TROISIEME
DIMANCHE DE PÂQUES
Année A
(Lc 24, 13-35
Le même jour (c’est-à-dire le premier jour de la semaine),deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs,à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé.
Ils étaient deux , ils se croyaient seuls, ils échangeaient douloureusement sur les récents événements et partageaient leur déception ! Ils espéraient et, plus rien !
Celui qui avaient envoyé les 72 disciples , deux par deux :le Seigneur en désigna encore soixante-dix autres, et il les envoya devant lui, deux à deux, en toute ville et endroit où lui-même devait aller.Il leur disait: " La moisson est grande, mais les ouvriers sont en petit nombre. Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers à sa moisson. Allez: voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Ne portez ni bourse, ni besace, ni sandales, et ne saluez personne en chemin. (Lc 10) (sans doute faisaient-ils partie de ce groupe des 72), ce Seigneur, en qui ils avaient cru, à qui ils faisaient confiance, est mort lamentablement sur une croix de paria ! L'Espérance est morte avec Lui !
Cette question du « nouveau venu » aurait pu éveiller les pèlerins, qui semblent avoir bien connu Jésus et ses apôtres, à qui Jésus avait posé la même question le jour de la seconde annonce de Sa Passion, où ceux-ci, dépassés par le propos du Maître « discutaillaient » laissant apparaître leurs rivalités et leurs ambitions : " De quoi discutiez-vous en chemin? " Mais ils gardèrent le silence, car en chemin ils avaient discuté entre eux qui était le plus grand. (Mc 9)
Et même, sans être au courant de cet incident , l'intrusion de cet étranger dans leur conversation est plutôt surprenante ! Certains d'entre nous n'auraient pas manqué de poursuivre leur route, sans tenir compte de l'intru ou l'auraient renvoyé de façon plutôt désobligeante , du genre : « en quoi êtes-vous concerné ? Nous parlons de sujets privés , personnels ! » Et je reste polie ! Les deux amis sont tellement envahis par leur déception, leur souffrance aussi, qu'ils saisissent l'opportunité offerte pour se décharger un peu de leur trouble :
Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes.L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit :« Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. Il leur dit :« Quels événements ? »Ils lui répondirent :« Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth,cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple : comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré,ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié. Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël.
Les voilà rejoints par Celui qu'ils pleurent, mais , tellement recroquevillés sur leur douleur, ils ne Le reconnaissent pas ! La souffrance envahit tout leur espace de lucidité, Il n'est plus là, et ils s'étonnent de l'ignorance de cette troisième personne qui se joint à eux . Ils tentent de résumer l'événement, mais n'obtiennent aucune réaction ! Ne ressemblons-nous pas, parfois, à ces deux pèlerins enfermés dans leur souffrance ?
Confrontés à l'épreuve dans nos familles, dans la société, dans l’Église nous alimentons de notre foi défaillante, les commentaires des uns et des autres, au lieu de nous recueillir pour chercher la lumière au plus profond de notre cœur, là où demeure la Trinité Sainte. Nous ajoutons de l'eau au moulin de ceux qui en profitent pour demander des comptes à Dieu, au lieu de chercher quelle Parole nous adresse le Seigneur dans ces événements. N'oublions- nous pas trop vite, comme nos deux pèlerins d'Emmaüs, que l'événement est une Parole Divine?N'oublions-nous pas, que Jésus, Le Vivant, marche avec nous sur toutes nos routes ? «Et Moi, je suis avec vous jusqu'à la fin des temps »Mt 28
Ils admettent cependant que des femmes sont allées au tombeau :
Lui, elles ne L'ont pas vu, et eux non plus ne Le voient pas ! Et combien de fois, nous -mêmes, ne Le reconnaissons-nous pas, agissant dans nos vies ! Nous appelons « chance » « bonne étoile » les grâces qui jalonnent notre vie, mais, de-là à reconnaître une visite du Seigneur ,c'est un peu plus aléatoire ! Quant à l'épreuve ce sera de préférence « le mauvais œil », « untel qui me veut du mal » etc mais essayer de voir dans cette difficulté précise, Dieu qui me parle, c'est autre chose, essayer de comprendre, où Il me conduit , c'est hors de question souvent ! Pourtant ! Pourtant nous chantons à pleins poumons : » Tout vient de Toi Ô Père très bon ... » quelle connexion établissons-nous avec notre vécu réel?
L'étranger, comme le nomme Cléophas, ayant écouté les doléances des deux pèlerins prend la parole à Son tour, et tente de rappeler des propos que nos frères en plein combat intérieur, semblent oublier :
Il leur dit alors :« Esprits sans intelligence !
Aux apôtres Jésus disaient également :Ne saisissez-vous pas encore et ne vous rappelez-vous pas les cinq pains des cinq mille, et combien de paniers vous avez emportés? (Mt 16)
Cette exclamation à elle seule, aurait dû leur ouvrir les yeux du cœur et les yeux tout court , ils auraient pu marquer un temps d'arrêt, un étonnement , rien ! Ils le laissent parler, cependant :
Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes,il leur interpréta, dans toute l’Écriture,ce qui le concernait.
Nos pèlerins ne sont pas insensibles, ils ne sont pas complètement fermés, quelque chose bouge en eux , les remarques de l'étranger les touchent au point d'avoir le désir de Le retenir. Eux sont arrivés , Lui fait mine de poursuivre Sa route !
Nos deux pèlerins nous apprennent beaucoup par cette simple décision : le dépassement de soi,de sa souffrance personnelle, l'ouverture à l'autre, l'accueil de l'étranger, le partage de la table, la confiance . Ils vivent pleinement ce que St François d'Assise exprime ainsi dans la prière qui lui est attribuée :O Seigneur, que je ne cherche pas tant à être consolé qu’à consoler, à être compris qu’à comprendre, à être aimé qu’à aimer. Car c’est en se donnant qu’on reçoit, c’est en s’oubliant qu’on se retrouve. Leurs yeux ne tarderont pas à s'ouvrir , leurs cœurs s'étant dilatés :
Jésus a compris l'amour que ces deux frères Lui portent, ça Lui suffit, Il n'attend pas autre chose, pas de congratulations déplacées, d'effusions particulières, de salamalecs à n'en plus finir , Jésus rompt le Pain de la route,le Pain de la Présence puis, s'efface ! Et c'est ainsi qu'Il nous accompagne sur nos chemins au quotidien ! Quand nous lui ouvrons notre cœur, que nous L'invitons à la table de nos vies, Il entre, accepte de s'asseoir et nous révèle, comme l'exprime la prière citée plus haut que : « c’est en pardonnant qu’on est pardonné, c’est en mourant ( à soi-même) qu’on ressuscite à l’éternelle vie. »
Transformés, revigorés, revitalisés , il n'y a plus de place pour une quelconque revendication ( pourquoi a-t-il disparu si vite, pourquoi ceci, pourquoi cela?) ils en oublient même la suite du repas ( ne sont-ils pas comblés , rassasiés d'amour) légers de corps et d'esprit , sans se reposer davantage, ils reprennent la route en sens inverse !
Ils se dirent l’un à l’autre :« Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous,tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? »
Les deux amis relisent « LA RENCONTRE » exceptionnelle, ils reconnaissent que cet Étranger ne leur était pas étranger , qu'en leur parlant d'hier, Il brûlait les scories de leurs cœurs ,dessiillant leurs yeux pour Le reconnaître à « la fraction du Pain » sans pouvoir Le retenir, tout est allé si vite ! Du coup :
À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem.Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons,qui leur dirent : « Le Seigneur est réellement ressuscité :il est apparu à Simon-Pierre. » À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route,et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain. Nos pèlerins sont devancés ,les frères réunis ANNONCENT la Grande, la Merveilleuse Nouvelle :« Le Seigneur est réellement ressuscité :il est apparu à Simon-Pierre.En écho ils font part de leur propre expérience, c'est la joie , le bonheur partagé : CHRIST EST VRAIMENT RESSUSCITE ! Il nous devance sur tous nos chemins heureux ou douloureux, Il est présent au milieu de nous, en nous, faisons silence , apprenons à Le reconnaître dans le Partage du Pain, et restons dans la joie, chantons Alléluia !
RESTE AVEC NOUS SEIGNEUR !
Sur la route d'Emmaüs
(Bernard/Akepsimas/Studio SM)
REFRAIN
OUVRE
NOS YEUX,
TOI QUI NOUS REJOINS !
OUVRE NOS COEURS,
DONNE-NOUS
TON PAIN !
1
Sur la route d’Emmaüs
Notre cœur
est dans la nuit.
Qui pourrait lever la tête ?
Qui
pourrait lever la tête ?
Jésus le Grand Prophète
Sur la
croix s’est endormi.
2
En chemin vers Emmaüs,
Tu nous
parles du Messie :
«Vos esprits sont lents à croire !»
«Vos
esprits sont lents à croire !»
Voyez à quelle Pâque
Le
Sauveur était promis.
3
Pas à pas vers Emmaüs
Un espoir
en nous renaît,
Sous la cendre un feu qui brûle.
Sous la
cendre un feu qui brûle.
La voix des Écritures
Nous
réveille au plus secret.
4
C’est le soir sur Emmaüs,
Tu
seras notre invité;
Près de nous viens prendre place !
Près
de nous viens prendre place !
A toi de rendre grâce,
Le
repas est préparé.
5
A la table d’Emmaüs,
Tu
partages notre pain,
Et ta gloire se révèle.
Et ta gloire se
révèle.
Nos yeux te reconnaissent,
Mais déjà tu es si
loin !
6
La Nouvelle d’Emmaüs,
Allons vite l’annoncer
!
Grand joie pour notre terre !
Grand joie pour notre terre
!
Voici la vraie lumière :
Jésus-Christ ressuscité !
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