jeudi 2 février 2017

VOUS ETES LE SEL DE LA TERRE ...

CINQUIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

(Mt 5, 13-16)


Dimanche dernier, Jésus, en nous donnant les Béatitudes nous remettait la clef du Royaume ! En somme, vivre les Béatitudes c'est regarder Jésus et avancer sur le chemin de l'Amour absolu.
Il n'est pas inutile de noter le changement de ton. Les huit premières béatitudes s'adressent à la foule venue écouter Jésus et la dernière semble personnalisée, et s'adresserait, semble-t-il, plus précisément aux apôtres qui constituent le premier cercle auprès de Jésus : heureux ceux qui, devient heureux serez-vous, si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on vous calomnie …Il est difficile de penser que Jésus adresse cet enseignement à la foule venue l'écouter, par contre,les apôtres seront chargés d'encourager et de soutenir cette foule, il seront chargés d'annoncer la Parole de Vérité, ils seront donc plus exposés . Jésus les avertit et leur demande de tenir dans l'adversité, la récompense viendra, et la première sera de garder le cœur pur de toute violence,de rester fidèle quoiqu'il arrive, de garder leur regard fixé sur Celui qui a montré la route !
Jésus, peut poursuivre, désormais. Dans la péricope qui suit, Jésus précise aux apôtres leur ligne de conduite, et, à leur suite, à tous les baptisés, Il explicite la responsabilité qui est la leur, la nôtre donc  ! Jésus passe de l'impersonnel au personnel « vous ».
Celui qui détient la clef d'un établissement porte une lourde charge, il doit protéger le bien qui lui est confié, l'entretenir , le mettre en valeur, et le faire fructifier .
Jésus nous manifeste sa confiance et nous implique : nous devenons les intendants de ce Royaume et pour cela, Il utilise deux images puissantes : le sel et la lumière. Il continue sur Sa lancée : vous êtes.
« Vous êtes le sel de la terre.Mais si le sel devient fade,avec quoi
sera-t-il salé ?Il ne vaut plus rien :on le jette dehors et il est piétiné par les gens.
Essayons de comprendre le lien, le rapport, entre le sel et le disciple de Jésus .
Dans la vie courante, le sel tient une place importante .La plus connue est celle de donner de la saveur aux aliments, d'en faire ressortir le goût.N'est-ce pas la mission du chrétien que de donner de la saveur dans les groupes où il intervient : la famille, le travail, les clubs, les loisirs etc ?
C'est une bonne chose que le sel ; mais si le sel cesse d'être du sel, avec quoi allez-vous lui rendre sa force ? Ayez du sel en vous-mêmes, et vivez en paix entre vous. » (Marc 9)
Marc semble ici lui attribuer une vertu pacifiante et pacificatrice, de même qu'une capacité à rendre fort !
Le sel est également utilisé pour la conservation de certains aliments, autrefois,on conservait un bon nombre d'aliments dans du sel  il empêchait la putréfaction ; par symbolisme, le chrétien, là où il est, là où il passe , en raison de la présence de Jésus en Lui, doit freiner la décomposition morale, empêcher la corruption sous toutes ses formes, se garder de toute compromission et /ou complicité avec le mal, pour aussi minime soit-il ! Le mal est toujours un mal , quel qu'il soit !
Le sel purifie, assainit on trouve une trace déjà dans le livre des rois !2Rois 2.19. Les gens de la ville dirent à Élisée: Voici, le séjour de la ville est bon, comme le voit mon seigneur; mais les eaux sont mauvaises, et le pays est stérile.
Il dit: Apportez-moi un plat neuf, et mettez-y du sel. Et ils le lui apportèrent.
Il alla vers la source des eaux, et il y jeta du sel, et dit: Ainsi parle l’Éternel: J’assainis ces eaux; il n’en proviendra plus ni mort, ni stérilité.
Le sel ici, est présenté comme ayant une vertu purificatrice, il rend à l'eau sa pureté originelle, n'est-ce pas aussi l'un des rôles du chrétien ?
Dans la Liturgie, le sel mêlé à l'eau, est le symbole de la présence vivifiante de l'Esprit de sagesse. Le prêtre dépose une pincée de sel dans l'eau qu'il bénit pour signifier cette présence.
Tu mettras du sel sur toutes tes offrandes; tu ne laisseras point ton offrande manquer de sel, signe de l’alliance de ton Dieu; sur toutes tes offrandes tu mettras du sel. Lisons-nous dans le Lévitique

Le sel devient signe de l'Alliance de Dieu avec l'humanité, et, le chrétien, a pour mission de garder cette alliance intacte, dans le monde où il évolue.

Élément essentiel du système sacrificiel, le sel était répandu sur tout ce qui était apporté en offrande au Seigneur. On comprend aisément la signification d’une telle ordonnance. La sainteté et la pureté doivent accompagner toute offrande présentée à Dieu. La triade sel-pureté-sainteté apparaît spécifiquement en Exode 30.35 où il est question de l’utilisation de l’encens dans le service du tabernacle : Tu feras avec cela un parfum composé selon l’art du parfumeur; il sera salé, pur et saint.

 Ce principe s’applique également aux chrétiens qui se laissent conduire par la puissance de l’Évangile. À la manière du sel qui prévient la décomposition de la viande , l’Évangile protège l’homme contre la décomposition morale engendrée
par le péché. Tout comme le sel devait figurer dans tous les sacrifices, nous devons à notre tour devenir du sel, par l’action du Saint Esprit, lorsque nous nous offrons en sacrifice vivant à Dieu et faire lever la pâte du monde par notre sainteté!

Nous retrouvons le sel dans le sacrement du baptême où le prêtre dépose quelques grains sur la langue de l'enfant appelant sur lui la Sagesse de Dieu ( je ne suis pas sûre que ce rite ait été maintenu aujourd'hui, mais il avait un sens très profond )
La symbolique et l'utilisation du sel a de nombreuses vertus mais ce qui précède suffit semble-t-il, à éclairer l'assertion de Jésus. Quand Jésus nous dit « vous êtes le sel de la terre » Il veut nous faire prendre conscience de notre grande, immense responsabilité. Le chrétien est appelé à donner « du goût » au monde dans lequel il vit. La présence d'un chrétien doit, devrait, relever le niveau des conversations, elle devrait assainir son environnement, apporter une finesse , une pensée modérée et réfléchie. Peu importe si la conversation est interrompue à l'approche d'un chrétien, et bien au contraire, cela montre qu'il est respecté, qu'on ne se permet pas n'importe quoi devant lui !
De même que le sel conserve les aliments le chrétien a cette responsabilité de maintenir vive la foi reçue au baptême, il a le devoir de la nourrir pour en témoigner intelligemment Si le sel s'affadit il ne sert plus à rien continue Jésus, un chrétien qui s'affadit, dont la vie ne rayonne pas, n'entraîne pas, n'est plus témoin du ressuscité, il ne peut transmettre le flambeau, il ne sert plus à grand chose, il peut même devenir nuisible car il ne reflète pas l'amour de ce Dieu dont l'Amour est sans limite.
le sel est bon; mais si le sel s'affadit, avec quoi l'assaisonnera-t-on ? Inutile et pour la terre et pour le fumier, on le jette dehors. Qui a des oreilles pour entendre entende! (Luc 14)
Saint Luc ne nous ménage pas il est clair et incisif !
Saint Paul, dans Colossiens 4, recommande : Que votre parole soit toujours accompagnée de grâce, assaisonnée de sel, afin que vous sachiez comment il faut répondre à chacun.
Jésus passe du sel, à la lumière. Si la symbolique du sel est puissante celle de la Lumière la dépasse, Sans lumière il ne peut y avoir de vie!
Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. La terre était informe et vide; les ténèbres couvraient l'abîme, et l'Esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux.Dieu dit: " Que la lumière soit ! " et la lumière fut. Et Dieu vit que la lumière était bonne; et Dieu sépara la lumière et les ténèbres. Dieu appela la lumière Jour, et les ténèbres Nuit. Et il y eut un soir, et il y eut un matin; ce fut le premier jour. (Genèse 1)
Le récit de création, commence par la lumière sans elle rien n'existe, rien n'apparaît. Si nous sommes enfermés dans une pièce sans ouvertures
nous sommes incapables de distinguer quoique ce soit, seule la lumière permet de différencier les objets. Mettons une plante dans un lieu obscur, très vite elle s'étiole et meurt ! La lumière est indispensable à la vie.Tout cela est admirablement décrit dans les premiers versets de l’Évangile de St Jean :
Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu.( Le Verbe = Dieu dit, cette Parole c'est la Personne de Jésus!)
Il était au commencement en Dieu.Tout par lui a été fait, et sans lui n'a été fait rien de ce qui existe.( Jésus, deuxième Personne de la Sainte Trinité est forcément présent et actif dès l'origine)
En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes,(la lumière c'est la vie!)
Et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point reçue. (Jean 1) (cette lumière qui luit dans les ténèbres c'est encore Jésus qui n'a pas été accueilli puisqu'Il est mort pour nous donner la vie!)
« 
Vous êtes la lumière du monde. » ose Jésus ! Le chrétien habité par la Très sainte Trinité est lumière, sa vie tout entière doit éclairer ceux qui marchent dans la nuit. Mais il doit éclairer essentiellement par son mode de vie, par ses choix de vie. Je le redis, Jésus a de l'ambition pour nous, la grande question est de s'interroger sur notre manière de répondre à cette ambition !
« En effet, tout homme qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne lui soient reprochées mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient reconnues comme des œuvres de Dieu. » dit Jésus dans St Jean . Au chapitre 8 Jésus nous indique le moyen de rester dans la lumière et donc d'être lumière :

« Moi, je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie. » Jn 8
Moi qui suis la lumière, je suis venu dans le monde pour que celui qui croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres. (Jean 12)

Là encore nous pourrions continuer mais nous comprenons ce que Jésus attend de chacun de nous : Le regarder, vivre en témoins de ce qu'Il est, à savoir la Lumière qui éclaire tout homme de bonne volonté ! Se nourrir de Sa Parole, de Ses sacrements et se laisser transformer.

Une fois encore, Jésus précise, Il enfonce le clou :
« Une ville située sur une montagne ne peut être cachée.Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ;on la met sur le lampadaire,et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison.De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. » Il ne s'agit pas de crier sur les toits : « regardez-moi vivre » il s'agit de vivre simplement, mais vraiment au quotidien, dans les moindres actes de notre vie ce que nous invite à vivre le Saint Évangile !

Examine donc si la lumière qui est en toi n'est pas ténèbres ; alors si ton corps tout entier est dans la lumière sans aucune part de ténèbres, il sera tout entier dans la lumière, comme lorsque la lampe t'illumine de son éclat. (Luc 11)

Il n'est pas rare d'entendre des non croyants s'émerveiller de la lumière dégagée par un chrétien, et, quand c'est le cas, ils nous envient. Celui rayonne c'est le Christ qui transparaît à travers notre opacité. Plus nous vivons de Jésus et plus Jésus transpire.Par contre :

«  Si ton œil est mauvais, ton corps tout entier sera plongé dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, quelles ténèbres y aura-t-il ! (Matthieu 6)
On peut, en effet, être chrétien de nom, et vivre à mille milles de notre engagement de baptisé dans la « mort-résurrection » de Jésus ! Que de chrétiens hélas véhiculent la mort, et il s'agit, bien entendu,de la mort due au péché . Demandons très sérieusement et sincèrement à Jésus, les uns pour les autres, d'être « lumière » dans ce monde qui marche trop souvent dans les ténèbres, que la lumière du Christ rayonne et fasse envie et Isaïe nous donne quelques moyens de faire éclater cette lumière :


Partage ton pain avec celui qui a faim,accueille chez toi les pauvres sans abri,couvre celui que tu verras sans vêtement,ne te dérobe pas à ton semblable.Alors ta lumière jaillira comme l’aurore,et tes forces reviendront vite.Devant toi marchera ta justice,et la gloire du Seigneur fermera la marche.Alors, si tu appelles, le Seigneur répondra ;si tu cries, il dira : « Me voici. »Si tu fais disparaître de chez toi le joug, le geste accusateur, la parole malfaisante,si tu donnes à celui qui a faim ce que toi, tu désires,et si tu combles les désirs du malheureux,ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera lumière de midi.(Isaïe 58)


AMEN ! QU'IL EN SOIT AINSI !

L'Ermite

vendredi 27 janvier 2017

HEUREUX ! HEUREUX ! HEUREUX !

QUATRIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

(Mt 5, 1-12 a)



« Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche.  » disait Jésus le troisième dimanche du temps ordinaire !Se laisser convertir c'est se laisser retourner, c'est permettre à Jésus de changer notre regard, notre façon de vivre . Quant au Royaume Il est personnalisé par Jésus Lui-même qui vit ce qu'Il dit et qui est en phase absolue avec le bon vouloir du Père.
Aujourd'hui, Jésus nous livre la clef qui nous permettra d'approcher l'ambition qu'Il a pour chacun de nous. Cette clef n'est pas à l'eau de rose, elle réclame, non seulement, notre attention, mais toute notre intelligence, pour nous en servir adroitement et parvenir à ouvrir la porte du Royaume.
Il ne s'agit surtout pas de se méprendre sur cette succession de « Heureux » il convient d'introduire la clef – les Béatitudes – dans la serrure qui ouvrira la porte du Royaume , qui nous permettra de nous ajuster au plus près au bon vouloir du Père !


Habituellement, quand Jésus gravit la montagne, c'est pour chercher le silence et la solitude et s'entretenir avec son Père. Nous voyons, assez souvent, Jésus s'éloigner de la foule qui voudrait Le retenir, pour parler seul à seul avec son Père.

Ici « voyant les foules, Jésus gravit la montagne.Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. » Jésus semble gravir la montagne pour prendre de la hauteur, il verra la foule et la foule le verra. Jésus désire être entendu de tous, il prend soin de s'installer, c'est une façon d'inviter à faire de même. Bien que relatif, ce confort dispose à l'écoute, Jésus peut alors enseigner.

Cette introduction n'est pas sans importance, être à l'écoute suppose un certain confort. Si je suis constamment dérangé par la douleur d'une mauvaise position, par un rayon de soleil, un courant d'air, mon attention sera affaiblie, voire, annihilée.

Neuf fois de suite, Jésus va nous dire « heureux », heureux qui ? Heureux les pauvres de cœur, heureux ceux qui pleurent, heureux les doux, heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, heureux les miséricordieux – voilà une réalité devenue familière – heureux les cœurs purs, les artisans de paix, les persécutés, ceux que l'on insulte, ceux de qui on dit toutes sortes de mal ! Ne trouvons-nous pas cela curieux ? Jésus est-Il sérieux ?

Enseigner de cette façon,aujourd'hui, dans un monde où il est de bon ton de se faire une place au soleil, d'avoir de l'argent dans les poches, un patrimoine conséquent, de « s'éclater » dans des fêtes à répétition, d'écraser le petit ou l'homme de bonne réputation, dans la vie et dans les tribunaux, de faire appel jusqu'à obtenir gain de cause, de faire la guerre au voisin, de se défendre bec et ongles sortis, de donner coup pour coup en gestes et en paroles, de dénigrer son prochain pour réduire son influence et faire planer des doutes, Jésus ne se trompe-t-il pas de clef ? N'est-Il pas légèrement naïf et avec Lui tous ceux qui acceptent de Le suivre sérieusement, comme les premiers Apôtres et cela depuis plus de deux-mille ans ? Ne faudrait-il pas revoir cet enseignement, le mettre à la portée de chacun pour remplir nos églises, y revoir une masse de jeunes qui choisissent les cabarets, les boîtes de nuit parce qu'on y danse, on y fait la fête, l'alcool coule abondamment ? Ce discours n'est-il pas dépassé ?

Eh bien non ! Jésus ne se trompe pas, Jésus est parfaitement lucide, la clef du bonheur qu'Il propose est la bonne clef pour un vrai bonheur. Tous ceux énumérés jusque là, et bien d'autres encore, sont des bonheurs éphémères qui, la plupart du temps, laissent un goût d'amertume, une lassitude, un bonheur qui sonne faux , qui ne comble pas mais étourdit et anéantit la personne ! Le bonheur proposé par Jésus mérite notre attention, notre intérêt, il n'est pas inutile de nous asseoir avec Jésus sur la montagne , pour laisser résonner en nous la musique de ces béatitudes !

« Heureux les pauvres de cœur,car le royaume des Cieux est à eux.

Jésus ferait-il ici l'éloge de la pauvreté matérielle, de la pauvreté de l'esprit ? Si c'était le cas, ne serait-Il pas en contradiction avec ces autres Paroles et, surtout avec Ses actes ? Quand Jésus dit : « Heureux les pauvres de cœur », n'oublions surtout pas « de cœur » ! c'est-à-dire :

Heureux ceux qui sont attentifs à leurs frères, ceux qui regardent le frère d'un regard renouvelé, ceux qui s'émerveillent de ce qu'ils sont et de ce qu'ils font, de ce qu'ils deviennent, jour après jour ,ceux qui voient le positif de et dans leur vie !

Heureux ceux chez qui perdurent la simplicité, la fraîcheur de l'enfance, ceux qui reconnaissent ne pas tout savoir et qui osent le dire en rendant grâce à leur Inspirateur, l'Esprit de Vérité qui leur permet d' avancer vers la Vérité tout entière !
Ceux qui connaissent leurs limites,leur péché et acceptent de s'agenouiller pour en recevoir le pardon !

Quant à la pauvreté matérielle n'est-elle vraiment pas louable ? Jésus ne l'a-t-il pas épousée en se faisant l'un de nous ? Il ne s'agit pas ici, de la pauvreté-misère que nous devons combattre, mais de cette pauvreté qui rend le cœur libre, qui ouvre le cœur, rend disponible, permet de voir juste, élimine la peur lancinante du voleur...

Alors oui, heureux les pauvres car ils s'intéressent à l'essentiel et le Royaume s'ouvre à eux ! Ne suffit-il pas d'avoir ce qu'il faut ? A quoi bon faire des réserves ?

« Éloigne de moi la fausseté et la parole mensongère; ne me donne ni pauvreté, ni richesse, accorde-moi le pain qui m'est nécessaire:de peur que, rassasié, je ne te renie et ne dise: « Qui est le Seigneur?»; et que, devenu pauvre, je ne dérobe, et n'outrage le nom de mon Dieu. » (Proverbes 30)

Jésus n'a-t-Il pas donner l'exemple ?

« Bien qu'il fût dans la condition de Dieu, il n'a pas retenu avidement son égalité avec Dieu; mais il s'est anéanti lui-même, en prenant la condition d'esclave, en se rendant semblable aux hommes, et reconnu pour homme par tout ce qui a paru de lui; il s'est abaissé (Philippiens 2)

Et nous pourrions poursuivre... D'ailleurs, en survolant les autres béatitudes nous découvrirons aisément que cette première résume toutes les autres !

Heureux ceux qui pleurent,car ils seront consolés.Jésus ne dit pas de se réjouir du malheur des autres Il serait en totale contradiction avec Lui-même, Jésus sait que les larmes lavent le regard, le purifie et rend le cœur plus fraternel, plus compatissant, plus ouvert aux autres.

La superbe fait peur, les larmes attirent la compassion, la consolation, la fraternité. Les larmes sont ce langage universel qui rapproche les êtres et les cœurs !

« Réjouissez-vous avec ceux qui sont dans la joie; pleurez avec ceux qui pleurent. Ayez les mêmes sentiments entre vous; n'aspirez pas à ce qui est élevé, mais laissez-vous attirer par ce qui est humble. Ne soyez point sages à vos propres yeux; ne rendez à personne le mal pour le mal; veillez à faire ce qui est bien devant tous les hommes. (Romains 12) conseille St Paul !

Les larmes font partie de notre condition humaine, souvenons-nous de la veuve de Naïm, des larmes de M.Madeleine sur les pieds de Jésus, des larmes de Marthe et Marie au décès de Lazare, de celles de Pierre après sa trahison. Jésus ne loue pas la cause des larmes, mais les larmes elles-mêmes, qui permettent de rentrer en soi, de partager la souffrance de manifester sa vulnérabilité et rendent plus humains !

Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage . Pour être doux il faut être particulièrement fort ! Il convient de serrer le poing dans sa poche, de contenir les soubresauts de l'amour propre blessé pour ne pas devenir blessant à son tour, pour ne pas rendre coup pour coup . Le doux est patient avec lui-même et avec les autres, il ne cède à aucune violence, il est plein d'humilité, se connaissant, il est compréhensif, favorise le dialogue, il ne veut pas éteindre la mèche qui fume encore, il garde la porte ouverte au dialogue, il donne du temps au temps ...Jésus nous dit ailleurs « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et ployez sous le fardeau, et je vous soulagerai. Prenez sur vous mon joug, et recevez mes leçons: je suis doux et humble de cœur; et vous trouverez du repos pour vos âmes, car mon joug est doux et mon fardeau léger. (Matthieu 11)

« Ayez beaucoup d'humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez à cœur de garder l'unité dans l'Esprit par le lien de la paix. » (Éphésiens 4)


« Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice,car ils seront rassasiés. » Et cela, davantage pour les autres que pour soi ! Jésus ne dit-il pas «  si votre justice ne dépasse celle des scribes et des Pharisiens vous n'entrerez pas dans le Royaume des cieux ! » Et ailleurs « Si quelqu'un te force à faire un mille, fais-en deux avec lui. Donne à celui qui te demande, et ne te détourne pas de celui qui veut emprunter de toi. Vous avez appris qu'il a été dit: Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi, moi je vous dis aimez vos ennemis faites-leur du bien ... » Jésus va à l'encontre de l'ambiance du moment… il ne peut y avoir de justice sans un amour dévorant, brûlant...

« C'est la justice qui vient de Dieu et qui est fondée sur la foi. Il s'agit de connaître le Christ, d'éprouver la puissance de sa résurrection et de communier aux souffrances de sa passion, en reproduisant en moi sa mort, (Philippiens 3)

L’œuvre de la justice sera la paix, Et le fruit de la justice le repos et la sécurité Is 32, 17

Être juste, pratiquer la justice c'est vivre selon le cœur de Dieu, c'est être ajusté à Sa volonté, l'homme juste par excellence, ne fut-il pas St Joseph ? Cet homme humble, silencieux, fidèle qui aime vraiment jusqu'à prendre le risque d'accueillir Marie malgré des apparences douteuses, l'autre nom de la justice serait l'Amour, un amour vrai, fort, sincère, pur !

« Heureux les miséricordieux,car ils obtiendront miséricorde. »
« le jugement est sans miséricorde pour qui n'a pas fait miséricorde » écrit St Jacques. Dieu Père EST MISÉRICORDE que serions-nous sans ce Père plein de tendresse et de miséricorde qui se penche sur nous et nous offre son unique ? Et nous refuserions d'accueillir le frère qui nous a blessé, nous lui refuserions notre pardon alors que Jésus ne cesse de nous pardonner ? Les dons, les sacrifices sont fades et n'ont aucun sens si le cœur n'est pas en harmonie avec ces gestes apparemment généreux ! La plus
grande, la plus louable des générosités n'est-ce pas le pardon gratuit et inconditionnel ? Celui qui nous vaut le Salut !

« Je veux la miséricorde et non le sacrifice. Car je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs. » (Matthieu 9)

« Mais vous, ô notre Dieu, vous êtes bon, fidèle et patient, et vous gouvernez tout avec miséricorde. » (Sagesse 15)

« Celui qui a pratiqué la miséricorde envers lui. " Et Jésus lui dit: " Va, toi aussi fais de même. » (Luc 10)

« Que celui de vous qui est sans péché lui jette la première pierre." (Jean 8)

Qui oserait ?


« Heureux les cœurs purs,car ils verront Dieu. » Le cœur pur est ce cœur sans malice, qui non seulement se garde de tout mal, mais porte un regard positif sur les êtres, les actes, les situations. Un cœur qui essaie de comprendre , refuse de s'arrêter à la paille dans l’œil du voisin.

« Celui qui a les mains innocentes et le cœur pur; Celui qui ne livre pas son âme aux idoles » Ps 24, 4

« Tout est pur pour ceux qui sont purs; mais rien n'est pur pour ceux qui sont souillés. »Tite 1:15

« Ô Dieu! crée en moi un cœur pur, Renouvelle en moi un esprit bien disposé » Ps 50 Voilà un verset de psaume qui devrait sans cesse tournoyer dans notre esprit !
Pur ne signifie pas naïf, il est important d'exercer son discernement, mais sans juger :

« Ne va pas décider trop vite d'imposer les mains à quelqu'un, et te rendre complice des péchés d'autrui : garde-toi pur. » (1 Timothée 5)

« Quand on vient de prendre un bain, on n'a pas besoin de se laver : on est pur tout entier. Vous-mêmes, vous êtes purs, ... mais non pas tous. » Jésus est serein, Jésus est la pureté par excellence, mais Jésus est lucide, Il connaît le cœur de l'homme, c'est pour le sauver qu'Il est venu !
« Il savait bien qui allait le livrer ; et c'est pourquoi il disait : « Vous n'êtes pas tous purs. » Jn 13)

« Pharisien aveugle, purifie d'abord l'intérieur de la coupe afin que l'extérieur aussi devienne pur. » (Matthieu 23)

Jésus ne craint pas de dénoncer la fausse pureté, celle de l'apparence, Il invite à cette vérité profonde, sincère : je suis ce que je suis et rien de plus !

« Heureux les artisans de paix,car ils seront appelés fils de Dieu. »

La paix, ce don de Dieu par excellence, ce fruit de l'esprit « Le fruit de l'Esprit, au contraire, c'est la charité, la joie, la paix, la patience, la mansuétude, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance. Contre de pareils fruits, il n'y a pas de loi. » (Galates 5)

« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous donne pas comme le monde donne.. » Jean 14:27

La paix de Jésus, celle qu'Il nous donne, celle qu'Il annonce et nous demande d'annoncer, est le fruit d'un combat ! Un combat contre les puissances du mal qui nous malmènent en nous, mais aussi dans notre environnement.

« Qu'il évite le mal et pratique le bien, qu’il recherche la paix, qu'il la poursuive. » (1Pierre 3) Et saint Pierre sait de quoi il parle

« Cherche à vivre dans la justice, la foi, l'amour et la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un cœur pur. » (2 Timothée 2) Timothée, que nous fêtions cette semaine, ne parle pas autrement et nous retrouvons les fruits de l'Esprit de la Lettre aux Galates !

« C'est la paix que je vous laisse, c'est ma paix que je vous donne ; ce n'est pas à la manière du monde que je vous la donne. Ne soyez donc pas bouleversés et effrayés. » (Jean 14) Jésus insiste souvent et ne nous dupe pas , il ne s'agit pas d'une paix facile du genre ; « bof laisse tomber » mais d'une paix acquise par la maîtrise , voire une certaine violence que l'on se fait à soi-même pour ne pas rendre le mal pour le mal, la paix de Jésus est une victoire sur toutes les formes de morts !

« Je vous ai dit tout cela pour que vous trouviez en moi la paix. Dans le monde, vous trouverez la détresse, mais ayez confiance : moi, je suis vainqueur du monde. » (Jean 16)
Jésus est vainqueur du monde, des forces du mal qui « grouillent » dans le monde et par sa mort-résurrection Il nous rend également victorieux à condition, comme Saint Paul de mener le bon combat celui où domine l'amour !

« Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice,car le royaume des Cieux est à eux. »

Notons bien la raison de cette persécution qui peut et qui doit nous rendre heureux : pour la justice ! Heureux donc ceux qui luttent pour instaurer un monde meilleur même s'ils doivent connaître l'incarcération pour un temps ! Pensons à Nelson Mandela, et tout près de nous ce cultivateur hors la loi pour protéger des migrants, et tant d'autres d'ailleurs ! J'abrège pour arriver à la dernière béatitudes petite ou grande sœur de celle-ci et qui mérite notre attention parce qu'elle a de quoi nous surprendre :

« Heureux êtes-vous si l’on vous insulte,si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous,à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse,car votre récompense est grande dans les cieux ! »


Là encore ne sautons pas à pieds joints sur l'essentiel de cette Parole de Jésus ; « à cause de moi » ! Si nous sommes critiqués en raison de notre inconduite il nous reste à rentrer en nous-mêmes pour accueillir la Lumière sur notre vie, mais Jésus précise « à cause moi », c'est-à-dire en tant que disciples et donc appelés à annoncer la Bonne Nouvelle du Salut.

Qui peut dire, qu'il ou elle, est à ce point ajusté à l’Évangile qu'il ne puisse attirer insultes, médisances calomnies ? Et si c'est le cas, je me permets une assertion qui pourra vous paraître énorme et en laquelle je crois profondément. Je suis absolument sincère en le pensant et en l'écrivant : ces situations, certes douloureuses, devraient être pour chacun de nous l'occasion de rendre grâce ! Oui de rendre grâce ! elles nous permettent de mieux nous connaître, de sonder notre attachement au Christ et à Son Évangile , elles sont un chemin de purification qui nous rapproche de Jésus, de Sa Passion, Lui, l'Innocent absolu ! Elles peuvent être le révélateur qui nous montre ce que Dieu attend de nous, si nous savons nous asseoir sur la montagne pour comprendre ce qui nous arrive en cet instant d'épreuve. Ce chemin difficile, décapant, est notre chemin de Damas, et, avec St Paul nous pouvons en toute humilité et sincérité dire du fond du cœur ; « TOUT EST GRACE » Il nous faut apprendre à percevoir la lumière de la nuit, dans la nuit !

« Nous peinons dur à travailler de nos mains. Les gens nous insultent, nous les bénissons. Ils nous persécutent, nous supportons. Ils nous calomnient, nous avons des paroles d'apaisement. Jusqu'à maintenant, nous sommes pour ainsi dire les balayures du monde, le rebut de l'humanité. » (1Corinthiens 4)

« Nous sommes pourchassés, mais non pas abandonnés ; terrassés, mais non pas anéantis. Partout et toujours, nous subissons dans notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus, elle aussi, soit manifestée dans notre corps. En effet, nous, les vivants, nous sommes continuellement livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus, elle aussi, soit manifestée dans notre existence mortelle. » (2 Corinthiens 4)

« D'autres ont subi l'épreuve de la moquerie et des coups de fouet, des chaînes et de la prison. Ils ont été lapidés, sciés en deux, massacrés à coups d'épée. Ils ont mené une vie errante, vêtus de peaux de moutons ou de toisons de chèvres, manquant de tout, harcelés et maltraités - mais en fait, c'était le monde qui n'était pas digne d'eux ! - Ils vivaient çà et là dans les déserts et les montagnes, dans les grottes et les cavernes. » (Hébreux 11)

Que dire en conclusion ? Oui, les béatitudes sont la clef du Royaume, j'irai même plus loin, en affirmant que dès le début de Sa prédication, Jésus nous livre un condensé de ses trois années de vie apostolique, les faits, gestes, paroles de Jésus, n'apportent, en réalité, qu'un éclairage, ils sont les différentes notes de la partition « Béatitudes ». Comme nous sommes durs de cœur et d'oreille, il était indispensable que Jésus les mette en musique pour nous ouvrir à l'harmonie du Royaume et nous permettre de découvrir qu'un seul mot pourrait signifier le coeur, le Royaume : Amour ! La vie nous est offerte pour apprendre à aimer et seulement cela ! Alors, dépêchons-nous : Aimons !

La grande merveille de l’Évangile, c'est d'être, et de rester, toujours d'actualité, il n'y a pas un mot à changer, l’Évangile depuis plus de deux mille ans s'écrit au présent !

HEUREUX CEUX QUI L'ACCUEILLENT ET ESSAIENT D'EN VIVRE !

Cherchez le Seigneur,
vous tous, les humbles du pays,
qui accomplissez sa loi.
Cherchez la justice,
cherchez l’humilité :
peut-être serez-vous à l’abri
au jour de la colère du Seigneur.

    Je laisserai chez toi un peuple pauvre et petit ;
il prendra pour abri le nom du Seigneur.
    Ce reste d’Israël ne commettra plus d’injustice ;
ils ne diront plus de mensonge ;
dans leur bouche, plus de langage trompeur.
Mais ils pourront paître et se reposer,
nul ne viendra les effrayer.
Sophonie

ce qu’il y a de fou dans le monde,
voilà ce que Dieu a choisi,
pour couvrir de confusion les sages ;
ce qu’il y a de faible dans le monde,
voilà ce que Dieu a choisi,
pour couvrir de confusion ce qui est fort ;
    ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde,
ce qui n’est pas,
voilà ce que Dieu a choisi,
pour réduire à rien ce qui est ;
    ainsi aucun être de chair
ne pourra s’enorgueillir devant Dieu.
1 Cor


« Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse,car votre récompense est grande dans les cieux ! »


L'Ermite

vendredi 20 janvier 2017

SE CONVERTIR OU LAISSER DIEU ME CONVERTIR ?

TROISIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

(Mt 4, 12-23)



Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste,il se retira en Galilée.Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm,ville située au bord de la mer de Galilée,dans les territoires de Zabulon et de Nephtali C’était pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe :Pays de Zabulon et pays de Nephtali,route de la mer et pays au-delà du Jourdain,Galilée des nations ! Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière.Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort,une lumière s’est levée.

Voici ce qu'écrit le Dr James FLEMING à propos de Nazareth :
« Nazareth était un village petit et insignifiant à l’époque de Jésus. Bien qu’on puisse attester sa création dans les années 600 à 900 avant notre ère, il était trop petit pour être inclus dans la liste des lieux d’habitation de la tribu de Zabulon (Josué 19: 10-16), qui mentionne douze villes et six villages. Nazareth n’est pas non plus citée parmi les 45 villes de la Galilée mentionnées par Josèphe, et son nom est absent des 63 villes de Galilée mentionnées dans le Talmud. Il semble que les mots de Nathanaël de Cana, « Peut-il sortir quelque chose de bon de Nazareth? » (Jean 1,47), caractérise bien l’apparente insignifiance de ce site. Il est inutile de dire que le peuple de Judée n’avait jamais entendu parler de Nazareth. »

Capharnaum est un village de pêcheurs, de l'ancienne province de Galilée sur la rive nord-ouest du lac de Tibériade. A une certaine époque ce village faisait de 6 à 10 hectares et sa population avoisinait les 1700 personnes.

Son nom vient de l'hébreu et signifie la compassion, la consolation ; littéralement il s'agit du village du consolateur! A l'époque du récit évangélique Capharnaüm comprenait un poste de douane et une petite garnison romaine commandée par un centurion, ce qui explique la présence de Lévi (Matthieu) qui devait y avoir un bureau d'où il prélevait la taxe maritime sur les pêches et la taxe frontalière sur les marchandises.C'est aussi dans cette bourgade que vivent Simon Pierre, son frère André, ainsi que Jacques et Jean, tous des pêcheurs !

Cette bourgade possédait un double avantage sur Nazareth pour l'activité messianique de Jésus.

C'était un carrefour de première importance par sa situation sur la route de Damas et ce carrefour se trouvait assez éloigné des centres importants et spécialement de Tibériade où Hérode Antipas avait établi sa capitale. Jésus pouvait ainsi répandre largement son message sans s'attirer trop vite des ennuis de la part des chefs politiques et religieux

Ensuite cette bourgade avait une population très variée même les relations entre les habitants et les romains se caractérisaient par une cordialité surprenante . Un centurion romain avait construit la synagogue pour la communauté juive et de leur côté les anciens du village le payaient en retour en plaidant sa faveur pour obtenir de Jésus la guérison de son serviteur (Lc 7, -10)

Les habitants étaient des travailleurs acharnés, économes et ouverts. C'est à ces gens que Jésus s'adresse, c'est de cette même communauté de Capharnaüm que Jésus choisit la plupart de ses disciples , soit parmi les pêcheurs, soit parmi les publicains.

Très vite la maison de Pierre est devenue la maison des amis de Jésus et Jésus Lui-même a choisi cette maison comme étant sa maison. De même que Capharnaüm est très vite devenue la ville de Jésus, de même la maison de Pierre a pu s'appeler à juste titre la Maison de Jésus.

Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort,une lumière s’est levée.La Lumière dont il est question ici, n'est autre que Jésus Lui-même venu s'installer dans cette petite ville où se croisent une multitude de personnes, Capharnaüm étant un lieu de passage, un carrefour des nations ! Tout en restant relativement discret, Jésus peut prendre le risque d'annoncer la Bonne Nouvelle. On comprend, dès lors, qu'À partir de ce moment, Jésus commença à proclamer:« Convertissez-vous,car le royaume des Cieux est tout proche. »

Le Royaume ? C'est Lui, Jésus , en personne . Pierre ne lui dira-t-il pas un jour :  « A qui irions-nous, tu as les Paroles de la vie éternelle »Jn,6

Jésus ne craint pas de commencer sa prédication en invitant à la conversion. D'ailleurs, en parlant ainsi, ne met-il pas Ses pas dans ceux de Jean Baptiste qui proclamait : " Que celui qui a deux tuniques en donne une à qui n'en a point, et que celui qui a de quoi manger fasse de même. (Luc 3)

Se convertir, c'est se tourner vers, se laisser retourner, c'est laisser entrer en soi, une autre manière de vivre et d'appréhender les relations, c'est laisser entrer en soi cette Lumière qui apporte un éclairage nouveau, une manière nouvelle de vivre et d'être. C'est s'abandonner à l'Esprit Saint qui devient le guide suprême de nos vies, c'est accepter d'être bousculé par les Paroles de Jésus, c'est un revirement total de notre manière de voir, d'entendre, de parler, de se comporter.

Se laisser convertir, car c'est de cela qu'il s'agit, on ne se convertit pas soi-même, mais on se laisse remettre en question par une Parole, celle de Jésus Lumière qui éclaire nos ténèbres, Lumière qui dérange, qui propulse pour peu que nous Le laissions agir en nous !

Le « convertissez-vous » de Jésus est cet appel à accepter les valeurs évangéliques qu'Il est, Lui-même, dans Sa Personne de Fils unique et Bien-aimé du Père !

C'est accepter et décider de Le regarder et de Lui permettre de changer notre regard : Bienheureux les pauvres, bienheureux les doux, bienheureux les affamés , bienheureux quand on dira du mal contre vous, réjouissez-vous ! » Ce n'est pas une façon ordinaire de voir les choses, notre esprit terre à terre aurait plutôt tendance à dire, à faire et à penser ; « heureux ceux dont les poches débordent d'argent, ceux qui savent se défendre, on ne va pas se laisser marcher sur les pieds , ceux qui se nourrissent de caviar ...ceux qui brillent , ce sont des veinards ! »
Ô nous ne le disons pas aussi grossièrement, c'est plus subtil, plus habile, plus sophistiqué, mais le fond, n'est-il pas celui-là ? RE-TOUR-NONS-NOUS, ou plutôt, laissons-nous retourner par Jésus et nous verrons et nous comprendrons, et nous expérimenterons que les valeurs évangéliques sont bien différentes et autrement attractives ! Béni soit le Seigneur qui ne cesse de nous inviter à marcher avec Lui !

Jean est en prison, il avait des disciples pour l'aider dans sa mission de Précurseur,Jésus dira un jour « la moisson est abondante et les ouvriers peu nombreux, » s'Il le dit, c'est qu'Il le sait ! Pas plus que Jean, Il ne peut, Il ne veut, rester seul, de plus, Il sait qu'Il prend des risques qu'Il devra payer à un moment ! S'Il reste seul, qui continuera l’œuvre entreprise ? Dieu veut avoir besoin des hommes, Il leur fait cet immense honneur, l'homme devient coopérateur de Dieu et c'est Dieu qui se glisse en lui pour continuer Son œuvre ! Faut-il encore qu'Il puisse habiter notre humanité, que nous Lui fassions un peu de place  :

« Comme il marchait le long de la mer de Galilée,il vit deux frères,
Simon, appelé Pierre,et son frère André,qui jetaient leurs filets dans la mer ; car c’étaient des pêcheurs.Jésus leur dit :« Venez à ma suite,et je vous ferai pêcheurs d’hommes. »Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent »

N'est-ce pas impressionnant de voir ces hommes en plein travail, laisser là leurs filets et suivre Jésus sur le champ ?

« Quand St François, après sa conversion, comprenait quelque chose de nouveau, il le mettait immédiatement en œuvre »

Ne sommes-nous pas trop frileux quand Jésus nous invite à avancer ? Ne cherchons-nous pas, comme le jeune homme riche, ou comme les deux appelés chez saint Luc, à faire diversion en évoquant nos multiples engagements en cours ?

Si Jésus appelle, c'est une grâce insondable pour l'appelé, il est choisi pour servir certes, mais il reste le premier bénéficiaire du don de Dieu ! Ce don incomparable qui se décline en liberté intérieure, union aux Trois Personnes divines, communion avec les frères, harmonie de vie et j'en passe ! Et il ne s'agit pas uniquement de l'appel au ministère ou à la vie consacrée, c'est un bouleversement profond pour toute personne qui accepte de permettre au Seigneur de renouveler son regard, de le changer radicalement parfois. L'appel de Jésus, quel qu'il soit, est porteur de paix intérieure, de lumière et cette lumière se laisse voir sur les visages de ceux qui ne trichent pas !

Un pas de plus est franchi quand Jésus appelle Jacques et Jean :

De là, il avança et il vit deux autres frères,Jacques, fils de Zébédée,et son frère Jean,qui étaient dans la barque avec leur père,en train de réparer leurs filets.Il les appela.

Aussitôt, laissant la barque et leur père,ils le suivirent. »

Ils ne quittent pas seulement leurs filets, mais aussi leur père, celui qui leur a donné la vie ! N'est-ce pas un déchirement ? A moins d'être dénaturé on ne laisse pas sa famille sans un brisement du cœur ! Avec leur père, ils partageaient le travail et se préparaient, comme souvent, à prendre la succession, et voilà que Jésus déjoue leur projet ! Ne faut-il pas que Jésus exerce une extraordinaire attraction pour que ces deux jeunes hommes laissent tout et se mettent en route sur ses pas ? N'oublions pas que l'objectif est annoncé ;« Venez à ma suite,et je vous ferai pêcheurs d’hommes. »

Ils vont passé de la pêche animale à la pêche humaine ! De la nourriture à la gratuité totale ! Ils sont appelés à montrer un chemin de désintéressement, de fraternité ! A Entrer dans un chemin de conversion ils sont appelés, à montrer la route à d'autres, appelés à leur faire connaître la Bonne Nouvelle de l'amour du Père ! Oh, ils ne voient pas cela immédiatement, le voile se lèvera peu à peu en emboîtant le pas à la suite de Jésus, il faudra même la mort et la résurrection de Jésus pour qu'ils prennent vraiment leurs responsabilités, mais ils acceptent de marcher avec Lui et c'est en marchant qu'ils découvrent la grandeur de cet appel.

N'en-est-il pas de même pour nous ? Quand nous entrons dans le dessein du Père, nous ne voyons pas le terme, c'est au jour le jour que nous découvrons et c'est ainsi que grandit l'enthousiasme pour la mission. Plus on avance plus on est heureux de servir un tel Maître ! Mieux on comprend aussi le sens de ce filet qui remonte plein de poissons de toutes les espèces, des petits, des grands, des rouges, des gris, des bariolés, des gentils, des plus difficiles, des
dangereux...Dans les filets du croyant appelé à suivre Jésus, on doit trouver le même contenu ...Jésus choisit tous les hommes, Jésus appelle tous les
hommes, du pire qui se laisse regarder jusqu'au fond de l'être Jésus peut faire un saint ! Sommes-nous prêts à entrer dans ce projet de Jésus ? Ou développons-nous un regard méfiant quand il n'est pas malveillant, voire désespéré : « celui-là, mais vous n'y pensez-pas ! » Or « celui-là » Jésus nous le confie ! Jésus nous invite à accueillir toute personne, telle qu'elle est, là ou elle en est aujourd'hui, comme Il nous a appelé initialement, chacun, pour nous dynamiser !


Jésus parcourait toute la Galilée ;
La Galilée était mal famée et c'est là que Jésus commence sa prédication « que peut-Il sortir de bon de Nazareth ? «  Ne l'oublions pas Jésus n'a pas choisi le Palais d'Hérode mais ce carrefour des Nations où grouillent bien et mal et c'est là qu'Il jette le filet !

C'est donc à la périphérie de nos villes, là où des jeunes (filles et garçons) se prostituent, là où des migrants dressent des tentes plus que sommaires, que Jésus nous attend aujourd'hui ! Pas tous bien sûr, car il y a bien des façons de parcourir « nos Galilées » ne serait-ce qu'en ouvrant la porte à la personne révoltée, en donnant du temps à la personne isolée, en écoutant celle qui rabâche jusqu'au jour où elle pourra extraire du fond de son fond, le poids qu'elle déposera dans le cœur de Son Seigneur, en visitant les malades à l'hôpital ou chez eux . Jésus nous appelle à être des passeurs pas de ces passeurs qui dépouillent leurs frères, mais de vrais passeurs d'amour, qui transmettent le Flambeau de La Parole qui retourne une vie, n'importe quelle vie, même celle du terroriste qui nous semble perdu !

« il enseignait dans leurs synagogues,proclamait l’Évangile du Royaume,guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple. »

Voilà l’œuvre de Jésus : enseigner, annoncer, guérir ! Chacun, selon les dons reçus et nous sommes invités à les développer, pour servir au mieux nos frères, tous nos frères, n'importe quel frère :

- transmettre ce que nous avons reçu et orienter pour compléter ce que nous proposons. Orienter vers la personne qui pourra parfaire .

- Nous nourrir de la Parole au quotidien et donner envie de faire de même
participer à la guérison des cœurs blessés, troublés en ouvrant les portes qui libèrent ! Tel prêtre qui pourra offrir le pardon de Jésus !

Tout cela est à notre portée si notre cœur est ouvert et tourné vers le mieux être de nos frères .

Mais je ne suis pas capable pensons-nous, je n'ai pas la formation adéquate etc

Croyons nous que les apôtres quand ils ont emboîté leurs pas dans ceux de Jésus avaient des connaissances pointues ? C'était, précise l’Évangile, « des pécheurs en mer » et Jésus en fait des pécheurs d'hommes! N'est-ce pas oublié ou prendre à la légère ce que nous dit Jésus ; » je ne vous laisserai pas seuls, vous recevrez l'Esprit Saint qui vous conduira à la vérité tout entière »

Certes Il fera sourdre en nous un besoin de formation, mais Il nous éclairera si nous L'écoutons pour dire le mot qui convient, ouvrir la bonne porte utile, ouvrir aussi l'oreille du cœur qui en écoutant vraiment permettra au frère de trouver en lui la marche à suivre pour vivre vraiment dans et de l'amour ! De plus nous sommes membres de l’Église, nous ne sommes pas seuls, livrés à nous-mêmes, nous rejoignons une communauté vivante et agissante, alors c'est vers cette communauté que nous entraînerons nos frères et ils trouveront ainsi leur chemin de vie . Alors

 « le joug qui pesait sur lui,(sur eux)
la barre qui meurtrissait son épaule,(leurs épaules)
le bâton du tyran,
tu (Jésus les brisera ) les as brisés comme au jour de Madiane.


Et tous ensemble nous chanterons :

Le Seigneur est ma lumière et mon salut ;
de qui aurais-je crainte ?
Le Seigneur est le rempart de ma vie ;
devant qui tremblerais-je ?


J’ai demandé une chose au Seigneur,
la seule que je cherche :
habiter la maison du Seigneur
tous les jours de ma vie,


Mais j’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur
sur la terre des vivants.
« Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ;
espère le Seigneur. »


L'ermite