FÊTE DU SAINT SACREMENT
Année B
(Mc 14, 12-16.22-26)
ADORONS LE CORPS DU CHRIST
BUVONS A LA SOURCE ETERNELLE
Origines de la fête du Saint-Sacrement
Fête-Dieu ou fête du Saint-Sacrement, nous célébrons dimanche le Corps et le Sang du Christ. Une fête qui affirme et honore la présence réelle de Jésus-Christ dans le pain et le vin consacrés pendant la messe.
La fête du Saint-Sacrement, connue il y a bien des années sous le nom : « la Fête-Dieu, » est une fête catholique et anglicane, célébrée en principe le jeudi qui suit la fête de la Trinité (en référence au jeudi saint), c’est-à-dire soixante jours après Pâques. Mais, en vertu d'une dérogation prévue par les livres liturgiques, elle est reportée au dimanche qui suit la Sainte Trinité dans les pays où elle n'est pas inscrite au nombre des jours chômés (France, Italie, etc.) alors qu’il l’est dans certains pays
Les origines de la fête remontent au XIIIe siècle. L'élévation de l'hostie, lors de la messe, manifestait déjà le désir de contempler le Saint-Sacrement. Mais l'impulsion décisive en vue d'une fête spéciale fut donnée par sainte Julienne de Cornillon et la bienheureuse Ève de Liège. La fête fut instituée officiellement le 8 septembre 1264 par le pape Urbain IV.
L'histoire de la solennité s'inscrit dans le sillage du débat théologique suscité par l'hérésie de Béranger de Tours, qui niait la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie. Dans la bulle Transiturus qui institua la Fête-Dieu, le pape Urbain IV écrit qu'« il est juste néanmoins, pour confondre la folie de certains hérétiques, qu'on rappelle la présence du Christ dans le très Saint-Sacrement ». Les évolutions de la théologie sacramentelle et son développement dans les écoles du XIIe siècle et du XIIIe siècle ont été décisives. Le facteur déterminant qui a permis l'invention et la réception de la solennité de la Fête-Dieu a surtout été l'évolution de la religiosité populaire qui a accompagné ces évolutions théologiques grâce au développement de la prédication. Ce réveil s'accompagnait d'un désir de pouvoir contempler l'hostie pendant la messe : c'est à Paris, vers 1200, que l'existence du rite de « l'élévation », au moment de la consécration, est attestée pour la première fois.(La Croix )
Mettons-nous à présent à l'écoute de la Parole offerte pour la célébration de cette solennité.
Le premier jour de la fête des pains sans levain, où l’on immolait l’agneau pascal. Petit rappel de ce que représente cette fête chez les Juifs, au temps de Jésus.
La Fête des Pains sans Levain commence le 15 de Abib (Nisan), c’est-à-dire au coucher du soleil du jour de la Pâque, et dure sept jours, dont le premier et le septième sont des sabbats annuels, jours de repos, de cessation de toute activité ordinaire et lucrative et d’assemblement pour une « sainte convocation » « Pendant sept jours, vous mangerez des pains sans levain; dès le premier jour il n'y aura plus de levain dans vos maisons; car quiconque mangera du pain levé, du premier jour au septième, sera retranché d'Israël. Le premier jour, vous aurez une sainte assemblée, et le septième jour, vous aurez une sainte assemblée. On ne fera aucun travail pendant ces jours-là; vous pourrez seulement préparer la nourriture de chacun. (Exode 12)
Son institution est rapportée dans Exode : Yahweh dit à Moïse et à Aaron dans le pays d'Egypte: "Que ce mois-ci soit pour vous le commencement des mois; il sera pour vous le premier des mois de l'année. Parlez à toute l'assemblée d'Israël, et dites: Le dixième jour de ce mois, que chacun prenne un agneau par famille, un agneau par maison. (Ex 12:1-3,16)
Au Sinaï, cette fête fut établie distinctement de celle de la Pâque. Plus tard ces deux célébrations n’en formèrent plus qu’une. La Fête des Pains sans Levain rappelle l’offrande de « fleur de farine pétrie à l’huile » qui accompagnait les sacrifices pour le pardon du peuple de Dieu vivant auprès et au loin de Jérusalem
Elle commémore le don de la manne, le pain descendu du ciel qui nourrit Israël pendant tous les quarante ans de son voyage dans le désert. Dieu ordonna aussi: « Qu’un plein omer ( valeur d'une gerbe) de manne soit conservé pour vos générations (futures), afin qu’elles voient le pain que je vous ai fait manger dans le désert, quand je vous ai fait sortir du pays d’Egypte » (Ex. 16:32,35)
A mon avis, il n'est pas surprenant que Jésus, en route pour Jérusalem, à la veille de Sa Passion, saisisse la question des disciples pour parfaire Son œuvre. Jésus n'est-Il pas venu, en effet, pour accomplir ?« Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes; je ne suis pas venu abolir, mais parfaire. » (Mt 5)Jésus ne rejette nullement la première Alliance Il vient simplement la parfaire, c'est Lui, Jésus, qui devient l'Agneau offert, pour nous libérer de nos fautes, c'est Lui, Jésus, qui devient la Manne qui nourrira Son Peuple « jusqu'à la fin des temps »
« Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde . (Mt 28,19-20)
Il envoie deux de ses disciples en leur disant :« Allez à la ville ; un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre. Suivez-le, et là où il entrera, dites au propriétaire : “Le Maître te fait dire :Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ? ”Il vous indiquera, à l’étage, une grande pièce aménagée et prête pour un repas. Faites-y pour nous les préparatifs. » Les disciples partirent, allèrent à la ville ; ils trouvèrent tout comme Jésus leur avait dit, et ils préparèrent la Pâque. Les disciples, envoyés, ont suivi, dans la confiance, les indications données par Jésus et tout est prêt, le groupe peut désormais célébrer la Pâque avec le Maître mais voilà que ce repas prend une tournure inattendue :
Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit, le leur donna, et dit : « Prenez, ceci est mon corps. » En Saint Jean nous n'aurons pas le
Je suis le pain de vie. Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts. Voici le pain descendu du ciel, afin qu'on en mange et qu'on ne meure point. Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu'un mange de cepain, il vivra éternellement; et le pain que je donnerai, c'est ma chair, pour le salut du monde." Là-dessus, les Juifs disputaient entre eux, disant: "Comment cet homme peut-il donner sa chair à manger?" Jésus leur dit: "En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme, et ne buvez son sang, vous n'avez point la vie en vous-mêmes. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment un breuvage. Celui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi, et moi en lui. (Jn 6, 48-60)
Dès ce moment, beaucoup de ses disciples se retirèrent, et ils n'allaient plus avec lui. (Jn 6, 64)
En Marc, nul ne bronche, c'est dire la solennité du moment, Jésus poursuit :
Puis,
ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, et ils
en burent tous. Et il leur dit : « Ceci est mon sang,
le sang de l’Alliance,
versé pour la multitude.
Puis il prit du pain ; après avoir rendu grâce, il le rompit et le leur donna, en disant : « Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi. »
Que pouvons-nous commenter ? Que pouvons-nous dire ? De telles paroles de la part de Jésus appellent un silence adorateur : JE CROIS ! J'ADORE ! JE RENDS GRÂCE ! J'AIME ! Et me vient à l'esprit l'hymne du jeudi de la première semaine, à l'office des lectures :
En
toute vie le silence dit Dieu,
Tout
ce qui est tressaille d'être à lui !
Soyez
la voix du silence en travail,
Couvez
la vie, c'est elle qui loue Dieu !
Pas
un seul mot, et pourtant c'est son Nom
Que
tout sécrète et presse de chanter :
N'avez-vous pas un monde
immense en vous ?
Soyez son cri,
et vous aurez tout dit.
Il
suffit d'être, et vous vous entendrez
Rendre la grâce d'être et
de bénir ;
Vous serez pris dans l'hymne d'univers,
Vous avez
tout en vous pour adorer.
En cette fête du Saint Sacrement nous sommes invités à ADORER, à reconnaître que Dieu est Dieu . L'Adoration est le tout premier mouvement intérieur de l’homme devant Dieu. Dieu se donne, en et par Jésus , Il se donne librement ; « ma vie nul ne la prend, mais c'est moi qui la donne » Il se donne pour l'humanité tout entière, sans distinction ! JESUS SE DONNE avons-nous le droit de commenter ? L'Eucharistie devient le plus grand et le plus beau cadeau que nous fait Dieu pour « rester avec nous jusqu'à la fin des temps : « et moi je serai avec vous jusqu'à la fin des temps » cela par Ses Sacrements et par Son Esprit Saint ! Il nous reste à dire, du fond de notre être, avec Saint Thomas , avec toutes les générations : « Mon Seigneur et mon Dieu »
Si je ne commente pas ces saintes paroles, je relève toutefois deux versets : Faites cela en mémoire de moi. » et « le sang de l’Alliance »
Jésus ordonne à Son Eglise ( « Faites ceci » est un impératif) naissante de perpétuer ce qu'Il vient de faire avec eux : comme je viens de faire et de dire, vous devez, vous aussi, renouveler et faire ainsi, MEMOIRE DE MOI ! Et c'est ainsi que depuis des siècles et pour des siècles encore, jusqu'à la fin des temps, la Sainte Eucharistie est célébrée chaque jour dans tous les coins du monde et alimente la vie spirituelle de tous les personnes de bonne volonté qui, dans ce Pain et ce Vin reconnaissent, adorent et louent le Dieu TROIS FOIS SAINTS !
Jésus précise en donnant la coupe de vin ceci est le sang de la NOUVELLE ALLIANCE, Luc note NOUVELLE :
Et il prit du pain, et, après avoir rendu grâces, il le rompit et le leur donna, en disant: " Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites ceci en mémoire de moi. " Et pareillement (pour) la coupe, après qu'ils eurent soupé, en disant: " Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, répandu pour vous. (Lc 22)
Luc ne l'a pas inventé, cette Alliance voulue et scellée par Jésus accomplit l'Ancienne Alliance conclue avec Moïse . En effet, au chapitre 24 de l'Exode nous lisons : »Moïse. envoya des jeunes gens, enfants d'Israël, et ils offrirent à Yahweh des holocaustes et immolèrent des taureaux en sacrifices d'actions de grâces. Moïse prit la moitié du sang et la mit dans des bassins, et l’autre moitié du sang, il la répandit sur l’autel. Il prit le livre de l’Alliance et il en fit la lecture au peuple qui déclara « Tout ce que Yahvé a dit, nous le ferons et nous y obéirons ». Moïse ayant pris le sang, le répandit sur le peuple et dit : « Ceci est le sang de l’Alliance que Yahvé a conclue avec vous moyennant toutes ces clauses.» ( notre Première lecture)
Dans la Nouvelle Alliance ce n’est plus le sang d’un animal qui est versé, mais celui de Jésus. L’Eucharistie est la célébration de cette Nouvelle Alliance de Dieu avec son peuple.
Rendons grâce à Dieu pour le don de l’Eucharistie, spécialement aujourd’hui. Recueillons-en les fruits, puisque par là se perpétue pour nous le mystère de la mort et de la résurrection du Seigneur Jésus auquel nous participons et communions. Nous ne faisons qu’un avec Lui qui nous unit au Père et à tous nos frères et sœurs.Jésus connaît la suite de la soirée, Il n'hésite pas à affirmer , à mots couverts, qu'Il entre dans la dernière étape de Son parcours terrestre :Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, dans le royaume de Dieu. » Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers.
Sion,
célèbre ton Sauveur,
chante ton chef et ton pasteur
par des hymnes et des chants.
Tant
que tu peux, tu dois oser,
car il dépasse tes louanges,
tu ne peux trop le louer.
Le
Pain vivant, le Pain de vie,
il est aujourd’hui proposé
comme objet de tes louanges.
Au
repas sacré de la Cène,
il est bien vrai qu’il fut donné
au groupe des douze frères.
Louons-le
à
voix pleine et forte,
que soit joyeuse et rayonnante
l’allégresse de nos cœurs !
C’est
en effet la journée solennelle
où nous fêtons de ce banquet
divin
la première institution.
À
ce banquet du nouveau Roi,
la Pâque de la Loi nouvelle
met fin à la Pâque ancienne.
L’ordre
ancien le cède au nouveau,
la réalité chasse l’ombre,
et la lumière, la nuit.
Ce
que fit le Christ à la Cène,
il ordonna qu’en sa mémoire
nous le fassions après lui.
Instruits
par son précepte saint,
nous consacrons le pain, le vin,
en victime de salut.
C’est
un dogme pour les chrétiens
que le pain se change en son corps,
que le vin devient son sang.
Ce
qu’on ne peut comprendre et voir,
notre foi ose l’affirmer,
hors des lois de la nature.
L’une
et l’autre de ces espèces,
qui ne sont que de purs signes,
voilent un réel divin.
Sa
chair nourrit, son sang abreuve,
mais le Christ tout entier
demeure
sous chacune des espèces.
On
le reçoit sans le briser,
le rompre ni le diviser ;
il est reçu tout entier.
Qu’un
seul ou mille communient,
il se donne à l’un comme aux
autres,
il nourrit sans disparaître.
Bons
et mauvais le consomment,
mais pour un sort bien différent,
pour la vie ou pour la mort.
Mort
des pécheurs, vie pour les justes ;
vois : ils prennent
pareillement ;
quel résultat différent !
Si
l’on divise les espèces,
n’hésite pas, mais
souviens-toi
qu’il est présent dans un fragment
aussi bien que dans le tout.
Le
signe seul est partagé,
le Christ n’est en rien divisé,
ni
sa taille ni son état
n’ont en rien
diminué.
*
Le voici, le pain des anges,
il est le pain de l’homme en
route,
le vrai pain des enfants de Dieu,
qu’on
ne peut jeter aux chiens.
D’avance
il fut annoncé
par Isaac en sacrifice,
par l’agneau pascal
immolé,
par la manne de nos pères.
Ô
bon Pasteur, notre vrai pain,
ô Jésus, aie pitié de
nous,
nourris-nous et protège-nous,
fais-nous voir
les biens éternels
dans la terre des vivants.
Toi
qui sais tout et qui peux tout,
toi qui sur terre nous
nourris,
conduis-nous au banquet du ciel
et donne-nous ton
héritage,
en compagnie de tes saints.
Amen.
Séquence latine composée par saint Thomas d'Aquin pour la messe de la Fête-Dieu. C'est un chef-d'œuvre de la poésie dogmatique, qui illustre de manière « parlante » le dogme de la transsubstantiation.
L'Ermite
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