vendredi 21 juillet 2017

Y-A-T-IL DE L'IVRAIE DANS MA VIE ?



XVIe DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNEE A


(Mt 13, 24-43)


En ce dimanche, Jésus continue d'enseigner les foules en utilisant le genre des paraboles.
« Le royaume des Cieux est comparable à un homme qui a semé du bon grain dans son champ, pendant que les gens dormaient, son ennemi survint ; il sema de l’ivraie au milieu du blé et s’en alla.
Nous avons là un homme qui a semé du bon grain : comment un cultivateur digne de ce nom sèmerait-il autre chose ? N'est-ce pas son intérêt de bien choisir ses semences pour obtenir de bonnes récoltes ? N'est-ce pas la volonté de Dieu de créer du bon et même du très bon ? 'Et Dieu vit tout ce qu'il avait fait, et voici cela était très bon. (Genèse 1)
Dieu, quand Il crée le monde, se réjouit à chaque étape « Et Dieu vit que cela était bon. (Genèse 1) » arrivé à l'humain, Il se réjouit considérant qu'il s'agit là de quelque chose de TRES BON. Dieu fait confiance à cette humanité, Il lui donne les moyens de se développer, de gérer tout ce qui précède, Dieu met son espérance en elle, Il compte sur l'humanité pour animer ce qu'Il lui confie ! Dieu n'est pas dupe, Il espère cependant, et fait confiance ! Il a mis en l'homme tout ce qui convient pour faire face à l'éventuel ennemi : l'ivraie !
Qu'est-ce que cette ivraie ?  L'ivraie est une graminée sauvage et nuisible qui est censée provoquer une sorte d'ivresse (le mot dérive indirectement du latin populaire 'ebriacus' qui signifiait 'ivresse').
Dès le commencement, c'est bien d'ivresse qu'il s'agit ! «  L'ivraie-démon » vient envoûter l'humanité cherchant à la persuader qu'elle peut égaler Dieu « Le serpent dit à la femme: " Non, vous ne mourrez point; mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront et vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal. (Genèse 3) C'est l'ivresse de la Toute Puissance, d'un orgueil démesuré, d'une soif de gloire, c'est cela que le Maudit vient faire miroiter et nos premiers parents se laissent prendre au piège et cela continue de nos jours ! L'humain croit pouvoir être comme Dieu, il se trompe complètement sur le sens de « COMME »... Être « comme » Dieu, c'est être SERVITEUR , c'est se mettre à genoux devant le frère, nous sommes loin de l'esprit de domination, de l'exercice d'un pouvoir ...l'Ennemi et l'homme qui le croit se trompent vraiment, ils sont dans l'erreur totale !
« « Le diable a été homicide dès le commencement; c'est le semeur d'ivraie dans le champ du père de famille, Satan, l'auteur de tous les maux; il mange de la chair et du sang (Théol. cath.,t. 4, 1, 1920, p. 354).L'ennemi, à leurs yeux [de certains nationalistes], détenait seul la formule de vie. Les idées de Sorel et de Maurras, étouffées chez nous par l'ivraie démocratique, comme elles avaient germé, comme elles avaient levé en Italie et en Allemagne! (MauriacCah. noir,1943, p. 375). »Notes relevées dans des lectures
Notons que le Malin intervient pendant que dorment les personnes ! Que souligne Jésus ici ? D'une part , la malice pernicieuse du démon et d'autre part, notre propre légèreté . Que de fois dans l’Évangile ne sommes nous pas invités à la vigilance ! Jésus sait que le démon attend que nous baissions la garde pour s'immiscer dans notre vie et susurrer toutes sortes de provocations qui nous induiront dans l'erreur et nous feront plonger dans le gouffre dont nous ne sortirons pas indemne !

Veillez et priez, afin que vous n'entriez point en tentation. L'esprit est ardent, mais la chair est faible. "... Matthieu 26:41 donc vigilance et prière ! Se tenir éveillé pour ne pas laisser de brèche à l'ennemi .

Prenez garde à vous-mêmes, de peur que vos cœurs ne s'alourdissent dans les excès de table, l'ivrognerie et les soucis de la vie, et que ce jour ne fonde sur vous à l'improviste, comme un filet; car il viendra sur tous ceux qui habitent sur la face de la terre entière. Veillez donc et priez en tout temps, afin que vous soyez en état d'échapper à tout ce qui doit arriver et de vous maintenir devant le Fils de l'homme. (Luc 21) Ici c'est une invitation à se protéger des excès de tous genres, les excès freinent la lucidité. On est vite entraîné vers toutes sortes de désordres que l'on peut payer très cher moralement, spirituellement, psychologiquement et au niveau de la santé !

Sachez-le bien, si le maître de la maison savait à quelle veille de la nuit le voleur doit venir, il veillerait et ne laisserait pas percer sa maison.Mat 24,43
Cela nous semble évident mais la maison dont parle Jésus, c'est notre esprit, et le voleur, c'est le Malin, à nous de rester sur nos gardes pour ne pas le laisser entrer ! Et comment le laisserions-nous entrer ? Par toutes les petites négligences du quotidien que nous considérons comme anodines : larcin au travail, images et films voisinant avec la pornographie … on n'en sort jamais indemne .

Soyez sobres, veillez. votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera. Résistez-lui avec une foi ferme, sachant que les mêmes souffrances sont imposées à vos frères dans le monde. 1 Pierre, 5 Comment résister ? En gardant son cœur pur, en fréquentant les sacrements, notamment ceux de l'Eucharistie et de la réconciliation, en demandant un accompagnement !

A qui vous pardonnez, je pardonne également; car, pour moi si j'ai pardonné, si tant est que je pardonne quelque chose, c'est à cause de vous, et à la face du Christ, afin de ne pas laisser à Satan l'avantage sur nous; car nous n'ignorons pas ses desseins. (2Corinthiens 2) C'est St Paul qui parle de la sorte : refuser le pardon, c'est ouvrir une brèche au démon. Il sait profiter de nos failles, de nos fragilités, pour s'installer , amplifier les zizanies, paralyser le dynamisme !

C'est le Seigneur qui m'a assisté et qui m'a fortifié, afin que la prédication fût accomplie par moi et que tous les païens l'entendissent. Et j'ai été délivré de la gueule du lion.
2 Tim 4,17 Saint Paul sait par expérience, qu'il ne peut rien sans la grâce du Seigneur , que dire de nous ?

Quand la tige poussa et produisit l’épi,alors l’ivraie apparut aussi. Les serviteurs du maître vinrent lui dire :‘Seigneur, n’est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ ?D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ?’ Il leur dit :‘C’est un ennemi qui a fait cela.’Les serviteurs lui disent :‘Veux-tu donc que nous allions l’enlever ?’    Il répond :‘Non, en enlevant l’ivraie,vous risquez d’arracher le blé en même temps. Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ;et, au temps de la moisson,je dirai aux moissonneurs :Enlevez d’abord l’ivraie,liez-la en bottes pour la brûler ;quant au blé, ramassez-le pour le rentrer dans mon grenier.’ »
En première lecture, cette péricope semble éloignée de la première partie où nous avons essayé de comprendre l'introduction à titre individuel.
Oublierions-nous que l’Église, car c'est d'Elle qu'il s'agit ici, est constituée d'individus appelés à constituer une seule famille : la famille des enfants de Dieu ! La tige surmontée de l'épi, c'est chacun de nous, l'ivraie ce sont ceux, parmi nous, qui se laissent envoûtés par l'Ennemi, le champ c'est la communauté humaine et, plus précisément, l’Église! Le tri, est l'affaire du Seigneur, il ne nous appartient pas de déterminer qui vit vraiment dans la mouvance de l'Esprit et qui se laisse dominé par le Mal, Dieu seul, en effet, connaît vraiment le fond des êtres. Nous voyons l'extérieur et cet extérieur n'est pas nécessairement la traduction de l'intérieur.
Je me souviens de cette jeune religieuse, pas encore engagée définitivement et qui faisait l'admiration de ses aînées tant son attitude à la chapelle semblait exemplaire durant l'oraison communautaire. Comme on le lui rapportait, elle ne manqua pas de sourire en s'exclamant : « Si les sœurs connaissaient mes pensées en ces heures, elles auraient une autre appréciation !. » Cette jeune sœur menait en effet un rude combat se demandant ce qu'elle faisait là … elle ne tarda pas à quitter la Congrégation en raison d'une erreur d'orientation !
N'est-ce pas ce qui est annoncé dans l’Évangile du jugement dernier en St Matthieu ? Certains seront étonnés de faire partie des élus , ils n'ont pas rabâché des prières , (ceci ne signifie pas qu'il ne faut pas prier, loin de moi cette pensée, ma vie est consacrée à la prière ) ils n'ont pas fréquenté les églises, effectué des pèlerinages ...ils ont simplement, sincèrement, aimé leurs frères et les ont secourus au NOM du SEIGNEUR JESUS ! Il convient de ne pas oublier cette mention «  AU NOM DU SEIGNEUR JESUS ! En effet on peut faire le bien pour attirer l'attention, par intérêt, pour toutes sortes de raisons peu louables « ceux-là, dit Jésus, ont déjà leur récompense », ils sont regardés, appréciés, glorifiés, ont les meilleures places etc...Dieu seul peut effectuer un bon tri et rendre la justice , n'est-ce pas ce que nous dit la première lecture du jour ?
Il n’y a pas d’autre dieu que toi,qui prenne soin de toute chose tu montres ainsi que tes jugements ne sont pas injustes.Ta force est à l’origine de ta justice,et ta domination sur toute chose te permet d’épargner toute chose.Tu montres ta force
si l’on ne croit pas à la plénitude de ta puissance,et ceux qui la bravent sciemment, tu les réprimes. 
Mais toi qui disposes de la force,tu juges avec indulgence,tu nous gouvernes avec beaucoup de ménagement,car tu n’as qu’à vouloir pour exercer ta puissance. Par ton exemple tu as enseigné à ton peuple que le juste doit être humain ;à tes fils tu as donné une belle espérance :après la faute tu accordes la conversion.
Dieu patiente jusqu'au jugement, Il donne à chacun le temps de la conversion, Il nous invite au discernement des esprits.
Jésus complète par deux autres paraboles Il leur proposa une autre parabole :« Le royaume des Cieux est comparable à une graine de moutarde qu’un homme a prise et qu’il a semée dans son champ. C’est la plus petite de toutes les semences,mais, quand elle a poussé,elle dépasse les autres plantes potagères et devient un arbre,si bien que les oiseaux du ciel viennent et font leurs nids dans ses branches. » Il leur dit une autre parabole :« Le royaume des Cieux est comparable au levain qu’une femme a pris qu’elle a enfoui dans trois mesures de farine,jusqu’à ce que toute la pâte ait levé. »
Ces deux paraboles complètent fort bien ce qui précède concernant l'apparence et le réel de nos vies mais elles vont plus loin encore me semble-t-il. Cette minuscule graine , la plus petite de toutes, devient le grand ARBRE-EGLISE qui peut accueillir une multitude, mais il faut lui laisser le temps de la croissance ce qui suppose beaucoup de patience et Dieu est LE PATIENT par excellence . Il ne nous demande pas de grandir d'un seul coup, Il nous laisse le temps de la conversion. Petite touche après petite touche, nous grandissons et, espérons-le portons du fruit et un fruit qui demeure !
Ce levain enfoui dans la pâte évoque pour moi le sens profond de la vie cachée en Dieu, la vie contemplative, si souvent décriée ! Ces hommes et ces femmes qui s'adonnent à la prière dans le silence d'un monastère et que nous préférerions voir au chevet des malades, où en pastorale auprès des jeunes et des enfants, ou parcourant le monde pour annoncer la Bonne Nouvelle, à quoi servent-ils enfermés dans un couvent ? Ne sont-ils pas ce levain enfoui, caché, disparaissant aux yeux de tous qui fait lever la pâte humaine ? C'est François de la ROCHEFOUCAULD qui disait, et bien d'autres après lui dont Élisabeth LESEUR : « Toute âme qui s'élève, élève le monde » Pourquoi recherchons-nous ces lieux de silence que sont les monastères sinon parce que sans parole, dans la solitude et le silence ils dégagent quelque chose de Dieu ! Mais le levain c'est aussi le chrétien enfoui, dans le désert de nos villes, de nos campagnes, qui, par ses comportements, par sa parole, fait lever cette pâte humaine qui cherche à s'étourdir parce qu'elle ne sait plus vers quoi, vers qui, elle tend !
 l’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse,
car nous ne savons pas prier comme il faut.
L’Esprit lui-même intercède pour nous
par des gémissements inexprimables.
    Et Dieu, qui scrute les cœurs,
connaît les intentions de l’Esprit
puisque c’est selon Dieu
que l’Esprit intercède pour les fidèles.
Rom 8
Faut-il encore que nous L'appelions au secours ! Je pense ici, à Max Gallo qui vient de décéder et dont la conversion s'est opérée en deux temps :
  • alors qu'il disait ne pas avoir la foi c'est dans le silence d'une église qu'il a tenté de chercher un peu de réconfort après le suicide de sa fille de 16 ans.
  • Et c'est lors du baptême du fils d'un ami, trente ans plus tard, touché par les paroles de l'officiant qu'il retrouve la foi de son enfance et y adhère, accueillant ainsi une relation profonde et sincère avec le Christ !


Toi qui es bon et qui pardonnes,
écoute ma prière, Seigneur.
 
(cf. Ps 85, 5a.6a)
Toi qui es bon et qui pardonnes,
plein d’amour pour tous ceux qui t’appellent,
écoute ma prière, Seigneur,
entends ma voix qui te supplie.
 
Toutes les nations, que tu as faites,
viendront se prosterner devant toi,
car tu es grand et tu fais des merveilles,
toi, Dieu, le seul.
 
Toi, Seigneur, Dieu de tendresse et de pitié,
lent à la colère, plein d’amour et de vérité !
Regarde vers moi,
prends pitié de moi.



L'Ermite

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