FÊTE
DU SAINT SACREMENT
Année
B
(Mc
14, 12-16.22-26)
ADORONS
LE CORPS DU CHRIST
BUVONS
A LA SOURCE ETERNELLE
Origines
de la fête du Saint-Sacrement
Fête-Dieu
ou fête du Saint-Sacrement, nous célébrons dimanche le Corps et le
Sang du Christ. Une fête qui affirme et honore la présence réelle
de Jésus-Christ dans le pain et le vin consacrés pendant la messe.
La
fête du Saint-Sacrement, connue il y a bien des années sous le
nom : « la Fête-Dieu, » est une fête catholique
et anglicane, célébrée en principe le jeudi qui suit la fête de
la Trinité (en référence au jeudi saint), c’est-à-dire soixante
jours après Pâques. Mais, en vertu d'une dérogation prévue par
les livres liturgiques, elle est reportée au dimanche qui suit la
Sainte Trinité dans les pays où elle n'est pas inscrite au nombre
des jours chômés (France, Italie, etc.) alors qu’il l’est
dans certains pays
comme la Belgique, la Suisse, certaines parties de
l’Allemagne, l’Autriche, la Pologne, le Portugal, l’Espagne.
Actuellement, le nom officiel de la fête, dans l’Église
catholique, est « Solennité du corps et du sang du Christ ».
Elle commémore la présence réelle de Jésus-Christ dans le
sacrement de l'Eucharistie, sous les espèces du pain et du vin
consacrés au cours de la messe.
Les
origines de la fête remontent au XIIIe siècle.
L'élévation de l'hostie, lors de la messe, manifestait déjà le
désir de contempler le Saint-Sacrement. Mais l'impulsion
décisive en vue d'une fête spéciale fut donnée par sainte
Julienne de Cornillon et la bienheureuse Ève de Liège.
La fête fut instituée officiellement le 8 septembre 1264 par le
pape Urbain IV.
C'est
un jour férié dans certains pays catholiques. Pendant la procession
de la Fête-Dieu, le prêtre porte l’Eucharistie dans un ostensoir
au milieu des rues et des places qui étaient autrefois richement
pavoisées de draperies et de guirlandes. On abrite le
Saint-Sacrement sous un dais porté par quatre notables. On marche
habituellement sur un tapis de pétales de roses que des enfants
jettent sur le chemin de la procession.
L'histoire
de la solennité s'inscrit dans le sillage du débat théologique
suscité par l'hérésie de Béranger de Tours, qui niait la présence
réelle du Christ dans l'Eucharistie. Dans la bulle Transiturus qui
institua la Fête-Dieu, le pape Urbain IV écrit qu'«
il est juste néanmoins, pour confondre la folie de certains
hérétiques, qu'on rappelle la présence du Christ dans le très
Saint-Sacrement ». Les
évolutions de la théologie sacramentelle et son développement dans
les écoles du XIIe siècle et du XIIIe siècle ont été
décisives. Le facteur déterminant qui a permis l'invention et la
réception de la solennité de la Fête-Dieu a surtout été
l'évolution de la religiosité populaire qui a accompagné ces
évolutions théologiques grâce au développement de la prédication.
Ce réveil s'accompagnait d'un désir de pouvoir contempler l'hostie
pendant la messe : c'est
à Paris, vers 1200, que l'existence du rite de « l'élévation »,
au moment de la consécration, est attestée pour la première
fois.(La Croix )
Le
premier jour de la fête des pains sans levain, où l’on immolait
l’agneau pascal. Petit
rappel de ce que représente cette fête chez les Juifs, au temps de
Jésus.
La
Fête des Pains sans Levain commence le 15 de Abib (Nisan),
c’est-à-dire au coucher du soleil du jour de la Pâque, et dure
sept jours, dont le premier
et le septième sont des sabbats annuels, jours de repos, de
cessation de toute activité ordinaire et lucrative et d’assemblement
pour une « sainte convocation » « Pendant
sept jours, vous mangerez des pains sans levain; dès le premier jour
il n'y aura plus de levain dans vos maisons; car quiconque mangera du
pain levé, du premier jour au septième, sera retranché d'Israël.
Le premier jour, vous aurez une sainte assemblée, et le septième
jour, vous aurez une sainte assemblée. On ne fera aucun travail
pendant ces jours-là; vous pourrez seulement préparer la nourriture
de chacun. (Exode 12)
Son
institution est rapportée dans Exode : Yahweh
dit à Moïse et à Aaron dans le pays d'Egypte: "Que ce
mois-ci soit pour vous le commencement des mois; il sera pour vous le
premier des mois de l'année. Parlez à toute l'assemblée d'Israël,
et dites: Le
dixième jour de ce mois, que chacun prenne un agneau par famille, un
agneau par maison.
(Ex 12:1-3,16)
Au
Sinaï, cette fête fut établie distinctement de celle de la Pâque.
Plus tard ces deux célébrations n’en formèrent plus qu’une. La
Fête des Pains sans Levain rappelle l’offrande de « fleur de
farine pétrie à l’huile » qui accompagnait les sacrifices
pour le pardon du peuple de Dieu vivant auprès et au loin de
Jérusalem
Elle
commémore le don de la manne,
le pain descendu du ciel qui nourrit Israël pendant tous les
quarante ans de son voyage dans le désert. Dieu ordonna aussi:
« Qu’un
plein omer ( valeur d'une gerbe) de manne soit conservé pour vos
générations (futures), afin qu’elles voient le pain que je vous
ai fait manger dans le désert, quand je vous ai fait sortir du
pays d’Egypte »
(Ex. 16:32,35)
A
mon avis, il n'est pas surprenant que Jésus, en route pour
Jérusalem, à la veille de Sa Passion, saisisse la question des
disciples pour parfaire Son œuvre. Jésus n'est-Il pas venu, en
effet, pour accomplir ?« Ne
pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes; je ne
suis pas venu abolir, mais parfaire. » (Mt 5)Jésus
ne rejette nullement la première Alliance Il vient simplement la
parfaire, c'est Lui, Jésus, qui devient l'Agneau offert, pour nous
libérer de nos fautes, c'est Lui, Jésus, qui devient la Manne qui
nourrira Son Peuple « jusqu'à la fin des temps »
« Allez,
faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du
Père, du Fils et du Saint-Esprit, et
enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et
voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde
. (Mt 28,19-20)
les
disciples de Jésus lui disent : « Où veux-tu que nous allions
faire les préparatifs pour que tu manges la Pâque ? » La
question est judicieuse, le groupe est en route, il n'a pas de lieu à
lui , or, pour célébrer un événement tel que la Pâque, il est
important de se poser et de préparer ! Me vient à l'esprit la
question d'Isaac à son Père Abraham :«
« Mon
père !
» Il répondit : « Oui, mon
fils !
» – « Eh
bien, reprit-il, voilà
le feu et le bois, mais
où est l'agneau pour l'holocauste ? »
Gen 22.
Ici, le groupe des disciples est démuni, il n'a rien, Jésus sait ,
Lui, où est l'Agneau, Il sait que l'heure est venue !
Il
envoie deux de ses disciples en leur disant :« Allez à la ville ;
un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre.
Suivez-le, et là où il entrera, dites au propriétaire : “Le
Maître te fait dire :Où est la salle où je pourrai manger la Pâque
avec mes disciples ? ”Il vous indiquera, à l’étage, une grande
pièce aménagée et prête pour un repas. Faites-y pour nous les
préparatifs. » Les disciples partirent, allèrent à la ville ; ils
trouvèrent tout comme Jésus leur avait dit, et ils préparèrent la
Pâque. Les disciples, envoyés, ont suivi,
dans la confiance, les indications données par Jésus et tout est
prêt, le groupe peut désormais célébrer la Pâque avec le Maître
mais voilà que ce repas prend une tournure inattendue :
Pendant
le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction,
le rompit, le leur donna, et dit : « Prenez, ceci est mon corps. »
En Saint Jean nous n'aurons pas le
récit de
l'Institution mais un discours qui annonce d'une certaine manière
l'événement, qui en fait trembler certains et fuir d'autres,
pourtant bien proches de Jésus . Cette annonce, en effet, ne passe
pas :
Je
suis le pain de vie. Vos pères ont mangé la manne
dans le désert, et ils sont morts. Voici le pain descendu du
ciel, afin qu'on en mange et qu'on ne meure point. Je suis le
pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu'un mange de cepain, il
vivra éternellement; et le pain que je donnerai, c'est ma chair,
pour le salut du monde." Là-dessus, les Juifs disputaient
entre eux, disant: "Comment cet homme peut-il donner sa chair à
manger?" Jésus leur dit: "En vérité, en vérité, je
vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme, et ne
buvez son sang, vous n'avez point la vie en vous-mêmes. Celui qui
mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et moi, je le
ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est vraiment une
nourriture, et mon sang est vraiment un breuvage. Celui qui mange ma
chair et boit mon sang, demeure en moi, et moi en lui. (Jn 6, 48-60)
Dès
ce moment, beaucoup de ses disciples se retirèrent, et ils
n'allaient plus avec lui.
(Jn 6, 64)
En
Marc, nul ne bronche, c'est dire la solennité du moment, Jésus
poursuit :
Puis,
ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, et ils
en burent tous. Et il leur dit : « Ceci est mon sang,
le sang de l’Alliance,
versé pour la multitude.
Puis
il prit du pain ; après avoir rendu grâce, il le rompit et le leur
donna, en disant : « Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites
cela en mémoire de moi. »
Que
pouvons-nous commenter ? Que pouvons-nous dire ? De telles
paroles de la part de Jésus appellent un silence adorateur :
JE CROIS ! J'ADORE ! JE RENDS GRÂCE ! J'AIME !
Et me vient à l'esprit l'hymne du jeudi de la première semaine, à
l'office des lectures :
En
toute vie le silence dit Dieu,
Tout
ce qui est tressaille d'être à lui !
Soyez
la voix du silence en travail,
Couvez
la vie, c'est elle qui loue Dieu !
Pas
un seul mot, et pourtant c'est son Nom
Que
tout sécrète et presse de chanter :
N'avez-vous pas un monde
immense en vous ?
Soyez son cri,
et vous aurez tout dit.
Il
suffit d'être, et vous vous entendrez
Rendre la grâce d'être et
de bénir ;
Vous serez pris dans l'hymne d'univers,
Vous avez
tout en vous pour adorer.
En
cette fête du Saint Sacrement nous sommes invités à ADORER, à
reconnaître que Dieu est Dieu . L'Adoration
est le tout premier mouvement intérieur de l’homme devant Dieu.
Dieu
se donne, en et par Jésus
,
Il se donne librement ;
« ma
vie nul ne la prend, mais c'est moi qui la donne » Il
se donne pour l'humanité tout entière, sans distinction !
JESUS SE DONNE avons-nous le droit de commenter ? L'Eucharistie
devient le plus grand et le plus beau cadeau que nous fait Dieu pour
« rester avec nous jusqu'à la fin des temps : « et
moi je serai avec vous jusqu'à la fin des temps »
cela par Ses Sacrements et par Son Esprit Saint ! Il nous reste
à dire, du fond de notre être, avec Saint Thomas , avec toutes les
générations : « Mon
Seigneur et mon Dieu »
Si
je ne commente pas ces saintes paroles, je relève toutefois deux
versets : Faites cela en mémoire de moi. » et «
le sang de l’Alliance »
Jésus
ordonne à Son Eglise ( « Faites ceci »
est un impératif) naissante de perpétuer ce qu'Il vient de
faire avec eux : comme je viens de faire et de dire, vous devez,
vous aussi, renouveler et faire ainsi, MEMOIRE DE MOI ! Et
c'est ainsi que depuis des siècles et pour des siècles encore,
jusqu'à la fin des temps, la Sainte Eucharistie est célébrée
chaque jour dans tous les coins du monde et alimente la vie
spirituelle de tous les personnes de bonne volonté qui, dans ce Pain
et ce Vin reconnaissent, adorent et louent le Dieu TROIS FOIS
SAINTS !
Jésus
précise en donnant la coupe de vin ceci est le sang de la NOUVELLE
ALLIANCE, Luc note NOUVELLE :
Et
il prit du pain, et, après avoir rendu grâces, il le rompit et le
leur donna, en disant: " Ceci est mon corps, donné pour vous.
Faites ceci en mémoire de moi. " Et pareillement (pour) la
coupe, après qu'ils eurent soupé, en disant: " Cette coupe est
la nouvelle alliance en mon sang, répandu pour vous. (Lc 22)
Luc
ne l'a pas inventé, cette Alliance voulue et scellée par Jésus
accomplit l'Ancienne Alliance conclue avec Moïse . En effet, au
chapitre 24 de l'Exode nous lisons : »Moïse.
envoya des jeunes gens, enfants d'Israël, et ils offrirent à Yahweh
des holocaustes et immolèrent des taureaux en sacrifices d'actions
de grâces. Moïse
prit la moitié du sang et la mit dans des bassins, et l’autre
moitié du sang, il la répandit sur l’autel. Il prit le livre de
l’Alliance et il en fit la lecture au peuple qui déclara « Tout
ce que Yahvé a dit, nous le ferons et nous y obéirons ». Moïse
ayant pris le sang, le répandit sur le peuple et dit : «
Ceci est le sang de l’Alliance que Yahvé a conclue avec vous
moyennant toutes ces clauses.» (
notre Première lecture)
Dans
la Nouvelle Alliance ce n’est plus le sang d’un animal qui est
versé, mais
celui de Jésus. L’Eucharistie est la célébration de cette
Nouvelle Alliance de Dieu avec son peuple.
Rendons
grâce à Dieu pour le don de l’Eucharistie, spécialement
aujourd’hui. Recueillons-en les fruits, puisque par là se perpétue
pour nous le mystère de la mort et de la résurrection du Seigneur
Jésus auquel nous participons et communions. Nous
ne faisons qu’un avec Lui qui nous unit au Père et à tous nos
frères et sœurs.
Jésus
connaît la suite de la soirée, Il n'hésite pas à affirmer , à
mots couverts, qu'Il entre dans la dernière étape de Son parcours
terrestre :Amen,
je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’au
jour où je le boirai, nouveau, dans le royaume de Dieu. » Après
avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers.
Sion,
célèbre ton Sauveur,
chante ton chef et ton pasteur
par des hymnes et des chants.
Tant
que tu peux, tu dois oser,
car il dépasse tes louanges,
tu ne peux trop le louer.
Le
Pain vivant, le Pain de vie,
il est aujourd’hui proposé
comme objet de tes louanges.
Au
repas sacré de la Cène,
il est bien vrai qu’il fut donné
au groupe des douze frères.
Louons-le
à
voix pleine et forte,
que soit joyeuse et rayonnante
l’allégresse de nos cœurs !
C’est
en effet la journée solennelle
où nous fêtons de ce banquet
divin
la première institution.
À
ce banquet du nouveau Roi,
la Pâque de la Loi nouvelle
met fin à la Pâque ancienne.
L’ordre
ancien le cède au nouveau,
la réalité chasse l’ombre,
et la lumière, la nuit.
Ce
que fit le Christ à la Cène,
il ordonna qu’en sa mémoire
nous le fassions après lui.
Instruits
par son précepte saint,
nous consacrons le pain, le vin,
en victime de salut.
C’est
un dogme pour les chrétiens
que le pain se change en son corps,
que le vin devient son sang.
Ce
qu’on ne peut comprendre et voir,
notre foi ose l’affirmer,
hors des lois de la nature.
L’une
et l’autre de ces espèces,
qui ne sont que de purs signes,
voilent un réel divin.
Sa
chair nourrit, son sang abreuve,
mais le Christ tout entier
demeure
sous chacune des espèces.
On
le reçoit sans le briser,
le rompre ni le diviser ;
il est reçu tout entier.
Qu’un
seul ou mille communient,
il se donne à l’un comme aux
autres,
il nourrit sans disparaître.
Bons
et mauvais le consomment,
mais pour un sort bien différent,
pour la vie ou pour la mort.
Mort
des pécheurs, vie pour les justes ;
vois : ils prennent
pareillement ;
quel résultat différent !
Si
l’on divise les espèces,
n’hésite pas, mais
souviens-toi
qu’il est présent dans un fragment
aussi bien que dans le tout.
Le
signe seul est partagé,
le Christ n’est en rien divisé,
ni
sa taille ni son état
n’ont en rien
diminué.
*
Le voici, le pain des anges,
il est le pain de l’homme en
route,
le vrai pain des enfants de Dieu,
qu’on
ne peut jeter aux chiens.
D’avance
il fut annoncé
par Isaac en sacrifice,
par l’agneau pascal
immolé,
par la manne de nos pères.
Ô
bon Pasteur, notre vrai pain,
ô Jésus, aie pitié de
nous,
nourris-nous et protège-nous,
fais-nous voir
les biens éternels
dans la terre des vivants.
Toi
qui sais tout et qui peux tout,
toi qui sur terre nous
nourris,
conduis-nous au banquet du ciel
et donne-nous ton
héritage,
en compagnie de tes saints.
Amen.
Séquence
latine composée par saint Thomas d'Aquin pour la messe de la
Fête-Dieu. C'est un chef-d'œuvre de la poésie
dogmatique, qui illustre
de manière « parlante » le dogme de la transsubstantiation.
L'Ermite