XXX e DIMANCHE
DU TEMPS ORDINAIRE
ANNEE A
(Mt 22, 34-40)
Décidément, Docteurs de la Loi, Sadducéens, Pharisiens, n'en finissent pas de s'acharner sur Jésus ! Ils éprouvent vraiment un malin plaisir à Le tourmenter avec ce dessein pervers de Le mettre à l'épreuve, de Le faire chuter ! Après l'épisode de l'Impôt dû à César , une question plutôt tordue, sur la résurrection, voilà qu'ils veulent , après une nouvelle réunion entre opposants, mettre(Jésus) à l’épreuve : les pharisiens, apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens, se réunirent, et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l’épreuve :Ne trouvez-vous pas cela désagréable, pernicieux même ? Se réunir entre membres d'un même « clan »pour chercher et penser trouver le biais éventuel, par lequel ils arriveront, enfin, à mettre Jésus « au tapis » ! Quelle perversion ! Quel désir de nuire !
Et pourtant ces comportements, ne sont rien d'autres qu'humains et se trouvent
Venons-en à cette question ? « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? » En soi, si elle était honnête, la question ne manquerait ni de pertinence, ni de bon sens ! Quand on sait que la loi comporte environ six cent treize commandements on peut comprendre que certains échappent à l'intelligence humaine et que reconnaître le plus grand, le plus important, dans cette forêt de prescriptions n'est pas chose facile!
Vouloir mieux comprendre, mieux savoir est de bon aloi, et pourrait manifester un esprit ouvert et désireux de se conformer aux attentes du Seigneur .On a même envie de se demander très sérieusement : mais, où est le piège ?
Parmi les 613 commandements de cette charte, on trouve bien les deux commandements cités par Jésus dans sa réponse Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Et ces commandements que je te donne aujourd'hui, seront dans ton cœur. Tu les inculqueras à tes enfants, et tu en parleras quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras. Tu les attacheras sur ta main pour te servir de signe, et ils seront comme un frontal entre tes yeux. Tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes. (Dt 6) :
Par ailleurs quelles sont les recommandations que nous trouvons dans la première lecture de ce dimanche et qui nous viennent du Livre de l'Exode quand Dieu parla à Moïse :
Ainsi
parle le Seigneur :
« Tu
n’exploiteras pas l’immigré,
tu ne l’opprimeras
pas,...
Vous n’accablerez pas la veuve et
l’orphelin...
Si
tu prêtes de l’argent à quelqu’un de mon peuple,
à un
pauvre parmi tes frères,
tu
n’agiras pas envers lui comme un usurier :...
Si tu prends en gage le manteau de ton prochain,
tu le lui
rendras avant le coucher du soleil....
S’il
crie vers moi, je l’écouterai,
car moi, je suis
compatissant ! »
Bien plus tard les Prophètes n'ont cessé de rappeler au Peuple qu'être fidèle à Dieu c'est développer une relation de qualité avec le Peuple : « Le jeûne que je choisis ne consiste-t-il pas en ceci: détacher les chaînes injustes, délier les nœuds du joug,
renvoyer libres les opprimés, briser toute espèce de joug? Ne consiste-t-il pas à rompre ton pain à celui qui a faim, à recueillir chez toi les malheureux sans asile; si tu vois un homme nu, à le couvrir, à ne point te détourner de ta propre chair? Alors ta lumière poindra comme l'aurore, et ta guérison germera promptement; ta justice marchera devant toi; la gloire du Seigneur sera ton arrière garde. » (Is 58)l
Comment cette question pouvait-elle être un piège ? Certainement, pour les pharisiens le grand commandement était « tu aimeras le Seigneur ton Dieu », ce qui entraînait concrètement, par exemple, un respect absolu du sabbat que Jésus, à leurs yeux, n’a pas respecté, en faisant des guérisons précisément ce jour-là . Si Jésus déclare que « tu aimeras le Seigneur ton Dieu » est le plus grand commandement, ils pourront facilement l’accuser…
Comment Jésus s’en sort-il ? A ces hommes à l’esprit légaliste, Jésus répond en rappelant non pas un, mais deux commandements. Ceci non pas pour les condamner, mais pour les appeler, une fois encore, à une conversion radicale : il veut leur rappeler que, avec Dieu, on n’est pas dans le domaine du calcul de ce qu’il faut faire pour être en règle ; on est sous la seule loi de l’amour. C’est pourquoi Jésus affirme que « aimer Dieu » et « aimer son prochain » sont deux commandements « semblables » ; ils sont de même nature et impossibles à séparer, le second étant la vérification du premier, comme le déclarera plus tard l’apôtre Jean dans sa première lettre : « Si quelqu'un dit: "J'aime Dieu ", et qu'il haïsse son frère, c'est un menteur; comment celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, peut-il aimer Dieu qu'il ne voit pas? Et nous avons reçu de lui ce commandement: "Que celui qui aime Dieu aime aussi son frère." (1Jn 4). Dans sa réponse aux pharisiens, Jésus leur adresse une ultime invitation à se conformer vraiment avec la Loi qu’ils prétendent défendre et appliquer. Mais en réalité c’est bien aussi un reproche : au nom même de la Loi, vous avez oublié le commandement de l’amour. Dans l’évangile de Matthieu on voit Jésus rappeler à deux reprises aux pharisiens une parole percutante du prophète Osée : « je prends plaisir à la piété, et non au sacrifice: à la connaissance de Dieu, plus qu'aux holocaustes. » (Os 6)
Jésus lui répondit :« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable :Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes
Comme le déclare si clairement St Jean comment celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, peut-il aimer Dieu qu'il ne voit pas? En somme c'est en aimant nos frères que se vérifie l'Amour que nous portons à Dieu. Dire « je T'aime Seigneur » c'est relativement facile mais agir en fonction de ce que je dis , de ce que j'exprime c'est autrement plus engageant ! C'est Paul Baudiquey qui écrit « l'amour se prouve autant qu'il s'éprouve »
L'AMOUR SE PROUVE, l'Amour se manifeste par les actes simples ou courageux de la vie quotidienne. Jésus ne dit-Il pas : « Ce n'est pas celui qui m'aura dit: " Seigneur, Seigneur! " qui entrera dans le royaume des cieux, mais celui qui aura fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. » Mt 7, 21 Aimer c'est faire la volonté du Père chaque instant de notre vie ! On peut dire des « je t'aime » à Dieu et à nos frères, on peur rabâcher des prières nuit et jour, , si les actes ne suivent pas cela ne sert pas à grand chose. Bien sûr Dieu saura malgré tout en tirer parti mais il serait dommage d'aimer à la manière de j'aime le chocolat ou la confiture …
" En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. " (Mt 25)
Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas l'amour je suis un airain qui résonne ou une cymbale qui retentit. Quand j'aurais le don de
L'Amour est patient, il est bon; l'amour n'est pas envieux, l'amour n'est point inconsidéré, il ne s'enfle point d'orgueil; il ne fait rien d'inconvenant, il ne cherche point son intérêt, il ne s'irrite point, il ne tient pas compte du mal; il ne prend pas plaisir à l'injustice, mais il se réjouit de la vérité; il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout.
L'amour ne passera jamais. S'agit-il des prophéties, elles prendront fin; des langues, elles cesseront; de la science, elle aura son terme. Car nous ne connaissons qu'en partie, et nous ne prophétisons qu'en partie; or, quand sera venu ce qui est parfait, ce qui est partiel prendra fin. Lorsque j'étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant; lorsque je suis devenu homme, j'ai laissé là ce qui était de l'enfant. Maintenant nous voyons dans un miroir, d'une manière obscure, mais alors nous verrons face à face; aujourd'hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme je suis connu. Maintenant ces trois choses demeurent: la foi, l'espérance, la charité; mais la plus grande des trois c'est l'amour. (1Co 13)
Je sais, je cite souvent ce chapitre 13 de la Première aux Corinthiens mais trouvez mieux et nous réfléchirons ensemble !
L'AMOUR S'EPROUVE « On peut poursuivre la construction avec de l'or, de l'argent
ou de la belle pierre, avec du bois, de l'herbe ou du chaume, mais l'ouvrage de chacun sera mis en pleine lumière au jour du jugement. Car cette révélation se fera par le feu, et c'est le feu qui permettra d'apprécier la qualité de l'ouvrage de chacun. Si l'ouvrage construit par quelqu'un résiste, celui-ci recevra un salaire ; s'il est détruit par le feu, il perdra son salaire. Et lui-même sera sauvé, mais comme s'il était passé à travers un feu ». (1Co 3)
« Alors je te donne un conseil :viens acheter chez moi de l'or purifié au feu, pour devenir riche, des vêtements blancs pour te couvrir et cacher la honte de ta nudité, un remède pour te frotter les yeux afin de voir clair ». (Ap 3)
Si à la moindre épreuve nous remettons notre foi en question, si nous demandons à Notre Père de rendre des comptes, nous n'aimons pas vraiment ! C'est tout et c'est simple !
Car notre Dieu est un feu dévorant. (Hb12)
Aimer, c'est éprouver le goût de l'autre et d'abord que l'autre a du goût :
Il y a tant de gens "insipides".
Tout d'un coup,
"coup de foudre" le bien nommé,
ou lentement
Quelqu'un se met à avoir un goût que les autres n'ont pas.
Une impérieuse nécessité, un manque fondamental se sont donnés rendez-vous
pour nous tenir par le "bout du cœur".
La carapace vole en éclats :
On devient fragile, comme blessé à vif :
on rêvait de se faire tout seul et l'autre devient indispensable.
Ce beau cri de Prouhèze
à l'ange qui lui demande de renoncer
en ce monde à ce Rodrigue
qu'elle aime plus que son âme :
" Il ne saura donc jamais le goût que j'ai!"
Le goût de l'autre s'éprouve sur ses lèvres.
Le goût de l'autre embaume comme le parfum des terres.
Le goût de l'autre prend forme d'un visage :
tout l'univers se recompose en lui
et devient beau à n'y pas croire.
Le goût de l'autre a parfum de caresses,
le goût de l'autre est attente et prémices.
(...)
Aimer c'est toujours aller plus loin...
plus loin que les apparences,
plus loin que les déceptions,
plus loin que les lassitudes,
plus loin que les solitudes.
L'amour est nomade.
Il parcours le désert à la recherche d'un puits.
Il peuple le désert, le peuple de désir,
le peuple d'espérance.
C'est en étant nomade que l'amour est fidèle,
fidèle à la quête inlassable de l'autre,
à l'attente infatigable de l'autre et des autres...
(...)
Il sait faire halte aussi dans l'innocence du jour :
les oasis, comme une visitation de l'ombre et de l'eau.
Mais une urgence secrète lui enseigne à repartir
et la marche reprend à la rencontre de l'inconnu,
comme autant de surprises.
L'Ermite en réparation
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