SI VOUS AVIEZ LA FOI !
VINGT-SEPTIÈME DIMANCHE
DU TEMPS ORDINAIRE
Année C
(Lc 17, 5-10)
Les Apôtres dirent au Seigneur :« Augmente en nous la foi ! » Le Seigneur répondit :« Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l’arbre que voici :‘Déracine-toi et va te planter dans la mer’, et il vous aurait obéi. Lequel d’entre vous,quand son serviteur aura labouré ou gardé les bêtes, lui dira à son retour des champs :‘Viens vite prendre place à table’ ?Ne lui dira-t-il pas plutôt :‘Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et boive. Ensuite tu mangeras et boiras à ton tour’ ?Va-t-il être reconnaissant envers ce serviteur d’avoir exécuté ses ordres ? De même vous aussi, quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné, dites :‘Nous sommes de simples serviteurs :nous n’avons fait que notre devoir’ »
Quelle est belle cette prière des apôtres « Augmente en nous la foi ! » !
Elle est, en elle-même, un acte de foi ! En prononçant cette demande ils manifestent leur confiance en Jésus, ils reconnaissent que Jésus peut les conduire plus loin sur ce chemin, qu'Il peut les fortifier , les enraciner encore davantage , ils reconnaissent leurs fragilités en la matière et affirment que Lui, Jésus , peut compléter ce qui leur manque ! Quand les apôtres adressent cette prière à Jésus ils ont vécu bien des situations les unes suscitant leur émerveillement, d'autres l'étonnement, parfois l'angoisse, ils se sont chamaillés pour savoir qui était le plus grand, ils ont vu des guérisons spectaculaires, ils ont été témoins de la multiplication des pains, Pierre, au nom du collège, a proclamé leur foi en Jésus Fils de Dieu ,ils ont entendu des paroles puissantes de la part de Jésus, vu un possédé libéré , appris comment prier le Père,
Expérience que nous faisons tous à un moment ou à un autre de notre chemin spirituel tout simplement parce que nous ne sommes pas Dieu ! Il n'y a qu’UN SEUL DIEU Nous aimerions tellement guérir , soulager, avoir les mots qui consolent , qui convertissent en un instant eh bien non, comme les apôtres, tout en criant haut, fort, profond, « je crois », je suis croyant(e) nous restons des créatures , il reste cet arrière, arrière-fond d'hésitation, ce « je ne sais quoi » qui freine notre élan et qui conduit Jésus à nous répondre comme Il le fait aux apôtres ::« Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l’arbre que voici :‘Déracine-toi et va te planter dans la mer’, et il vous aurait obéirait.Jésus reconnaît que la foi des apôtres est infinitésimale, microscopique, elle n'est même pas l'équivalent d'une graine de moutarde, effectivement minuscule et pourtant capable de donner naissance à une plante qui peut atteindre jusqu'à trois mètres de haut, la disproportion est énorme ! Jésus veut nous faire prendre conscience qu'avec une once de foi nous pourrions, permettre à Dieu d'accomplir des merveilles à partir de ce petit rien que nous sommes et qui est si grand quand il permet au Père de l'habiter vraiment !
Et comment pratique- t-on la foi ?
En vivant des sacrements, en rencontrant ceux qui partagent ce même cadeau, en se nourrissant de la Parole de Dieu où nous approfondissons les actes de Dieu, c'est en relisant notre vie à la lumière de l’Évangile, ce qui nous permet de voir Dieu agissant dans nos vies, c'est en se mettant au service de nos frères selon les aptitudes reçues ,( Parabole des Talents) en accomplissant les œuvres de Dieu . Pierre DAC continue : » c'est en forgeant qu;on devient forgeron car il est plutôt rare , en effet, qu'en forgeant , un forgeron devienne petit télégraphiste ou mannequin de haute-couture de même pouvons-nous affirmer c'est en posant des actes de foi que notre foi grandira , c'est en regardant l'action de Dieu dans nos vies et dans la création que nous serons dans l'émerveillement, et arriverons à comprendre qu'Il y a QUELQU'UN A L 'ORIGINE DE TOUT CA ! C'est en regardant tomber des cristaux de neige que Jacques LOEW, mal croyant , a pu dire je crois et qu'il est devenu prêtre !
Dans une première lecture nous ne comprenons pas quel lien établir entre ce premier paragraphe et la suite de la péricope, et pourtant il y en a un !
Lequel d’entre vous,quand son serviteur aura labouré ou gardé les bêtes, lui dira à son retour des champs :‘Viens vite prendre place à table’ ?Ne lui dira-t-il pas plutôt :‘Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et boive. Ensuite tu mangeras et boiras à ton tour’ ?Va-t-il être reconnaissant envers ce serviteur d’avoir exécuté ses ordres ?
Nous sommes bien d'accord, nous ne trouverons pas beaucoup de maîtres susceptibles de permettre à son employé de s'asseoir tant qu'il n'a pas terminé l’œuvre confiée , la pointe de ces versets est dans la conclusion :
De même vous aussi, quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné, dites :‘Nous sommes de simples serviteurs :nous n’avons fait que notre devoir’ » Dieu est Dieu, Il est donc le Maître de l'impossible humainement parlant. C'est Lui qui régit le ciel et la terre, Il est Créateur et Sauveur , sans Lui, rien n'existe, par Lui, disons-nous dans notre Profession de foi, tout a été fait
Nous sommes d'accord pour affirmer que sans Lui nous ne sommes pas ! Par contre, par Lui et avec Lui nous devenons, ne nous a-t-il pas créés à son image ?Et Dieu créa l'homme à son image; il le créa à l'image de Dieu: Gn 1,27 or, Dieu, en Jésus, s'est fait Serviteur « Ayez en vous les mêmes sentiments dont était animé le Christ Jésus:bien qu'il fût dans la condition de Dieu, il n'a pas retenu avidement son égalité avec Dieu; mais il s'est anéanti lui-même, en prenant la condition de serviteur, » Ph 2,5 et Jésus nous dit « En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n'est pas plus grand que son maître, ni l'apôtre plus grand que celui qui l'a envoyé.Si vous savez ces choses vous êtes heureux, pourvu que vous les pratiquiez. Jn 13,16 Appelés, par notre baptême à suivre Jésus , nous choisissons de mettre nos pas dans Ses pas ; c'est à ce titre que nous devenons serviteurs du Royaume, et, en agissant pour qu'advienne le Royaume, nous accomplissons notre mission de serviteur ! Nous sommes, comme l'écrit encore St Paul les coopérateurs de Dieu En tant que coopérateurs de Dieu, nous vous exhortons encore à ne pas laisser sans effet la grâce reçue de lui. En tant que coopérateurs, serviteurs...nous partageons les soucis du Père, qu'y a-t-il de plus normal ? En participant ainsi à l’œuvre du Père nous sommes honorés par le Père Lui-même ! Quand, dans la société civile une personne est au service d'un grand personnage, grand par sa fonction aux yeux de tous pas nécessairement dans son cœur, cette personne n'est-elle pas fière de servir à ses côtés ? Sa récompense est comprise dans l'honneur qui lui est accordé ! A plus forte raison, le croyant, qui par grâce est serviteur du Roi des rois reçoit-il , de ce fait, sa récompense . N'est-ce pas merveilleux d'être au service du Roi de l'univers et de son Royaume ? Du coup, que faisons-nous d'extraordinaire qui mériterait des congratulations diverses et variées ? Notre honneur, notre récompense c'est de servir et de servir par amour le Seigneur des seigneurs ! Nous n'accomplissons rien de surprenant , ça coule de source comme pour Jésus sa nourriture est de faire la volonté de celui qui L'a envoyé et d'accomplir son œuvre Jn 4,34 par conséquent « Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur et une mère. » Mt 12,50 ! Nous sommes dans la logique de l'amour non dans une logique de mercenaire ! Car « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » (Jn 15,13).
Bien-aimé,
je te le rappelle, ravive le don gratuit de Dieu
ce
don qui est en toi depuis que je t’ai imposé les mains.
Car ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a
donné,
mais un esprit de force, d’amour et de pondération.
N’aie donc pas honte de rendre témoignage à notre
Seigneur,
et n’aie pas honte de moi, qui suis son
prisonnier ;
mais, avec la force de Dieu, prends ta part
des souffrances
liées à l’annonce de l’Évangile.
Tiens-toi au modèle donné par les paroles solides
que tu
m’as entendu prononcer
dans la foi et dans l’amour qui est
dans le Christ Jésus.
Garde le dépôt de
la foi dans toute sa beauté,
avec l’aide de l’Esprit Saint
qui habite en nous.
2 e lecture de ce jour
le texte qui suit est tellement beau que je n'ai pas voulu le couper !
La charité va malheureusement de soi. La charité marche toute seule. Pour aimer son prochain il n’y a qu’à se laisser aller, il n’y a qu’à regarder tant de détresse. Pour ne pas aimer son prochain il faudrait se violenter, se torturer, se tourmenter, se contrarier. Sa raidir. Se faire mal. Se dénaturer, se prendre à l’envers, se mettre à l’envers. Se remonter. La charité est toute naturelle, toute jaillissante, toute simple, toute bonne venante. C’est le premier mouvement du cœur. C’est le premier mouvement qui est le bon. La charité est une mère et une sœur. Pour ne pas aimer son prochain, mon enfant, il faudrait se boucher les yeux et les oreilles. À tant de cris de détresse. Mais l'espérance ne va pas de soi.
L'espérance ne va pas toute seule. Pour espérer, mon enfant, il faut être bien heureux, il faut avoir obtenu, reçu une grande grâce. C’est la foi qui est facile et de ne pas croire qui serait impossible. C’est la charité qui est facile et de ne pas aimer qui serait impossible.
Car la Foi ne voit que ce qui est. Et elle elle voit ce qui sera.
La Charité n'aime que ce qui est. Et elle elle aime ce qui sera.
La Foi voit ce qui est. Dans le Temps et dans l'Éternité.
L'Espérance voit ce qui sera. Dans le temps et dans l'éternité. Pour ainsi dire le futur de l'éternité même.
La Charité aime ce qui est. Dans le Temps et dans l'Éternité. Dieu et le prochain.
Comme la Foi voit. Dieu et la création.
Mais l'Espérance aime ce qui sera. Dans le temps et dans l'éternité. Pour ainsi dire dans le futur de l'éternité. L'Espérance voit ce qui n'est pas encore et qui sera. Elle aime ce qui n'est pas encore et qui sera Dans le futur du temps et de l'éternité. Sur le chemin montant, sablonneux, malaisé. Sur la route montante. Traînée, pendue aux bras de ses deux grandes sœurs, Qui la tiennent pas la main, La petite espérance. S'avance. Et au milieu entre ses deux grandes sœurs elle a l'air de se laisser traîner. Comme une enfant qui n'aurait pas la force de marcher. Et qu'on traînerait sur cette route malgré elle. Et en réalité c'est elle qui fait marcher les deux autres. Et qui les traîne. Et qui fait marcher tout le monde. Et qui le traîne. Car on ne travaille jamais que pour les enfants. Et les deux grandes ne marchent que pour la petite.
Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, 1912
Art abstrait : arc en ciel des vertus
L'Ermite
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