VINGT-SIXIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
Lc 16, 19-31 b
L'argent,
les biens de tous genres peuvent durcir le cœur, aveugler notre
regard, nous replier sur nous – mêmes, nous avons vu cela dimanche
dernier et c'est tout-à-fait ce que nous enseigne la Parabole de
ce jour !
En
ce temps-là, Jésus disait aux pharisiens :
« Il
y avait un homme riche,vêtu de pourpre et de lin fin,qui faisait
chaque jour des festins somptueux.

Il
est vêtu de pourpre et de lin fin : il faut de l'argent pour
s'habiller ainsi !
Chaque
jour il s'autorise des festins somptueux : de tels repas
réclament aussi un portefeuille bien garni ! La cadence de ces
festins est impressionnante !
Devant
son portail gisait un pauvre nommé Lazare, qui était couvert
d’ulcères.Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de
la table du riche ; mais les chiens, eux, venaient lécher ses
ulcères.

Cette
scène est pathétique ! Ne passons pas trop vite en la jugeant
extrême et non advenue . Ma mission auprès des personnes qui vivent
dans la rue et de la rue a parfaitement illustré cette parabole .
Gare du Nord, Gare de l'Est, à Paris, nous avons approché des
situations sous humaines et vu , certes, quelques gestes de
solidarité mais, hélas, des paroles et des gestes odieux exprimés
par des passants qui du haut de leur allure altière portaient des
jugements à l'emporte pièce et les jetaient à la face de celui ou
celle qui demandait un peu d'aide , voire rien , sa seule présence
dérangeait ! Le plus dégradant n'était-il pas dans
l'indifférence ? Les voyageurs passaient chaque jour et ne
voyaient pas la misère étalée à leurs pieds, leurs yeux étaient
attirés par bien des choses mais ne l'étaient pas par les drames
qui s'exposaient chaque jour en ces lieux ! Ils ne voyaient
pas ! Et c'est le drame de cet homme riche !
Il
ne voit pas l'homme couché à sa porte, occupé qu'il est par ses
convives et
par l'organisation de ses repas somptueux ! Sa
richesse le rend aveugle sur ce qui est différent, mais hélas, sur
lui même aussi, il n'est plus en capacité de prendre conscience de
ses limites, il vit hors de lui-même. Cet homme est incapable de se
poser pour réfléchir, pour se remettre en question ! Sait-il
seulement se remettre en question ? Sa vie est faite de
jouissances, de bien-être, de fêtes, il s'étourdit !
Combien
parmi nous, aujourd'hui, s'étourdissent dans des fêtes, des soirées
somptueuses ? Combien louent des chambres d'hôtels à des prix
exorbitants tandis qu'ils ne voient pas, ou ne veulent pas voir, ou
ne peuvent plus voir , la pauvreté qui se déploie aux
périphéries, quand ce n'est pas au pied de leur porte
d'appartement ?
Or
le pauvre mourut,et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham.
Notre
homme riche ne s'est même pas rendu compte de sa disparition, il ne
s'est pas inquiété de sa sépulture, à aucun moment il ne
s'interroge sur son absence et renforce ainsi le constat
d'aveuglement qui alourdit le poids de son indifférence.
Heureusement, le ciel supplée à nos limites, quand nous sommes
défaillants, le Seigneur prend le relais et suscite l'inattendu. Ici
« les anges » sans doute des frères attentifs qui
méritent d'être reconnus comme tels !
Le
riche mourut aussi,et on l’enterra.
Son
sort tombe comme un couperet ! On l'enterra ! Apparemment
sans faste, sans éclat ! Où sont ceux qu'il a régalés ?
Dès cet instant Jésus semble nous montrer la vacuité absolue de
cette vie. Jésus veut nous éveiller, nous réveiller avant qu'il ne
soit trop tard, avant que nos oreilles s'ouvrent enfin pour
entendre : « J'étais malade et tu ne m'as pas
visité, nu et tu ne m'as pas vêtu, affamé, et tu ne m'as pas donné
à manger ! » Ce jour viendra bien sûr, alors, si nous
n'avons pas redressé la barre en temps opportun nous serons, comme
cet homme riche, sans nom ici, mais qui peut se prénommer comme vous
ou moi selon notre degré d'indifférence ! Ne nous y trompons
pas, il ne s'agit pas seulement des richesses « sonnantes et
trébuchantes » mais aussi de celle de la famille, de
l'intelligence, de la santé ...
Au
séjour des morts, il ( cet homme repu sur terre ) était
en proie à la torture ; levant les yeux, il vit Abraham de loin
et Lazare tout près de lui. Alors il cria :‘Père Abraham,
prends pitié de moi et envoie Lazare tremper le bout de son doigt
dans l’eau pour me rafraîchir la langue,car je souffre
terriblement dans cette fournaise.
Voilà
venu, bien tardivement, l'heure du repentir ! Est-ce seulement
un repentir ? Non même pas ! Il souffre seulement de la
privation totale de la vision du Père, l'abîme qu'il avait établi
sur terre entre Lazare et son mode de vie, continue de l'en séparer,
mais la situation est inversée , Lazare, aujourd'hui, est dans le
sein du Père, cet homme repu, aveuglé, est
La
réponse ne vient pas de Lazare, il serait en effet capable de se
laisser infléchir, elle vient d'Abraham, le père des croyants qui a
accueilli Lazare :
– Mon enfant, répondit Abraham,rappelle-toi :tu as reçu le bonheur pendant ta vie,et Lazare, le malheur pendant la sienne.Maintenant, lui, il trouve ici la consolation,et toi, la souffrance.Et en plus de tout cela, un grand abîme a été établi entre vous et nous,pour que ceux qui voudraient passer vers vous ne le puissent pas,et que, de là-bas non plus, on ne traverse pas vers nous.
– Mon enfant, répondit Abraham,rappelle-toi :tu as reçu le bonheur pendant ta vie,et Lazare, le malheur pendant la sienne.Maintenant, lui, il trouve ici la consolation,et toi, la souffrance.Et en plus de tout cela, un grand abîme a été établi entre vous et nous,pour que ceux qui voudraient passer vers vous ne le puissent pas,et que, de là-bas non plus, on ne traverse pas vers nous.
Cet
homme semble alors retrouver un ersatz d'humanité, il pense aux
membres de sa famille qui continuent les ripailles dans la maison de
leur père terrestre :
Le
riche répliqua :
‘Eh
bien ! père, je te prie d’envoyer Lazare dans la maison de
mon père.En effet, j’ai cinq frères :qu’il leur porte son
témoignage,de peur qu’eux aussi ne viennent dans ce lieu de
torture !
Abraham
est lucide, si lui et ses frères n'ont pas ouvert leurs yeux ni
leurs oreilles à l'appel des prophètes : « Malheur
à ceux qui vivent bien tranquilles dans Sion,et à ceux qui se
croient en sécurité sur la montagne de Samarie. Couchés sur des
lits d’ivoire,vautrés sur leurs divans,ils mangent les agneaux du
troupeau,les veaux les plus tendres de l’étable ;ils
improvisent au son de la harpe,ils inventent, comme David, des
instruments de musique ;ils boivent le vin à même les
amphores,ils se frottent avec des parfums de luxe,mais ils ne se
tourmentent guère du désastre d’Israël ! » (Amos dans
la première lecture) Dieu le Père viendrait en personne
qu'ils ne l'écouteraient pas !
’Abraham
lui dit :Ils ont Moïse et les Prophètes :qu’ils les
écoutent !
–Non, père Abraham, dit-il,mais si quelqu’un de chez les morts vient les trouver,ils se convertiront.’Abraham répondit :S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts :ils ne seront pas convaincus.’ »
–Non, père Abraham, dit-il,mais si quelqu’un de chez les morts vient les trouver,ils se convertiront.’Abraham répondit :S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts :ils ne seront pas convaincus.’ »
C'est
ce qui fera dire à Jésus dans la Parabole du semeur :
«
Le cœur de ce peuple s’est alourdi : ils sont devenus
durs d’oreille, ils se sont bouché les yeux, pour que leurs
yeux ne voient pas, que leurs oreilles n’entendent pas, que
leur cœur ne comprenne pas, et qu’ils ne se convertissent
pas. Sinon, je les aurais guéris !
Jésus
veut nous guérir, c'est le but de Son Incarnation, c'est le but de
Son
Église :« Et
moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des
temps. »Jésus,
est venu chercher ce qui était perdu, Il fouille l'horizon jusqu'à
l'heure du retour de l'enfant prodigue, faut-il encore que cet
enfant, que je suis, que tu es, lève les yeux vers Lui !
Jésus
vient
nous rappeler que riches et pauvres sont ses enfants bien-aimés.
Jésus s'est rendu chez les uns et chez les autres pour combler le
fossé qui les séparait. Et Saint Paul nous écrit, à chacun,
personnellement la lettre de ce jour :
Toi, enfant de Dieu, recherche la justice, la piété, la foi, la charité,
la persévérance et la douceur. Mène le bon combat, celui de la foi,
empare-toi de la vie éternelle ! C’est à elle que tu as été appelé,
c’est pour elle que tu as prononcé ta belle profession de foi devant de nombreux témoins...voici ce que je t’ordonne :garde le commandement du Seigneur,en demeurant sans tache, irréprochable jusqu’à la Manifestation de notre Seigneur Jésus Christ. »
OUVRONS
NOS OREILLES, OUVRONS NOS YEUX, OUVRONS NOTRE CŒUR ! AMEN !
L'Ermite
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