vendredi 23 novembre 2018

UN ROI DIFFERENT !

  FÊTE DU CHRIST, ROI DE L'UNIVERS

ANNÉE B

(Jn 18, 33b-37)
 

Toutes les lectures de cette Liturgie évoquent la Royauté du Christ :Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas,et sa royauté,une royauté qui ne sera pas détruite.déclare le Prophète Daniel suite à une vision .

 Le Psaume proclame :Le Seigneur est roi ;il s’est vêtu de magnificence, le Seigneur a revêtu sa force.Le psalmiste chante la grandeur de Dieu, et qui chante Dieu, même si Jésus n'est pas connu à cette période, chante le Père, le Fils et l'Esprit Saint ! 

Quant à saint Jean dès l'ouverture de ce livre exceptionnel de l'Apocalypse, il présente Jésus comme le Prince des rois de la terre confirmant ainsi les autres écrits :Jean aux sept Églises qui sont en Asie: grâce et paix vous soient données de la part de Celui qui est, qui était et qui vient, et de la part des sept esprits qui sont devant son trône, et de la part de Jésus-Christ; c'est le Témoin fidèle, le Premier-né d'entre les morts et le Prince des rois de la terre. (Apocalypse 1).

 Il est bon de remarquer les expressions utilisées par les uns et les autres, à des périodes très différentes : «  domination, gloire et royauté ;une domination éternelle, qui ne passera pas,et sa royauté,une royauté qui ne sera pas détruite.//Le Seigneur est roi ;il s’est vêtu de magnificence,le Seigneur a revêtu sa force. dès l’origine ton trône tient bon,depuis toujours, tu es.//Prince des rois de la terre.à lui, la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles...le Souverain de l’univers.

Quel contraste, quelle disproportion entre ce qui précède et l’Évangile proposé à notre réflexion en cette fête qui clôture notre année liturgique ! Et pourtant, tout est vrai, étonnamment vrai, il n'y a là absolument rien de contradictoire bien au contraire ! La contradiction, si nous en voyons une, est dans notre façon hyper terre à terre de voir et d'entendre : tout est là ! L'erreur serait d'accueillir ces différents termes au premier degré, ce qui fausserait notre connaissance et notre reconnaissance de Jésus, de Son Incarnation, de Sa mort /Résurrection. Jésus, j'ai déjà eu plusieurs fois l'occasion de le dire est « grand d'être petit » ! Il faut être incommensurablement petit dans son être profond, pour « mériter » cette Royauté qui demeure, et cela à quel prix !

Essayons de suivre Jésus pas à pas dans ce dialogue surréaliste entre Pilate, créature de Dieu, et Dieu qui lui est soumis en Jésus incarné . Tout est disproportionné  d'autant que Jésus n'a jamais revendiqué le titre de Roi terrestre !

   Pilate appela Jésus et lui dit :

Ce simple verset est dérisoire , Pilate, une créature de Dieu, comme vous ou moi, appelle Jésus , traduisons ou complétons : convoque Jésus, pis encore, Le fait comparaître, devant lui , seul, au milieu du prétoire !
 
Quelle divine maîtrise chez Jésus qui obéit révélant à qui veut bien le reconnaître « sa véritable domination », ne faut-il pas être immensément grand pour s'approcher et attendre, dans le silence, sans un geste susceptible de trahir un éventuel combat intérieur ! Lui seul, Jésus, sait qui Il est , et Il se tait, par amour de l'humanité, donc de Pilate, de Caïphe et de tous ceux qui crieront « à mort » « crucifie-Le » Quelle dignité ! Quelle grandeur ! Nos mots sont fades, nos royautés terrestres sont pâles devant semblable magnificence ! Dieu, en Jésus, se plie aux vouloirs des hommes, Dieu, en Jésus, sans aucun faire valoir, sans afficher Sa différence, humblement, « comme un agneau conduit à l'abattoir » attend de connaître -ce qu'Il sait déjà- les griefs que l'humanité a contre Lui .
 
Jésus, c'est l’Église, l’Église, c'est Jésus ! A toutes les époques n'est-elle pas confrontée à ce genre de situation ? Tantôt Pilate Elle-même avec ce risque de se compromettre en se plaçant du côté du pouvoir politique, tantôt Jésus, silencieuse , devant tant d'accusations mensongères et déstabilisantes, devant les trahisons de Ses membres qu'ils soient ministres ou simples fidèles ! N'est-ce pas ce qu'Elle vit aujourd'hui dans le drame de la pédophilie ?.

Pilate ici, ouvre le dialogue, c'est lui qui détient l'autorité comme Préfet de Judée et Jésus, malgré tout, à un moment, saura lui dire :« Tu n'aurais aucun pouvoir sur moi si tu ne l'avais reçu d'en haut ; ainsi, celui qui m'a livré à toi est chargé d'un péché plus grave. » (Jean 19)  :

« Es-tu le roi des Juifs ? »
    
Jésus lui demanda :
« Dis-tu cela de toi-même,
ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? »

Finement Jésus contourne la question en la retournant contre son auteur qui répond  du tac au tac  en affichant sa différence d'origine, pour signifier semble-t-il, qu'il est en position d'autorité . On le perçoit en difficulté d'ailleurs, car il établit une distance nette pour bien montrer à Jésus, que lui, Pilate, reste extérieur à cette affaire , on peut dire que Pilate, dès cet instant, « se lave les mains » face à une situation où lui-même accomplit un devoir lié à sa fonction. Il montre bien qu'il intervient comme fonctionnaire, non à titre personnel !

Là encore le dilemme est profond et grave, et toujours d'actualité . Combien de frères se « dédoublent » et tombent dans le piège ! Combien se vendent au pouvoir, qu'il soit , ce pouvoir, politique, ou ayant droit – droit qu'il se donne- de vie et de mort, d'honneur et de déshonneur, sur des subalternes qu'ils tiennent par de l'argent, une promotion, un poste, un rôle, ou tout simplement un maintien en place !

    Pilate répondit :
« Est-ce que je suis juif, moi ?
Ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi :
qu’as-tu donc fait ? »

Qu'as-tu donc fait ? Terrible question , comment y répondre ? Jésus sait très bien en quoi et pourquoi Il dérange, mais Il ne peut pas décemment, indiquer ici les raisons qui troublent Ses compatriotes, Jésus n'est pas là pour accuser, Il est venu pour aimer pour servir et donner Sa vie pour la multitude. Il va donc, partir de la première question, mais en élargissant l'éventuel débat Il n'attire pas l'attention sur Sa Personne comme possible roi, mais sur l'influence de Sa doctrine, sans la nommer, qui rassemble autour de Lui, un ensemble d'individus hétéroclites qui constituent, un monde différent que Sa charte - les béatitudes – réunit .Cette foule, conquise, fait peur et laisse envisager le risque d'une proclamation de Royauté, ce que Jésus a fui ! N'ont-ils pas voulu, à plusieurs reprises Le proclamer Roi, « mais Lui, passant son chemin » leur échappait ?

Dès sa naissance, Jésus est recherché comme futur Roi, ce qui engendre une rage sourde chez Hérode : « Or, voici que des mages venus d'Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui. » En apprenant cela, le roi Hérode fut pris d'inquiétude, et tout Jérusalem avec lui. » (Matthieu 2)

Une autre fois c'est la foule bénéficiaire de Ses Paroles et de Ses actes qui veut le proclamer roi : « Mais Jésus savait qu'ils étaient sur le point de venir le prendre de force et faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira, tout seul, dans la montagne. » (Jean 6)

Très peu de temps avant l'interrogatoire de Pilate, Jésus entre à Jérusalem sous les ovations de la foule, alors qu'Il sait, Lui, comment se terminera cette folle semaine : «  Le lendemain, la grande foule qui était venue pour la fête, apprenant que Jésus arrivait à Jérusalem, prit des branches de palmier et sortit à sa rencontre. Les gens criaient : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le roi d'Israël ! » Jésus, trouvant un petit âne, monta dessus. Il accomplissait ainsi l'Écriture : N'aie pas peur, fille de Sion. Voici ton roi qui vient, monté sur le petit d'une ânesse. (Jean 12)

 
Déjà Jésus arrivait à la descente du mont des Oliviers, quand toute la foule des disciples, remplie de joie, se mit à louer Dieu à pleine voix pour tous les miracles qu'ils avaient vus :« Béni soit celui qui vient, lui, notre Roi, au nom du Seigneur. Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux ! » Quelques pharisiens, qui se trouvaient dans la foule, dirent à Jésus : « Maître, arrête tes disciples ! » Mais il leur répondit : « Je vous le dis : s'ils se taisent, les pierres crieront. » Quand Jésus fut près de Jérusalem, en voyant la ville, il pleura sur elle ; il disait : « Si toi aussi, tu avais reconnu en ce jour ce qui peut te donner la paix ! Mais hélas, cela est resté caché à tes yeux. (Luc 19)

Des Pharisiens sont gênés par ces ovations, ils demandent à Jésus d'intervenir, Jésus, bien loin d'obtempérer, fait remarquer« Je vous le dis : s'ils se taisent, les pierres crieront. » Sans doute faut-il voir dans cette remarque une ultime tentative pour que soit accueilli Son message et surtout reconnue Sa mission de Fils envoyé pour faire connaître l'Amour du Père ! Sa conduite le prouve , Il peu donc déclarer :


« Ma royauté n’est pas de ce monde ;
si ma royauté était de ce monde,
j’aurais des gardes
qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs.
En fait, ma royauté n’est pas d’ici. »

Non seulement la royauté de Jésus n'est pas de ce monde mais elle est d'un autre ordre, d'un autre monde . Nous sommes dans deux registres absolument différents, à mille milles l'un de l'autre ! Pilate et ses chefs pensent une Royauté faite de clinquant, de pouvoir, de domination assujettissante, dégradante souvent pour le peuple,et pourtant éphémère, Jésus parle d'une Royauté spirituelle qui ne peut être comprise et perçue que par des cœurs purs, simples, des cœurs libres , affamés et assoiffés de justice, des cœurs fraternels, débordants d'amour...non des despotes, mais des frères ! Pilate, campé sur ses positions, suit le fil de ses idées et réplique :


« Alors, tu es roi ? »

Il s'embourbe encore davantage, il veut acculer Jésus au faux pas, mais on peut dire que Jésus, digne  reste sur son axe , Il ne peut pas parler différemment, Il reste fidèle à Lui-même et, surtout à sa raison d'être ici, sur la terre des hommes et

Jésus répondit :
« C’est toi-même qui dis que je suis roi.
Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci :
rendre témoignage à la vérité.
Quiconque appartient à la vérité
écoute ma voix. »

Jean, dans la deuxième lecture, je le soulignais au début, ne dit-il pas : « Jésus-Christ; c'est le Témoin fidèle, le Premier-né d'entre les morts et le Prince des rois de la terre. (Apocalypse 1). celui qui est annoncé comme tel, dans le Prologue de l’Évangile de Jean :(et nous avons vu sa gloire, gloire comme celle qu'un fils unique tient de son Père) tout plein de grâce et de vérité. (Jean 1) A Thomas troublé, Jésus ne ne répond-Il pas à un moment : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par (Jean 14). Jésus est LA VÉRITÉ, affirmer cela, c'est tout bonnement s'affirmer comme Dieu Lui-même, égal au Père, détenant les clefs du bien vivre, du bien "être" ! En dehors de la foi, donc, de l'adhésion totale, c'est difficile à reconnaître.
 Tout le drame qui se jouera dans les prochaines heures est dans Ces affirmations. Pilate et tous ceux de son bord, sont aveuglés par leur soif de pouvoir, ils ne peuvent pas voir et reconnaître dans l'homme-Jésus, le Fils de Dieu, Dieu Lui-même et ils L'accuseront de blasphémer ! On peut penser, malgré tout, que Pilate est ébranlé, il espère une autre issue puisqu'il demandera : "qui voulez-vous que je vous relâche » mais, compromis avec le pouvoir impérial, s'il se désolidarise , il perd sa place et risque sa vie, c'est trop lui demander. Il préfère livrer Celui qu'au fond de lui-même Il reconnaît Innocent .

Notre Roi, est cet innocent condamné, qui donne sa vie : « ma vie nul ne la prend, mais c'est moi qui la donne » pour que vive l'humanité et qu'elle vive de la Vérité qui est non une idée parmi d'autres mais la PERSONNE MÈME DE JÉSUS venu dans le monde pour que le monde soit sauvé ! Tel est notre Roi ! Telle est notre Foi ! Mais, et c'est un grand mais ! Pour cela il convient d'écouter SA VOIX Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. »Et écouter la voix de Jésus c'est vivre de Sa Parole, car SA PAROLE c'est LUI, LA VÉRITÉ c'est LUI, Le Chemin c'est LUI ! La Vie c'est LUI Jésus, le bien aimé du Père qui lors du baptême  fait entendre sa voix en disant : Celui-ci est mon Fils bien-Aimé ÉCOUTEZ-LE ! Et nous savons d'expérience qu' ÉCOUTER JÉSUS c'est la source de la PAIX du cœur !
Pour participer à la Royauté de Jésus il convient donc de devenir de plus en plus petit, simple, pauvre, serviteur, débordant d'amour   et de donner notre vie comme Jésus .
Nous savons ce qui nous reste à vivre !

1 - Jésus, Seigneur, Tu es Roi de Roi,Jésus, Seigneur, Tu es Roi de Roi,
Lumière de lumière, Toi !
Lumière de lumière.

2 - O Verbe, avant d'accomplir la Loi,
O Verbe, avant d'accomplir la Loi,
Tu as fait ciel et terre, Toi !
Tu as fait ciel et terre.

3 - Tu es l'Alpha, Tu es l'Oméga,
Tu es l'Alpha, Tu es l'Oméga,
Le centre du Mystère, Toi !
Le centre du Mystère.

4 - Tu as pris chair, Vérité de foi,
Tu as pris chair, Vérité de foi,
Unique Fils de Père, Toi !
Unique Fils du Père.

5 - Sauveur ô Christ, homme mort en croix,
Sauveur ô Christ, homme mort en croix
Dieu même nous libère, Toi !
Dieu même nous libère !



L'Ermite 

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