TROISIEME DIMANCHE
DU TEMPS ORDINAIRE
ANNEE B
(Mc 1, 14-20)
L’Église nous propose, en cette année Liturgique B, de faire route, chaque dimanche, avec l'évangéliste Saint Marc qui ouvre ainsi son Évangile :
« Commencement de l'évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu » Vient ensuite un bref paragraphe sur la mission de Saint Jean-Baptiste, suivi d'une brève évocation du baptême de Jésus qui relate essentiellement la Théophanie, en une ligne et demi il mentionne la tentation au désert et aborde le MINISTERE DE JESUS DANS LEQUEL NOUS ENTRONS AUJOURD'HUI.
QUI EST SAINT MARC ?
L’Évangile ne fournit aucune indication directe sur son identité. C’est pourquoi certains spécialistes renoncent à toute tentative d’identification. Selon la tradition, il s’agit de « Jean surnommé Marc » connu par les Actes des Apôtres. Marc n’a pas connu Jésus mais fait partie des premiers convertis au christianisme. Il est emmené par Paul et Barnabé lors du premier voyage missionnaire. Plus tard, Marc fut auprès de l’Apôtre Paul. On sait, selon la tradition, qu’il a également été l’interprète de Pierre. « Il a dû rejoindre Pierre à Rome », raconte Frère Claude Coulot, exégète et professeur émérite à la faculté de théologie catholique de l’université de Strasbourg.
Le franciscain s’appuie sur le livre L’Explication des paroles du Seigneur de Papias d’Hiérapolis : « Marc qui était l’interprète de Pierre a écrit avec exactitude tout ce dont il se souvenait de ce qui avait été dit ou fait par le Seigneur. Car il n’avait pas entendu, ni accompagné le Seigneur mais plus tard, il a accompagné Pierre. Celui-ci donnait ses informations sans faire une synthèse des paroles du Seigneur. De la sorte, Marc n’a pas commis d’erreur en écrivant comme il se souvenait. Mais il n’a eu en effet qu’un seul dessein, celui de ne rien laisser de côté de ce qu’il avait entendu et de ne tromper en rien en ce qu’il rapportait. » Selon la tradition, Marc serait mort martyr en 68 mais on ne connaît pas sa date de naissance. L’animal qui le symbolise est le lion ailé qui représente le courage et l’élévation.
QUAND A-T-IL ECRIT SON EVANGILE
L’Évangile selon Saint Marc est, de l’avis des experts, le premier en date. Il aurait été écrit vers 65. Claude Coulot soutient la théorie des deux sources « qui veut que Marc soit une des sources des évangiles de Matthieu et de Luc écrites entre dix et quinze ans plus tard ». La tradition donne Rome comme lieu de composition de l’écriture. Marc y aurait séjourné auprès de Paul et de Pierre. « L’étude du texte qui mentionne des circonstances de la vie, traduction de paroles araméennes, emploi de mots latins, usage de monnaies romaines, explication de coutumes juives, permet de justifier une telle hypothèse », indique Claude Coulot.
La
place accordée aux disciples est l’une des particularités de
l’Évangile selon saint Marc. « Marc est l’évangéliste
qui présente le plus souvent dans ses récits
les disciples aux
côtés de Jésus, confirme Frère Claude Coulot. Il
y a toute une réflexion sur la condition de disciple dans l’Évangile
de Marc, le fait de s’engager à la suite de Jésus. » Mais
il soulève un paradoxe :
Dans la première partie de l’Évangile, on voit Jésus avec la foule faire des miracles, puis enseigner ses paraboles dont l’explication est donnée uniquement aux disciples. Dans la seconde partie, les disciples n’arrivent pas à comprendre le chemin que Jésus doit prendre, et qu’ils devront prendre à sa suite. Pour Marc, tout n’est pas achevé avec la résurrection de Jésus, tout commence.
Autre élément distinctif dans l’Évangile selon saint Marc, le thème de la Passion. Il occupe 50 % du texte de Marc et seulement 20 % du texte de Luc. Marc se concentre sur la narration : à la vie du Christ, à sa personne. Ce sont les deux autres synoptiques, Matthieu et Luc, qui nous transmettent la majeure partie des enseignements du Christ. Marc, lui, veut surtout montrer comment Jésus, le Ressuscité, a dû lors de son ministère faire face à une opposition grandissante des autorités juives qui l’ont fait arrêter et condamner à mort par les autorités romaines.
EN QUOI EST-IL ENCORE MODERNE AUJOURD'HUI ?
Marc a reçu davantage de crédit à partir du XXe siècle. L’écriture est simple, les récits sont généralement brefs et en même temps imagés. De ce fait, il est sans doute plus accessible. L’écrivain roumain Petru Dumitriu, auteur du livre Comment ne pas l’aimer ! Une lecture de l’Évangile selon saint Marc (Cerf, 1997), le désigne comme étant le plus grand reporter depuis l’antiquité.
Marc est l’évangéliste de l’homme moderne : « À travers son texte, d’une brièveté, d’une simplicité extrême, mais génial d’expressivité, nous percevons le Christ, nous vivons auprès de lui. C’est pourquoi j’ose affirmer que, dans le monde moderne, désemparé, déchristianisé, irréligieux, Marc est la porte d’accès aux Évangiles. Il est le modeste introducteur à la personne et au message du Christ. » Et d’ajouter : « Marc n’est pas poète comme Jean, n’écrit pas en grec élégant comme Matthieu. Il commet des fautes de grec, des sémitismes et, curieusement, des latinismes (…). Il a le côté terre à terre, pourrait-on dire, qui est comme fait exprès pour faciliter à l’homme d’aujourd’hui l’accès à l’ensemble des Évangiles. »
De son côté, le franciscain Claude Coulot souligne l’importance du travail théologique chez Marc : « Il ne fait pas une biographie systématique de Jésus, mais développe une thèse de théologie. » Marc essaye de faire comprendre à des chrétiens comment celui qui se disait le fils de Dieu a pu être crucifié. La croix étant le supplice le plus honteux qui existait dans l’Antiquité, prêcher cela n’était pas évident. « C’est en cela que je dis que Marc est un théologien, indique-t-il. Marc n’entend pas relater les événements de la vie de Jésus tels qu’ils se sont passés et dans l’ordre selon lesquels ils se seraient passés. En revanche, il reprend les faits et gestes de la vie de Jésus puis les regroupe en parabole afin de faire réfléchir les chrétiens sur l’identité de Jésus. »
Conseil de lecture :
L’Évangile selon Marc de Camille Focant
Éd. du Cerf, coll. Commentaire biblique, Nouveau testament (n°2), 672 p., 56 €
Camille Focant, professeur émérite de la Faculté de théologie de l’Université catholique de Louvain, est l’auteur d’un ouvrage de référence concernant l’Évangile selon Marc. Pour l’auteur, Marc symbolise « le point d’interrogation » quand Matthieu est davantage dans l’affirmation. « Marc interroge régulièrement son lecteur, souligne Camille Focant. Cela peut expliquer son succès dans notre époque moderne où les gens se posent beaucoup de questions. Entrer dans le monde nouveau ne peut se faire sans être bousculé ! » Jésus est déroutant pour les autorités religieuses qui s’opposent à lui, mais aussi pour ses disciples qui glissent de l’étonnement à l’opposition, tout en restant à sa suite.
Cet Évangile recourt fréquemment aux paradoxes ou aux contradictions apparentes : par exemple, entre le Jésus de la transfiguration « Celui-ci est mon
fils bien aimé, écoutez-le ! » et le Jésus de la Croix qui dit « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi tu m’as abandonné ». Les disciples sont séduits par le personnage de Jésus mais vont manifester sans cesse de l’incompréhension, notamment « lorsqu’il leur annonce que le fils de l’homme devra souffrir ». Pierre s’indigne en lui disant que cela ne peut pas lui arriver. « Pour Pierre, celui qui a reçu l’onction de Dieu ne peut être crucifié, indique Camille Focant. Quelqu’un qui vient de Dieu n’a pas un destin de ce type ! Jésus réagit en disant : “Arrière Satan, tes pensées ne sont pas celles de Dieu.” »
Revue Croire
A l'écoute de l’Évangile de ce Dimanche :
Après l’arrestation de Jean le Baptiste, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ;
On pourrait dire que l'arrestation de Jean Baptiste est le Signe, pour Jésus, de l'inauguration de Sa mission personnelle. Tant que Jean était dans sa propre mission il eut été délicat d'initier l'annonce de La Bonne nouvelle. Jean et Jésus ne sont ni concurrents, ni rivaux, l'un est le Précurseur de Celui qu'il annonce, l'Autre, Jésus , est Celui qui est attendu, annoncé, et à qui Jean ouvre la route. Avec l'arrestation, la voix se tait ( Jean était la voix) , le Verbe (Jésus) peut parler !
il disait :« Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »
Jusque là le Peuple est dans l'attente du Messie, et il semble que Jésus inaugure sa prédication dans la synagogue de Nazareth . C'est justement là qu'Il est amené à proclamer la si belle Prophétie d'Isaïe décrivant Sa mission, et qu'Il conclut en refermant Le Livre par ces mots : " Aujourd'hui cette Écriture est accomplie devant vous.
L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a oint pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres; il m'a envoyé publier aux captifs la délivrance, aux aveugles le retour à la vue, renvoyer libres les opprimés, publier l'année favorable du Seigneur.
Ayant roulé le livre, il le rendit à l'employé et s'assit; et tous, dans la synagogue, avaient les yeux attachés sur lui. Il se mit à dire à leur adresse: " Aujourd'hui cette Écriture est accomplie devant vous. (Luc 4)
le règne de Dieu est tout proche, les temps sont accomplis parce que le règne, le Royaume de Dieu est tout proche. Ce Royaume, ce Règne est présent en et par Jésus venu l'annoncer en présentant à l'humanité la manière et de l'instaurer dès ce monde et d'y entrer de façon définitive . Pour cela il faut RENAITRE
: « Amen, amen, je te le dis : personne, à moins de naître de l'eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. (Jn 3)
Avoir une âme d'enfant, être pauvre de cœur :
: « Heureux, vous les pauvres : le royaume de Dieu est à vous ! (Lc 6)
Et ce n'est pas naturel pour l'humanité qui ne cesse de combattre et de se battre pour obtenir la meilleure place . D'où cet appel immédiat à la conversion qui reprend et parfait le propos de Jean Baptiste :
Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »
«Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. »
Le Baptiste qui a compris que le Messie vient, sait aussi que le Messie et le Royaume sont une même réalité ; car, le Messie porte en Lui les valeurs du Royaume . Quand Jésus vient, comme Jean Baptiste, Il appelle au changement de mentalité et demande DE CROIRE A L'EVANGILE , Il sait Lui, qu' IL EST CET EVANGILE, CETTE BONNE NOUVELLE . En effet, ne fait-Il pas un avec le Père, or la Bonne Nouvelle qu'Il vient annoncer c'est l' AMOUR INFINI DU PERE QUI VEUT QUE TOUS LES HOMMES SOIENT SAUVES et accèdent au Royaume
Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. (Lc 12)
Pour annoncer ce ROYAUME, cette Bonne Nouvelle, il faut des ouvriers car la moisson est abondante « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. (Lc 10)
La moisson ce sont tous ceux qui attendent le Messie qui leur présentera une autre façon d'être et de vivre. Ils sont nombreux à avoir faim et soif de justice, de vérité de fraternité et c'est encore vrai aujourd'hui, mais si les moissonneurs ne sont pas au rendez vous, les attentes s'éteindront . Pour l' aujourd'hui de Jésus, et pour demain, quand Jésus sera retourné dans le sein du Père, il est urgent et important d'associer à cette « mission-moisson » des personnes de bonne volonté qui pourront participer et devenir appelants à leur tour. C'est tout le sens du verset qui suit :
Passant le long de la mer de Galilée, Jésus vit Simon et André, le frère de Simon, en
train de jeter les filets dans la mer, car c’étaient des pêcheurs. Il leur dit :« Venez à ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. » Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.
Encore une fois quelle richesse dans ce paragraphe ! Jésus vit, quand Jésus regarde, son regard ne reste pas dans le vide , Jésus voit et on peut penser qu'Il voit bien au-delà de l'apparence ! Jésus voit deux hommes qu'Il a déjà rencontrés selon l' Évangélise St Jean , André d'abord, puis Pierre entraîné par son frère . Jésus a immédiatement posé les jalons d'une vie différente puisqu' Il Change le prénom de Simon : « Tu t'appelleras Képhas » .
Ces deux hommes ne semblent pas être des notables mais des travailleurs de la mer qui vivent du fruit de leur travail : les poissons qu'ils prennent dans leurs filets . Ils sont en pleine activité et que leur dit Jésus ? « Venez à ma suite. » Or ils ont vu, à leur demande le « rien matériel » de Jésus ! Et Jésus ne tergiverse pas , d'entrée de jeu Il évoque un changement radical de perspectives, Jésus précise immédiatement quelle sera la mission et l'adaptation qu'elle va leur demander ! Des poissons ils vont passer aux hommes, sans transition majeure : Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. Ceux qui sont dès cet instant « apôtres » ne discutent pas , ils n'évoquent pas la mise en ordre de leurs affaires, ils ne posent ni « comment » ni « pourquoi », Jésus
demande, André et Simon-Pierre emboîtent le pas ils sont dans la confiance absolue. Ceci montre me semble-t-il à quel point Jésus les a saisis et à quel point Jésus rayonne et attire ! Ils sont dans l'abandon total, ils ont compris intérieurement .
Jésus ne cesse de nous appeler, de nous faire signe au fond de notre cœur, par l'intermédiaire d'un frère, d'une sœur, d'un prêtre quelle est ma réponse ? Suis-je prêt(e) à m'engager, à donner un peu de mon temps pour que vive ma paroisse, le diocèse ? Est- ce que dans la prière, j'écoute Jésus ? Est-ce que je trouve , toujours dans la prière, les mots de Jésus pour aider mes enfants à discerner un éventuel appel ? Est-ce que j'apprends à mes enfants à écouter Jésus parler à leur cœur ? Si nous évoquons un choix de professions est-ce que je sais glisser , discrètement, le service de Jésus dans Son Église ?
Jésus ne s'arrête pas aux deux premiers apôtres, Jésus a vu des hommes au travail, là-bas, plus loin, ils sont avec leur père , ils l'aident à réparer les filets pour la prochaine sortie en mer et, pourtant Jésus n'hésite pas , Il ose en présence de ce père poser la question : Jésus avança un peu et il vit Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque et réparaient les filets. Aussitôt, Jésus les appela. Alors, laissant dans la barque leur père Zébédée avec ses ouvriers, ils partirent à sa suite.
N'est-ce pas impressionnant de voir ces jeunes hommes laisser leur père avec ses ouvriers pour suivre cet Inconnu ? C'est en partie ce qui fera dire à Jésus , plus tard :Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi ; celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n'est pas digne de moi. (Mt 10)
Choisir
Dieu est crucifiant, choisir Dieu c'est quitter, laisser et regarder
devant pour suivre quelqu'un qui n'a pas où reposer Sa tête . Jésus
ne promet ni portefeuille, ni Palace, ni parasol où se prélasser
les orteils en éventail Jésus annonce clairement la couleur de
cette relation ::
"
Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renonce lui-même,
qu'il prenne sa croix et me suive. (Mt 16) Suivre
Jésus , dans le ministère, la
vie consacrée, la vie de famille,
suppose des choix radicaux. « A
cause de cela, l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera
à sa femme, et les deux deviendront une seule chair? Ainsi ils ne
sont plus deux, mais une seule chair. Que l'homme ne sépare donc pas
ce que Dieu a uni! " (Mt 19) »
Seigneur,
enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta
route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car
tu es le Dieu qui me sauve.
Rappelle-toi, Seigneur,
ta tendresse,
ton amour qui est de toujours.
Dans ton amour, ne
m’oublie pas,
en raison de ta bonté, Seigneur.
Il
est droit, il est bon, le Seigneur,
lui qui montre aux pécheurs
le chemin.
Sa justice dirige les humbles,
il enseigne aux
humbles son chemin.
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