vendredi 7 avril 2017

SUR UN ÂNON

DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION

A DOS D'ÂNE

En arrivant à Jérusalem, Jésus n'a rien, absolument rien ! Il a toutefois, et c'est important, quelques amis sur qui Il croit pouvoir compter, ces amis-là, des vrais, ne lui refuseront rien ! La preuve, Il envoie deux disciples pour emprunter une ânesse et son ânon, sans même demander la permission, s'ils sont interpellés il suffira de répondre: « Le Seigneur en a besoin ». C'est dire la qualité de relation, la confiance absolue qui les unit !
L’Évangéliste n'évoque-t-il pas le Prophète Zacharie qui, au IV e siècle avant Jésus écrivait :
« Exulte de toutes tes forces, fille de Sion ! Pousse des cris de joie,
fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui vient vers toi : il est juste et victorieux, humble et monté sur un âne, un âne tout jeune. Ce roi fera disparaître d'Éphraïm les chars de guerre, et de Jérusalem les chevaux de combat ; il brisera l'arc de guerre, et il proclamera la paix aux nations. Sa domination s'étendra d'une mer à l'autre, et de l'Euphrate à l'autre bout du pays. (Zacharie 9)
Mais à dos d'âne, ce roi n'a rien d'un guerrier, et s'Il fait la guerre, une guerre pacifique, c'est au Mal qui habite l'humanité car le Père et Jésus avec Lui, « a choisi ce qui est faible pour confondre ce qui est fort ». La monture est faible et Celui qui l'emprunte choisit les armes apparemment faibles mais tellement plus fortes que tous notre arsenal de guerre, parce que Celui qui les manie doit être incomparablement fort pour demeurer ce qu'Il est : « l'amour incarné » la Parole qui met debout, qui libère, qui ouvre des horizons infinis !

L'amitié vraie, dont nous parlions plus haut, profonde, est un don de Dieu. C'est une force dans la vie, un appui sûr, un roc inébranlable. Cette réalité c'est un peu vulgarisée aujourd'hui, on parle d'amis alors qu'il s'agit de connaissances, très proches, certes, mais avec qui on avance souvent sur la pointe des pieds. L'ami(e) est rare, c' est un don de Dieu que l'on accueille avec respect et dont il faut savoir rendre grâce lorsqu'on a la chance, mieux encore, la grâce d'avoir un(e) ami(e) !
Les disciples sont dans la mouvance de l'amitié, «  Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ignore ce que veut faire son maître ; maintenant, je vous appelle mes amis, car tout ce que j'ai appris de mon Père, je vous l'ai fait connaître. » (Jean 15) il y a toutefois un plus : cette relation spirituelle profonde qui va jusqu'à la fraternité, il suffit de s'arrêter
quelques instants sur la façon dont les apôtres se comportent, s'oubliant pour apporter un peu de confort à leur Maître devenu leur ami : « ils (les disciples) amenèrent l'ânesse et son petit, disposèrent sur eux leurs manteaux et Jésus s'assit dessus. » Délicatesse de l'amitié , Jésus avait demandé une monture, pas un relatif confort, mais l'ami va plus loin, il prend soin de son alter ego, il essaie de le soulager dans sa fatigue, prévient les risques encourus, voit loin et large. Car aimer c'est donner de sa vie, c'est donner sa vie pour l'autre, pour les autres ! «  Il n'y a pas de plus grand amour que de donner Sa vie pour ses amis » nous dit Jésus en Jean 15,13 C'est ce vers quoi Jésus avance .
Il y a là des foules venues L'accueillir plus que décemment, certaines Le précèdent dans la ville Sainte et vont jusqu'à joncher la route de manteaux en agitant des rameaux pour célébrer cette arrivée qui devient un triomphe ! D'autres, Le suivent dit le texte, Jésus est entouré, glorifié, reconnu comme : « Hosanna au Fils de David ! Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! » C'est surréaliste quand on connaît ce qui va suivre ! Et pourtant, Jésus est acclamé, nommé comme le Fils
de David, donc comme Messie, car la plupart savent que le Messie est de la lignée de David ! Ils appellent même le ciel à témoin, puisqu'ils l'associent à cette liesse et quand les habitants de Jérusalem demandent « qui est cet homme ? » les foules n'hésitent pas à Le situer : « C'est le Prophète Jésus, de Nazareth en Galilée » Pourtant ils ne peuvent ignorer comment Jésus fut reçu dans la ville où Il a grandi Lui-même notant :" Un prophète n'est sans honneur que dans sa patrie et dans sa maison. (Mat 13)
« qui est cet homme ? »interrogent les gens de Jérusalem ? Cette entrée festive les intrigue ! Et nous, sommes-nous blasés ou bien cherchons-nous à connaître toujours davantage Celui à qui nous devons notre Salut ? Jésus, le Saint de Dieu, le Fils unique du Père éternel, nous Le rencontrerons au jour de notre vraie naissance et nous serons dans l'étonnement, dans l'émerveillement. Il est tellement plus grand, tellement plus beau dans son être que ce que nous comprenons de Lui. Les plus grands théologiens, les plus grands exégètes, en restent au B – A BA alors, nous le petit peuple des croyants ? Il est bon toutefois de tendre vers une connaissance toujours plus fine, plus ajustée à cette Parole qui nous fait vivre et illumine nos cœurs, nos vies ! Dieu, en Jésus est si grand que nous trébucherons comme le disait quelqu'un, en arrivant à la Maison d’Éternité !
L'entrée quasi triomphale de Jésus à Jérusalem sera suivie d' une série d'enseignements visuels et oraux dont certains font allusion à la Passion qui approche puis on plonge dans la trahison. Nous parlions d'amis d'amitié et voilà qu'un ami , vous, moi, représentés ici par Judas va Le trahir ! J'entends vos protestations , pourtant, chacun, à notre façon nous participons à cette trahison ! Le péché est une trahison et il n'y a pas de petit et de grand péché, car tout péché est un refus d'aimer. Le péché, c'est se préférer, le péché c'est se choisir, Jésus, Lui, nous apprend à aimer, nous apprend à bien choisir, nous apprend à préférer ce que veut le Père : « Car je ne suis pas descendu du ciel pour faire ma volonté, mais pour faire la volonté de celui qui m'a envoyé. Or, la volonté de celui qui m'a envoyé, c'est que je ne perde aucun de ceux qu'il m'a donnés, mais que je les ressuscite tous au dernier jour. Car la volonté de mon Père, c'est que tout homme qui voit le Fils et croit en lui obtienne la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. » (Jean 6) Est-ce mon souci ? Est-ce l'orientation de ma vie ? Suis-je tourné vers le Père pour qu'Il m'enseigne, qu'Il m'informe, qu'Il me montre la Route à suivre comme l'était Jésus, comme l'était ce paysan d'Ars qui passait beaucoup de temps devant le tabernacle et qui répondait au Saint Curé qui l'interrogeait sur ce qu'il disait « au bon Dieu » « Je l'avise et Il m'avise ». Prenons-nous le temps de Lui demander Son avis  pour qu'Il nous avise ?

Plus on Le fréquente et plus Il nous inspire parce que l'oreille du cœur reste ouverte au doux murmure de Sa voix. Essayons ! C'est une extraordinaire expérience spirituelle.

Cette entrée , j'ai du mal à dire triomphale, car, pour Jésus , il n'y a rien de triomphal, cette entrée donc, ouvre la grande semaine de la Passion-Résurrection, elle est d'ailleurs suivie de la Passion selon St Matthieu qui s'ouvre avec le marchandage de Judas. Puisse le Seigneur Lui-même nous donner le langage des disciples pour que nous puissions d'une parole soutenir celui qui est épuisé. Puisse-t-il éveiller nos oreilles pour nous permettre d'écouter en vrais disciples ! Puisse-t-il nous faire entrer avec Jésus Lui-même, dans les trois jours saints qui vont suivre pour les vivre non pour accomplir un devoir annuel de chrétiens, mais pour communier avec ( pardonnez-moi) nos viscères, à Jésus qui est et sera en agonie jusqu'à la fin du monde ! Quand un homme souffre c'est Jésus qui souffre en lui ! Si je secours un frère, je secours Jésus dans Sa Passion, dans son agonie !

Mon Dieu, mon Dieu,
Pourquoi m'as-tu abandonné ?

Le salut est loin de moi, loin des mots que je rugis.
Mon Dieu, j'appelle tout le jour, et tu ne réponds pas ;
*même la nuit, je n'ai pas de repos.
Toi, pourtant, tu es saint, toi qui habites les hymnes d'Israël !
C'est en toi que nos pères espéraient, ils espéraient et tu les délivrais.
Quand ils criaient vers toi, ils échappaient
en toi ils espéraient et n'étaient pas déçus.
Et moi, je suis un ver, pas un homme,
raillé par les gens, rejeté par le peuple.
Tous ceux qui me voient me bafouent,
ils ricanent et hochent la tête :
« Il comptait sur le Seigneur : qu'il le délivre !
Qu'il le sauve, puisqu'il est son ami ! »
C'est toi qui m'as tiré du ventre de ma mère,
qui m'a mis en sûreté entre ses bras.
A toi je fus confié dès ma naissance ;
dès le ventre de ma mère, tu es mon Dieu.
Ne sois pas loin : l'angoisse est proche, je n'ai personne pour m'aider.
Des fauves nombreux me cernent, des taureaux de Basan m'encerclent.
Des lions qui déchirent et rugissent ouvrent leur gueule contre moi.
Je suis comme l'eau qui se répand, tous mes membres se disloquent.
Mon cœur est comme la cire, il fond au milieu de mes entrailles.
Ma vigueur a séché comme l'argile, ma langue colle à mon palais.
Tu me mènes à la poussière de la mort. + Oui, des chiens me cernent,
une bande de vauriens m'entoure. Ils me percent les mains et les pieds ;
je peux compter tous mes os. Ces gens me voient, ils me regardent. +
Ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement.
Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin :ô ma force, viens vite à mon aide !
Préserve ma vie de l'épée, arrache-moi aux griffes du chien ;
sauve-moi de la gueule du lion et de la corne des buffles.
Tu m'as répondu ! + Et je proclame ton nom devant mes frères,
je te loue en pleine assemblée. Vous qui le craignez, louez le Seigneur,glorifiez-le, vous tous, descendants de Jacob,vous tous,
 redoutez-le, descendants d'Israël.
Car il n'a pas rejeté, il n'a pas réprouvé le malheureux dans sa misère ;
il ne s'est pas voilé la face devant lui, mais il entend sa plainte.
Tu seras ma louange dans la grande assemblée ;
devant ceux qui te craignent, je tiendrai mes promesses.
Les pauvres mangeront : ils seront rassasiés ;
ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent :
« A vous, toujours, la vie et la joie ! »
La terre entière se souviendra et reviendra vers le Seigneur,
chaque famille de nations se prosternera devant lui :
« Oui, au Seigneur la royauté, le pouvoir sur les nations ! »
Tous ceux qui festoyaient s'inclinent ;
promis à la mort, ils plient en sa présence.
Et moi, je vis pour lui : ma descendance le servira ;
on annoncera le Seigneur aux générations à venir.
On proclamera sa justice au peuple qui va naître :
Voilà son œuvre
(Psaume 21)

Très belle fête des rameaux ! Excellente semaine sainte avec Jésus qui nous sauve ! Que Jésus nous bénisse et nous fasse grandir dans Son Amour. Ensemble redisons-Lui notre MERCI

L'Ermite

samedi 1 avril 2017

DELIEZ-LE !

   CINQUIEME DIMANCHE DE CAREME ANNEE A
Jn 11, 1-45

DELIEZ-LE


Le premier dimanche de Carême, à Satan qui Le provoque, Jésus répond : « C'est le Seigneur Ton Dieu que tu adoreras », le deuxième , c'est le Père qui intervient dans la nuée et déclare aux apôtres « Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-Le » ; le troisième, au terme d'un extraordinaire dialogue avec Jésus, une étrangère,la Samaritaine, rend témoignage et permet à ses compatriotes d'effectuer une expérience de foi : « nous savons que c'est vraiment Lui le Sauveur du monde », ; dimanche dernier, l'aveugle de naissance, à la question de Jésus : « crois-tu au Fils de l 'homme, répond : « je crois Seigneur ! » et il se prosterna devant lui.
Nous voyons la merveilleuse évolution de notre montée vers Pâques : rejeter les idoles pour adorer le seul vrai Dieu, accueillir en Jésus, ce Dieu qui nous sauve, Le reconnaître Dieu, dans les actes qu'Il pose,nous prosterner à Ses pieds avec l'aveugle de Naissance pour L'adorer et reconnaître, en Lui, le Dieu Sauveur . Aujourd'hui, avec Lazare, nous franchissons l' échelon supérieur, Celui qui est LUMIERE est aussi Vie et Vie éternelle !

Celui que Tu aimes est malade !
En ce temps-là,il y avait quelqu’un de malade, Lazare, de Béthanie,le village de Marie et de Marthe, sa sœur.Or Marie était celle qui répandit du parfum sur le Seigneur et lui essuya les pieds avec ses cheveux.C’était son frère Lazare qui était malade.Donc, les deux sœurs envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. » Nous sommes, ici, dans un contexte amical. Jésus connaît bien Marthe, Marie et leur frère Lazare, il Lui arrive de se reposer à auprès d'eux, les deux sœurs, n'hésitent pas à Le faire appeler quand leur frère est gravement malade, elles sont dans la confiance, ne doutent pas un instant de la venue de Jésus : Jésus a de l'amitié pour Lazare, Il ne peut refuser de se déplacer, et sous-entendu, « d'intervenir » en sa faveur.Voilà de quoi est capable l'amitié ! C'est une expérience que nous connaissons et comprenons ! Si ma famille est dans l'épreuve, si des amis sont dans l'épreuve, dans la mesure de mes possibilités, je me déplace pour apporter aide et réconfort !
Quand un de nos proches est malade, savons-nous, nous tourner vers Jésus, dans la prière ? Osons-nous demander le sacrement des malades?Ce sacrement n'est pas prévu pour les agonisants et encore moins pour les morts mais pour ceux qui sont confrontés à l'épreuve de la maladie. A ceux qui subiront prochainement une intervention chirurgicale, ce sacrement apporte, la paix, l'abandon, la force dans l'épreuve ! C'est Jésus Lui-même qui vient nous réconforter !
« En apprenant cela, Jésus dit :« Cette maladie ne conduit pas à la mort,elle est pour la gloire de Dieu,afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. » Un indice nous révèle ici que cette maladie est au service de la manifestation du Fils de Dieu comme tel ! « elle (cette maladie) est pour la gloire de Dieu,afin que par elle, le Fils de Dieu soit glorifié. »Pour peu que nous soyons attentifs, nous retrouverons facilement, dans notre cheminement, des moments d'épreuve, de difficultés, de tensions, qui ont été, et demeurent d'étonnantes expériences de la Présence de Dieu à nos côtés. Après coup, nous nous sommes écriés, avec Jacob « Dieu était là et je ne le savais pas ! » Gen 28 Tout événement, dans la foi, est Parole de Dieu ! A nous d'en prendre conscience et de rendre grâce pour ce Dieu qui nous parle  !

Jésus, Ses disciples : Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare.Quand il apprit que celui-ci était malade,il demeura deux jours

encore à l’endroit où il se trouvait.Puis, après cela, il dit aux disciples :« Revenons en Judée. »Les disciples lui dirent :« Rabbi, tout récemment, les Juifs, là-bas,cherchaient à te lapider,et tu y retournes ? »Jésus répondit :« N’y a-t-il pas douze heures dans une journée ?Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas,parce qu’il voit
la lumière de ce monde ;mais celui qui marche pendant la nuit trébuche,parce que la lumière n’est pas en lui. » Après ces paroles, il ajouta :« Lazare, notre ami, s’est endormi ; mais je vais aller le tirer de ce sommeil. »Les disciples lui dirent alors :« Seigneur, s’il s’est endormi, il sera sauvé. » Jésus avait parlé de la mort ;eux pensaient qu’il parlait du repos du sommeil.

Le contexte est de moins en moins favorable, Jésus est menacé, en danger aussi, au point que les apôtres tentent de Le détourner de son dessein. Jésus, de son côté, sait très bien, non seulement qu'Il est attendu par Marthe et Marie, mais qu'Il posera un geste à la gloire du Père. Il sait aussi, qu'il est important, vital pour Ses apôtres qu'ils soient présents à l'événement qui va suivre , c'est vital pour leur foi ! Rien ne peut Le détourner de Sa mission.« Lazare est mort,et je me réjouis de n’avoir pas été là,à cause de vous, pour que vous croyiez.Mais allons auprès de lui ! » Les apôtres sont inquiets pour la vie de Jésus, ils craignent des représailles de la part de Ses opposants, au point que Thomas leur dit :« Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! » Et les voilà partis.

Nous verrons, bientôt, que Lazare est dans son tombeau depuis plusieurs jours lorsque Jésus intervient et c'est ce qui rendra furieux Ses ennemis !

Ton frère ressuscitera !
À son arrivée,Jésus trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà.Comme Béthanie était tout près de Jérusalem– à une distance de quinze stades (c’est-à-dire une demi-heure de marche environ) –,beaucoup de Juifs étaient venus réconforter Marthe et Marie au sujet de leur frère.Lorsque Marthe apprit l’arrivée de Jésus,elle partit à sa rencontre,tandis que Marie restait assise à la maison.
Marthe dit à Jésus :« Seigneur, si tu avais été ici,mon frère ne serait pas mort.Mais maintenant encore, je le sais,tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. »Jésus lui dit :« Ton frère ressuscitera. »
La foi en la Résurrection n'est apparue qu'au deuxième siècle avant Jésus, Marthe et Marie font partie des personnes qui adhèrent à cette espérance : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection,au dernier jour. » Marthe parle d'un futur, pour le moment, son frère doit attendre cette heure dans son tombeau et les deux sœurs savent qu'elles ne le verront plus sur cette terre. C'est une expérience douloureuse difficile à assumer. Jésus dans cette circonstance de mort, révèle quelque chose de très important qui va engager une parole de foi de son amie  :« Moi, je suis la
résurrection et la vie.Celui qui croit en moi,même s’il meurt, vivra ;quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais.Crois-tu cela ? » Marthe parle du futur, Jésus parle au présent . Là, maintenant, je suis la résurrection et la Vie , Je suis messager de Vie, je suis donneur de Vie. Au chapitre 10 de St Jean ne disait-Il pas : « Si le Père m'aime, c'est parce que je donne ma vie. J'ai pouvoir de la donner et pouvoir de la reprendre. C'est pourquoi personne ne m'enlève cette vie, mais je la donne de Moi-même." Jésus est Maître de la vie, Il est la Vie : »Je suis, le chemin la vérité et la vie » Jn 14 Aussi, à la question de Jésus Marthe engage tout son être, c'est du fond d'elle-même que jaillit cet extraordinaire acte de foi :« Oui, Seigneur, je le crois :tu es le Christ, le Fils de Dieu,tu es celui qui vient dans le monde. » Non seulement Marthe dit sa foi, mais elle affirme devant ses amis que Jésus est le Christ c'est-à-dire l'Oint du Père, et, plus encore, le Fils du Père, Dieu éternel et par voie de conséquence, si Jésus est le Fils de Dieu, Il est Dieu Lui-même ! Quelle intensité dans cette réponse de Marthe ! Elle est prête pour accueillir le don et la merveille de Dieu !

Les larmes de Jésus
Ayant dit cela, elle partit appeler sa sœur Marie,et lui dit tout bas :
« Le Maître est là, il t’appelle. »Marie, dès qu’elle l’entendit,se leva rapidement et alla rejoindre Jésus.Il n’était pas encore entré dans le village,mais il se trouvait toujours à l’endroit où Marthe l’avait rencontré.Les Juifs qui étaient à la maison avec Marie et la récon-fortaient, la voyant se lever et sortir si vite, la suivirent ;ils pensaient qu’elle allait au tombeau pour y pleurer.
Marie était à la maison pendant le dialogue entre Jésus et Marthe et pourtant, elle affirme la puissance de Vie dont Jésus est porteur . Elle affirme ici que Jésus est le Maître de la Vie, c'est ce qu'elle exprime en se jetant à Ses pieds . « Marie arriva à l’endroit où se trouvait Jésus.Dès qu’elle le vit,elle se jeta à ses pieds et lui dit :« Seigneur, si tu avais été ici,mon frère ne serait pas mort. » Parle-t-elle d'un possible miracle de guérison, Jésus a présidé à tellement de guérisons : lépreux, aveugles, muets, paralytiques, le fils de la veuve de Naïm qu'Il remet debout, la fille de Jaïre.... que veut-elle dire ? Quoiqu'il en soit de sa pensée, Marie affirme sa confiance en une Présence porteuse de vie . La douleur de Marie, touche Jésus :
Quand il vit qu’elle pleurait,et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi,Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé,et il demanda :« Où l’avez-vous déposé ? »Ils lui répondirent :« Seigneur, viens, et vois. »Alors Jésus se mit à pleurer.Les Juifs disaient :« Voyez comme il l’aimait ! »Mais certains d’entre eux dirent :« Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle,ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? »
Ces quelques versets révèlent Jésus dans son humanité, capable d'émotion, bouleversé par la souffrance, celle d'autrui, la sienne aussi ! Son ami Lazare n'est plus là , il s'enquiert de savoir où il se trouve, comprend et pleure ! Sans doute ne sommes-nous pas conscients des larmes de Jésus ! Peut-être le croyons-nous stoïque ? Mais quelle erreur ! Jésus durant ces trois années de vie publique guérit, soulage, compatit, rassure, pleure. Jésus pleure avec nous, Jésus pleure sur notre péché « Et quand il s’approcha, il regarda la ville, et pleura sur elle. » Lc 19
« Qui durant les jours de sa chair, lorsqu’il offrit avec de grands cris et des larmes, des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et ayant été entendu en ce qu’il craignait » (Hébreux,5:7).
Jésus pleure avec nous, sur nous, Jésus pleure parce qu'Il souffre, de notre souffrance, de sa souffrance, physique, morale, Jésus ne fait pas semblant, aujourd'hui, Jésus pleur en nous, avec nous !Il est pleinement homme et pleinement Dieu. Les larmes de Marthe, Marie, de leurs amis, l'atteignent vraiment :

Jésus, repris par l’émotion,arriva au tombeau.C’était une grotte fermée par une pierre.Jésus dit :« Enlevez la pierre. »Marthe, la sœur du défunt, lui dit :« Seigneur, il sent déjà ;c’est le quatrième jour qu’il est là. »
Suivent quatre moments d'une densité impressionnante :
- A Marthe qui s'inquiète Jésus rappelle :« Ne te l´ai-je pas dit ?
Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu.»
Il est difficile à Marthe, sinon impossible, après quatre jours de revoir son frère vivant, de le serrer dans ses bras ! 
- Comme Il le fait avant tout moment important de Son existence, Jésus se tourne vers le Père Lui, « qui ne fait rien qu'Il ne voie faire au Père ». C'est rappeler ici que le Père est en Lui et Lui dans le Père :  « Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé.Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ;mais je le dis à cause de la foule qui m’entoure,afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. » Le but est toujours le même : fortifier ou éveiller la foi de ceux qui L'entourent et manifester au monde que ce qu'Il accomplit, c'est le Père qui l'accomplit en Lui, en raison de leur parfaite unité.

  • Vient alors le moment le plus impressionnant pour tous : il cria d’une voix forte :« Lazare, viens dehors ! »Et le mort sortit,les pieds et les mains liés par des bandelettes,le visage enveloppé d’un suaire.Nous trouvons cela deux fois dans les évangiles, lors de la résurrection de Lazare et au moment où Lui-même, Jésus expire sur la croix: »Jésus poussa de nouveau un grand cri, et rendit l'esprit. »Mt 27
  • Vient alors la Parole libératrice, la Parole qui remet Lazare DEBOUT, la Parole qui donne Vie à celui qui était enfermé dans les liens de la mort.


« Déliez-le, et laissez-le aller. » C'est dans la Passion/Résurrection de Jésus que l'homme est libéré, que je suis libéré(e) dans la mesure où j'accepte ce don de Dieu fait aux hommes. Ne serait-ce pas un des symbolismes de ce retour à la vie de Lazare ? Car Lazare après sa mort est rendu à la vie terrestre qui était la sienne auparavant, alors que dans sa seconde mort il entrera dans cette vie éternelle qui n'aura pas de fin ! Le péché nous enferme dans un tombeau , dans la nuit, dans la putréfaction, la Passion - Résurrection nous fait vivre dans la lumière, nous purifie nous enveloppe de « la bonne odeur du Christ ».( expression qui nous vient de St Augustin me semble-t-il) Alors n'hésitons plus un seul instant, courons au sacrement de la Réconciliation, permettons à Jésus d'ouvrir notre tombeau, celui où nous enferme notre péché, nous sortirons déliés, , libres et vainqueurs du mal qui nous enferme ! N'attendons plus ! Et retenons ce qui suit :


« Beaucoup de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et avaient donc vu ce que Jésus avait fait,crurent en lui »
Notre acte d'humilité,et plus exactement de vérité, éveillera des cœurs et leur donnera foi, en ce Dieu qui nous aime et nous sauve !

Ainsi parle le Seigneur Dieu :
Je vais ouvrir vos tombeaux
et je vous en ferai remonter,
ô mon peuple,
et je vous ramènerai sur la terre d’Israël.
    Vous saurez que Je suis le Seigneur,
quand j’ouvrirai vos tombeaux
et vous en ferai remonter,
ô mon peuple !
    Je mettrai en vous mon esprit,
et vous vivrez ;
je vous donnerai le repos sur votre terre.
Alors vous saurez que Je suis le Seigneur :
j’ai parlé
et je le ferai
– oracle du Seigneur.
Ezékiel
L'Ermite

vendredi 24 mars 2017

IL VOYAIT !

QUATRIEME DIMANCHE DE CAREME

(Jn 9, 1-41

IL VOYAIT !

Dimanche dernier nous avons essayé de suivre Jésus dans ce très beau et surprenant dialogue avec cette femme Samaritaine qui n'inspirait guère le respect et qui, au terme de la RENCONTRE devint missionnaire de la Bonne Nouvelle : NE SERAIT-IL POINT LE CHRIST ?
Aujourd'hui, nous sommes en présence d'un très long épisode de l’Évangile selon Saint Jean sur l'aveugle de naissance .
 A notre naissance, nous sommes TOUS, aveugles, sourds, muets, grabataires, c'est l'éducation qui nous ouvre à la vie ! Nos parents nous apprennent à regarder et voir les choses, à leur donner un nom, à écouter pour entendre, à nous tenir debout pour marcher et avancer. L'aveugle, dont il est question ici, est intrinsèquement ainsi, l'éducation n'a aucune chance de l'éveiller, il est handicapé à vie. Cependant, une rencontre unique va le combler !
Je divise en six séquences cet épisode évangélique. Après Jésus bien sûr, le personnage principal que nous retrouvons, dans chacune de ces séquences,ou presque, est l'aveugle de naissance, qui, sur l'intervention de Jésus découvre la lumière et la LUMIERE !
Jésus, un homme aveugle, les disciples : Jésus, parce qu'Il sait regarder, voit ! Et que voit-il ? Un homme aveugle de naissance qui mendie. A cette époque la maladie et plus encore l'infirmité sont vues comme une punition de Dieu , d'où la question des disciples et la réponse claire de Jésus.
PAUL CLAUDEL écrit: "Dieu n'est pas venu supprimer la souffrance, il n'est même pas venu pour l'expliquer. Il est venu pour la remplir de sa présence" (Le Heurtoir, p. 33) Il est venu la vivre avec nous, à nos côtés. Il s'est fait solidaire de nos souffrances. Il est même venu les prendre sur lui.
 Par rapport au lien entre la souffrance et le mal commis, Jésus confirme que la souffrance n'est pas forcément une conséquence directe des fautes humaines Il ne niera pourtant pas tout lien entre la souffrance et le mal moral, Jésus lui-même endurera les pires tourments, victime innocente de la malice des hommes.
Il y a dans le message de Jésus, d'une part, une invitation à lutter contre la souffrance  et, d'autre part, un appel à accepter sa propre souffrance. On retrouvera ce double aspect, qui sera précisé, dans l'attitude du Christ face à la souffrance.
Quand Il rencontre des personnes en souffrance, Jésus intervient pour les soulager, que cette souffrance soit morale ou physique.Il précise ici qu'Il doit travailler « aux œuvres de Celui qui l'a envoyé » ?. Ce qui sous-entend qu'Il est venu non seulement pour révéler l'Amour du Père, mais travailler à Ses œuvres. Un jour, Saint Irénée écrira : « la gloire de Dieu c'est l'homme debout », or un homme debout c'est un homme en pleine possession de lui-même, c'est un homme en pleine intégrité morale, psychique et physique. Jésus veut donc donner à cet homme qu'il voit limité, sa pleine intégrité, en lui offrant ce qui lui manque : voir  la Lumière. Il ne le fait pas sans préciser qu'Il est Lui-même cette LUMIERE venue éclairer ce monde qui marche dans la ténèbre. La base étant posée, Jésus s'inscrit dans l’œuvre créatrice du Père : de l'eau, de la boue  qu'Il applique sur des yeux morts, pour leur donner vie ! L'homme suivit les indications de Jésus et IL VOYAIT !
Il est, me semble-t-il, important, de préciser que cet homme, sur l'invitation de Jésus, participe au processus de sa guérison. Dieu ne fait rien sans nous, c'est vrai pour chacun ! Nous sommes invités à effectuer la petite part dont nous sommes capables, Jésus accomplit le reste. C'est vrai aujourd'hui, comme ce l'était hier. Dieu veut avoir besoin de nous pour se faire connaître, Dieu veut notre participation dans notre propre marche !
En ce temps-là,en sortant du Temple,Jésus vit sur son passage un homme aveugle de naissance.Ses disciples l’interrogèrent :« Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents,pour qu’il soit né aveugle ? »Jésus répondit :« Ni lui, ni ses parents n’ont péché.Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui.Il nous faut travailler aux œuvres de Celui qui m’a envoyé,tant qu’il fait jour ;la nuit vient où personne ne pourra plus y travailler.Aussi longtemps que je suis dans le monde,je suis la lumière du monde. » Cela dit, il cracha à terreet, avec la salive, il fit de la boue ;puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle,et lui dit :« Va te laver à la piscine de Siloé » – ce nom se traduit : Envoyé.L’aveugle y alla donc, et il se lava ;quand il revint, il voyait.
Les voisins de l'homme aveugle et l'homme guéri Ses voisins, et ceux qui l’avaient observé auparavant– car il était mendiant –,dirent
alors :« N’est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? »Les uns disaient :« C’est lui. »Les autres disaient :« Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble. »Mais lui disait :« C’est bien moi. »Et on lui demandait :« Alors, comment tes yeux se sont-ils ouverts ? »Il répondit :« L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue,il me l’a appliquée sur les yeux et il m’a dit :‘Va à Siloé et lave-toi.’J’y suis donc allé et je me suis lavé ;alors, j’ai vu. »Ils lui dirent :« Et lui, où est-il ? »Il répondit :« Je ne sais pas. »
Les voisins, et nous le comprenons, s'étonnent ! Ils ont connu cet homme mendiant, parce que aveugle, pour subvenir à ses besoins, et le voilà égal à eux, il voit, se déplace librement, vaque à ses occupations ! 
Ils parlementent entre eux, l'interrogent, veulent en savoir davantage... Lui ne sait qu'une chose, et, pas la moins importante : il voit. Quelqu'un est intervenu, et a disparu sans laisser sa « carte de visite » ! L'homme dit le déroulement des faits, il ne rajoute aucune fioriture, il sait simplement qu'il voit !
Nous avons là un témoignage simple et vrai qui devrait nous éclairer sur la façon de témoigner : je dis ce que j'ai vu , pas un mot de plus ! Tout ce que je pourrais ajouter est superflu et ne peut que brouiller les pistes.
Les voisins, ont du mal à entrer dans ce qu'ils constatent, leurs avis les divisent, certains doutent ! Un aveugle qui recouvre la vue ? Cela les dépasse et ils pensent qu'il y a erreur sur la personne ! Quand une situation nous dépasse n'arrivons-nous pas à nier l'évidence ? Et pourtant, Dieu est libre de Ses dons !

« On » , les Pharisiens , l'homme guéri, ses parents ! « On » : les premières personnes qui constatent cet étrange et surprenant changement ! Sans doute les voisins ! « ON » l'amène aux Pharisiens qui se définissent
comme un mouvement de stricte observance religieuse. Flavius Josèphe, écrit « pour l’emporter sur les autres Juifs par la piété et, par une interprétation plus exacte de la Loi ». Ils font ainsi de la surenchère par rapport à la pratique commune. Leur objet c’est, selon la formule d’un de leurs docteurs, « de faire une haie à la Torah ». Ils représentent ici l'autorité religieuse qu'ils se targuent de faire respecter à la lettre. D'où cette précision « c'était un jour de Sabbat que Jésus avait fait de la boue »
Chacun sait aujourd'hui à quel point la pratique du Sabbat est pointilleuse. Nous trouvons de nombreux passages dans l’Évangile où Jésus se dresse devant des lois mesquines qui placent les êtres vivants après la loi . « Esprits pervertis, est-ce que le jour du sabbat chacun de vous ne détache pas de la mangeoire son bœuf ou son âne pour le mener boire"  (Luc 13) 
« Je vous le demande : Est-il permis, le jour du sabbat, de faire le bien, ou de faire le mal ? de sauver une vie, ou de la perdre ? »  (Luc  6) Jésus, nous le savons, place l'homme en premier ! Il nous apprend et nous invite à l'intelligence des Écritures.
L'aveugle de naissance est invité à reprendre le récit de sa guérison. Les circonstances sont différentes, mais nous retrouvons les divisions et les interrogations de la séquence précédente .A ce stade, il est demandé au « miraculé » de s'impliquer davantage : « toi que penses-tu de cette situation ? L'homme ne se fait pas prier : « pour moi, c'est un prophète ! »
Les Pharisiens ont des doutes, c'est légitime, sur la cécité antérieure de notre ami, aussi convoquent-ils les parents . Quoi de plus légitime ? Prudents, les parents qui craignent des représailles, les renvoient au témoignage de leur fils ! Ne rejoignons-nous pas le dialogue de sourds de la semaine dernière ? S'engager vraiment réclame une grande liberté intérieure. Qu'aurions-nous fait ? Comment régissons-nous habituel-lement ? Avons-nous le courage de nos opinions ? Où sommes-nous ces caméléons qui changent de couleur quand le vent risque de tourner à notre désavantage ? Avons-nous le courage de nos convictions ? Osons-nous affirmer notre foi dans un contexte défavorable ou jouons-nous l'autruche ? Autant de bonnes questions à se poser en ce carême en demandant à Jésus de nous aider à grandir en liberté et en vérité d'être.

On l’amène aux pharisiens, lui, l’ancien aveugle.Or, c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux.À leur tour, les pharisiens lui demandaient comment il pouvait voir.Il leur répondit :« Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé,et je vois. »Parmi les pharisiens, certains disaient :« Cet homme-là n’est pas de Dieu,puisqu’il n’observe pas le repos du sabbat. »D’autres disaient :« Comment un homme pécheur peut-il accomplir des signes pareils ? »Ainsi donc ils étaient divisés.Alors ils s’adressent de nouveau à l’aveugle :« Et toi, que dis-tu de lui,puisqu’il t’a ouvert les yeux ? »Il dit :« C’est un prophète. »Or, les Juifs ne voulaient pas croire que cet homme avait été aveugle et que maintenant il pouvait voir.C’est pourquoi
ils convoquèrent ses parents et leur demandèrent :« Cet homme est bien votre fils,et vous dites qu’il est né aveugle ?Comment se fait-il qu’à présent il voie ? »Les parents répondirent :« Nous savons bien que c’est notre fils,et qu’il est né aveugle.Mais comment peut-il voir maintenant,nous ne le savons pas ;et qui lui a ouvert les yeux,nous ne le savons pas non plus.Interrogez-le,il est assez grand pour s’expliquer. »Ses parents parlaient ainsi parce qu’ils avaient peur des Juifs.En effet, ceux-ci s’étaient déjà mis d’accord pour exclure de leurs assemblées tous ceux qui déclareraient publiquement que Jésus est le Christ.Voilà pourquoi les parents avaient dit :« Il est assez grand, interrogez-le ! »

Les Pharisiens, l'homme guéri .Cet homme ne se laisse pas impressionner par les propos désobligeants de ses interlocuteurs, il s'en tient à la même version. Quelles que soient les insinuations des pharisiens, il maintient ce qui est essentiel pour lui et qui change sa vie : « il y a une chose que je sais : j’étais aveugle, et à présent je vois. » Les pharisiens insistent ! L'homme guéri, qui n'est pas privé d'intelligence, ni d'humour, va les piquer au vif : « Je vous l’ai déjà dit,et vous n’avez pas écouté.Pourquoi voulez-vous m’entendre encore une fois ? Serait-ce que vous voulez, vous aussi, devenir ses disciples ? » 
C'en est trop ! Les pharisiens explosent et l'injurient. Conscient de leur mauvaise foi, l'homme les pousse dans leurs derniers retranchements : « Voilà bien ce qui est étonnant !Vous ne savez pas d’où
il est,et pourtant il m’a ouvert les yeux.Dieu, nous le savons, n’exauce pas les pécheurs,mais si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, il l’exauce.Jamais encore on n’avait entendu dire que quelqu’un ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance.Si lui n’était pas de Dieu,il ne pourrait rien faire. »Ils répliquèrent :« Tu es tout entier dans le péché depuis ta naissance,et tu nous fais la leçon ? »Et ils le jetèrent dehors. » Les pharisiens reprennent ici la thèse qui veut que la maladie soit la conséquence du péché personnel ou des ascendants ! En somme, ils continuent de nier l'évidence ! Peut-être pouvons-nous rentrer en nous-mêmes et tenter de discerner nos propres aveuglements ? Ici, en effet, la situation s'est inversée, l'ancien aveugle voit et constate que l'homme Jésus l'a guéri et qu'il ne pourrait poser un acte « de vie » s'il ne venait pas de Dieu. Les pharisiens, eux, sont aveuglés par leur suffisance, ils se ferment au don de Dieu, ils refusent de voir ce qui est clair, pourtant, comme de l'eau de source, les aveugles, ce sont eux ! 
Ne nous arrive-t-il pas de nier l'évidence pour sauver la face ? Dieu s'offre à nous à tous les instants, nous pouvons éprouver Sa présence la prière bien sûr, mais tout devient prière selon le regard que nous posons sur les êtres et sur les choses : la beauté de l'enfant qui s'éveille à la vie, la joie de celle ou celui qui retrouve la santé, la fleur qui s'épanouit sous nos yeux émerveillés, un coucher de soleil à nul autre pareil...Tout nous parle de l'immanence de Dieu, savons-nous Le reconnaître ? Savons-nous Le remercier ? Savons-nous Le louer ?

Jésus, l'homme guéri ! L'expression est violente « ils le jetèrent dehors. » Ce comportement exprime le dépit, la colère, les pharisiens, en quelque sorte , se « débarrassent » de cette personne devenue gênante parce que sa présence remet en question tous leurs préjugés cela leur est insupportable !
Jésus ,tenu au courant de la situation revient vers cet homme. Si Jésus le trouve, c'est qu'Il le cherchait, comme Il cherche toute brebis perdue jusqu'à la retrouver pour lui permettre de vivre en sécurité ! " Qui d'entre vous, ayant cent brebis, s'il en perd une, ne laisse pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert, pour aller après celle qui est perdue, jusqu'à ce qu'il l'ait retrouvée? Et quand il l'a retrouvée, il la met sur ses épaules tout joyeux et, de retour à la maison, il convoque les amis et les voisins et leur dit: " Réjouissez-vous avec moi, car j'ai retrouvé ma brebis qui était perdue. " (Luc 15).
Ici, Jésus conduit cet homme de la lumière du jour à la LUMIERE de l'esprit , s'instaure alors ce merveilleux dialogue qui permet à cet homme de passer d'une rive à l'autre, d'un certain matérialisme à la claire vision de la foi. Pour le moment, Jésus est pour lui un prophète, celui qui a changé sa vie humaine, celui qui lui donne une place dans la communauté des hommes, qui lui permet de se tenir debout, de trouver une place dans la société, mais Jésus ne peut en rester à ce stade, l'oeuvre du Père serait inachevée : Jésus apprit qu’ils l’avaient jeté dehors.Il le retrouva et lui dit : « Crois-tu au Fils de l’homme ? »Il répondit :« Et qui est-il, Seigneur,pour que je croie en lui ? »Jésus lui dit :« Tu le vois ,et c’est lui qui te parle. »Il dit :« Je crois, Seigneur ! »Et il se prosterna devant lui. » Cet homme est étonnant de pureté « d'être » ! Il ne tergiverse pas, il a une totale confiance en Celui qui vient de lui permettre de voir la lumière, il se prosterne ! C'est un acte de reconnaissance, de vénération, c'est dire : « je crois », j'adhère, je suis tiens.
Quand Jésus passe dans nos vies, et Il passe très souvent si nos yeux acceptent de Le reconnaître, savons-nous nous prosterner et adorer ? Reconnaître que Dieu est Dieu, que nous lui devons tout, ou, plus exactement que nous recevons tout de son amour ?
Jésus, des Pharisiens ! Les pharisiens ne sont jamais très loin de Jésus, ils l'épient sans cesse pour le trouver en faute, pour le pousser même à l'erreur , ils ne cherchent qu'une chose:Le prendre en défaut pour le faire condamner, Jésus les gêne ! Peut-être pourrions nous réfléchir à nos comportements lorsqu'une personne nous gêne, nous fait de l'ombre ! Essayons-nous de la présenter au Seigneur dans la prière ou bien essayons-nous, par des moyens
beaucoup moins nobles de l'éloigner ? Jésus dit alors :« Je suis venu en ce monde pour rendre un jugement :que ceux qui ne voient pas puissent voir,et que ceux qui voient deviennent aveugles. » Parmi les pharisiens, ceux qui étaient avec lui entendirent ces paroles et lui dirent :« Serions-nous aveugles, nous aussi ? »Jésus leur répondit :« Si vous étiez aveugles,vous n’auriez pas de péché ;mais du moment que vous dites : ‘Nous voyons !’,votre péché demeure. » La remarque de Jésus est très subtile ! On peut être aveugle par méconnaissance, par défaut d'intelligence, ce n'est pas le cas ici. Les pharisiens ne sont pas aveugles, ils sont de mauvaise foi, donc leur péché demeure ! Et si c'était cela le péché contre l'Esprit Saint ?
Ensemble et les uns pour les autres, demandons au Seigneur de nous libérer de nos aveuglements petits ou grands et d'ouvrir tout grands les yeux de notre cœur pour devenir ces témoins en Esprit et Vérité dont le monde a tellement besoin.
« qui est-il, Seigneur,pour que je croie en lui ? » Jésus lui dit :« Tu le vois ,et c’est lui qui te parle. » Il dit :« Je crois, Seigneur ! » A nous de le dire à notre tour : Je crois Seigneur !"

Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure.

Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.

Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j’habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.

L'Ermite