vendredi 14 septembre 2018

TU ES LE CHRIST !

XXIVe DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

ANNÉE B
(Mc 8, 27-35)


    Jésus s’en alla, ainsi que ses disciples,
vers les villages situés aux environs de Césarée-de-Philippe. 


Située à 40km au nord de la Mer de Galilée et sur la base du Mt. Hermon, Césarée de Philippe est l’emplacement de l’une des plus grandes sources nourrissant le Jourdain.
Cette source abondante d’eau a fait des environs un endroit très fertile et attirant pour des
centres religieux. De nombreux temples furent élevés dans cette ville au travers des règnes grecs et romains.

Histoire Biblique
Apparemment connu sous le nom de Baal Hermon et Baal Gad dans l’Ancien Testament, ce site fut plus tard nommé Panias d’après le dieu grec Pan, adoré à cet endroit.
Aucun écrit n’indique que Jésus entra à l’intérieur, cependant c’est dans les environs de la ville qu’ont lieu la reconnaissance de Pierre envers Jésus en tant que Messie et la transfiguration (Matt 16:13), connue alors sous le nom de Césarée de Philippe.

La semaine dernière, Jésus permet à un sourd de retrouver ou trouver l'ouïe et de s'exprimer en lui ordonnant de s'ouvrir « effata » à la confiance, à la foi en Celui qui vient sauver l'humanité de ses enfermements !
Entre cet épisode et celui de ce dimanche, nous avons : une multiplication des pains, une conversation, plutôt animée, avec des Pharisiens qui veulent mettre Jésus à l'épreuve, ce qui conduit le Seigneur à recommander à ses disciples, d'être prudents au regard du levain des Pharisiens, puis la guérison de l'aveugle de Bethsaïde , présenté, comme le sourd, par des gens, pour solliciter sa guérison. 
 
Les apôtres sont mêlés à ces différentes situations, il n'est pas surprenant d'entendre Jésus les interroger :Chemin faisant, il interrogeait ses disciples : « Au dire des gens, qui suis-je ? » 
Jésus n'est pas sans connaître l'opinion des gens à Son sujet, Jésus sait parfaitement les polémiques véhiculées ici et là, ne connaît-Il pas le fond des cœurs ? Aujourd'hui comme hier, Jésus sait ce qu'il y a dans l'homme, Il sait que pour les uns Il apparaît comme un révolutionnaire, pour d'autres comme un doux rêveur, que certains le voient comme un
libérateur, mais un libérateur écrasant, qui vient changer l'ordre des choses, écraser l'ennemi... Quand Jésus pose cette question Il veut davantage conduire Ses apôtres à engager une Parole d'hommes mûrs qui pèsent leurs mots et ne disent pas n'importe quoi et encore moins ce qui les arrange eux ! Ceci n'empêche pas les apôtres de « tourner autour du pot » Ils lui répondirent : « Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ;  pour d’autres, un des prophètes. »  
 
Dire une Parole personnelle, une Parole qui vient du fond de l'être, de sa propre conviction, c'est se démarquer, c'est prendre un risque, c'est plonger en eau profonde, c'est se lier en vérité, et les apôtres ont encore quelques réticences à se positionner. Quand ce sera dit il sera difficile de faire marche arrière, sauf trahison, ils préfèrent donc rester à la périphérie du « parler vrai » 

 
Sans stigmatiser qui que ce soit, ne reconnaissons-nous pas là certains de nos comportements ? La peur de l'engagement ne nous fait-elle pas passer bien souvent à côté de la vérité de notre être profond ? Jésus, alors, va se faire plus direct, par petites touches discrètes mais fermes Il en vient à leur demander de quitter leur « armure » pour se « dévoiler » et dire enfin ce qu'ils ont « dans les tripes » ce qui fait que, tant bien que mal, ils tentent de mettre leurs pas malhabiles dans les siens. Ils ne peuvent pas en rester à de l'approximation, à un « peut-être bien que oui, peut-être bien que non » Sont-ils là avec Lui, Jésus, pour les bienfaits qu'Il leur apporte ou, selon l'expression bien connue ; « pour le meilleur et pour le pire » ?

Et lui les interrogeait :
«
Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? »

Jésus n'a que faire de généralités, hier et aujourd'hui, Jésus veut des gens qui se déclarent franchement : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » C'est
l'heure de vérité, l'heure de choisir son camp ! L'heure de se déterminer ! « Je sais que tu n'es ni froid ni bouillant. Puisses-tu être froid ou bouillant ! Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n'es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche. »Ap 3

Pierre, par grâce, est bouillant ; avec la fougue que nous lui connaissons, comme il le fera pour rejoindre le Maître qui marche sur les eaux, comme il le fera quand aidé par l'Aigle Saint Jean, Pierre, celui qui est établi comme chef par Jésus Lui-même, « plonge » sans réfléchir davantage, et dans un extraordinaire acte de foi dont il ne pressent même pas la portée à cette heure, Pierre à la fois pusillanime et fougueux déclare sa foi, celle inscrite dans son être dès la première rencontre , celle qui l'a rendu capable de quitter son père en plein travail, pour suivre cet inconnu :


« Tu es le Christ. »

C'est dit ! Finies les tergiversations, on ne se cache plus, c'est l'heure de vérité qui engage la vie, toute la vie, jusque dans l'éternité !

" Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant. (Mat 16)
" Le Christ de Dieu. " (Luc 9) » 
Rapportent Matthieu et Luc, car nous retrouvons cette Profession de Foi de Pierre dans les évangiles synoptiques. Quand Pierre proclame cela, il fait en effet une véritable Profession de foi, il reconnaît en Jésus, le Messie de Dieu, Christ signifie Messie , c'est à dire « celui qui a reçu l'onction », celui qui est choisi et envoyé , Celui qu'ont annoncé les Prophètes, mais Pierre ne mesure sans doute pas l'ampleur de sa déclaration. Jésus ne sera-t-Il pas conduit à le réprimander un peu plus tard ? Mais Jésus, se retournant et regardant ses disciples, réprimanda Pierre, et dit: Arrière de moi, Satan! car tu ne conçois pas les choses de Dieu, tu n'as que des pensées humaines » 
 
Pierre, même éclairé de l'intérieur comme le dit ailleurs Jésus, " Tu es heureux, Simon Bar-Jona, car ce n'est pas la chair et le sang qui te l'ont révélé, mais mon Père qui est dans les cieux. (Matthieu 16) Pierre dirions-nous ne perçoit que l'extérieur, l'apparat de ce choix, il voit Jésus comme Sauveur certes, mais un sauveur à la manière humaine, il est encore bien loin du messie annoncé par Isaïe dans la première lecture, incapable à ce stade de rapprocher Jésus de ce Serviteur souffrant :

Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille,
et moi, je ne me suis pas révolté,
je ne me suis pas dérobé.
    J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient,
et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe.
Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats.
    Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours ;
c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages,
c’est pourquoi j’ai rendu ma face dure comme pierre :
je sais que je ne serai pas confondu.
    Il est proche, Celui qui me justifie.
Quelqu’un veut-il plaider contre moi ?
Comparaissons ensemble !
Quelqu’un veut-il m’attaquer en justice ?
Qu’il s’avance vers moi !
    Voilà le Seigneur mon Dieu, il prend ma défense ;
qui donc me condamnera ?

Nous courrons le même risque, pour nous-même ou pour nos proches, nous sommes aveuglés par les titres, la position sociale mais nous oublions que responsabilité va de pair avec charge, voire fardeau, et tout ce que cela comporte d'incompréhensions, de difficultés de tous genres, Jésus ne les laisse pas dans l'illusion Il enchaîne immédiatement


    Alors, il leur défendit vivement
de parler de lui à personne.

Pourquoi Jésus fait - Il semblable recommandation ? Parce que les esprits sont loin, très loin d'être prêts – le seront-ils jamais ? - à reconnaître dans la crucifié, ce Messie attendu depuis des millénaires ! C'est ce qui est appelé le secret messianique; L'humanité attend un Sauveur, un Messie qui libérera le Peuple par la force non un Messie « doux et humble de cœur » : un Messie qui viendra avec des chars et des armées puissantes pour bouter l'occupant en hors du Pays, non un Messie « juché sur un ânon, le petit d'une ânesse » . Pour éloigner toute équivoque Jésus précise :


    Il commença à leur enseigner
qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup,
qu’il soit rejeté par les anciens,
les grands prêtres et les scribes,
qu’il soit tué,
et que, trois jours après, il ressuscite. 

Pour ceux qui attendent un Messie triomphant les propos de Jésus sont insupportables ! Comment « le choisi », « l'oint » « le béni » celui qui est attendu par tout le Peuple, comment ce Messie pourrait-il être tué ? C'est un non sens, une méconnaissance de l'Histoire et de l'Espérance de l'humanité qui attend un roi Glorieux, Puissant ! Pourtant, Jésus sait de quoi Il parle, Il connaît les Écritures, Il sait le sens de Sa venue, de Son Incarnation, de Ses années cachées à Nazareth, des controverses que cette situation éveille «  de Nazareth que peut-il sortir de bon ? » de ses prises de positions pendant le Sabbat « Le sabbat a été fait pour l'homme, et non l'homme pour le sabbat, de sorte que le Fils de l'homme est maître même du sabbat. « Marc 2 et Jésus disait cette parole ouvertement, c'est qu'Il espère être entendu, compris du moins, par les plus proches, ceux qui le voient vivre au quotidien. 
 
De tels propos, deviennent insupportables pour Pierre qui le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches. Mais Jésus se retourna et, voyant ses disciples, il interpella
vivement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » 
 C'est dire la qualité de leurs relations ! La confiance réciproque et Jésus le prouve à son tour en traitant Pierre de « Satan » c'est à dire, ici, d'obstacle , Jésus lui reproche de dresser une barrière sur Sa route, non pas celle qu'espèrent les gens, mais celle choisie par la Trinité tout entière, pour faire comprendre à l'humanité à quel point elle est aimée ! « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. » (Jean 15)  

Et Jésus le manifeste en Saint Matthieu, quand immédiatement après sa Profession de Foi Il déclare à Pierre :« Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l'emportera pas sur elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. » (Matthieu 16)

Mais Pierre, comme ses frères, ont encore bien du chemin à parcourir pour percevoir ce que signifie être le « oint du Père » « Le Fils unique », « Le bien - aimé en qui le Père a mis toutes Ses complaisances » il lui faudra se laisser « retourner » par le Maître, se « laisser laver les pieds ...et la tête » comme il le précisera lui-même, apprendre, comme Jésus le lui montre, à être « serviteur » Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » (Marc 9)


Ainsi, le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. (Matthieu 20)

car le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Marc 10)

Si Lui, le Fils est venu pour servir ceux qui sont appelés à Le suivre ne peuvent pas désirer autre chose. D'ailleurs Jésus l'illustre immédiatement, Il tient à être compris, Jésus parle clairement. A chacun de ceux qui sont séduits par Sa manière de vivre, hier comme aujourd'hui , Jésus présente le même projet :   Appelant la foule avec ses disciples, il leur
 dit : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive.     Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera. » Et Jésus ne s'adresse pas seulement à Ses proches, à ceux qu'Il appelle pour le service de l’Évangile mais A LA FOULE, à la multitude

J’aime le Seigneur :
il entend le cri de ma prière ;
il incline vers moi son oreille :
toute ma vie, je l’invoquerai.


J’étais pris dans les filets de la mort,
     retenu dans les liens de l’abîme,
j’éprouvais la tristesse et l’angoisse ;
j’ai invoqué le nom du Seigneur :
« Seigneur, je t’en prie, délivre-moi ! »


Le Seigneur est justice et pitié,
notre Dieu est tendresse.
Le Seigneur défend les petits :
j’étais faible, il m’a sauvé.


Il a sauvé mon âme de la mort,
gardé mes yeux des larmes
      et mes pieds du faux pas.
Je marcherai en présence du Seigneur
sur la terre des vivants.


L'Ermite

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