui qui aura pour mission d'illuminer le monde vient du plus bas qui soit, tout en existant au plus Haut , comble de l'humilité d'un Dieu qui vient donner Sa propre dignité à l'humanité en souffrance ! « Ayez en vous les mêmes sentiments dont était animé le Christ Jésus: bien qu'il fût dans la condition de Dieu, il n'a pas retenu avidement son égalité avec Dieu; mais il s'est anéanti lui-même, en prenant la condition d'esclave, en se rendant semblable aux hommes, et reconnu pour homme par tout ce qui a paru de lui; » (Ph 2)
Et tout cela , pourquoi ? Par amour ! Pour qui ? Pour l'humanité dévoyée ! Comme Il est grand notre Sauveur ! Il s'exposera même, à toutes sortes de quolibets « De Nazareth ! Peut-il sortir de là quelque chose de bon ? » (Jn 1, 46). pour nous permettre de L'approcher sans crainte ! Il se fait vraiment l'un de nous !
Il prend le chemin courant de l'humanité ! Il aurait pu tomber du ciel comme un fruit mur tombe de l'arbre, non ! Il choisit d'honorer cette humanité, de la magnifier, en naissant d'une femme comme le commun des mortels ! Lui qui n'a ni commencement ni fin, « Je
suis l'alpha et l'Oméga, dit le Seigneur Dieu, celui qui est, qui était et qui vient, le Tout-Puissant. (Ap 1) Lui l'alpha et l'oméga, prend chair de notre chair , en notre chair ! « jusqu’au jour où enfantera celle qui doit enfanter, »
Et qui va L'accueillir ? Quel monarque sera sur les lieux ? Quels gardes du corps ? Un âne et un bœuf pour le réchauffer et bientôt, des bergers passant par là qui colporteront la Nouvelle ! Bergers ? Oui, car Lui-même sera le Berger des bergers et de l'humanité qui acceptera de reconnaître dans Son indigence le Seigneur des seigneurs ! Il se dressera et il sera leur berger par la puissance du SEIGNEUR,par la majesté du nom du SEIGNEUR, son Dieu. Ils habiteront en sécurité, car désormais Il sera grand jusqu’aux lointains de la terre, en lui-même, il sera la paix !
Et quel Berger ! Celui qui, en S'abaissant , quoique, égal au Père , ne craint pas, Lui la Parole éternelle du Père, Lui qui a fait les mondes et les gouverne, de se soumettre pour accomplir la volonté d'un Autre qu'Il appellera Père : Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté,ainsi qu’il est écrit de moi dans le Livre.....Me voici, je suis venu pour faire ta volonté.Ainsi, il supprime le premier état de choses pour établir le second.Et c’est grâce à cette volonté que nous sommes sanctifiés,par l’offrande que Jésus Christ a faite de son corps,une fois pour toutes.
N'avons-nous pas là de quoi être confondus ? Arrêtons-nous : sommes-nous confondus ? Sommes-nous retournés ? Devant une telle humilité, splendeur, profondeur, largeur, hauteur d'amour comme l'écrit Saint Paul «Ainsi vous serez capables de comprendre avec tous les fidèles quelle est la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur...
Vous connaîtrez l'amour du Christ qui surpasse tout ce qu'on peut connaître. Alors vous serez comblés jusqu'à entrer dans la plénitude de Dieu. (Eph3)  Sommes-nous sans voix ? Que cherchons-nous d'autre dans tous les expédients qui nous détournent du seul essentiel ! En Lui, nous avons TOUT ! Et ce n'est pas l’Évangile qui suit qui contredira :Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée.Marie qui voit sa vie bouleversée par l'annonce inattendue de l'Ange Gabriel apprend en même temps que sa cousine attend un enfant, elle qu'on appelait la stérile «  Et voici qu'Élisabeth, ta cousine, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse et elle en est à son sixième mois, alors qu'on l'appelait : 'la femme stérile'. (Luc 1) » 

Marie, sans la moindre hésitation prend la route et « avec empressement » nous dit saint Luc se rend auprès de sa cousine pour l'assister. Marie a quinze ans, c'est une toute jeune fille promise en mariage, porteuse d'un secret démesuré, lourd de conséquences pour sa vie privée, cependant, il n'y a pas de retour sur soi, pas de question déplacée, de préséance ou non, Marie discerne un besoin et « elle vole » pour soutenir sa cousine ! Quel magnifique oubli de soi ! Quelle magnifique ouverture à l'autre ! Voilà de quoi nourrir notre réflexion pour discerner les urgences dans notre vie personnelle !


Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle.L'enfant que porte Élisabeth réagit dans le sein maternel, cette rencontre est loin d'être innocente, cette réaction n'est autre que la rencontre des deux Testaments . Jean que nous appellerons plus tard « le Baptiste » et qui devancera Jésus de quelques mois met un terme à l'Ancienne Alliance, il en est le dernier Prophète et Jésus ouvre la Nouvelle Alliance qu'Il scellera dans son Sang. On peut penser et croire que par une grâce unique les deux enfants se reconnaissent d'ailleurs le verset qui suit le confirme puisque Élisabeth est alors « remplie de l'Esprit Saint » . Et si Élisabeth est remplie d'Esprit Saint, c'est que celui qu'elle porte EST REMPLI D'ESPRIT SAINT , nous trouvons cela dans l'Annonce faite à Zacharie son père :
« Sois sans crainte, Zacharie,
car ta supplication a été exaucée :
ta femme Élisabeth mettra au monde pour toi un fils,
et tu lui donneras le nom de Jean.
    Tu seras dans la joie et l’allégresse,
et beaucoup se réjouiront de sa naissance,
    car il sera grand devant le Seigneur.
Il ne boira pas de vin ni de boisson forte,
et
il sera rempli d’Esprit Saint dès le ventre de sa mère ;

Sommes-nous capables de nous émerveiller du Don de Dieu ? Dès le sein maternel, cet enfant, par élection, est rempli d'Esprit Saint et communique cette grâce à sa mère qui devient capable, par grâce, de reconnaître la merveille que vit sa jeune cousine habitée Elle-même par le ciel  !
Qu'un enfant bouge dans le sein de sa mère, rien que de très naturel. Mais l'enfant d'Élisabeth tressaille d'allégresse, on pourrait même dire qu'il "bondit de joie". Voilà qui dépasse les mouvements d'un enfant à naître. En réalité, la rencontre d'Élisabeth et de Marie semble se calquer sur celle de David et de l'Arche d'Alliance (2 Samuel 6,2-11). Le roi David se met à tressaillir d'allégresse et s'écrie : "Comment se fait-il que l'arche du Seigneur vienne chez moi ?" Ce rapprochement des deux scènes permet à l'évangéliste d'exprimer la foi chrétienne. Marie, comparée à l'Arche d'Alliance, porte en elle celui qui est la présence de Dieu parmi ses frères. Élisabeth reconnaît en l'enfant de Marie son "Seigneur" et son propre enfant reconnaît en bondissant de joie la grandeur de Jésus.(Croire)
Et je n'hésite pas à vous partager ce qu'écrit Saint Ambroise à ce propos :
Elle (Marie) qui était maintenant remplie de Dieu, (Elle portait Dieu) où pouvait-elle se rendre avec empressement, sinon vers les hauteurs ? La grâce du Saint-Esprit ne connaît pas les hésitations ni les retards. L'arrivée de Marie et la présence du Seigneur manifestent aussitôt leurs bienfaits, car, au moment même où Élisabeth entendit la salutation de Marie, l'enfant tressaillit en elle, et elle fut remplie de l'Esprit Saint.

Remarquez les nuances et l'exactitude de chaque mot. Élisabeth fut la première à entendre la
parole, mais Jean fut le premier à ressentir la grâce : la mère a entendu selon l'ordre naturel des choses, l'enfant a tressailli en raison du mystère ; elle a constaté l'arrivée de Marie, lui, celle du Seigneur ; la femme, l'arrivée de la femme, l'enfant, celle de l'enfant ; les deux femmes échangent des paroles de grâce, les deux enfants agissent au-dedans d'elles et commencent à réaliser le mystère de la piété en y faisant progresser leurs mères ; enfin, par un double miracle, les deux mères prophétisent sous l'inspiration de leur enfant.

Jean a tressailli, la mère a été comblée. La mère n'a pas été comblée avant son fils, mais, comme le fils était comblé de l'Esprit Saint, il en a aussi comblé sa mère. Jean a exulté, et l'esprit de Marie a exulté, lui aussi. L'exultation de Jean comble Élisabeth ; cependant, pour Marie, on ne nous dit pas que son esprit exulte parce qu'il est comblé, car celui qu'on ne peut comprendre agissait en sa mère d'une manière qu'on ne peut comprendre.
Élisabeth est comblée après avoir conçu, Marie, avant d'avoir conçu. Heureuse, lui dit Élisabeth, toi qui as cru.
Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : tout cela est de l'ordre de la grâce. Élisabeth, cette personne avancée en âge entre, j'ose le dire, dans « l'ordre des Prophètes » Sans une grâce spécifique de l'Esprit de Vérité Élisabeth était incapable de dire ce qui suit. St Paul ne nous dira t-il pas plus tard au chapitre 12 de sa première lettre aux Corinthiens :« Sans l’Esprit Saint, personne ne peut dire : Jésus est le Seigneur !  » (1 C 12,3) Or, ici la seule salutation de Marie fait tressaillir Jean dans le sein maternel, et, ce tressaillement éclaire Élisabeth qui reconnaît l’œuvre de Dieu en Marie sa jeune cousine et induit cette explosion de joie chez Élisabeth qui reconnaît la grandeur de Marie habitée par Celui qui l'a créée et de plus préservée pour en faire Sa Mère ; « Tu es bénie entre toutes les femmes,et le fruit de tes entrailles est béni.  
Autrement dit , non seulement Dieu dit du bien de toi, sur toi et surtout en toi, puisque Celui que tu portes est Mon Seigneur mais tu deviens la Première parmi toutes les femmes :D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Élisabeth remplie d'Esprit Saint sans rien savoir de l'Annonce faite à Marie perçoit que cette toute jeune fille, porte en Elle Celui que le monde attend depuis des siècles ! N'est-ce pas bouleversant de grandeur et en même temps d'humilité, de simplicité , de Vérité ? Il n'y a pas de place ici pour les comparaisons, les jalousies, ( pourquoi toi?) Dieu EST PRÉSENT, Dieu est ACCUEILLI et RECONNU !
Peut-être pouvons nous nous poser un peu et réfléchir personnellement à la qualité de nos relations ? Toute proportion gardée évidemment, savons-nous discerner l’œuvre de Dieu dans nos frères, dans le monde ?

Élisabeth explique son enthousiasme et adresse à Marie, la première béatitude de la Nouvelle Alliance  : Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles,l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Ne pressentons-nous pas ici cet amour préférentiel que Jésus accordera aux enfants ? N'est-ce pas la rencontre de ces deux
enfants, Jésus (à peine conçu) ( nous pourrions, ouvrir une immense parenthèse sur le premier instant de la vie!) et Jean, proche de son avènement, qui éveille Élisabeth et lui permet d'entrer dans le mystère divin ? N'est-ce pas, le moment pour chacun de nous, de réfléchir à la façon dont nous comportons avec les enfants ?
Et cette première béatitude la voici : Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » A ceux qui louent sa Mère en tant que donneuse de vie, Jésus ne dira-t-Il pas un jour : « Heureux plutôt ceux qui entendent la parole de Dieu, et qui la gardent ! » (Luc 11) C'est en cela, en effet, que Marie est Heureuse ! Elle a entendu la Parole de l'Ange et elle a adhéré ; « qu'il me soit fait selon votre parole! (Luc 1) »
Quand nous écoutons et entendons la Parole de Dieu, quand nous la laissons descendre au fond de notre être quelle est notre attitude? La recevons-nous comme un message personnel ou bien pensons-nous « ça c'est pour les prêtres, les religieux et religieuses ? La Parole est Vie pour CHACUN de nous , Jésus s'adresse à chacun personnellement, c'est pour chacun qu'Il vient et continue d'advenir.

Elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu'une épée à deux tranchants ; elle pénètre au plus profond de l'âme, jusqu'aux jointures et jusqu'aux moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur.
Pas une créature n'échappe à ses yeux, tout est nu devant elle, dominé par son regard ; nous aurons à lui rendre des comptes. (Hébreux 4)


L'Ermite

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