vendredi 2 septembre 2016

DONNE-NOUS LA SAGESSE

XXIIIe DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE.

(Lc 14, 25-33)



DONNE-NOUS LA SAGESSE 

Veuille le Seigneur, me permettre d'exprimer clairement les réflexions qu'éveille en moi ce très beau passage d’Évangile.

    de grandes foules faisaient route avec Jésus ;

Jésus continue la montée vers Jérusalem, les foules se pressent et se bousculent pour L'approcher. Cette manière d'agir peut être particulièrement superficielle, ne nous rappelle-t-elle pas la fameuse conversation des disciples « qui est le plus grand » et la demande de la mère des fils de Zébédée – soufflée par Jacques et Jean eux-mêmes - « l'un à ta droite, l'autre à ta gauche ! » ?

Dans la première situation, Jésus indique la manière, « celui qui veut être le plus grand sera le serviteur de tous » dans la seconde Il en donne le prix « Il ne m'appartient pas d'accorder des places dans le Royaume mais pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire ? »

Ici, Jésus doit ressentir cette avidité, ce « vouloir toucher » : être touché , est différent, mais dans quel but veut-on toucher, s'approcher ?

Être avec pour en faire quoi ? Jésus perçoit le bon et le moins bon, aussi Il n'hésite pas à se retourner pour expliquer le sens profond « du marcher avec Lui, Jésus, le Fils bien-aimé du Père » et les conditions, qu'implique semblable démarche. L'enthousiasme ne suffit pas, il est important de peser ce que suppose cette décision. Nous en avons une petite idée dans l’Évangile du martyre de St Jean-Baptiste. Hérode n'a rien contre Jean Baptiste, il l'apprécie même, mais il doit choisir : plaire à Hérodiade ou plaire à Dieu ! C'est ce que nous explique Jésus dans l’Évangile de ce dimanche :

il se retourna et leur dit :
    « Si quelqu’un vient à moi 
sans me préférer à son père, 

sa mère, sa femme,
ses enfants, ses frères et sœurs,
et même à sa propre vie,
il ne peut pas être mon disciple.

Souvent, nous pensons que ce passage d’Évangile s'adresse aux vocations spécifiques du sacerdoce et de la vie consacrée, n' oublions-nous pas, un peu rapidement, que l’Évangile s'adresse à toute personne de bonne volonté qui veut vivre selon l'enseignement de Jésus, chacun ayant ensuite à l'adapter à son état de vie ?

Que veut dire Jésus quand Il nous demande de Le préférer ? Il me semble et je le crois profondément, qu'Il nous demande de choisir la porte étroite, de choisir le chemin qui conduit à la vie !

« J'en prends aujourd'hui à témoin contre vous le ciel et la terre: j'ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité, pour aimer le Seigneur, ton Dieu, Dt 30,19 »

« Maintenant, Israël, écoute les lois et les ordonnances que je vous enseigne. Mettez-les en pratique, afin que vous viviez, Dt 4,1 »

« tu ne mangeras pas de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras. Gn 2,17 »

Nous sommes invités à choisir et à bien choisir ! Que veut dire « préférer Jésus à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères ses sœurs  » ? Je pense et je crois qu'il s'agit, comme le disait Ste Jeanne d'Arc, de vivre cette devise : « Dieu Premier servi » ! Si mon père, ma mère veut m'entraîner dans une impasse, s'il ou elle, fait des choix malhonnêtes, s'il ou elle, veut m'interdire une pratique religieuse, j'ai le droit et le devoir de suivre ce que m'insuffle l'Esprit !

Si mon époux, mon épouse, veut m'impliquer dans des jeux dangereux, des compromissions de toutes sortes, des projets qui mettent ma foi et la vie de mon âme en danger j'ai le droit et le devoir de refuser !

Jésus ne dit-Il pas ailleurs : « Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi; car il est avantageux pour toi qu'un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier ne soit pas jeté dans la géhenne. Et si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la et jette-la loin de toi; car il est avantageux pour toi qu'un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier n'aille pas dans la géhenne » Mt 5,29.

L’œil, la main, c'est toute personne, père, mère, frère, sœur, époux, épouse, ami(e) susceptible, de m'entraîner dans le péché, de me tirer vers le bas au lieu de m'ouvrir les larges horizons de l'Amour ! Quand Jésus, recherché par des membres de sa famille répond : «  Voici ma mère et mes frères. Car, quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère. » Jésus ne renie pas les siens, mais Il manifeste clairement que la fidélité à son Père, passe avant tout !

Dès lors, il n'est pas difficile de comprendre la conclusion de cette péricope :

    Celui qui ne porte pas sa croix
pour marcher à ma suite
ne peut pas être mon disciple.

Ces situations de tension au sein d'une famille sont forcément source de souffrance , elles deviennent pesantes comme l'est la croix de Jésus. Porter sa croix c'est souffrir avec Jésus de ces situations, les offrir avec Jésus et à Jésus, pour la rédemption de nos proches et du monde. Porter sa croix, c'est faire le choix de Jésus malgré les éventuels sarcasmes, c'est rester fermes dans ses convictions et porter dans la prière ceux qui empruntent d'autres chemins. Pensons à sainte Monique qui a porté son fils dans la prière, ce qui nous a valu un St Augustin !

Récemment un jeune couple, qui se dit incroyant, dont les enfants ne sont pas baptisés  me racontait : « notre aînée, 5 ans et demi, récemment nous posait certaines questions sur Dieu, nous avons bien sûr répondu et pour finir, nous lui avons demandé : «  mais pourquoi, nous poses-tu ces questions , » et l'enfant de répondre : «  parce que je crois en Dieu et je veux Le connaître » Sachant que le couple n'a pas l'intention d'élever ses enfants dans la foi, à mon tour, j'ai demandé : « qu'allez-vous faire ? Respecterez-vous sa liberté ? » Nous la respecterons, fut leur réponse. La grand-mère, profondément croyante, entrée à la Maison du Père, ne doit pas être étrangère à ce questionnement de l'enfant, pourtant bien jeune.

Saint Paul, dans sa lettre à Philémon ne dit pas autre chose que Jésus quand il parle d'Onésime  : « c’est peut-être pour que tu le retrouves définitivement,non plus comme un esclave, mais, mieux qu’un esclave, comme un frère bien-aimé :il l’est vraiment pour moi, combien plus le sera-t-il pour toi aussi bien humainement que dans le Seigneur.
Si donc tu estimes que je suis en communion avec toi,
accueille-le comme si c’était moi. »

Notre appartenance spirituelle est supérieure à notre appartenance biologique. Il ne s'agit pas de négliger cette dernière mais il est important de bien nous situer et d'être conscient que nous appartenons en premier lieu à notre Père du ciel, nous ne serions pas là s'Il ne l'avait pas permis. C'est un langage difficile à comprendre pourtant c'est de Lui que nous recevons tout. Et c'est dans cet esprit que nous pouvons comprendre les versets qui suivent.

Quel est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour,
ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ?Car, si jamais il pose les fondations et n’est pas capable d’achever,tous ceux qui le verront vont se moquer de lui :‘Voilà un homme qui a commencé à bâtir et n’a pas été capable d’achever !’ Et quel est le roi qui, partant en guerre contre un autre roi,ne commence par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui marche contre lui avec vingt mille ?S’il ne le peut pas,il envoie, pendant que l’autre est encore loin,une délégation pour demander les conditions de paix.

Que représente cette tour à construire ? Sans doute ma vocation , pour entendre ce que le Père attend de moi, n'est-il pas indispensable de me recueillir dans le silence pour bien choisir , pour savoir si j'ai les talents adaptés pour exercer tel métier, épouser telle personne, élever des enfants etc … Ce choix réclame toute mon attention et je ne peux avancer tête baissée sans prendre un minimum de recul.

Quant au roi qui part en guerre ceci n' évoque -t-il pas le combat spirituel auquel je dois me livrer, tout au long de ma vie pour choisir le meilleur ! Souvenons-nous du démon chassé par la porte et qui revient avec une légion par la fenêtre. La vie spirituelle est un combat vigilant pour rester fidèle à Jésus qui nous appelle sans discontinuer. Les tentations sont nombreuses dans ce monde et nous craignons d'être montrés du doigt parce que différents en raison de nos choix de droiture, de rectitude morale, de simplicité de vie, de partage, d'amour inconditionnel du frère, de don de soi, de pratique ...

  
 Ainsi donc, celui d’entre vous qui ne renonce pas
à tout ce qui lui appartient
ne peut pas être mon disciple. »

Être disciple de Jésus demande des choix radicaux quel que soit notre état de vie . Les compromissions, la duplicité, ne peuvent satisfaire le cœur du disciple , nous ne pouvons pas jouer avec le feu sans nous brûler et perdre à tout jamais les joies du Royaume.

Et qui aurait connu ta volonté,
si tu n’avais pas donné la Sagesse
et envoyé d’en haut ton Esprit Saint ?

Oui, par dessus tout nous avons besoin de la Sagesse de l'Esprit Saint pour ne pas perdre notre temps dans de vains combats , c'est la Sagesse de Dieu qui nous sauve et nous permet de vaincre les traits enflammés du Malin !

Demandons cette Sagesse les uns pour les autres, aujourd'hui et chaque 

jour, pour vivre dans l'Amour qui est Dieu.



PRIÈRE DU PÈRE SERTILLANGES

Seigneur Jésus, donne-nous cette Sagesse qui juge de haut et prévoit de loin.

Donne-nous Ton Esprit qui laisse tomber l'insignifiant en faveur de l'essentiel.

En face des tâches et des obstacles apprends-nous à ne pas nous troubler à ne pas nous agiter, mais à chercher dans la foi, Ta volonté éternelle.

Donne-nous l'activité calme qui sait envelopper d'un seul regard tout l'ensemble de nos tâches.

Aide-nous à accepter paisiblement les contradictions, à y chercher Ton Regard et à Le suivre.

Évite-nous l'émiettement dans le désordre, la confusion du péché, mais donne-nous de tout aimer en liaison avec Toi.

Ô Jésus, ô Père, ô Esprit Saint, sources de l'être, unissez-nous à tout ce qui va dans le sens de l'éternité et de la joie.

Amen !


L'Ermite

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