lundi 1 juin 2020

VIENS! Ô VIENS !




DIMANCHE DE PENTECÔTE


Année A

(Jn 20, 19-23)

C'est le temps de l'Esprit, c'est le temps de l’Église ! Non seulement nous ne sommes pas orphelins, comme Jésus l'a promis Il nous envoie Son Esprit mais Il demeure aussi avec nous jusqu'à la fin des temps et par Son Esprit et par la Sainte Eucharistie !

Sommes-nous conscients d'être des enfants comblés ? Nous avons tout pour tenir debout : Jésus , l'Esprit Saint , l’église qui accomplit ce que Jésus lui a demandé : « Faites ceci en Mémoire de Moi » comme Lui-même, Jésus, a accompli l’œuvre du Père : la volonté de celui qui m'a envoyé, est que je ne perde aucun de ceux qu'il m'a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour.Car c'est la volonté de mon Père qui m'a envoyé, que quiconque voit le Fils et croit en lui, ait la vie éternelle; et moi je le ressusciterai au dernier jour." (Jean 6)

Si nous courrons à notre perte c'est notre responsabilité car nous avons reçu les outils pour vivre le regard fixé sur Jésus qui continue de nous éclairer par Son Esprit et de nous nourrir par Sa Parole de Vérité et les Sacrements .
Avant d'aller plus loin , rentrons en nous-même et réfléchissons à notre manière d'utiliser les outils offerts par Jésus !
Le moment est venu de souhaiter la « bienvenue » à l'Esprit qui nous est donné en ce jour.Chaque fête de Pentecôte en effet nous est offerte pour nous laisser renouveler, pour ressentir en nos vies, selon notre état d'esprit du moment, soit le vent violent qui bouscule et ouvre grands les portes dérouillées de nos cœurs ratatinés et peureux, soit une brise légère qui nous effleure pour nous rassurer et parle en secret à notre cœur, soit un Souffle puissant qui nous crée et recrée . Restons en éveil , l'Esprit vient faire toutes choses nouvelles mais AVEC NOUS, PAS SANS NOUS ! Dès l'ouverture de notre méditation osons prier avec ce verset du psaume de notre Liturgie, en nous l'appropriant :

Envoie Ton souffle et je serai créé(e) (renouvelé(e)
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.
(Ps 103 (104)


Nous avons deux récits différents aujourd'hui qui peuvent nous déstabiliser voici ce qu'en dit un Professeur d'université :
« La tradition chrétienne a retenu deux lectures très différentes au sujet de la venue de l’Esprit. Les divergences entre ces récits nous permettent de comprendre le type de texte que nous avons entre les mains. Puisqu’il est impossible de fusionner ces deux traditions, il faut se rendre compte que ce sont des relectures théologiques et non le verbatim d’un événement. L’Évangile selon Jean, et les Actes des Apôtres, nous invitent à réfléchir sur le nouveau mode de présence du Christ ressuscité : malgré son absence physique, il est présent par son Souffle, par son Esprit. Cette affirmation ne va pas de soi. C’est pour cela que les deux textes nous présentent des catéchèses pour nous aider à comprendre cette nouvelle forme de présence du Christ dans sa communauté.

Pour répondre directement à la question, le don de l’Esprit a eu lieu lors du jour de la résurrection, 50 jours plus tard et même aujourd’hui. La date de ce don est sans importance puisque ce mode de présence se poursuit encore. Le récit de l’Évangile de Jean relie ce don de l’Esprit à la paix Jésus vint, et se présentant au milieu d'eux, il leur dit: "Paix avec vous!" Ayant ainsi parlé, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Il leur dit une seconde fois: "Paix avec vous!" (Jean 20) au pardon des péchés"Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus." (Jean ( 20) et à l’envoi en mission des disciples « Comme mon Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie." (Jean 20).

Les Actes des Apôtres insistent sur l’annonce des merveilles de Dieu partout et dans toutes les langues « Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu. (Actes 2). Au fond, les deux textes traitent de ce qui est au cœur de l’expérience chrétienne : faire une expérience si forte du Ressuscité qu’elle nous pousse à en témoigner. Le moment du don de l’Esprit, c’est donc aujourd’hui. » (Sébastien Doane Professeur d'exégèse biblique)


Quand arriva le jour de la Pentecôte,au terme des cinquante jours après Pâques,
ils se trouvaient réunis tous ensemble.
    
Soudain un bruit survint du ciel
comme un violent coup de vent :
la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière.
    Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu,

qui se partageaient,
et il s’en posa une sur chacun d’eux.
    Tous furent remplis d’Esprit Saint :
(Ac 2, 1-11)
Frères,
    
personne n’est capable de dire :
« Jésus est Seigneur »
sinon dans l’Esprit Saint.

    Les dons de la grâce sont variés,
mais c’est le même Esprit.
    Les services sont variés,
mais c’est le même Seigneur.
    Les activités sont variées,
mais c’est le même Dieu
qui agit en tout et en tous.
    À chacun est donnée la manifestation de l’Esprit
en vue du bien.....
nous avons été baptisés pour former un seul corps.
Tous, nous avons été désaltérés par un unique Esprit.
(1 Co 12,)
 Le récit du don de l’Esprit est raconté lors de la Pentecôte, une fête qui se déroulait 50 jours après Pâques et qui rassemblait à Jérusalem des pèlerins juifs venant d’un
peu partout. C’est donc le moment tout désigné pour raconter comment le don de l’Esprit a permis aux disciples de témoigner dans toutes les langues.
C’était après la mort de Jésus ;   le soir venu, en ce premier jour de la semaine : l' Organisation Internationale de Normalisation (ISO) définit le LUNDI comme Premier jour de la semaine mais au temps de Jésus et longtemps après, le Premier jour est le DIMANCHE. Pour un chrétien le Dimanche reste le Premier jour de la semaine, le jour suivant le sabbat (samedi).
Les divers récits bibliques sont clairs à ce sujet. La Résurrection de Jésus est reliée au DIMANCHE. C'est la raison pour laquelle les chrétiens se rassemblent le dimanche pour célébrer le JOUR DU SEIGNEUR !
Alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs,Les portes du lieu où se tenaient les apôtres avec Marie la Mère de Jésus étaient verrouillées ( nous avons déjà eu l'occasion d'évoquer cette situation ) parce que le groupe avait peur de représailles. Jésus est dans le tombeau, l'épreuve est insondable. Il est absolument justifié de se retirer pour tenter de comprendre , pour se souvenir , se conforter et envisager « l'après ». Alors que les apôtres sont repliés sur eux-mêmes, découragés et attristés, soudain nous dit Saint Jean :Jésus vint, et il était là au milieu d’eux.Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »    Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté.Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.    Jésus leur dit de nouveau :« La paix soit avec vous ! Ils en ont connu des bouleversements notamment Pierre, Jacques et Jean au moment de la Transfiguration où ils ne savaient plus que dire et que faire, sinon, tellement émerveillés, que proposer de tout oublier et de rester là, de s'installer avec Jésus, Moïse et Elie ! C'était tellement merveilleux, ils étaient tellement bien ! Sauf que, Jésus Lui, lucide est tendu vers le but de Son Incarnation «  donner Sa Vie pour le Salut de l'humanité » les a vite rappelés à la réalité du moment présent, avec, en plus, la consigne de garder le silence sur ce qu'ils venaient d'expérimenter !
Quelle conscience ont-ils eu de cet événement unique ? A l'heure du tombeau tout cela semble occulté ! Aussi, l'irruption de Jésus au cœur de leur détresse bouleverse leurs plans immédiats et les retourne !
En un instant ils passent de l'effondrement à la joie ! Ils sont remplis de joie nous dit Saint Jean , ils passent d'un extrême à l'autre, ils voient Jésus VIVANT! Pas de doute, c'est bien Lui, Jésus montre les marques des clous, la cicatrice de la plaie du côté et Il offre la Paix, Sa PAIX comme Il leur proposait de le faire lors des envois en mission ! « Dans toute maison où vous entrerez, dites d'abord : 'Paix à cette maison.' (Lc 10) » En cet instant, LA PAIX de Jésus les réchauffe et les illumine, ils ne peuvent pas avoir oublié les récents événements, où l'un a nié Le connaître, et où presque tous ont fui le laissant seul avec Ses bourreaux ! Cette Paix là, doit avoir une douceur incomparable, une force aussi qui relève et remet en route ! Plus question de fermeture, de repli, de peur, Christ est VIVANT ! Il est Là et offre la Paix et Il ne se contente pas d'offrir la réconciliation, SA CONFIANCE EST INTACTE voilà qu'Il fait entrer le groupe des poltrons , des pécheurs (n'avait-il pas dit «  je ferai de vous des pêcheurs d'hommes »,) dans la lignée du Fils qui , envoyé par le Père, envoie à Son tour , ils n'ont pas le temps de dire « ouf » Jésus poursuit :
De même que le Père m’a envoyé,moi aussi, je vous envoie. »Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit :« Recevez l’Esprit Saint.    À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ;à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »
Jésus, loin de moraliser, de rappeler les récents et douloureux événements, comme Lui-même fut envoyé par le Père, Jésus les envoie, Il sait à quel point ils auront besoin de soutien,
- de Force pour rester debout dans l'épreuve,pour faire face aux controverses, aux oppositions ,
- de Science pour éclairer les esprits comme Lui-même s'est évertué de le faire,
- de Sagesse pour discerner les esprits, prendre les justes décisions , conduire l’Église naissante,
- d'Esprit de Conseil pour être clairvoyants , soutenir leurs frères,les accompagner,
- d'Intelligence de la foi et des relations humaines pour parler vrai sans fioritures,
- de Piété pour chercher la lumière là où Lui-même allait la chercher dans la solitude de la montagne où Il s'entretenait avec Son Père,
- de Crainte de Dieu c'est-à-dire de confiance, de respect aimant qui cherche la vérité au bon endroit sans dispersion aucune, sans recours à des sciences occultes , sans prêter l'oreille aux rumeurs où c'est le dernier qui parle qui a raison,
Pour ce vaste chantier ils ont besoin , eux aussi, d'être accompagnés : Jésus ne leur a-t-il pas dit « je ne vous laisserai pas orphelins » Il le prouve, s'il en est besoin, en SOUFFLANT sur eux et en accompagnant ce geste de cette extraordinaire Parole : RECEVEZ L'ESPRIT SAINT !
Jésus SOUFFLE, Le Père a SOUFFLE aux origines du monde, l’Église SOUFFLE La NUIT PASCALE sur l'eau qui fera des créatures nouvelles lors des baptêmes, sur les HUILES Saintes consacrées au cours de la Semaine Sainte , sur le nouveau prêtre... Cette expression figure 92 fois dans l'Ancien TESTAMENT, trois fois , dont aujourd'hui dans Saint Jean, dans le NOUVEAU TESTAMENT
Alors le Seigneur Dieu modela l'homme avec la poussière tirée du sol ; il insuffla dans ses narines le souffle de vie, et l'homme devint un être vivant. (Gn 2)
Dieu se souvint de Noé, de toutes les bêtes et de tous les bestiaux qui étaient avec lui dans l'arche; il fit alors passer un souffle sur la terre et les eaux se calmèrent. (Gn 8)
Tu as soufflé ton haleine : la mer les a couverts, ils ont coulé comme du plomb dans les eaux redoutables. (Ex 15)
: Ainsi parle le Seigneur Dieu : Viens des quatre vents, Esprit ! Souffle sur ces morts, et qu'ils vivent ! » (Ez 37)
l'herbe se dessèche et la fleur se fane quand passe le souffle du Seigneur. (Is 40)
Le vent souffle où il veut : tu entends le bruit qu'il fait, mais tu ne sais pas d'où il vient ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né du souffle de l'Esprit. » (Jn 3)
Le SOUFFLE de Jésus est à ce point puissant qu'Il communique sa propre Force aux apôtres en leur confiant avec les dons de Son ESPRIT SAINT la mission spécifique qui sera la leur et qu'ils transmettront d'âge en âge jusqu'à la fin des temps à leurs successeurs avec ce pouvoir des clefs remis au Premier d'entre eux. Premier pas nécessairement dans l'ordre arithmétique mais reconnu par ses frères !
À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ;à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. » Voilà les apôtres investis d'une mission divine ils deviennent l'instrument de la Miséricorde divine sur Terre ! Ils sont envoyés pour rendre la liberté aux enchaînés du péché, la vue aux aveugles qui ne voient pas leur péché, la paix aux tourmentés, la joie aux écrasés de et par la vie,nourrir ce qui ont faim, annoncer la Bonne Nouvelle du Salut ! Et pas les apôtres seulement, mais le chrétien participe à cet envoi quand un ministère lui est confié par un représentant de l’Église . Le chrétien est aussi appelé à délier ses frères de toute dette personnelle, chose que nous pratiquons mal ou pas du tout ! Comme il est important et urgent d' apprendre, comme nous le demande Jésus dans le Notre Père , à remettre les dettes de nos frères à notre égard même quand ceux-ci ont franchi les portes de l'Au-Delà, si nous ne l'avons pas fait avant ! Souvenons-nous de la deuxième lecture de dimanche dernier : Que nul d'entre vous ne souffre comme meurtrier, comme voleur ou malfaiteur, ou comme avide du bien d'autrui. Mais s'il souffre comme chrétien, qu'il n'en ait pas honte; plutôt, qu'il glorifie Dieu pour ce même nom. (1P 4)
N'oublions pas comme le dit St Paul dans la seconde lecture que nous sommes membres d'un même corps, que lorsqu'un membre souffre, ne va pas bien, tombe, c'est le Corps tout entier qui est ou devrait être atteint ! Interrogeons-nous : que produit en moi la chute d'un frère ? Médisance ? Accusation ? Satisfaction ? Ou bien : souffrance , compassion, prière... et ceci quelle que soit la raison de sa chute ! Est-ce que je souffre spirituellement de son éloignement, de sa chute comme je souffre physiquement lorsque je me blesse ? Sommes-nous vraiment membres d'un même corps ??



Ô Seigneur, envoie ton Esprit
qui renouvelle la face de la terre !
(cf. Ps 103, 30)
Bénis le Seigneur, ô mon âme ;
Seigneur mon Dieu, tu es si grand !
Quelle profusion dans tes œuvres, Seigneur !
la terre s’emplit de tes biens.
Tu reprends leur souffle, ils expirent
et retournent à leur poussière.
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.
Gloire au Seigneur à tout jamais !
Que Dieu se réjouisse en ses œuvres !
Que mon poème lui soit agréable ;
moi, je me réjouis dans le Seigneur.


l'Ermite

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