samedi 11 octobre 2025

SI VOUS AVIEZ LA FOI !

 SI VOUS AVIEZ LA FOI !


VINGT-SEPTIÈME DIMANCHE

DU TEMPS ORDINAIRE



Année C



                                                                   (Lc 17, 5-10)



Les Apôtres dirent au Seigneur :« Augmente en nous la foi ! » Le Seigneur répondit :« Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l’arbre que voici :‘Déracine-toi et va te planter dans la mer’, et il vous aurait obéi. Lequel d’entre vous,quand son serviteur aura labouré ou gardé les bêtes, lui dira à son retour des champs :‘Viens vite prendre place à table’ ?Ne lui dira-t-il pas plutôt :‘Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et boive. Ensuite tu mangeras et boiras à ton tour’ ?Va-t-il être reconnaissant envers ce serviteur d’avoir exécuté ses ordres ?    De même vous aussi, quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné, dites :‘Nous sommes de simples serviteurs :nous n’avons fait que notre devoir’ »

Quelle est belle cette prière des apôtres « Augmente en nous la foi ! » !

Elle est, en elle-même, un acte de foi ! En prononçant cette demande ils manifestent leur confiance en Jésus, ils reconnaissent que Jésus peut les conduire plus loin sur ce chemin, qu'Il peut les fortifier , les enraciner encore davantage , ils reconnaissent leurs fragilités en la matière et affirment que Lui, Jésus , peut compléter ce qui leur manque ! Quand les apôtres adressent cette prière à Jésus ils ont vécu bien des situations les unes suscitant leur émerveillement, d'autres l'étonnement, parfois l'angoisse, ils se sont chamaillés pour savoir qui était le plus grand, ils ont vu des guérisons spectaculaires, ils ont été témoins de la multiplication des pains, Pierre, au nom du collège, a proclamé leur foi en Jésus Fils de Dieu ,ils ont entendu des paroles puissantes de la part de Jésus, vu un possédé libéré , appris comment prier le Père,

mais ils sentent qu'ils leur manque « un quelque chose » un absolu de la confiance qui leur permettrait d'être vraiment habités par cette force, cette intelligence, cette sagesse de l'Esprit qui les aideraient à laisser passer Dieu en eux pour accomplir Son œuvre parce que c'est Lui qui l'accomplirait à travers eux .Cette prière montre qu'ils font l'expérience de leur pauvreté, de leurs limites , de cet arrière-fond de doute qui limite leur action et plus encore l'adhésion absolue, sans une once de doute!

Expérience que nous faisons tous à un moment ou à un autre de notre chemin spirituel tout simplement parce que nous ne sommes pas Dieu ! Il n'y a qu’UN SEUL DIEU Nous aimerions tellement guérir , soulager, avoir les mots qui consolent , qui convertissent en un instant eh bien non, comme les apôtres, tout en criant haut, fort, profond, « je crois », je suis croyant(e) nous restons des créatures , il reste cet arrière, arrière-fond d'hésitation, ce « je ne sais quoi » qui freine notre élan et qui conduit Jésus à nous répondre comme Il le fait aux apôtres ::« Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l’arbre que voici :‘Déracine-toi et va te planter dans la mer’, et il vous aurait obéirait.Jésus reconnaît que la foi des apôtres est infinitésimale, microscopique, elle n'est même pas l'équivalent d'une graine de moutarde, effectivement minuscule et pourtant capable de donner naissance à une plante qui peut atteindre jusqu'à trois mètres de haut, la disproportion est énorme ! Jésus veut nous faire prendre conscience qu'avec une once de foi nous pourrions, permettre à Dieu d'accomplir des merveilles à partir de ce petit rien que nous sommes et qui est si grand quand il permet au Père de l'habiter vraiment !

La foi, c'est le magnifique cadeau que nous recevons en devenant enfant de Dieu par le baptême mais, la foi se cultive comme se cultive la graine de moutarde .Si la graine est délaissée, si elle ne reçoit ni eau, ni soleil, ni binage, elle se dessèche .Il en est de même pour la foi ! L'Apôtre St Jacques écrit Ch 2, 26 En effet, comme le corps qui ne respire plus est mort, la foi qui n'agit pas est morte. C'est en forgeant qu'on devient forgeron écrivait Pierre DAC, c'est en pratiquant la foi reçue au Baptême qu'elle se développe.

Et comment pratique- t-on la foi ?

En vivant des sacrements, en rencontrant ceux qui partagent ce même cadeau, en se nourrissant de la Parole de Dieu où nous approfondissons les actes de Dieu, c'est en relisant notre vie à la lumière de l’Évangile, ce qui nous permet de voir Dieu agissant dans nos vies, c'est en se mettant au service de nos frères selon les aptitudes reçues ,( Parabole des Talents) en accomplissant les œuvres de Dieu . Pierre DAC continue : » c'est en forgeant qu;on devient forgeron car il est plutôt rare , en effet, qu'en forgeant , un forgeron devienne petit télégraphiste ou mannequin de haute-couture de même pouvons-nous affirmer c'est en posant des actes de foi que notre foi grandira , c'est en regardant l'action de Dieu dans nos vies et dans la création que nous serons dans l'émerveillement, et arriverons à comprendre qu'Il y a QUELQU'UN A L 'ORIGINE DE TOUT CA ! C'est en regardant tomber des cristaux de neige que Jacques LOEW, mal croyant , a pu dire je crois et qu'il est devenu prêtre !

Dans une première lecture nous ne comprenons pas quel lien établir entre ce premier paragraphe et la suite de la péricope, et pourtant il y en a un !

Lequel d’entre vous,quand son serviteur aura labouré ou gardé les bêtes, lui dira à son retour des champs :‘Viens vite prendre place à table’ ?Ne lui dira-t-il pas plutôt :‘Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et boive. Ensuite tu mangeras et boiras à ton tour’ ?Va-t-il être reconnaissant envers ce serviteur d’avoir exécuté ses ordres ?    

Nous sommes bien d'accord, nous ne trouverons pas beaucoup de maîtres susceptibles de permettre à son employé de s'asseoir tant qu'il n'a pas terminé l’œuvre confiée , la pointe de ces versets est dans la conclusion :

De même vous aussi, quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné, dites :‘Nous sommes de simples serviteurs :nous n’avons fait que notre devoir’ » Dieu est Dieu, Il est donc le Maître de l'impossible humainement parlant. C'est Lui qui régit le ciel et la terre, Il est Créateur et Sauveur , sans Lui, rien n'existe, par Lui, disons-nous dans notre Profession de foi, tout a été fait

Je crois en un seul Dieu, le Père tout puissant,créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible,Je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ,le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles :Il est Dieu, né de Dieu,lumière, née de la lumière,vrai Dieu, né du vrai Dieu Engendré non pas créé,consubstantiel au Père ;et par lui tout a été fait.Pour nous les hommes, et pour notre salut,il descendit du ciel;Par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme.

Nous sommes d'accord pour affirmer que sans Lui nous ne sommes pas ! Par contre, par Lui et avec Lui nous devenons, ne nous a-t-il pas créés à son image ?Et Dieu créa l'homme à son image; il le créa à l'image de Dieu: Gn 1,27 or, Dieu, en Jésus, s'est fait Serviteur « Ayez en vous les mêmes sentiments dont était animé le Christ Jésus:bien qu'il fût dans la condition de Dieu, il n'a pas retenu avidement son égalité avec Dieu; mais il s'est anéanti lui-même, en prenant la condition de serviteur, » Ph 2,5 et Jésus nous dit « En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n'est pas plus grand que son maître, ni l'apôtre plus grand que celui qui l'a envoyé.Si vous savez ces choses vous êtes heureux, pourvu que vous les pratiquiez. Jn 13,16 Appelés, par notre baptême à suivre Jésus , nous choisissons de mettre nos pas dans Ses pas ; c'est à ce titre que nous devenons serviteurs du Royaume, et, en agissant pour qu'advienne le Royaume, nous accomplissons notre mission de serviteur ! Nous sommes, comme l'écrit encore St Paul les coopérateurs de Dieu En tant que coopérateurs de Dieu, nous vous exhortons encore à ne pas laisser sans effet la grâce reçue de lui. En tant que coopérateurs, serviteurs...nous partageons les soucis du Père, qu'y a-t-il de plus normal ? En participant ainsi à l’œuvre du Père nous sommes honorés par le Père Lui-même ! Quand, dans la société civile une personne est au service d'un grand personnage, grand par sa fonction aux yeux de tous pas nécessairement dans son cœur, cette personne n'est-elle pas fière de servir à ses côtés ? Sa récompense est comprise dans l'honneur qui lui est accordé ! A plus forte raison, le croyant, qui par grâce est serviteur du Roi des rois reçoit-il , de ce fait, sa récompense . N'est-ce pas merveilleux d'être au service du Roi de l'univers et de son Royaume ? Du coup, que faisons-nous d'extraordinaire qui mériterait des congratulations diverses et variées ? Notre honneur, notre récompense c'est de servir et de servir par amour le Seigneur des seigneurs ! Nous n'accomplissons rien de surprenant , ça coule de source comme pour Jésus sa nourriture est de faire la volonté de celui qui L'a envoyé et d'accomplir son œuvre Jn 4,34 par conséquent « Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur et une mère. » Mt 12,50 ! Nous sommes dans la logique de l'amour non dans une logique de mercenaire ! Car « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » (Jn 15,13).

Bien-aimé,
    je te le rappelle, ravive le don gratuit de Dieu
ce don qui est en toi depuis que je t’ai imposé les mains.
    Car ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné,
mais un esprit de force, d’amour et de pondération.

    N’aie donc pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur,
et n’aie pas honte de moi, qui suis son prisonnier ;
mais, avec la force de Dieu, prends ta part des souffrances
liées à l’annonce de l’Évangile.

    Tiens-toi au modèle donné par les paroles solides
que tu m’as entendu prononcer
dans la foi et dans l’amour qui est dans le Christ Jésus.
    Garde le dépôt de la foi dans toute sa beauté,
avec l’aide de l’Esprit Saint qui habite en nous.

2 e lecture de ce jour

le texte qui suit est tellement beau que je n'ai pas voulu le couper !

La foi que j’aime le mieux, dit Dieu, c’est l’espérance Ce qui m'étonne, dit Dieu, c'est l'espérance. Et je n'en reviens pas. Cette petite espérance qui n'a l'air de rien du tout. Cette petite fille espérance. Immortelle. Car mes trois vertus, dit Dieu. Les trois vertus mes créatures. Mes filles mes enfants. Sont elles-mêmes comme mes autres créatures. De la race des hommes. La Foi est une Épouse fidèle. La Charité est une Mère. Une mère ardente, pleine de cœur. Ou une sœur aînée qui est comme une mère. L'Espérance est une petite fille de rien du tout. Qui est venue au monde le jour de Noël de l'année dernière. Qui joue encore avec le bonhomme Janvier. Avec ses petits sapins en bois d'Allemagne couverts de givre peint. Et avec son bœuf et son âne en bois d'Allemagne. Peints. Et avec sa crèche pleine de paille que les bêtes ne mangent pas. Puisqu'elles sont en bois. C'est cette petite fille pourtant qui traversera les mondes. Cette petite fille de rien du tout. Elle seule, portant les autres, qui traversera les mondes révolus. Comme l’étoile a conduit les trois rois du fin fond de l’Orient. Vers le berceau de mon fils. Ainsi une flamme tremblante. Elle seule conduira les Vertus et le Monde. Une flamme percera des ténèbres éternelles. Le prêtre dit. Ministre de Dieu le prêtre dit : Quelles sont les trois vertus théologales ? L’enfant répond Les trois vertus théologales sont la Foi, l’Espérance et la Charité. – Pourquoi la Foi, l’Espérance et la Charité sont- elles appelées vertus théologales ? – La Foi, l’Espérance et la Charité sont appelées vertus théologales parce qu’elles se rapportent immédiatement à Dieu. – Qu’est-ce que l’Espérance ? – L’Espérance est une vertu surnaturelle par laquelle nous attendons de Dieu, avec confiance, sa grâce en ce monde et la gloire éternelle dans l’autre. – Faites un acte d’Espérance. – Mon Dieu, j’espère, avec une ferme espérance, que vous me donnerez, par les mérites de Jésus-Christ, votre grâce en ce monde, et si j’observe vos commandements, votre gloire dans l’autre, parce que vous me l’avez promis, et que vous êtes souverainement fidèle dans vos promesses. On oublie trop, mon enfant, que l’espérance est une vertu, qu’elle est une vertu théologale, et que des trois vertus théologales, elle est peut-être la plus agréable à Dieu. Qu’elle est assurément la plus difficile, qu’elle est peut-être la seule difficile et que sans doute elle est la plus agréable à Dieu.

La foi va de soi. La foi marche toute seule. Pour croire il n’y a qu’à se laisser aller, il n’y a qu’à regarder. Pour ne pas croire il faudrait se violenter, se torturer, se tourmenter, se contrarier. Se raidir. Se prendre à l’envers, se mettre à l’envers, se remonter. La foi est toute naturelle, toute allante, toute simple, toute venante. Toute bonne venante. Toute belle allante. C’est une bonne femme que l’on connaît, une vieille bonne femme, une bonne vieille paroissienne, une bonne femme de la paroisse, une vieille grand-mère, une bonne paroissienne. Elle nous raconte les histoires de l’ancien temps, qui sont arrivées dans l’ancien temps. Pour ne pas croire, mon enfant, il faudrait se boucher les yeux et les oreilles. Pour ne pas voir, pour ne pas croire.

La charité va malheureusement de soi. La charité marche toute seule. Pour aimer son prochain il n’y a qu’à se laisser aller, il n’y a qu’à regarder tant de détresse. Pour ne pas aimer son prochain il faudrait se violenter, se torturer, se tourmenter, se contrarier. Sa raidir. Se faire mal. Se dénaturer, se prendre à l’envers, se mettre à l’envers. Se remonter. La charité est toute naturelle, toute jaillissante, toute simple, toute bonne venante. C’est le premier mouvement du cœur. C’est le premier mouvement qui est le bon. La charité est une mère et une sœur. Pour ne pas aimer son prochain, mon enfant, il faudrait se boucher les yeux et les oreilles. À tant de cris de détresse. Mais l'espérance ne va pas de soi.

L'espérance ne va pas toute seule. Pour espérer, mon enfant, il faut être bien heureux, il faut avoir obtenu, reçu une grande grâce. C’est la foi qui est facile et de ne pas croire qui serait impossible. C’est la charité qui est facile et de ne pas aimer qui serait impossible.

Mais c’est d’espérer qui est difficile. à voix basse et honteusement Et le facile et la pente est de désespérer et c’est la grande tentation. La petite espérance s'avance entre ses deux grandes sœurs et on ne prend pas seulement garde à elle. Sur le chemin du salut, sur le chemin charnel, sur le chemin raboteux du salut, sur la route interminable, sur la route entre ses deux sœurs la petite espérance S'avance. Entre ses deux grandes sœurs. Celle qui est mariée. Et celle qui est mère. Et l'on n'a d'attention, le peuple chrétien n'a d'attention que pour les deux grandes sœurs. La première et la dernière. Qui vont au plus pressé. Au temps présent. À l'instant momentané qui passe. Le peuple chrétien ne voit que les deux grandes sœurs, n'a de regard que pour les deux grandes sœurs. Celle qui est à droite et celle qui est à gauche. Et il ne voit quasiment pas celle qui est au milieu. La petite, celle qui va encore à l'école. Et qui marche. Perdue entre les jupes de ses sœurs. Et il croit volontiers que ce sont les deux grandes qui traînent la petite par la main. Au milieu. Entre les deux. Pour lui faire faire ce chemin raboteux du salut. Les aveugles qui ne voient pas au contraire. Que c'est elle au milieu qui entraîne ses grandes sœurs. Et que sans elle elles ne seraient rien. Que deux femmes déjà âgées. Deux femmes d'un certain âge. Fripées par la vie. C'est elle, cette petite, qui entraîne tout.

Car la Foi ne voit que ce qui est. Et elle elle voit ce qui sera.

La Charité n'aime que ce qui est. Et elle elle aime ce qui sera.

La Foi voit ce qui est. Dans le Temps et dans l'Éternité.

L'Espérance voit ce qui sera. Dans le temps et dans l'éternité. Pour ainsi dire le futur de l'éternité même.

La Charité aime ce qui est. Dans le Temps et dans l'Éternité. Dieu et le prochain.

Comme la Foi voit. Dieu et la création.

Mais l'Espérance aime ce qui sera. Dans le temps et dans l'éternité. Pour ainsi dire dans le futur de l'éternité. L'Espérance voit ce qui n'est pas encore et qui sera. Elle aime ce qui n'est pas encore et qui sera Dans le futur du temps et de l'éternité. Sur le chemin montant, sablonneux, malaisé. Sur la route montante. Traînée, pendue aux bras de ses deux grandes sœurs, Qui la tiennent pas la main, La petite espérance. S'avance. Et au milieu entre ses deux grandes sœurs elle a l'air de se laisser traîner. Comme une enfant qui n'aurait pas la force de marcher. Et qu'on traînerait sur cette route malgré elle. Et en réalité c'est elle qui fait marcher les deux autres. Et qui les traîne. Et qui fait marcher tout le monde. Et qui le traîne. Car on ne travaille jamais que pour les enfants. Et les deux grandes ne marchent que pour la petite.

Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, 1912

Art abstrait : arc en ciel des vertus

L'Ermite

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