mercredi 7 novembre 2018

ELLE A TOUT DONNE !

 XXXII e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

ANNÉE B
(Mc 12, 38-44)

En ce temps-là, dans son enseignement, Jésus disait aux foules :« Méfiez-vous des scribes,qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat et qui aiment les salutations sur les places publiques,les sièges d’honneur dans les synagogues,et les places d’honneur dans les dîners. Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières :ils seront d’autant plus sévèrement jugés. »

Cette mise en garde de Jésus peut nous paraître sévère . Souvenons-nous de la note de dimanche dernier et recherchons ce qu'en disent les évangélistes ? Les scribes sont cités cinquante neuf fois dans les évangiles, et ce n'est pas à leur avantage !
Les foules qui suivent Jésus font la différence entre les propos tenus par Jésus et ceux des scribes : « On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes (Marc 1)


N'osant pas prendre Jésus de front, les scribes murmurent contre Jésus et vont jusqu'à l'accuser de blasphème : « Or, il y avait dans l'assistance quelques scribes qui raisonnaient en eux-mêmes : « Pourquoi cet homme parle-t-il ainsi ? Il blasphème. Qui donc peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul ? (Marc 2)


Les scribes n'hésitent pas à voir en Jésus un suppôt de Satan : « Et les scribes, qui étaient descendus de Jérusalem, disaient : " Il a Béelzéboul ! " et : " C'est par le chef des démons qu'il chasse les démons. " (Marc 3)


Ils remettent en question les mœurs des disciples de Jésus , en parlant ainsi, c'est Jésus, le Maître qu'ils veulent atteindre : « Les pharisiens et quelques scribes étaient venus de Jérusalem. Ils se réunissent autour de Jésus, et voient quelques-uns de ses disciples prendre leur repas avec des mains impures, c'est-à-dire non lavées. (Marc 7) »


Et n'hésitent pas à s'attaquer aux agissements de Jésus qui tient à faire respecter le lieu saint, transformé ici, en caverne de voleurs . Ils vont même jusqu'à vouloir Le faire mourir !
Les chefs des prêtres et les scribes apprirent la chose, et ils cherchaient comment le faire mourir. En effet, ils avaient peur de lui, car toute la foule était frappée par son enseignement. (Marc 11)

Jaloux de l'autorité manifeste de Jésus, ils vont jusqu'à Le Lui reprocher et Lui demandent de rendre compte de sa conduite : «  Jésus et ses disciples reviennent à Jérusalem. Et comme Jésus allait et venait dans le Temple, les chefs des prêtres, les scribes et les anciens vinrent le trouver. Ils lui demandaient : « Par quelle autorité fais-tu cela ? Ou bien qui t'a donné autorité pour le faire ? » (Marc 11)

De son côté, Jésus n'est pas dupe, Il est conscient de leurs regards inquisiteurs, de leurs rejets, de leurs intentions dévoyées , Il en avertit Ses disciples qui ne comprennent guère ce langage « Et, pour la première fois, il leur enseigna qu'il fallait que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu'il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite. (Marc 8) »

« Voici que nous montons à Jérusalem. Le Fils de l'homme sera livré aux chefs des prêtres et aux scribes, ils le condamneront à mort, ils le livreront aux païens, ils se moqueront de lui, ils cracheront sur lui, ils le flagelleront et le tueront, et trois jours après, il ressuscitera. » (Marc 10)

Aussi quand, aujourd'hui, Jésus dans Son enseignement déclare :« Méfiez-vous des scribes,qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat et qui aiment les salutations sur les places publiques,les sièges d’honneur dans les synagogues,et les places d’honneur dans les dîners. Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières :ils seront d’autant plus sévèrement jugés. » . quand Jésus dit cela, Il le fait au grand jour, en pleine assemblée, dans le Temple à la différence des scribes qui murmurent et agissent la plupart du temps dans l'ombre, en essayant de piéger Jésus.
  
Jésus ne se cache pas, et si Sa Parole peut sembler provocante, c'est pour le bien de chaque partie . Il aimerait bien que Ses mises en garde permettent la conversion des scribes et des pharisiens, Il aimerait qu'en les montrant du doigt ils soient conduits à changer de comportement ! Quant à Ses disciples et à la foule qui se bouscule pour l'approcher, pour toucher parfois ne serait-ce que les franges de Son vêtement, Jésus veut les éclairer sur les incohérence de leur vie. En soulignant les travers des scribes Il veut éveiller leur attention et la nôtre, car qui que nous soyons, nous courrons toujours ce risque de créer des relations avec les personnes qui ont un certain brio, s'expriment avec élégance, attirent l'attention par leur situation , leur position sociale, leur tenue vestimentaire etc nous voyons et nous attachons comme le dit Jésus , à l'extérieur de la coupe alors que l'intérieur est profondément pollué ! C'est là qu'il est judicieux d'exercer un bon discernement pour bien voir :« tout ce qui brille n'est point or » c'est à dire « il ne faut pas se fier aux apparences ». Ces dernières peuvent être trompeuses et nous conduire à passer à côté de vrais diamants cachés sous d'humbles coquilles. 
 
Jésus les invite, nous invite, à une authentique humilité, à la simplicité, à la prudence, à la lucidité...Ce qui blesse le plus Jésus, c'est l'attitude de ces hommes à la riche apparence qui privent de pauvres veuves de leurs biens, c'est encore plus détestable pour Jésus que toutes leurs machinations et leurs tricheries.

D'ailleurs, après cette diatribe, Jésus s'assied dans le Temple face à la salle du Trésor .Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor Que représente cette salle du Trésor ?Le trésor du temple était dans la Cour des femmes. « Une rangée de colonnes
en faisait le tour, et dans l’allée, contre le mur, se trouvaient les treize troncs, ou “trompettes”, dans lesquels on déposait les offrandes ».
Les troncs étaient appelés « trompettes » parce qu’ils étaient étroits au sommet et larges à la base. L’argent mis dans un tronc était réservé à un usage spécifique. Deux troncs étaient réservés à l’impôt du temple : un pour l’année en cours et un pour la précédente. Les troncs 3 à 7 recueillaient les sommes fixées pour, respectivement, les tourterelles, les pigeons, le bois, l’encens et les récipients d’or. Si quelqu’un avait mis de côté plus d’argent que ce qui était exigé pour un sacrifice, il déposait le surplus dans un des autres troncs. Ainsi, les troncs 8 à 12 collectaient l’argent restant des sacrifices pour le péché, des sacrifices de culpabilité, des sacrifices d’oiseaux, des sacrifices des naziréens et des sacrifices des lépreux purifiés. Le tronc 13 recevait les offrandes volontaires

.Jésus s'était donc installé, Il observait et regardait comment la foule y mettait de l’argent.Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes.Une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces de monnaie.. Les uns, ceux qui s’exhibent, se pavanent, les hâbleurs dirions-nous déposent ostensiblement de riches oboles alors qu'une pauvre veuve
laisse glisser seulement quelques piécettes, celles dont elles aurait bien besoin pour survivre. Les veuves, à l'époque de Jésus, et avant, était dans l'indigence, Jésus le soulignera bientôt. Elles n'avaient pas droit à l'héritage de leur mari et dépendaient de la charité publique.N'oublions pas ici la première lecture de ce jour, où la veuve de Sarepta jure par la vie du Seigneur ton Dieu ( elle s'adresse à Élie qui demande de l'aide) :je n’ai pas de pain.J’ai seulement, dans une jarre, une poignée de farine,et un peu d’huile dans un vase.Je ramasse deux morceaux de bois,je rentre préparer pour moi et pour mon fils ce qui nous reste.Nous le mangerons,et puis nous mourrons. »C'est souvent que l’Écriture évoque le sort de la veuve et de l'orphelin" La veuve et l'orphelin, l'émigré et le pauvre, ne les exploitez pas; que personne de vous ne prémédite de faire du mal à son frère. " (Zacharie 7) Il est demandé, d'en prendre soin, de ne pas les exploiter.

Comme toujours, Jésus va utiliser cette circonstance pour éduquer Ses disciples :Jésus appela ses disciples et leur déclara :« Amen, je vous le dis :cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres.Car tous, ils ont pris sur leur superflu,mais elle, elle a pris sur son indigence :elle a mis tout ce qu’elle possédait,tout ce qu’elle avait pour vivre. » En choisissant de suivre Jésus ,en acceptant l'appel « Viens, suis-moi » de marcher dans Ses pas, lui qui n'a pas où reposer Sa tête, Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des demeures; mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête Mt 8,20, les disciples sont invités, non pas à rouler en Mercedes, à revêtir les ors d'une vie luxueuse mais à épouser l'ultime dépouillement de la croix de Jésus. Quant à nous les chrétiens qui proclamons notre foi, il ne nous est pas demandé moins, chacun selon la grâce de son état de vie.


Chante, ô mon âme, la louange du Seigneur ! (Ps 145, 1b)

Le Seigneur garde à jamais sa fidélité,
il fait justice aux opprimés ;
aux affamés, il donne le pain ;
le Seigneur délie les enchaînés.


Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles,
le Seigneur redresse les accablés,
le Seigneur aime les justes,
le Seigneur protège l’étranger.


Il soutient la veuve et l’orphelin,
il égare les pas du méchant.
D’âge en âge, le Seigneur régnera :
ton Dieu, ô Sion, pour toujours !


Nous faisons mémoire aujourd'hui de tous ceux qui ont donné leur vie pour servir leur patrie et donc leurs sœurs et frères. Ne fallait-il pas un amour fou, un dépouillement total, un oubli de soi absolu, une générosité à tout épreuve pour partir sur le Front ,à 18 /20 ans ,défendre les libertés de tout un chacun ? Ils ont donné leur vie pour nous ! Ils se sont sacrifiés pour nous ! Loin de choisir ce qui brille ils ont vécu dans des tranchées, où les conditions de vie étaient sous humaines, ne manquons pas de leur rendre hommage , de les prier, de continuer à les aimer ils sont aussi nos modèles en abnégation, en don total de soi. Prions aussi pour la paix ici et partout dans le monde , faisons nôtre les paroles de Saint Paul VI lors d'une conférence à l'ONU:

«Jamais plus la guerre, jamais plus la guerre. C'est la paix, la paix, qui doit guider le destin des peuples et de toute l'humanité.» Paul VI


Ces paroles ont suscité un chant dont seul me revient le refrain :

Plus jamais, jamais la guerre le monde a soif d'amour 
 
Nous l'avions chanté, voilà quelques années,dans un amphithéâtre plein à craquer , en nous dirigeant calmement vers la sortie en raison d'une alerte à la bombe pendant une conférence de Monseigneur Oscar Roméro,défenseur des pauvres et, récemment reconnu saint par le Pape François.


L'Ermite


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