TROISIEME
DIMANCHE DE CARÊME
(Jn
4, 5-15.19b-26.39a.40-42)
« Une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle »
Jésus arriva à une ville de Samarie, appelée Sykar,près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph.Là se trouvait le puits de Jacob.Jésus, fatigué par la route, s’était donc assis près de la source.C’était la sixième heure, environ midi.
Le décor est planté : Jésus fatigué, à l'heure de midi, s'assied sur le margelle du puits de Jacob, disent d'autres traductions. Sans doute attend-il une opportunité pour puiser de l'eau et se rafraîchir, celle-ci ne tarde pas !
Arrive
une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau.
Immédiatement
s'instaure un dialogue. Comme toujours dans nos vies, c'est Jésus
qui prend l'initiative.
Jésus
lui dit :« Donne-moi à boire. »– En effet,
ses disciples étaient partis à la ville pour acheter des
provisions.La Samaritaine lui dit :
« Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une Samaritaine ? »
« Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une Samaritaine ? »
La
surprise de la Samaritaine est à la mesure de la situation !
– En effet, les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains. Pourquoi ?
– En effet, les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains. Pourquoi ?
"L'opposition
commence par le schisme de 935 av. J.-C. Le peuple hébreu se scinde
alors en deux: le Royaume du nord et le Royaume du sud. Environ deux
siècles plus tard, en 721 av. J.-C., les Assyriens s'emparent de la
capitale de la Samarie pour mettre fin au Royaume du nord. À partir
de cette date, la population samaritaine forme un regroupement de
gens constitué d'Assyriens venus repeupler la Samarie et
d'Israélites non déportés du Royaume du nord. Ces deux groupes se
mêlent l'un à l'autre et il en résulte une « dilution » de leurs
croyances religieuses respectives.
Deux
autres faits accentuent la division entre les Samaritains et les
Judéens. D'une part, au VIe siècle av. J.-C., les Samaritains se
construisent un temple sur le mont Garizim. Ce nouveau lieu de culte
constituera un sanctuaire rival du temple de Jérusalem. D'autre
part, en 166 av. J.-C., des troupes samaritaines se joignent à
l'armée séleucide pour combattre Israël lors de la révolte des
frères Maccabées: « Apollonius rassembla une troupe importante de
Samarie pour faire la guerre à Israël (1M3,10)
Au
temps de Jésus, les Juifs considèrent les Samaritains comme des
hérétiques (ils ne reconnaissent que les cinq premiers livres de la
Bible), des schismatiques (en raison de leur temple sur le mont
Garizim) et même comme des païens. L'Évangile selon saint Jean
témoigne notamment de ces relations tendues entre Juifs et
Samaritains. Ainsi, le dialogue entre Jésus et la Samaritaine
rappelle que les Juifs n'ont pas de relations avec les Samaritains
(Jn 4,9). De plus,
les Juifs emploient le terme « Samaritain » pour injurier Jésus: «
N'avons-nous pas raison de dire que tu es un Samaritain et que tu as
un démon? » (Jn
8,48). Cependant,
dans l'évangile selon saint Luc, Jésus rend hommage à un
Samaritain. Jésus va même jusqu'à en faire un modèle de charité
envers le prochain (
Lc 10,25-37)."
Daniel
Montpetit

Jésus lui répondit :« Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : ‘Donne-moi à boire’,c’est toi qui lui aurais demandé,et il t’aurait donné de l’eau vive. »
L'eau
vive ! Qu'est-ce que cela peut représenter pour cette femme ?
Ne s'agit-il pas ici d'un dialogue de sourds ? L'un, Jésus, va
doit au but, Il parle de la grâce, la Samaritaine , bien terre à
terre, le prend au mot mais à son niveau, purement immédiat et
matériel ! Ne sommes-nous pas très souvent confrontés à ce
genre de situations ? Combien de dissensions naissent et
grandissent de la sorte ! Nous ne mettons pas les mêmes
réalités sous les mêmes mots ! La machine se grippe,
s'emballe, la corde se distend, les tensions montent, s'enveniment ,
personne ne veut céder.
Qui
s’assoit calmement, posément, comme Jésus , commence par écouter
avant de dérouler l'écheveau enchevêtré ?Il faut prendre du
temps pour cela !

La
Samaritaine suit son idée, en femme pratique, elle effectue un état
des lieux : tu n'as rien pour puiser et le puits est profond.
L'eau, normalement est dans le puits , ton eau vive d'où vas-tu la
sortir ? Vient la question qui devrait faire basculer cette
conversation : es-tu plus grand que notre Père Jacob qui a utilisé
ce puits et nous l'a légué ? Cette femme reste correcte mais
renvoie Jésus à un peu plus de réalisme pratique !
Jésus
sait où Il va , Il se situe à un autre niveau inconnu de son
interlocu-trice. Jésus ne cherche pas la polémique, ce n'est pas Sa
manière d'agir, Il ne s'embarrasse pas non plus de détails
matériels inutiles ici, c'est sur le thème de l'eau , de la soif
qu'Il va tenter d'éveiller cette femme , Il va la mettre en
situation de désir . Il n'apporte pas une solution toute faite,
Il ne plaque pas un enseignement, Il avance doucement pour permettre
à cette femme d'exprimer son attente profonde. Il facilite sa
réflexion, discrètement Il la fait avancer à son rythme, pour
renverser la situation.
Sollicitée
pour apaiser la soif de Jésus, c'est elle qui sollicite cette eau
supérieure qui devrait la désaltérer à vie !
Jésus lui répondit :« Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ;mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ;et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. »

Tout
bascule ici. Pourtant , si cette Samaritaine avance, elle en reste au
côté pratique de cette situation : apaiser sa soif , ne plus
assurer la corvée d'eau ! Remonter l'eau du fond du puits n'est
pas chose facile, et la transporter sous le soleil est fatiguant ,
imaginer la fin de cette besogne est un rêve inespéré et qui
serait bienvenu !
Toutefois
la Samaritaine commence à prendre conscience que cet homme, ce Juif,
est différent , Il lui parle honnêtement, ne tient pas de propos
désobligeants, il n'y a rien de déplacé chez lui, elle est assez
fine pour percevoir un « autrement » un « plus »
qui révèle une connaissance inhabituelle, d'où cette
remarque : « Je vois que
tu es un prophète ! »
Jésus,
dans la version complète de cet épisode lui demande d'aller
chercher son mari . Honnête, la Samaritaine décline le désordre de
sa situation matrimoniale, pourquoi cacherait-elle quoique ce soit ?
Elle se découvre connue et reconnue et n'éprouve aucune crainte !

La femme lui dit :« Seigneur, donne-moi de cette eau,que je n’aie plus soif,et que je n’aie plus à venir ici pour puiser.Je vois que tu es un prophète !...Eh bien ! Nos pères ont adoré sur la montagne qui est là,et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. »

La femme lui dit :« Seigneur, donne-moi de cette eau,que je n’aie plus soif,et que je n’aie plus à venir ici pour puiser.Je vois que tu es un prophète !...Eh bien ! Nos pères ont adoré sur la montagne qui est là,et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. »
Elle
se risque à souligner encore une différence et pas des moindres !
Le lieu de la « Rencontre » le lieu de l'adoration !
Elle limite Dieu, Sa Présence, à un lieu, elle L'enferme, Le réduit
comme nous le faisons souvent hélas , à ses propres limites, ses
propres mots, sa terre , son peuple.
Jésus
lui dit :« Femme, crois-moi :l’heure vient où vous
n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le
Père.Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous,
nous adorons ce que nous connaissons,car le salut vient des Juifs.
Mais l’heure vient – et c’est maintenant –où les vrais
adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité :tels sont
les adorateurs que recherche le Père.Dieu est esprit,et ceux qui
l’adorent,c’est en esprit et vérité qu’ils doivent
l’adorer. »
A
Son tour, Jésus
se glisse dans la brèche initiée par la Samaritaine. Jésus ne
brusque rien, Il marche au rythme de cette femme, Il ne s'impose pas,
Il lève le voile peu à peu ! Dans notre société où la
communication a le vent en poupe, où nous multiplions les
techniques de dialogues, où nous investissons temps et argent avec
des résultats bien médiocres, ne serait-il pas souhaitable de lire,
relire, approfondir les dialogues de Jésus ? Nous dépenserions
moins d'argent et nous découvri-rions le vrai respect de la
personne, l'amour vrai de l'autre, nous appren-drions à écouter, à
entendre, à laisser résonner en nous ce que cet autre veut dire. Je
suis frappée par la quantité de conflits amicaux, familiaux,
générés par l'infirmité de notre écoute. Pour bien écouter,
comme Jésus, nous devons nous asseoir, prendre le temps, aller au
pas de l'autre. L’Évangile qui a 2000 ans est plus jeune que toute
notre technique de communication. Regardons Jésus, écoutons Jésus,
imitons Jésus !
La
Samaritaine, parce qu'elle a soif elle aussi, ne perd rien des
paroles de Jésus , chaque fois elle rebondit sur les remarques
entendues, en partant des connaissances acquises mais dépassées,
puisque, avec son interlocu-teur, nous entrons dans la nouveauté de
la Nouvelle Alliance. N'est-Il pas venu accomplir la loi ?
La
femme lui dit :« Je sais qu’il vient, le Messie,celui
qu’on appelle Christ.Quand il viendra,c’est lui qui nous fera
connaître toutes choses. » Cette
femme dit des choses justes, mais le Messie qu'elle attend, comme
tous ses amis d'ailleurs, est bien différent de Celui qui a la
simplicité de lui demander à boire ! Bien différent de cet
homme fatigué, dépourvu de serviteurs ! Reconnaître le
Messie, comme cela , d'emblée, dans cet homme fatigué, assoiffé,
seul, n'est pas chose facile pas plus qu'il n'est facile pour tout un
chacun, aujourd'hui, de voir Jésus dans son frère pécheur, et, à
plus forte raison dans le pauvre du coin de rue, dans l'assassin, le
terroriste !

Ici,
et il en est toujours ainsi, cette femme a été le relais nécessaire
pour établir le lien, pour permettre la Rencontre Unique, avec Le
Christ, mais, et les Samaritains l'ont compris , le contenu, c'est
Jésus ! Dans le service d'évangélisation, nous sommes des
passeurs et c'est déjà beaucoup, qui que nous soyons, mais Celui
qui nourrit, Celui qui désaltère, Celui qui soigne, Celui qui
guérit, Celui qui ressuscite, c'est Jésus assis sur la margelle
d'un puits, ou gravissant la montagne, ou donnant Sa vie sur la
croix. Nous devons apprendre à nous effacer, à disparaître pour ne
pas fausser la Rencontre et permettre à nos frères de recevoir le
seul et unique don de Dieu, qui est Dieu Lui-même en Jésus le
Vivant !
Venez,
crions de joie pour le Seigneur,
acclamons notre Rocher, notre salut !
Allons jusqu’à lui en rendant grâce,
par nos hymnes de fête acclamons-le !
acclamons notre Rocher, notre salut !
Allons jusqu’à lui en rendant grâce,
par nos hymnes de fête acclamons-le !
Entrez,
inclinez-vous, prosternez-vous,
adorons le Seigneur qui nous a faits.
Oui, il est notre Dieu ;
nous sommes le peuple qu’il conduit.
adorons le Seigneur qui nous a faits.
Oui, il est notre Dieu ;
nous sommes le peuple qu’il conduit.
Aujourd’hui
écouterez-vous sa parole ?
« Ne fermez pas votre cœur comme au désert,
où vos pères m’ont tenté et provoqué,
et pourtant ils avaient vu mon exploit. »
« Ne fermez pas votre cœur comme au désert,
où vos pères m’ont tenté et provoqué,
et pourtant ils avaient vu mon exploit. »
L'Ermite
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