vendredi 5 août 2022

COMME LUI !

 

DIX - NEUVIEME DIMANCHE


DU TEMPS ORDINAIRE


Année C

(Lc 12, 32-48)

Dimanche dernier, à partir de la demande plutôt déplacée d'une personne, Jésus, écartant la problématique qui lui est soumise, s'adresse à la foule, donc à nous tous, pour nous inviter, avec force, à nous garder de toute âpreté au gain. Dans les versets qui suivent , et que la liturgie ne retient pas, Jésus s'adresse à Ses disciples avec qui Il peut avoir une autre exigence, Il leur demande de s'abandonner totalement à la Providence. Jésus leur dit clairement occupez-vous des affaires du Père, Lui s’occupera des vôtres ! « Au reste, cherchez son royaume, et cela vous sera donné en plus. (Lc 12)

Nous Le retrouvons aujourd'hui avec Ses mêmes disciples , Il insiste presque obstinément sur l'importance d'un détachement absolu pour ceux qui acceptent de mettre leurs pas dans les Siens :

Jésus disait à ses disciples :    « Sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. 

Jésus est rassurant, dès l'entrée Il établit Ses disciples dans la confiance : « Sois sans crainte, petit troupeau . C'est une invitation à rester sereins en toutes circonstances, à s'abandonner comme des enfants, ce que nous restons pour le cœur de Notre Père des cieux. Il en donne la raison :votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. Le Royaume est acquis, Dieu le donne dès le départ à ceux qui L'accueillent , qui écoutent Sa voix et vivent de Sa Parole, en suivant Son Bien-Aimé Fils ! Dimanche dernier, nous découvrions la vanité de tout attachement désordonné aux richesses de cette terre, aujourd'hui, Jésus va encore plus loin : à ceux qui peuvent avoir quelques biens temporels, Il présente un impératif :

Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumône.Jésus veut que Ses plus proches se délestent de tous leurs biens , les vendent, non pour s'assurer des arrières, mais pour soutenir ceux qui n'ont rien  et pour acquérir la liberté des enfants de Dieu !

Et Il précise Faites-vous des bourses qui ne s’usent pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où le voleur n’approche pas, où la mite ne détruit pas. Car là où est votre trésor,là aussi sera votre cœur. Les biens de ce monde permettent de vivre et faire vivre décemment ceux dont on peut avoir la charge, mais, ces biens n'ont qu'une durée éphémère et ne nous suivront pas lors de la fin de notre pèlerinage, le plus important, c'est ce qui demeure pour la vie éternelle, c'est donc l'amour partagé, l'amour donné, et ça, nous dit encore Jésus, c'est un trésor inestimable qu'aucun voleur ne peut nous ravir, qu'aucune catastrophe ne peut détruire, seul le péché peut l'abîmer ! Et Jésus conclut par ces mots qui doivent aider notre réflexion :

Car là où est votre trésor,là aussi sera votre cœur.Si l'important, pour nous, est dans les biens de ce monde, forcément, notre cœur est préoccupé pour les protéger par tous les moyens à notre disposition . Par contre, si notre souci est de cultiver avant tout, les valeurs spirituelles, de connaître et de servir Dieu, de développer de sincères relations fraternelles, un véritable amour des frères, forcément, nous puiserons la force en Dieu et c'est en Lui que notre cœur trouvera la lumière , le repos, l'élan, l'esprit de service, de gratuité , de don de soi ! Mais pour vivre de cette façon , nous devons être vigilants, « Soyez sobres, soyez vigilants : votre adversaire, le démon, comme un lion qui rugit, va et vient, à la recherche de sa proie. (1P 5) ce n'est pas automatique, c'est ce que Jésus demande ensuite à Ses tout proches, les apôtres :

Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins,et vos lampes allumées.
Jésus attend des apôtres et de tous ceux qui veulent habiller leur cœur de l’Évangile qu'ils soient toujours prêts à servir, non à se faire servir, toujours en alerte , l’œil ouvert pour voir et reconnaître les besoins de leurs frères et y répondre en toute délicatesse, pour partager et porter avec eux leurs souffrances et leurs espérances. Jésus utilise ensuite le style parabolique pour bien se faire comprendre

Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte.    Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller.Amen, je vous le dis : c’est lui qui, la ceinture autour des reins, les fera prendre place à table et passera pour les servir.    S’il revient vers minuit ou vers trois heures du matin et qu’il les trouve ainsi,heureux sont-ils !    Vous le savez bien :si le maître de maison avait su à quelle heure le voleur viendrait ,il n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.    Vous aussi, tenez-vous prêts :c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. » 

Dans ces versets il est essentiellement question de SERVICE , de BONHEUR, DE SE TENIR EN EVEIL pour ETRE PRETS à tout instant. Le Maître évoqué n'est autre que Jésus Lui-même, Lui qui n'hésitera pas à s'agenouiller au pieds de Ses apôtres : Jésus, qui savait que son Père avait remis toutes choses entre ses mains, et qu'il était sorti de Dieu et s'en allait à Dieu, Se leva de table, posa son manteau, et ayant pris un linge, il s'en ceignit. Puis il versa de l'eau dans le bassin et se mit à laver les pieds de ses disciples, et à les essuyer avec le linge dont il était ceint. (Jn 13)

C'est bien Lui qui intervient dans nos vies en tant que SERVITEUR du Père,à nous de rester éveillés pour saisir Ses moindre passages dans nos vies. Jésus, en effet, ne cesse de nous faire signe, de nous inviter, de Se proposer ,non pour Lui, mais pour nous permettre d'être et de vivre pleinement HEUREUX. Dans ce but nous devons rester en éveil , le tablier noué , ce qui signifie prêts à relever les manches au moindre appel, pour servir comme Lui-même sert l'humanité. Pierre lui-même , doit trouver cela plutôt exigeant et se demande si Jésus peut le demander à la foule qui l'entoure :

 Pierre dit alors :« Seigneur, est-ce pour nous que tu dis cette parabole,ou bien pour tous ? » Jésus répond indirectement à la question, par une autre parabole : 

 Le Seigneur répondit :« Que dire de l’intendant fidèle et sensé à qui le maître confiera la charge de son personnel pour distribuer, en temps voulu, la ration de nourriture ?    Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi !    Vraiment, je vous le déclare  :il l’établira sur tous ses biens.    Mais si le serviteur se dit en lui-même :‘Mon maître tarde à venir’,et s’il se met à frapper les serviteurs et les servantes, à manger, à boire et à s’enivrer,    alors quand le maître viendra, le jour où son serviteur ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas, il l’écartera et lui fera partager le sort des infidèles.    Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître,n’a rien préparé et n’a pas accompli cette volonté,recevra un grand nombre de coups.    Mais celui qui ne la connaissait pas,et qui a mérité des coups pour sa conduite,celui-là n’en recevra qu’un petit nombre.

L'intendant n'est-ce pas la personne chargée d'administrer une maison , des biens un domaine ici le personnel ? C'est donc aux apôtres, en premier lieu, que s'adresse Jésus, mais, chacun des membres de la « Famille-Eglise » est appelé à participer à cette gestion selon les dons qui lui sont impartis. Aucun de nous ne détient tous les dons pas même le Saint Père ! N'est-ce pas pour cette raison qu'il s'entoure d'un conseil dont les membres, selon leurs dons et leurs compétences, sont l’œil, la bouche, la main ...St Paul décrit très bien cela dans sa Première Lettre aux Corinthiens au chapitre 12 :

Mais c'est le seul et même Esprit qui produit tous ces dons, les distribuant à chacun en particulier, comme il lui plaît.Car, comme le corps est un et a plusieurs membres, et comme tous les membres du corps, malgré leur nombre, ne forment qu'un seul corps, ainsi en est-il du Christ. Tous, en effet, nous avons été baptisés dans un seul esprit pour former un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés d'un seul Esprit. Ainsi le corps n'est pas un seul membre, mais il est formé de plusieurs. Si le pied disait: " Puisque je ne suis pas main, je ne suis pas du corps, " en serait-il moins du corps pour cela? Et si l'oreille disait: " Puisque je ne suis pas œil, …. Si tous étaient un seul et même membre, où serait le corps? Il y a donc plusieurs membres et un seul corps. L’œil ne peut pas dire à la main: " Je n'ai pas besoin de toi; " ni la tête dire aux pieds: " Je n'ai pas besoin de vous. " Au contraire, les membres du corps qui paraissent les plus faibles sont plus nécessaires; et ceux que nous tenons pour les moins honorables du corps, sont ceux que nous entourons de plus d'honneur. Ainsi nos membres les moins honnêtes, nous les traitons avec plus de décence, tandis que nos parties honnêtes n'en ont pas besoin. Dieu a disposé le corps de manière à donner plus de respect à ce qui est moins digne, afin qu'il n'y ait pas de division dans le corps, mais que les membres aient également soin les uns des autres. Et si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui; si un membre est honoré, tous les membres s'en réjouissent avec lui. Vous êtes le corps du Christ, et vous êtes ses membres, chacun pour sa part. Dieu a établi dans l’Église premièrement des apôtres, secondement des prophètes, troisièmement des docteurs, ensuite ceux qui ont les dons de faire des miracles, de guérir, d'assister, de gouverner, de parler diverses langues. Tous sont-ils apôtres? Tous prophètes? Tous docteurs? Tous thaumaturges? Tous ont-ils les grâces de guérison? Tous parlent-ils des langues? Tous interprètent-ils? ...

Ce serviteur qui met au service de la COMMUNAUTE-EGLISE tous les dons reçus, est vraiment HEUREUX ! Heureux en lui-même, parce qu'il accomplit la volonté du Père et participe à Son Œuvre de salut, et heureux parce qu'il réjouit le Cœur du Père qui, voyant sa générosité lui demande et lui donne encore davantage !

À qui l’on a beaucoup donné,on demandera beaucoup ;à qui l’on a beaucoup confié,on réclamera davantage. »

Ce verset me semble d'une logique implacable . Ce que je reçois, c'est pour le partager, le garder pour soi serait un odieux égoïsme. Plus je reçois plus je suis en mesure de partager et de faire des heureux et comme je donne ce que je reçois, voyant cette ouverture, on me donne et donne encore et celui qui donne, directement ou indirectement, c'est Dieu et Il est en droit, en excellent administrateur, de me demander quelques comptes. S'Il m'a beaucoup donné ,forcément Il me demandera beaucoup en parcourant l'éventail de Ses dons ? Qu'as-tu fait de ceci ? Qu'as-tu fait de cela ? Et de ceci et de cela ? C'est la Parabole des Talents , Mat 25 14 :S'avançant, celui qui avait reçu les cinq talents en présenta cinq autres, en disant: " Maître, vous m'aviez remis cinq talents; voici cinq autres talents que j'ai gagnés. " Son maître lui dit: " Bien, serviteur bon et fidèle; en peu tu as été fidèle, je te préposerai à beaucoup; entre dans la joie de ton maître. " ... S'avançant aussi, celui qui avait reçu un talent dit: " Maître, j'ai connu que vous êtes un homme dur, qui moissonnez où vous n'avez pas semé, et recueillez où vous n'avez pas répandu. J'ai eu peur, et je suis allé cacher votre talent dans la terre; le voici, vous avec ce qui est à vous. " Son maître lui répondit: " Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne où je n'ai pas semé, et que je recueille où je n'ai pas répandu; il te fallait donc porter mon argent aux banquiers, et, à mon retour, j'aurais repris ce qui est mien avec un intérêt. Ôtez-lui donc le talent, et donnez-le à celui qui a les dix talents. Car on donnera à celui qui a, quel qu'il soit, et il y aura (pour lui) surabondance; mais à celui qui n'a pas, on lui ôtera même ce qu'il a. Et ce serviteur inutile, jetez-le dans les ténèbres extérieures: là il y aura les pleurs et le grincement de dents. « 

A nous de choisir et de bien choisir ! A nous d'entendre et de bien entendre ! A nous de nous tenir prêts, le tablier noué  comme Jésus !



Comme lui, savoir dresser la table
Comme lui, nouer le tablier
Se lever chaque jour
Et servir par amour
Comme lui

Offrir le pain de sa Parole
Aux gens qui ont faim de bonheur

Être pour eux des signes du Royaume
Au milieu de notre monde

Offrir le pain de sa présence
Aux gens qui ont faim d'être aimés
Être pour eux des signes d'espérance
Au milieu de notre monde

Offrir le pain de sa promesse
Aux gens qui ont faim d'avenir
Être pour eux des signes de tendresse
Au milieu de notre monde

Comme lui, savoir dresser la table
Comme lui, nouer le tablier
Se lever chaque jour
Et servir par amour

Comme lui

Auteur / Robert Fernand Lebel

L'Ermite

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