XXIVe DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE.
(Lc
15, 1-32)
Quelle
merveilleuse page d’Évangile ! Toujours en marche vers
Jérusalem, Jésus nous livre le cœur du Père « La
miséricorde du Seigneur, à jamais je la chanterai ! »
Et
dire que ce Père plein de tendresse a parfois été présenté comme
un Juge, dur, sans compassion ! S'il juge, il est juste aussi,
et donne à chacun selon ses actes, mais, par amour, Il a, veut
avoir, une toute petite petite, infime mémoire, comme si elle était
atrophiée, parce qu'Il est Père avant tout, et qu'au moindre
mouvement de notre cœur, Il nous enveloppe de sa tendresse Il ne
veut pas parler du passé, Il nous serre dans Ses bras et nous ouvre
un avenir ! Ah si nous pouvions entrevoir combien nous sommes
aimés !

En
ce temps-là,les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus
pour l’écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient
contre lui :
« Cet homme fait bon accueil aux pécheurs,et il mange avec eux ! » Alors Jésus leur dit cette parabole :
« Cet homme fait bon accueil aux pécheurs,et il mange avec eux ! » Alors Jésus leur dit cette parabole :
Un
berger sait ce que signifie la perte d'une brebis, il sait qu'il fera
tout, vraiment tout, pour la retrouver, et, qu'une fois sa recherche
aboutie, il prendra l'égarée dans ses bras, la dorlotera, la
bichonnera ….Tel est le premier exemple choisi par Jésus ?
« Si
l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une,n’abandonne-t-il
pas les 99 autres dans le désert pour aller chercher celle qui est
perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ?Quand il l’a
retrouvée,il la prend sur ses épaules, tout joyeux,et, de retour
chez lui, il rassemble ses amis et ses voisins pour leur
dire :Réjouissez-vous avec moi,car j’ai retrouvé ma
brebis,celle qui était perdue ! ’Je vous le dis : C’est
ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur
qui se convertit, plus que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de
conversion. »
Le
second est plus prosaïque, mais l'important est dans la conclusion
de l'histoire « Il y a de la joie devant les anges de
Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. » Voilà
ce que Jésus veut manifester ; cette insondable miséricorde du
Père ! Retrouver un fils égaré ( la brebis, la pièce) réjouit
le cœur de Dieu, Il ne voit que cela, ne veut retenir que cela !

Moïse
apaisa le visage du Seigneur son Dieu
entendons-nous
dans la première lecture ! Comme c'est beau ! Moïse ( le
Jésus de l'ancienne Alliance) est rendu capable d'apaiser le
visage du Père !
Combien plus Jésus va-t-il le faire en se livrant par Amour, en
donnant Sa vie, en versant son Sang pour chacun d'entre nous !
Et quelle est
la réaction de Dieu Père ?
Le Seigneur renonça
au mal qu’il avait voulu faire à son peuple.
Avez-vous déjà
entendu dire que Dieu pouvait renoncer ? Eh bien, dans sa folie
d'aimer, notre Dieu est Celui-là ! Et non seulement Dieu
renonce au châtiment, mais Il oublie notre péché, Il l'efface
comme on efface ce qui est écrit sur un tableau : c'était, et
ce n'est plus ! Parce que Dieu qui nous crée, ne peut pas ne
pas nous aimer, ne nous a-t-il pas fait à Son image ? Y
pensons-nous ? Nous sommes créés pour AIMER, pas pour autre
chose ! Pour AIMER ! Et nous aimons si mal, si mal !. Si
nous comprenions cela, c'est en volant que nous irions au sacrement
de la miséricorde, le sacrement du pardon que nous négligeons
tellement !
Et Jésus de
conclure par cette extraordinaire parabole où Il nous révèle ce
que devrait être ce sacrement de la réconciliation ! Un Père
qui respecte la liberté de son fils (chacun de nous!) qui le laisse
réaliser son caprice ... Un fils, qui, en raison de ses mauvais
choix, descend aux enfers du péché, et là, ayant touché le fond,
se souvient que chez son Père, tout n'était pas si mal, consent à
rentrer en lui-même, réfléchit sur « comment aborder ce Père
supposé courroucé » prêt, s'élance, sans respirer, pour se
jeter dans ses bras avec une phrase bien préparée qu'il n'a pas la
possibilité d'exprimer, parce que ce Père-là, guettait son retour,
Il prend ce fils dans ses bras, le couvre de baisers, le serre sur
son cœur , demande une fête, revêt ce fils du vêtement de
l'Alliance retrouvée ! Ce fils ? c'est chacun de nous !
Le Père ne cesse de nous attendre pour nous serrer dans Ses bras !
A vous qui craignez les reproches du Père, Jésus adresse cette
Parabole pleine de tendresse et d'espérance ! « Viens
danser, viens faire la fête » répond Jésus tu, es attendu !
Et le père leur partagea ses biens. Peu de jours après,le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre.
Il avait tout dépensé,quand une grande famine survint dans ce pays,
et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays,qui l’envoya dans ses champs garder les porcs.Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien.Alors il rentra en lui-même et se dit : Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance,et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, j’irai vers mon père,et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.’Il se leva et s’en alla vers son père.

Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le fils lui dit :‘Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. ’Mais le père dit à ses serviteurs : ‘Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds,allez chercher le veau gras, tuez-le,mangeons et festoyons,car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu,et il est retrouvé. ’Et ils commencèrent à festoyer.
Or
le fils aîné était aux champs.Quand il revint et fut près de la
maison,il entendit la musique et les danses. Appelant un des
serviteurs,il s’informa de ce qui se passait. Celui-ci
répondit :
‘Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras,parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé. ’Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier.Mais il répliqua à son père : ‘Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais
transgressé tes ordres,et jamais tu ne m’as donné un
chevreau pour festoyer avec mes amis. Mais, quand ton fils que voilà
est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées,tu as
fait tuer pour lui le veau gras !’Le père répondit :‘Toi,
mon enfant, tu es toujours avec moi,et tout ce qui est à moi est à
toi. Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que
voilà était mort,et il est revenu à la vie ; il était
perdu,et il est retrouvé !
‘Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras,parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé. ’Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier.Mais il répliqua à son père : ‘Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais
Cette
Parabole a été commentée de façon extraordinaire des milliers de
fois, je donne donc la parole au Père Paul Baudiquey dont j'apprécie
et la profondeur et la qualité poétique des écrits. Elle a
été peinte aussi par
Rembrandt
c'est cette peinture qui a inspiré le P.Baudiquey (Paul
Baudiquey est l’auteur du livre « Un Évangile selon
Rembrandt » (Mame , Paris collection Un certain regard, janvier
1989).
« L’homme
qui a peint le « retour du prodigue » est un homme sans
façade. Un homme lavé de toute parole vaine. L’œuvre est
immense. Elle s’ouvre sur l’espace d’une confidence unique dans
toute l’histoire de l’art occidental. C’est le premier portrait
« grandeur nature » pour lequel Dieu lui-même ait jamais
pris la pose.
Le
Père en majesté inscrit sa majuscule au commencement de tout. Voûté
comme un arc roman, et de courbe plénière. Sa stature s’accomplit
dans l’ovale géniteur qui rayonne au tympan.
Son visage d’aveugle. II s’est usé les yeux à son métier de Père. Scruter la nuit, guetter, du même regard, l’improbable retour ; sans compter toutes les larmes furtives… il arrive qu’on soit seul ! Oui, c’est bien lui, le Père, qui a pleuré le plus.
Son visage d’aveugle. II s’est usé les yeux à son métier de Père. Scruter la nuit, guetter, du même regard, l’improbable retour ; sans compter toutes les larmes furtives… il arrive qu’on soit seul ! Oui, c’est bien lui, le Père, qui a pleuré le plus.

II
ne sait pas encore qu’aux yeux d’un père comme celui-là, le
dernier des derniers est le premier de tous. II s’attendait au
juge, il se retrouve au port, échoué, déserté, vide comme sa
sandale, enfin capable d’être aimé.
Appuyé
de la joue – tel un nouveau-né au creux d’un ventre maternel –
il achève de naître. La voix muette des entrailles dont il s’est
détourné murmure enfin au creux de son oreille. II entend.
Lève
les yeux, prosterné, éperdu de détresse, et déjà tout lavé dans
la magnificence… Lève les yeux, et regarde, ce visage, cette face
très sainte qui te contemple, amoureusement.
Tu
es accepté, tu es désiré de toute éternité, avant
l’éparpillement des mondes, avant le jaillissement des sources,
j’ai longuement rêvé de toi, et prononcé ton nom.
Vois
donc, je t’ai gravé sur la paume de mes mains, tu as tant de prix
à mes
yeux. Ces mains je n’ai plus qu’elles, de pauvres mains ferventes, posées comme un manteau sur tes frêles épaules, tu reviens de si loin ! Lumineuses, tendres et fortes, comme est l’amour de l’homme et de la femme, tremblantes encore – et pour toujours, du déchirant bonheur.
yeux. Ces mains je n’ai plus qu’elles, de pauvres mains ferventes, posées comme un manteau sur tes frêles épaules, tu reviens de si loin ! Lumineuses, tendres et fortes, comme est l’amour de l’homme et de la femme, tremblantes encore – et pour toujours, du déchirant bonheur.
II
faut misère pour avoir cœur. Et d’une patience qui attend, et
d’une attente qui écoute, naît le dialogue insurpassable. Notre
assurance n’est plus en nous, elle est en celui qui nous aime.
Accepter
d’être aimé… accepter de s’aimer. Nous le savons, il est
terriblement facile de se haïr; la grâce est de s’oublier. La
grâce des grâces serait de s’aimer humblement soi-même, comme
n’importe lequel des membres souffrants de Jésus-Christ.
Encore
faut-il avoir appris ce que tomber veut dire, comme une pierre tombe
dans la nuit de l’eau; Ce que veut dire craquer, comme un arbre
s’éclate aux feux ardents du gel, sous l’éclair bleu de la
cognée. Que peuvent savoir de la miséricorde des matins, ceux dont
les nuits ne furent jamais de tempêtes et d’angoisses ?
Pour
retentir à ces atteintes, il faut avoir vécu, – et vivre encore –
en haute mer menacé sans doute, naufragé peut-être, mais à la
crête des certitudes royales, l’amour alors peut faire son œuvre
nous féconder, nous rajeunir.
Que
nous soyons dans l’inquiétude, le doute et le chagrin,que nous
marchions, le cœur serré, dans la vallée de l’ombre et de la
mort !
Que
nos visages n’aient d’autre éclat que ceux, épars, d’un beau
miroir brisé…
Un
amour nous précède, nous suit, nous enveloppe…
L’inconnu
d’Emmaüs met ses pas dans les nôtres, et s’assied avec nous à
la table des pauvres.
Malgré
tous les poisons mêlés au sang du cœur, au creux de ces hivers
dont on n’attend plus rien, rayonne désormais un été invincible.
Morts de fatigue, nous ne saurions rouler que dans les bras de Dieu.
Nous avons rendez-vous sur un lac d’or !
Le
miroir est sans rides. Du fond de toute détresse émerge enfin un
vrai visage, exténuées, extasiées, nos faces vieillies de clowns
sont l’icône de son Christ, pour l’émerveillement des saints.
Et
l’icône est plus fine, plus précieuse, plus belle, quand l’homme
qui l’a peinte est passé par l’enfer. Trinité de ROUBLEEV et
« Trinité » REMBRANDT, du
fond des terres où rayonnent ces images, le Père ne cesse de s’engendrer du Fils, de s’engendrer des fils, sous le couvert fécondateur de mains plus vastes que des ailes. L’ombre d’un grand oiseau nous passe sur la face.
fond des terres où rayonnent ces images, le Père ne cesse de s’engendrer du Fils, de s’engendrer des fils, sous le couvert fécondateur de mains plus vastes que des ailes. L’ombre d’un grand oiseau nous passe sur la face.
Les
vrais regards d’amour sont ceux qui nous espèrent. »
Dieu
Père, en Jésus, nous espère toujours, Il nous espère jusqu' à
l'extrême de notre dernier souffle, cet instant ultime où nos yeux
s'ouvrent sur l'Ailleurs ! Dieu Père, en Jésus son Enfant,
notre frère, nous tend la main, la pose sur notre tête et nous dit
« veux-tu ? » il nous dit cela jusqu'au bord de
l'abîme dont le vide tente de nous aspirer, Dieu Père, en Jésus
son enfant bien-aimé ne se décourage jamais, Dieu Père est Celui
qui attend ! Répondrons-nous à cette attente, à l'usure d'un
regard aimant qui nous espère ?
il m’a été
fait miséricorde,
car j’avais agi par ignorance,
n’ayant pas encore la foi ;
car j’avais agi par ignorance,
n’ayant pas encore la foi ;
Nous dit Saint
Paul ! Dieu Père, en Jésus son Enfant fait miséricorde à
celui qui pose sa tête sur son cœur : serons-nous de ceux-là ?
L'Ermite
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