DEUXIEME
DIMANCHE DE CARÊME
Mt
17, 5
Jésus
prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère,
et il les emmena à l’écart, sur une haute montagne.
et il les emmena à l’écart, sur une haute montagne.
Pourquoi
ces trois et pas les autres ? Telle est sans doute la question
qui encombre notre esprit ! Oui, pourquoi eux seulement ?
Nous ne pouvons faire que des suppositions hasardeuses, Jésus,
Lui, sait pourquoi.
L'intensité
de ce qui suivra réclame sans nul doute, un climat de silence et
d'intimité. Pierre, par ailleurs, est désigné et reconnu depuis
peu, comme le successeur de Jésus :
« moi,
je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon
Église, et les portes de l'enfer ne prévaudront point contre
elle. » (Matthieu
16). Jean,
quant à lui, sera présent aux côtés de Jésus, au pied de la
croix, où Jésus lui confiera Sa Mère et, en la personne de Jean,
qui représente l'humanité, nous confiera à sa mère !
« Jésus
ayant vu sa mère, et auprès d'elle le disciple qu'il aimait, dit à
sa mère: "Femme, voilà votre fils." 27
Ensuite il dit au disciple: "Voilà votre mère." Et depuis
cette heure-là, le disciple la prit chez lui. » (Jean
19) Et,
nous le savons Dieu est libre de Ses dons, mais Ses dons ne sont pas
anodins, ils engendrent une responsabilité !
Pour
Jacques, je ne sais pas !
Toutefois,
un témoignage est crédible, dans la mesure où trois personnes
disent avoir vu et entendu la même chose ! Un seul peut être
pris pour un illuminé, deux risquent de se monter la tête, le
troisième permet d'être pris au sérieux !
Tous,
il y a peu de temps, ont entendu la première annonce de la Passion :

Où
Jésus entraîne-t-Il ses amis ? « sur
une haute montagne. » N'est-ce
pas sur une montagne, le Mont Sinaï, que Moïse bénéficie de ce
privilège extraordinaire de converser avec son Dieu ? Moïse,
lui, devra se voiler le visage, tellement la Lumière « qui
est Dieu, » l'éblouit et irradie d'ailleurs son propre visage.
La
montagne est aussi un lieu recherché par Jésus pour s'y recueillir,
pour converser sereinement avec son Père. C'est aussi sur la
montagne qu'Il entraîne ses apôtres pour leur offrir un peu de
repos, c'est sur la montagne qu'Il proclame les béatitudes...Jésus
est un familier de ces lieux de recueillement qui lui offrent
solitude, silence, paix .
Et
n'est-ce pas sur le mont « Golgotha que se dressera la croix,
étendard de notre salut ?
Il
n'est donc pas surprenant que l'événement qui nous intéresse
aujourd'hui se passe sur la montagne. Les trois apôtres retenus pour
la circonstance, sont là et :
Il
– Jésus - fut transfiguré devant eux ;
son
visage devint brillant comme le soleil,
et ses vêtements, blancs comme la lumière.
et ses vêtements, blancs comme la lumière.
Jésus
fut « transfiguré » son humanité, disparaît,
pourrait-on dire, sous la « métamorphose » de la
Transfiguration. C'est toujours Jésus certes, mais c'est un
avant-goût invisible ordinairement, de son «
Être-Dieu ». Ce qui se montre aux apôtres bouleversés c'est
ce que St Jean décrira par la suite dans le prologue : En
lui était la vie, et
la vie était la lumière des hommes ;
« la
lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas
arrêtée. Il y eut un homme envoyé par Dieu. Son nom était Jean.
Il était venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière,
afin que tous croient par lui. Cet homme n'était pas la Lumière,
mais il était là pour lui rendre témoignage. Le Verbe était la
vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde.
(Jean 1)
C'est
encore ce que nous confessons lorsque nous proclamons notre foi avec
le symbole de Nicée-Constantinople le dimanche :
« Il
est Dieu, né de Dieu,lumière,
née de la lumière,
vrai Dieu, né du vrai Dieu
Engendré non pas créé,
de même nature que le Père ; »
vrai Dieu, né du vrai Dieu
Engendré non pas créé,
de même nature que le Père ; »
Son
visage, ses vêtements, toute Son humanité s'efface pour ne laisser
voir que la lumière, donc, la gloire du Ressuscité. Jésus, en cet
instant veut, par avance, conforter Ses apôtres qui seront soumis à
rude épreuve au moment, pendant et immédiatement après la Passion
et cette mort infâme sur la croix . Cette expérience spirituelle
sera bien nécessaire au moment de l'épreuve
.N'en est-il pas de
même dans nos cheminements ?
Les
heures de grâce ne sont-elles pas ce roc sur lequel nous pouvons
nous appuyer dans les moments plus difficiles, quand la « ténèbre »
domine dans nos vies ? Dieu n'est-Il pas le plus sage des
pédagogues ? Ne sait-il pas ce dont nous avons besoin pour
continuer notre marche vers les sommets ?
Plus
tard, Jésus mettra Pierre en garde : « Simon,
Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous passer au crible
comme le froment. Mais moi, j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne
défaille point; et toi, quand tu seras revenu, affermis tes
frères. » (Luc 22) Tout
notre vécu a du sans, hier, éclaire et fortifie aujourd'hui .
Parfois nous ne comprenons pas. Restons dans la confiance, c'est Dieu
qui nous conduit, une expérience en éclaire une autre, tout,
absolument tout est grâce dans notre vie de foi.
Les
apôtres ne sont pas au bout de leur étonnement : « Voici
que leur
apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec
lui. » L'un,
Moïse nous enracine dans la loi que Jésus vient parfaire,
accomplir, conduire à son aboutissement, l'autre, Élie n'est-il pas
prophète , un habitué de la « montagne » de son
mystère, de son élévation ? N'incarne-t-il pas tous ceux qui,
avec lui, comme lui annoncent ce Messie qui vient faire toutes choses
nouvelles ? Les prophètes, représentés ici par Élie, sont
rendus présents sur cette montagne du Thabor pour témoigner que ce
qu'ils ont annoncé se réalise aujourd'hui et se réalisera par delà
la mort physique du Christ Rédempteur ? Ils font aussi, l'unité
entre l'Ancienne et la Nouvelle Alliance pour les apôtres qui sont
l’Église naissante et qui auront pour mission de la faire grandir jusqu'aux extrémités de la terre ! Mais, pour l'heure, ce que voient ces privilégiés est tellement grand, tellement beau, tellement confortable que :
«
Pierre alors prit la parole et dit à Jésus :
« Seigneur, il est bon que nous soyons ici !
Si tu le veux,
je vais dresser ici trois tentes,
une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
« Seigneur, il est bon que nous soyons ici !
Si tu le veux,
je vais dresser ici trois tentes,
une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
Il
est des expériences spirituelles dont on ne voudrait pas voir la
fin. Qui après une retraite spirituelle n'a jamais éprouvé le
désir de demeurer dans le lieu béni et chaleureux ou Dieu l'a
visité ? Cette tentation est fréquente , mais nous
savons, au fond de notre être, que toute grâce est une force qui
nous propulse vers les frères. Le don de Dieu n'est jamais pour soi
tout seul, ce don est un cadeau pour mieux servir nos frères. Non
pas de façon abrupte en racontant fadement l'inexprimable, mais en
le distillant à doses homéopathiques parce que ce don s'est diffusé
dans notre être et, à notre insu passe dans notre parole, notre
comportement, notre vie tout entière. Les cadeaux de Dieu sont
voulus pour nous imprégner et pour être partagés !
D'ailleurs « cet état de grâce » ne se prolonge jamais,
le Seigneur a vite fait de nous rappeler à la réalité, au concret
de la vie :
Il parlait encore,
lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre,
et voici que, de la nuée, une voix disait :
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé,
en qui je trouve ma joie :
écoutez-le ! »
Dieu
se charge de sortir les apôtres de leur « extase ».Il
y a :
- la nuée,
- la voix du Père ,
- Son message d'identification,
- et cette recommandation : écoutez-Le.Les apôtres sont enveloppés dans le rayonnement de Jésus , ils font cette expérience unique de son irradiation, ils sont pris entièrement dans ce grand mystère du Christ « lumière née de la Lumière » dans son rayonnement qui illumine leur être mais , là encore, c'est un avant-goût, une préparation de ce qui va suivre . Car en réalité eux ne sont pas dans la lumière elle -même, mais dans l'ombre de cette lumière,on ne s'approche pas du feu de Dieu sans se consumer . « Nul ne peut voir Dieu sans mourir » lit-on dans l'Exode. La Lumière, c'est le Père, le Fils en est l'émanation et les apôtres ne font que voir,( c'est déjà énorme pour fortifier leur foi !) ils restent, pour le moment, à l'extérieur de cette lumière, et quelle n'est pas leur surprise quand, de la lumière jaillit une Parole et quelle Parole !
« Celui-ci
est mon Fils bien-aimé,
en qui je trouve ma joie :
en qui je trouve ma joie :
Les
apôtres reçoivent confirmation du balbutiement de Pierre quand Il
déclare « tu es le messie de Dieu »
Ce Messie est le Fils Bien-aimé qui fait la joie de Dieu. S'Il
fait la joie de Dieu, c'est qu'Il est en totale harmonie avec Lui !
On ne fait pas la joie de quelqu'un si on s'affiche différent, si on
n'en fait qu'à sa tête... Et le Père donne un ordre, mais un ordre
plein de suavité : écoutez-Le . Il leur dit, Il
nous dit, écoutez-Le, c'est en L'écoutant que vous
trouverez votre bonheur « à qui irions-nous Seigneur, tu
as les paroles de vie éternelle » . Écoutez-Le dans
tout ce qu'Il est, dans tout ce qu'Il dit, dans ce qu'Il fait .
Écoutez Jésus c'est accueillir pleinement Sa Parole dans ce qu'elle
a d'exaltant, mais aussi dans ce qu'elle a de purifiant ! Si
ta main... Coupe, si ton œil,... arrache ….Oui, en ce
temps de carême écouter Jésus c'est aussi cela ! Écoutez
Jésus, c'est Le suivre dans tous les aspects de sa vie, les heureux
et les difficiles et c'est bien ce qui bouleverse ici les apôtres
cette difficulté à emboîter le pas dans ceux de Jésus à tel
point que :
les
disciples tombèrent face contre terre
et furent saisis d’une grande crainte.
et furent saisis d’une grande crainte.
L'exigence
évangélique peut nous faire peur parfois, qui n'a jamais
pensé ; « mais où cela va-t-il me mener ? »
Et qui n'a jamais senti la main de Jésus l'inviter doucement, en
le touchant par ses sacrements, à faire confiance, à relever la
tête, à élever son cœur, à reprendre courage pour avancer ?
Jésus s’approcha, les toucha et leur dit :
« Relevez-vous et soyez sans crainte ! »
Jésus
nous rassure, Jésus continue de nous rassurer aujourd'hui, de nous
affermir et il en sera ainsi tant que nous cheminerons sur cette
terre. Jésus nous relève sans cesse quand nous trébuchons, Il est
toujours Celui qui nous tend Sa main, qui nous remet en route quand
nous fléchissons, Jésus ouvre toujours une route nouvelle, des
horizons nouveaux !
Levant les yeux,
ils ne virent plus personne,
sinon lui, Jésus, seul.
L'expérience
spirituelle est un moment de grâce, elle doit comme je le disais
plus haut, nous permettre d'avancer plus sûrement, plus fermement
Abram
s’en alla, comme le Seigneur le lui avait dit, et Loth s’en alla
avec lui.
Comme
à Abram, comme à Moïse, comme aux apôtres, comme à tout homme,
toute femme qui met sa confiance dans ce Dieu Très saint et si
proche , Dieu nous dit en ce Carême, « va vers le Pays
que je te montrerai, sois dans la confiance, dans l'abandon, ne
crains pas, je suis avec toi jusqu'à la fin des temps . »
Dieu
veille sur ceux qui le craignent,
qui mettent leur espoir en son amour,
pour les délivrer de la mort,
les garder en vie aux jours de famine.
qui mettent leur espoir en son amour,
pour les délivrer de la mort,
les garder en vie aux jours de famine.
Nous
attendons notre vie du Seigneur :
il est pour nous un appui, un bouclier.
Que ton amour, Seigneur, soit sur nous
comme notre espoir est en toi !
il est pour nous un appui, un bouclier.
Que ton amour, Seigneur, soit sur nous
comme notre espoir est en toi !
L'Ermite
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