vendredi 18 juin 2021

QUI EST-IL DONC CELUI-CI ?


XIIe DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE


Année B


(Mc 4, 35-41)



Toute la journée, Jésus avait parlé à la foule. et Il leur parlait en paraboles nous dit St Marc mais expliquait tout en particulier à ses disciples. On comprend que Jésus ait besoin de se mettre à l'écart, de se retrouver un peu seul avec Ses disciples aussi  :

Le soir venu, Jésus dit à ses disciples :« Passons sur l’autre rive. » Il y au moins deux façons de recevoir cette décision de Jésus , soit, Jésus veut se rendre en Décapole, pour y poursuivre sa mission, Il est ici en Galilée, soit , et c'est plus subtil, Il souhaite permettre une expérience spirituelle qui devrait marquer Son équipe pour la vie. ( il y a sans doute bien d'autres raisons!)

La décapole qui se trouve sur l'autre rive, est un Pays païen, maudit et certains pensent que cette région est livrée au pouvoir de Satan. Les Juifs pieux, de cette époque, n'évoquent cette terre qu'avec dégoût et mépris. S'y rendre en équipe apostolique, c'est sans doute, une façon, pour Jésus, de manifester qu'Il n'exclut personne. Jésus est venu pour rassembler le Peuple de Dieu dispersé, non pour maintenir les barrières dressées par les dissensions locales. Passer sur l'autre rive , c'est inviter les apôtres à voir autrement, à détruire ce qui sépare les communautés, pour leur apprendre à marcher ensemble, main dans la main, pour une vie nouvelle, celle de l'Amour.

Les apôtres, même s'ils craignent cette traversée nocturne, après avoir sans doute exprimé certaines réticences , hissent la voile et, quittant la foule, embarquent avec

Jésus pour rejoindre cette « autre rive ». Jésus , qui avait parlé aux foules durant toute la journée précise l’évangéliste, est fatigué. Il ne connaît rien au maniement d'un bateau, confiant, Jésus s'abandonne et, entre les mains de ses apôtres rompus à cette action, et au sommeil réparateur dont Il a particulièrement besoin à cette heure tardive.

Quittant la foule, ils emmenèrent Jésus, comme il était, dans la barque, et d’autres barques l’accompagnaient. Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait. Lui dormait sur le coussin à l’arrière.

Me vient à l'esprit ce chant de Dena MWANA :

Si la mer se déchaîne
Si le vent souffle fort
Si la barque t'entraîne
N'aie pas peur de la mort
Si la barque t'entraîne
N'aie pas peur de la mort

Il n'a pas dit que tu coulerais
Il n'a pas dit que tu sombrerais
Il a dit
Allons sur l'autre bord

Allons sur l'autre bord

Si un jour sur ta route
Tu rencontres le mal
Crois en Jésus, il t'aime
Il te donne sa paix
Crois en Jésus, il t'aime
Il te donne sa paix

Et c'est bien ici le cas, les flots sont déchaînés, la barque est chahutée, elle se remplit

d'eau, les apôtres sont effrayés, ils ont peur pour leur vie, peut-être plus encore pour celle du Maître , du moins on l'espère, ils n'arrivent plus à maîtriser ni la voile, ni les rames, ni l'embarcation, ils sont agités, secoués, ont des difficultés à tenir debout, certains s'effondrent et boivent « la tasse » Jésus dort comme un enfant, d'un sommeil profond , que rien ne peut troubler, ni personne, encore moins les éléments déchaînés ! Jésus est dans la confiance ABSOLUE, Jésus est dans les mains de Son Père.

Pensons à Job ,(1ère lecture) à St Paul... Il serait bon de relire ce magnifique livre de Job qui discute avec Dieu et à qui Dieu donne aujourd'hui une bonne petite leçon d'humilité :« Qui donc a retenu la mer avec des portes, quand elle jaillit du sein primordial ; quand je lui mis pour vêtement la nuée, en guise de langes le nuage sombre ; quand je lui imposai ma limite, et que je disposai verrou et portes ?Et je dis : “Tu viendras jusqu’ici ! tu n’iras pas plus loin, ici s’arrêtera l’orgueil de tes flots !” »

Quant à St Paul, il nous invite à rester dans la confiance puisque Jésus habite en nous. Quand on vit de la Parole de Dieu, quand le cœur reste ouvert au Royaume dont nous parlions dimanche dernier, que pouvons nous craindre :

Qui pourra nous séparer de l'amour du Christ ? la détresse ? l'angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le supplice ? L'Écriture dit en effet : C'est pour toi qu'on nous massacre sans arrêt, on nous prend pour des moutons d'abattoir. Oui, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. J'en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l'avenir, ni les astres, ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur. (Ro 8)

Jésus est là ! Il dort certes, mais Il est là, alors de qui, de quoi avoir peur ? Toutes les tempêtes du monde peuvent agiter notre vie JESUS EST LA ! Jésus dort d'un œil si j'ose dire , sans en avoir l'air, c'est Lui qui est à la manœuvre, c'est Lui qui gouverne la barque de Pierre, la barque sur l'eau mais la BARQUE-EGLISE sur les flots agités de notre monde, et la barque- humaine de notre vie ! Quelles que soient les tempêtes qui agitent l’Église, ELLE NE SOMBRERA PAS ! Quelles que soient les tempêtes qui agitent nos vies, nous NE SOMBRERONS PAS si nous gardons le cap, si nous restons fidèles dans l'épreuve , si nous attendons activement dans une prière confiante, que la tempête se calme ! Jésus ne LÂCHERA JAMAIS LA MAIN DE SON ENFANT.

A cette heure, les apôtres sont bien ébranlés, n'oublions pas qu'ils n'en sont qu'au début de leur marche avec Jésus, ils sont comme de jeunes enfants qui apprennent à marcher, ils titubent, tombent, se relèvent, tâtonnent, s'accrochent à ce qu'ils peuvent et sur l'eau déchaînée, à part Jésus qui n'est pas encore leur rocher, le

compagnonnage est trop récent , ils n'ont aucun recours et Jésus dort désespérément pour eux ! Ils se décident alors à Le tirer de sa torpeur, il n'y a pas d'autre issue immédiat et c'est bon : Les disciples le réveillent et lui disent Les apôtres ne ménagent pas Jésus, ils sont dans l'affolement, la peur les paralyse , ils crient leur détresse :« Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? » Les apôtres semblent gourmander Jésus mais en réalité , quelles que soient les apparences ils expriment leur foi , une foi vacillante, mais celle qui a été semée dans leur cœur lors de la RENCONTRE et ne demande qu'à grandir et se fortifier. Dire à Jésus, en pleine mer déchaînée « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? » le réveiller avec ces mots , avec ce cri de détresse, c'est malgré les apparences, lui crier leur espérance, c'est laisser sous-entendre : enfin, fais quelque chose ! Voilà ce que Jésus attend de nous quand nous ne savons pas comment nous relever d'une faute, d'un combat contre le mal, d'une épreuve... Jésus attend que nous Lui exprimions notre confiance au lieu d'aller voir ceux qui nous vendent du rêve , tous les diseurs de bonne aventure, souvent pour de l'argent, alors que chez le Seigneur la gratuité est garantie :O vous tous qui avez soif, venez aux eaux, vous-mêmes qui n'avez pas d'argent; venez, achetez du blé et mangez; venez, achetez sans argent, et sans rien donner en échange, du vin et du lait. Pourquoi dépenser de l'argent pour ce qui n'est pas du pain, votre travail pour ce qui ne rassasie pas? Ecoutez-moi donc, et mangez ce qui est bon, et que votre âme se délecte de mets succulents. Prêtez l'oreille et venez à moi; écoutez, et que votre âme vive; et je conclurai avec vous un pacte éternel; vous accordant les grâces assurées à David. Voici que je l'ai établi témoin auprès des peuples, prince et dominateur des peuples. Voici que tu appelleras la nation que tu ne connaissais pas, et les nations qui ne te connaissaient pas accourront à toi, à cause du Seigneur, ton Dieu. et du Saint d'Israël, parce qu'il t'a glorifié! (Is 55)

Que répond Jésus ? Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : Remarquons bien : Jésus n'entre pas dans des discussions stériles, Jésus a compris la détresse de Ses disciples et sans plus attendre , s'adresse avec autorité aux éléments déchaînés, aux maux qui tourmentent l’Église, l'humanité :« Silence, tais-toi ! » Le vent tomba, et il se fit un grand calme. Quand nous demandons à Jésus , quand nous Lui permettons d'intervenir dans nos vies, les vents contraires s'apaisent, les remous s'estompent, le calme descend en nos âmes car :



Qui s'appuie sur le Seigneur ressemble au Mont Sion

Il est inébranlable, il demeure à jamais (Ps 124.1)

Si nous nous acceptons , si nous voulons de tout notre être , nous en remettre à Jésus qui nous aime, NOUS NE CRAIGNONS RIEN ; «  Il n'y a point de crainte dans l'amour; mais l'amour parfait bannit la crainte, car la crainte suppose un châtiment; celui qui craint n'est pas parfait dans l'amour. Nous donc, aimons Dieu, puisque Dieu nous a aimés le premier. » (1Jn 4) Et n'oublions pas le sens du NOM DE JESUS : Jésus signifie « Dieu sauve » ! Ici les apôtres sont effectivement sauvés de la noyade, mais sans doute aussi, de bien des peurs qui les habitent encore. Ils avaient besoin de cette épreuve pour faire l'expérience de la puissance de Salut de leur Maître et de Sa Parole : « Silence ! Tais-toi ! Intime-t-Il aux éléments déchaînés et aux passions cachées !


Les apôtres rament dans tous les sens du terme, mais Jésus tient le gouvernail par

une Présence efficace et aimante. Il en est ainsi dans toutes les tempêtes qui peuvent nous secouer, nous ballotter , au cours de la vie. Dans ces cas-là , comme les apôtres, crions notre attente à Jésus, même avec des mots maladroits, Lui, Jésus, comprend toutes les langues, car Il voit le cœur et son espérance, son attente, son abandon. L'épreuve, nous dit toujours quelque chose de l'amour de Dieu. Comme Pierre qui perd pied quand il marche sur l'eau parce qu'il regarde ses pieds au lieu de regarder Jésus , oublions nos pieds, gardons notre regard fixé sur Jésus Sauveur ! Ainsi donc, cette foule immense de témoins est là qui nous entoure. Comme eux, débarrassons-nous de tout ce qui nous alourdit, et d'abord du péché qui nous entrave si bien ; alors nous courrons avec endurance l'épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l'origine et au terme de la foi. Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a enduré, sans avoir de honte, l'humiliation de la croix, et, assis à la droite de Dieu, il règne avec lui. (Hb 12)

Magnifique aussi est la conclusion du Livre de Job où celui-ci, relevé de sa douloureuse et instructive épreuve, reconnaît ses erreurs

Je sais que tu peux tout, et que pour toi aucun dessein n'est trop difficile. «Quel est celui qui obscurcit le plan divin, sans savoir?» Oui, j'ai parlé sans intelligence de merveilles qui me dépassent et que j'ignore. « Ecoute-moi, je vais parler; je t'interrogerai, réponds-moi.» Mon oreille avait entendu parler de toi; mais maintenant mon œil t'a vu. C'est pourquoi je me condamne et me repens, sur la poussière et sur la cendre. (Job 42)

Magnifique simplicité, familiarité, d'un enfant qui reconnaît la divine grandeur et puissance de son Père. N'ayons pas peur de parler comme des enfants à notre Père, à notre Frère aîné : Jésus ! Qui nous dit comme à Ses apôtres dans la barque secouée :

« Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? »

La Foi ! Cette confiance inébranlable en Jésus-Sauveur , c'est le cri de Saint François d'Assise secoué lui aussi par l'épreuve, dans le livre de Éloi LECLERC : La foi ! Si nous avions la foi !.. Si nous savions adorer, rien ne pourrait véritablement nous troubler. Nous traverserions le monde avec la tranquillité des grands fleuves.! ( Sagesse d'un pauvre, de Éloi Leclerc, éditions franciscaines)

Qui est-Il donc celui-là ? C'est la grande question des apôtres encore plus dépassés, par la Parole de Jésus que par la peur réelle qui les a ébranlés jusque dans les fibres de leur être ! Qui est-Il donc ? Ils pressentent une supériorité du cœur et de l'esprit sinon ils ne l'appelleraient pas MAÎTRE : Maître , ça ne te fait rien … ! Il faudra la Résurrection pour qu'ils comprennent vraiment qui est « Celui-ci » Pour le moment ils vont continuer à ajuster leurs pas à ceux de Jésus, mais cahin-caha, avec des hauts et des bas, comme Marie, ils vont conserver bien des choses dans leurs cœurs, jusqu'au jour où l'ayant vu mort ils Le RECONNAÎTRONT VIVANT ! Si donc quelqu’un est dans le Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né.2 Co 5

Saisis d’une grande crainte, ils se disaient entre eux : « Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? »


Ps 106

Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !

Qu’ils rendent grâce au Seigneur de son amour,
qu’ils offrent des sacrifices d’action de grâce,
ceux qui ont vu les œuvres du Seigneur
et ses merveilles parmi les océans.

Il parle, et provoque la tempête,
un vent qui soulève les vagues :
0portés jusqu’au ciel, retombant aux abîmes,
leur sagesse était engloutie.

Dans leur angoisse, ils ont crié vers le Seigneur,
et lui les a tirés de la détresse,
réduisant la tempête au silence,
faisant taire les vagues.

Ils se réjouissent de les voir s’apaiser,
d’être conduits au port qu’ils désiraient.
Qu’ils rendent grâce au Seigneur de son amour,
de ses merveilles pour les hommes.



Quel est cet amoureux ?

(Rimaud/Wackenheim

1
Quel est cet amoureux
De la terre et de nous ?
Il donne un nom aux choses,
Il dit celui de Dieu,
Il tient son nom du nôtre,
Qui donc est l'homme Dieu ?
Il tient son nom du nôtre,

Qui donc est l'homme Dieu ?
2



Quel est cet amoureux
Sur la colline aux pains ?
Au lac des trois tempêtes,
Au mont du clair de Dieu,
Au champ des grains froissés,
Qui donc est l'homme Dieu ?
Au champ des grains froissés,
Qui donc est l'homme Dieu ?

5
Quel est cet amoureux
Au lieu-dit « Diable est mort ».
Sur la grève aux poissons,
Dans l'auberge pascale,
Au rendez-vous du ciel,
Qui donc est l'homme Dieu ?
Au rendez-vous du ciel,
Qui donc est l'homme Dieu ?

6
Quel est cet amoureux
De la terre et de nous ?
Il donne un nom aux choses,
Il dit celui de Dieu,
Il tient son nom du nôtre,
Il est le fou de Dieu.
Il tient son nom du nôtre,
Il est le fou de Dieu.


L'Ermite

vendredi 11 juin 2021

UNE GRAINE DE MOUTARDE, UNE GRAINE D'AMOUR!

 

XIe DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE


Année B


(Mc 4, 26-34)






Parlant à la foule, Jésus disait : « Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe,
puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. Et dès que le blé est mûr, il y met la faucille,
puisque le temps de la moisson est arrivé. »

En Luc , 17, 20, aux Pharisiens qui demandent à Jésus " Quand vient le royaume de Dieu? " Jésus répond : " Le royaume de Dieu ne vient pas avec (des signes) à observer; et on ne dira pas: " Il est ici ! " ou: " Il est là! " car voici que le royaume de Dieu est au dedans de vous. (Lc17)

Quand Jésus parle du Règne de Dieu, du Royaume de Dieu, Il parle d'une unique réalité : cette Présence agissante au cœur de l'homme ! Un règne qui n'a pas besoin de nous pour s'étendre mais qui veut, qui espère, qui attend notre participation. Le Royaume peut grandir sans nous, mais parce que Dieu respecte l'humanité, Il veut avoir besoin de notre participation . Il y a bien bien longtemps, en 1950, le réalisateur Jean DELANNOY a tourné un très beau film : Dieu a besoin des hommes , film assez controversé mais aussi très apprécié par d'autres qui m'avait beaucoup marquée malgré mon jeune âge ! En réalité, Dieu n'a pas besoin des hommes, Il veut en avoir besoin pour les rendre participants. Dieu ne fait pas de l'homme un spectateur, mais un acteur , un coopérateur écrit Saint Paul : « Or donc, étant ses coopérateurs, nous vous exhortons à ne pas recevoir la grâce de Dieu en vain. (2Co 6)

Nous sommes les collaborateurs de Dieu, et vous êtes le champ de Dieu, vous êtes la maison que Dieu construit. Comme un bon architecte, avec la grâce que

Dieu m'a donnée, j'ai posé les fondations. D'autres poursuivent la construction ; mais que chacun prenne garde à la façon dont il construit. Les fondations, personne ne peut en poser d'autres que celles qui existent déjà : ces fondations, c'est Jésus Christ. (1Co 3)

Une amie m'écrivait ces jours-ci : « Je me demande comment tu arrives à avoir des fleurs dans la caillasse de ton enclos » ce à quoi je réponds : « je ne fais qu'entretenir ce à quoi le Seigneur donne la croissance ! » J'ai bouturé ou j'ai semé mais rien de plus, absolument rien ! « Moi, j'ai planté, Apollos a arrosé; mais Dieu a fait croître Ainsi ni celui qui plante n'est quelque chose, ni celui qui arrose; mais Dieu, qui fait croître. » (1Co 3) écrit Saint Paul.

Lors de notre baptême, la graine du Royaume, la foi, a été déposée dans notre cœur, en grandissant, la famille, l’Eglise ( prêtres, religieux(ses), catéchistes ont arrosé, indiqué ce qui est bon et ce qui ne l'est pas, mais ils n'ont pas tiré sur la semence initiale pour la faire grandir, c'est Dieu qui, dans le plus intime de l'être, par Son Esprit Saint inspire, fait croître, par nos propres moyens, par nos propres forces ce n'est pas possible ! Il me vient à l'esprit un livre « sous le soleil de Dieu » du P.LECLERC ancien curé à la cathédrale N. Dame de Paris il y a quelques années, il écrivait à peu près ceci à propos de la croissance : «  lorsqu'apparaît une fleur qui met du temps à éclore, tirer sur les pétales en pensant l'aider à éclore plus vite, produit l'effet contraire elle fane avant de naître ! » L'Ecclésiaste dit par ailleurs

Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous le ciel: .Un temps pour naître, et un temps pour mourir; un temps pour planter, et un temps pour arracher ce qui a été planté...

Dieu a fait toute chose belle en son temps, il a mis aussi dans leur cœur l'éternité, mais sans que l'homme puisse comprendre l’œuvre que Dieu fait, du commencement jusqu'à la fin. … J'ai reconnu que tout ce que Dieu fait durera toujours, qu' il n'y a rien à y ajouter, ni rien à en retrancher: ... .Ce qui se fait existait déjà, et ce qui se fera a déjà été:. (Ec 3)

Et Jésus continue :

Il disait encore : « À quoi allons-nous comparer le règne de Dieu ? Par quelle parabole pouvons-nous le représenter ?

Petit rappel pour ceux qui auraient oublié ce qu'est une Parabole :Jacques Nieuviarts, bibliste la définit ainsi : La parabole est un récit énigmatique surprenant, qui fascine les croyants et les poètes de tous les temps. Chaque religion en possède un certain nombre ; les paraboles rabbiniques et celles des évangiles sont les plus connues. On retrouve principalement ces petites histoires imagées sur les lèvres des sages et des maîtres, lors d'un enseignement, ou plus sûrement encore lors d'une explication réponse à la question difficile d'un disciple ou d'un interlocuteur, qui demande conseil ou qui lance une controverse. Dans un premier temps, la parabole répond effectivement à une question; dans un second temps, elle renvoie celui qui interroge à lui même. Autre qu'un simple discours, la parabole est un «liant» dans un dialogue entre deux parties ; une sorte d'espace qui accueille une question pour la renvoyer, modifiée, à celui qui la pose.

Les paraboles de Jésus n'enferment pas ses interlocuteurs dans leur incompréhension ou leur refusGrâce à des exemples de la vie quotidienne, elles invitent à découvrir du nouveau ou de l'inattenduElles mobilisent tout l'être de celui qui écoute, ses sens, son affectivité, son intelligence.

Une autre interrogation jaillit alors : pourquoi Jésus utilise-t-il des Paraboles ? Pourquoi ne va-t-Il pas droit au but pour donner Son enseignement ? Ne serait-ce pas plus simple pour tous , hier et aujourd'hui ? Hier pour Ses auditeurs, aujourd'hui pour ceux qui se lèvent à Son appel et tentent de marcher à Sa suite? Les disciples eux-mêmes posent la question et que répond Jésus ? Quand il resta seul, ses compagnons, ainsi que les Douze, l'interrogeaient sur les paraboles. Il leur disait : « C'est à vous qu'est donné le mystère du royaume de Dieu ; mais à ceux qui sont dehors, tout se présente sous l'énigme des paraboles, afin que se réalise la prophétie : Ils pourront bien regarder de tous leurs yeux, mais ils ne verront pas ; ils pourront bien écouter de toutes leurs oreilles, mais ils ne comprendront pas ; sinon ils se convertiraient et recevraient le pardon. » (Mc 4)

Certains, cherchant à donner une explication à ce choix de Jésus oscillent entre punition et miséricorde ! C'est ce que l'on croit comprendre lorsque Jésus présente certaines Paraboles. D'autres, y reconnaissent et je me range volontiers de ce côté-là , un appel à la confiance, une confiance absolue . Les apparences sont parfois, souvent même, dérisoires, quand elles ne frisent pas quelque fois l'absurde, et pourtant, elles s'épanouissent dans une explosion de lumière , de vie , d'espérance !

Qui a suivi Jésus sur la route du calvaire , mises à part cette force et cette lumière

intérieures qui le poussaient à rester envers et contre tous, tel Saint Jean avec Marie debout au pied de la croix, ou le Bon larron suspendu à son mortel gibet , qui pouvait attendre, que Celui qui n'avait plus d'apparence humaine « Il s'est élevé devant lui comme un frêle arbrisseau; comme un rejeton gui sort d'une terre desséchée; il n'avait ni forme ni beauté pour attirer nos regards, ni apparence pour exciter notre amour. Il était méprise et abandonné des hommes, homme de douleurs et familier de la souffrance, comme un objet devant lequel on se voile la face; en butte au mépris, nous n'en faisions aucun cas. Vraiment c'était nos maladies qu'il portait, et nos douleurs dont il s'était chargé; (Is 53) Celui-là, galvaniserait le monde 2000 ans plus tard ? Certes, certains aujourd'hui croient la religion éteinte, sinon morte, ou un simple refuge pour des naïfs, ils ne savent pas que ce Jésus – là, les attend à une heure précise de leur marche, à un détour de leur chemin personnel , peut-être à l'heure extrême de leur arrivée à la « Maison d’Éternité », ultime instant où leurs yeux, éblouis par trop de lumière, cligneront pour tenter de reconnaître Celui qui leur ouvre Ses bras et Son cœur, simplement pour un geste d'amour , de simple humanité , qui a consolé, redressé, réchauffé un frère en perte de vitesse ! Ah que nous en aurons des surprises éblouissantes !

Ici, Jésus explique le règne de Dieu, le royaume à partir d'une minuscule graine de moutarde : Il est comme une graine de moutarde : quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences. Mais quand on l’a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ; et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre. »

Voilà le Royaume ! Voilà le règne de Dieu ! Il suffit que l'homme manifeste un rien de

bonne volonté, un rien d'amour, et les braises qui n'attendent qu'un tout petit courant d'air, s'enflamment et réchauffent le monde ! Nous ne connaissons pas la portée de nos gestes en positif, comme en négatif d'ailleurs. La minuscule graine déposée dans le cœur d'un enfant , d'un souffrant, d'un pauvre, de quiconque, peut transformer le monde, si la personne qui la reçoit, la démultiplie à son tour ! Jésus nous invite à semer et semer encore, le beau, le bien, le grand, Lui se charge du reste ! Jésus nous demande de semer à tous vents la germination c'est Son affaire !

Nous sommes les collaborateurs, nous sommes les coopérateurs, nous sommes LES JARDINIERS de Dieu, semons de l'amour et la graine semée donnera cent pour un en amour :

En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul; Mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie, la perdra; et celui qui hait sa vie en ce monde, la conservera pour la vie éternelle. (Jn 12)

Et il y a ceux qui ont reçu la semence dans la bonne terre : ceux-là entendent la Parole, ils l'accueillent, et ils portent du fruit : trente, soixante, cent pour un. » (Mc 4)


L'arbre du Règne de Dieu croîtra au-delà de nos espérances et comme les oisillons de la Parabole une multitude de croyants se lèvera et s'abritera dans ses branchages pour répandre l'amour à travers l'univers !


Par de nombreuses paraboles semblables, Jésus leur annonçait la Parole, dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre. Il ne leur disait rien sans parabole, mais il expliquait tout à ses disciples en particulier.

que nous demeurions dans ce corps ou en dehors,
notre ambition, c’est de plaire au Seigneur.

Puissions-nous prier ce verset de la 2 Co en toute vérité ( 2è lecture de ce jour)! Pourquoi ne l'écririons-nous pas sur notre téléphone, dans notre portefeuille, sur notre frigo , notre table de nuit ???

POUR AVANCER ENSEMBLE

Pour avancer ensemble sur le même chemin,
pour bâtir avec Dieu un monde plus humain,
abreuvons-nous aux mêmes sources
et partageons le même pain,
ouvrons nos cœurs au même souffle,
accueillons le royaume qui vient !

R1.Exultons de joie : proche est le règne de Dieu !

R2.Exultons de joie : il est au milieu de nous !

1.Heureux qui observe le droit en toute chose ;R1
Le Christ est venu accomplir toute justice ! R2

2.Heureux qui pense au pauvre et au faible ; R1
Le Christ est venu pour l’amour des petits ! R2

3.Heureux qui met sa foi dans le Seigneur; R1
Le Christ est venu pour l’alliance nouvelle. R2

4.Heureux le pécheur dont la faute est remise; R1
Le Christ est venu pour détruire le péché. R2

5.Heureux qui cherche Dieu de tout son cœur ; R1
Le Christ est venu pour nous tourner vers Dieu ! R2

6.Heureux les habitants de la maison du Père; R1
Le christ est venu pour répandre l’Esprit. R2

7. Heureuse est l’Eglise qui connaît la louange;R1
le christ est venu pour offrir l’action de grâce! R2


L'Ermite

vendredi 4 juin 2021

ADORONS !

 

FÊTE DU SAINT SACREMENT

Année B


(Mc 14, 12-16.22-26)






ADORONS LE CORPS DU CHRIST

BUVONS A LA SOURCE ETERNELLE

Origines de la fête du Saint-Sacrement

Fête-Dieu ou fête du Saint-Sacrement, nous célébrons dimanche le Corps et le Sang du Christ. Une fête qui affirme et honore la présence réelle de Jésus-Christ dans le pain et le vin consacrés pendant la messe.

La fête du Saint-Sacrement, connue il y a bien des années sous le nom : « la Fête-Dieu, » est une fête catholique et anglicane, célébrée en principe le jeudi qui suit la fête de la Trinité (en référence au jeudi saint), c’est-à-dire soixante jours après Pâques. Mais, en vertu d'une dérogation prévue par les livres liturgiques, elle est reportée au dimanche qui suit la Sainte Trinité dans les pays où elle n'est pas inscrite au nombre des jours chômés (France, Italie, etc.) alors qu’il l’est dans certains pays

comme la Belgique, la Suisse, certaines parties de l’Allemagne, l’Autriche, la Pologne, le Portugal, l’Espagne. Actuellement, le nom officiel de la fête, dans l’Église catholique, est « Solennité du corps et du sang du Christ ». Elle commémore la présence réelle de Jésus-Christ dans le sacrement de l'Eucharistie, sous les espèces du pain et du vin consacrés au cours de la messe.

Les origines de la fête remontent au XIIIe siècle. L'élévation de l'hostie, lors de la messe, manifestait déjà le désir de contempler le Saint-Sacrement. Mais l'impulsion décisive en vue d'une fête spéciale fut donnée par sainte Julienne de Cornillon et la bienheureuse Ève de Liège. La fête fut instituée officiellement le 8 septembre 1264 par le pape Urbain IV.

C'est un jour férié dans certains pays catholiques. Pendant la procession de la Fête-Dieu, le prêtre porte l’Eucharistie dans un ostensoir au milieu des rues et des places qui étaient autrefois richement pavoisées de draperies et de guirlandes. On abrite le Saint-Sacrement sous un dais porté par quatre notables. On marche habituellement sur un tapis de pétales de roses que des enfants jettent sur le chemin de la procession.

L'histoire de la solennité s'inscrit dans le sillage du débat théologique suscité par l'hérésie de Béranger de Tours, qui niait la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie. Dans la bulle Transiturus qui institua la Fête-Dieu, le pape Urbain IV écrit qu'« il est juste néanmoins, pour confondre la folie de certains hérétiques, qu'on rappelle la présence du Christ dans le très Saint-Sacrement ». Les évolutions de la théologie sacramentelle et son développement dans les écoles du XIIe siècle et du XIIIe siècle ont été décisives. Le facteur déterminant qui a permis l'invention et la réception de la solennité de la Fête-Dieu a surtout été l'évolution de la religiosité populaire qui a accompagné ces évolutions théologiques grâce au développement de la prédication. Ce réveil s'accompagnait d'un désir de pouvoir contempler l'hostie pendant la messe : c'est à Paris, vers 1200, que l'existence du rite de « l'élévation », au moment de la consécration, est attestée pour la première fois.(La Croix )

    Mettons-nous à présent à l'écoute de la Parole offerte pour la célébration de cette solennité.

Le premier jour de la fête des pains sans levain, où l’on immolait l’agneau pascal. Petit rappel de ce que représente cette fête chez les Juifs, au temps de Jésus.

La Fête des Pains sans Levain commence le 15 de Abib (Nisan), c’est-à-dire au coucher du soleil du jour de la Pâque, et dure sept jours, dont le premier et le septième sont des sabbats annuels, jours de repos, de cessation de toute activité ordinaire et lucrative et d’assemblement pour une « sainte convocation » « Pendant sept jours, vous mangerez des pains sans levain; dès le premier jour il n'y aura plus de levain dans vos maisons; car quiconque mangera du pain levé, du premier jour au septième, sera retranché d'Israël. Le premier jour, vous aurez une sainte assemblée, et le septième jour, vous aurez une sainte assemblée. On ne fera aucun travail pendant ces jours-là; vous pourrez seulement préparer la nourriture de chacun. (Exode 12)

Son institution est rapportée dans Exode : Yahweh dit à Moïse et à Aaron dans le pays d'Egypte: "Que ce mois-ci soit pour vous le commencement des mois; il sera pour vous le premier des mois de l'année. Parlez à toute l'assemblée d'Israël, et dites: Le dixième jour de ce mois, que chacun prenne un agneau par famille, un agneau par maison. (Ex 12:1-3,16)

Au Sinaï, cette fête fut établie distinctement de celle de la Pâque. Plus tard ces deux célébrations n’en formèrent plus qu’une. La Fête des Pains sans Levain rappelle l’offrande de « fleur de farine pétrie à l’huile » qui accompagnait les sacrifices pour le pardon du peuple de Dieu vivant auprès et au loin de Jérusalem

Elle commémore le don de la manne, le pain descendu du ciel qui nourrit Israël pendant tous les quarante ans de son voyage dans le désert. Dieu ordonna aussi: « Qu’un plein omer ( valeur d'une gerbe) de manne soit conservé pour vos générations (futures), afin qu’elles voient le pain que je vous ai fait manger dans le désert, quand je vous ai fait sortir du pays d’Egypte » (Ex. 16:32,35)

A mon avis, il n'est pas surprenant que Jésus, en route pour Jérusalem, à la veille de Sa Passion, saisisse la question des disciples pour parfaire Son œuvre. Jésus n'est-Il pas venu, en effet, pour accomplir ?« Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes; je ne suis pas venu abolir, mais parfaire. » (Mt 5)Jésus ne rejette nullement la première Alliance Il vient simplement la parfaire, c'est Lui, Jésus, qui devient l'Agneau offert, pour nous libérer de nos fautes, c'est Lui, Jésus, qui devient la Manne qui nourrira Son Peuple « jusqu'à la fin des temps »

« Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde . (Mt 28,19-20)

les disciples de Jésus lui disent : « Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour que tu manges la Pâque ? » La question est judicieuse, le groupe est en route, il n'a pas de lieu à lui , or, pour célébrer un événement tel que la Pâque, il est important de se poser et de préparer ! Me vient à l'esprit la question d'Isaac à son Père Abraham :« « Mon père ! » Il répondit : « Oui, mon fils ! » – « Eh bienreprit-il, voilà le feu et le boismais où est l'agneau pour l'holocauste ? » Gen 22. Ici, le groupe des disciples est démuni, il n'a rien, Jésus sait , Lui, où est l'Agneau, Il sait que l'heure est venue !

Il envoie deux de ses disciples en leur disant :« Allez à la ville ; un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre. Suivez-le, et là où il entrera, dites au propriétaire : “Le Maître te fait dire :Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ? ”Il vous indiquera, à l’étage, une grande pièce aménagée et prête pour un repas. Faites-y pour nous les préparatifs. » Les disciples partirent, allèrent à la ville ; ils trouvèrent tout comme Jésus leur avait dit, et ils préparèrent la Pâque. Les disciples, envoyés, ont suivi, dans la confiance, les indications données par Jésus et tout est prêt, le groupe peut désormais célébrer la Pâque avec le Maître mais voilà que ce repas prend une tournure inattendue :

Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit, le leur donna, et dit : « Prenez, ceci est mon corps. » En Saint Jean nous n'aurons pas le

récit de l'Institution mais un discours qui annonce d'une certaine manière l'événement, qui en fait trembler certains et fuir d'autres, pourtant bien proches de Jésus . Cette annonce, en effet, ne passe pas :

Je suis le pain de vie. Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts. Voici le pain descendu du ciel, afin qu'on en mange et qu'on ne meure point. Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu'un mange de cepain, il vivra éternellement; et le pain que je donnerai, c'est ma chair, pour le salut du monde." Là-dessus, les Juifs disputaient entre eux, disant: "Comment cet homme peut-il donner sa chair à manger?" Jésus leur dit: "En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme, et ne buvez son sang, vous n'avez point la vie en vous-mêmes. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment un breuvage. Celui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi, et moi en lui. (Jn 6, 48-60)

Dès ce moment, beaucoup de ses disciples se retirèrent, et ils n'allaient plus avec lui. (Jn 6, 64)

En Marc, nul ne bronche, c'est dire la solennité du moment, Jésus poursuit :


Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit : « Ceci est mon sang,
le sang de l’Alliance, versé pour la multitude.

Puis il prit du pain ; après avoir rendu grâce, il le rompit et le leur donna, en disant : « Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi. »

Que pouvons-nous commenter ? Que pouvons-nous dire ? De telles paroles de la part de Jésus appellent un silence adorateur : JE CROIS ! J'ADORE ! JE RENDS GRÂCE ! J'AIME ! Et me vient à l'esprit l'hymne du jeudi de la première semaine, à l'office des lectures :


En toute vie le silence dit Dieu,
Tout ce qui est tressaille d'être à lui !
Soyez la voix du silence en travail,
Couvez la vie, c'est elle qui loue Dieu !

Pas un seul mot, et pourtant c'est son Nom
Que tout sécrète et presse de chanter :
N'avez-vous pas un monde immense en vous ?
Soyez son cri, et vous aurez tout dit.

Il suffit d'être, et vous vous entendrez
Rendre la grâce d'être et de bénir ;
Vous serez pris dans l'hymne d'univers,
Vous avez tout en vous pour adorer.



En cette fête du Saint Sacrement nous sommes invités à ADORER, à reconnaître que Dieu est Dieu . L'Adoration est le tout premier mouvement intérieur de l’homme devant Dieu. Dieu se donne, en et par Jésus , Il se donne librement ; « ma vie nul ne la prend, mais c'est moi qui la donne » Il se donne pour l'humanité tout entière, sans distinction ! JESUS SE DONNE avons-nous le droit de commenter ? L'Eucharistie devient le plus grand et le plus beau cadeau que nous fait Dieu pour « rester avec nous jusqu'à la fin des temps : « et moi je serai avec vous jusqu'à la fin des temps » cela par Ses Sacrements et par Son Esprit Saint ! Il nous reste à dire, du fond de notre être, avec Saint Thomas , avec toutes les générations : « Mon Seigneur et mon Dieu »

Si je ne commente pas ces saintes paroles, je relève toutefois deux versets : Faites cela en mémoire de moi. » et «  le sang de l’Alliance »

Jésus ordonne à Son Eglise ( « Faites ceci » est un impératif) naissante de perpétuer ce qu'Il vient de faire avec eux : comme je viens de faire et de dire, vous devez, vous aussi, renouveler et faire ainsi, MEMOIRE DE MOI ! Et c'est ainsi que depuis des siècles et pour des siècles encore, jusqu'à la fin des temps, la Sainte Eucharistie est célébrée chaque jour dans tous les coins du monde et alimente la vie spirituelle de tous les personnes de bonne volonté qui, dans ce Pain et ce Vin reconnaissent, adorent et louent le Dieu TROIS FOIS SAINTS !

Jésus précise en donnant la coupe de vin ceci est le sang de la NOUVELLE ALLIANCE, Luc note NOUVELLE :

Et il prit du pain, et, après avoir rendu grâces, il le rompit et le leur donna, en disant: " Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites ceci en mémoire de moi. " Et pareillement (pour) la coupe, après qu'ils eurent soupé, en disant: " Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, répandu pour vous. (Lc 22)

Luc ne l'a pas inventé, cette Alliance voulue et scellée par Jésus accomplit l'Ancienne Alliance conclue avec Moïse . En effet, au chapitre 24 de l'Exode nous lisons : »Moïse. envoya des jeunes gens, enfants d'Israël, et ils offrirent à Yahweh des holocaustes et immolèrent des taureaux en sacrifices d'actions de grâces. Moïse prit la moitié du sang et la mit dans des bassins, et l’autre moitié du sang, il la répandit sur l’autel. Il prit le livre de l’Alliance et il en fit la lecture au peuple qui déclara « Tout ce que Yahvé a dit, nous le ferons et nous y obéirons ». Moïse ayant pris le sang, le répandit sur le peuple et dit : « Ceci est le sang de l’Alliance que Yahvé a conclue avec vous moyennant toutes ces clauses.» ( notre Première lecture)

Dans la Nouvelle Alliance ce n’est plus le sang d’un animal qui est versé, mais celui de Jésus. L’Eucharistie est la célébration de cette Nouvelle Alliance de Dieu avec son peuple.

Rendons grâce à Dieu pour le don de l’Eucharistie, spécialement aujourd’hui. Recueillons-en les fruits, puisque par là se perpétue pour nous le mystère de la mort et de la résurrection du Seigneur Jésus auquel nous participons et communions. Nous ne faisons qu’un avec Lui qui nous unit au Père et à tous nos frères et sœurs.

Jésus connaît la suite de la soirée, Il n'hésite pas à affirmer , à mots couverts, qu'Il entre dans la dernière étape de Son parcours terrestre :Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, dans le royaume de Dieu. » Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers.


Sion, célèbre ton Sauveur,
chante ton chef et ton pasteur
     par des hymnes et des chants.

Tant que tu peux, tu dois oser,
car il dépasse tes louanges,
     tu ne peux trop le louer.

Le Pain vivant, le Pain de vie,
il est aujourd’hui proposé
     comme objet de tes louanges.

Au repas sacré de la Cène,
il est bien vrai qu’il fut donné
     au groupe des douze frères.

Louons-le
à voix pleine et forte,
que soit joyeuse et rayonnante
     l’allégresse de nos cœurs !

C’est en effet la journée solennelle
où nous fêtons de ce banquet divin
     la première institution.






À ce banquet du nouveau Roi,
la Pâque de la Loi nouvelle
     met fin à la Pâque ancienne.

L’ordre ancien le cède au nouveau,
la réalité chasse l’ombre,
     et la lumière, la nuit.

Ce que fit le Christ à la Cène,
il ordonna qu’en sa mémoire
     nous le fassions après lui.

Instruits par son précepte saint,
nous consacrons le pain, le vin,
     en victime de salut.

C’est un dogme pour les chrétiens
que le pain se change en son corps,
     que le vin devient son sang.

Ce qu’on ne peut comprendre et voir,
notre foi ose l’affirmer,
     hors des lois de la nature.

L’une et l’autre de ces espèces,
qui ne sont que de purs signes,
     voilent un réel divin.

Sa chair nourrit, son sang abreuve,
mais le Christ tout entier demeure
     sous chacune des espèces.

On le reçoit sans le briser,
le rompre ni le diviser ;
     il est reçu tout entier.

Qu’un seul ou mille communient,
il se donne à l’un comme aux autres,
     il nourrit sans disparaître.

Bons et mauvais le consomment,
mais pour un sort bien différent,
     pour la vie ou pour la mort.

Mort des pécheurs, vie pour les justes ;
vois : ils prennent pareillement ;
     quel résultat différent !






Si l’on divise les espèces,
n’hésite pas, mais souviens-toi
qu’il est présent dans un fragment
     aussi bien que dans le tout.

Le signe seul est partagé,
le Christ n’est en rien divisé,
ni sa taille ni son état
     n’ont en rien diminué.

* Le voici, le pain des anges,
il est le pain de l’homme en route,
le vrai pain des enfants de Dieu,
     qu’on ne peut jeter aux chiens.

D’avance il fut annoncé
par Isaac en sacrifice,
par l’agneau pascal immolé,
     par la manne de nos pères.

Ô bon Pasteur, notre vrai pain,
ô Jésus, aie pitié de nous,
nourris-nous et protège-nous,
fais-nous voir les biens éternels
     dans la terre des vivants.

Toi qui sais tout et qui peux tout,
toi qui sur terre nous nourris,
conduis-nous au banquet du ciel
et donne-nous ton héritage,
     en compagnie de tes saints.

Amen.

Séquence latine composée par saint Thomas d'Aquin pour la messe de la Fête-Dieu. C'est un chef-d'œuvre de la poésie dogmatique, qui illustre de manière « parlante » le dogme de la transsubstantiation.



L'Ermite