vendredi 18 janvier 2019

SURABONDANCE DE L'AMOUR


DEUXIEME DIMANCHE 

DU

TEMPS ORDINAIRE

Année C

(Jn 2,

« Ce premier miracle de Jésus « illumine tout le mystère du Christ et ouvre le cœur des disciples à la foi », a déclaré le Pape François ,lors d'une catéchèse sur la Place St Pierre. Les noces de Cana sont bien plus que le simple récit du premier miracle de Jésus, a poursuivi le pape, car « telles un écrin, elles contiennent le secret de sa personne et le but de sa venue : l’époux attendu marque le commencement des noces qui se réalisent dans le mystère pascal ». « C’est à Cana que les disciples de Jésus deviennent sa famille, et c’est à Cana que naît la foi de l’Église », a encore précisé le pape François. « Nous sommes tous invités à ces noces, afin que le vin nouveau ne vienne plus à manquer ! »
Jean, qui baptise au Jourdain, témoigne haut et fort que Jésus est l'agneau de Dieu, le Fils de Dieu, Jésus invite alors des disciples de Jean, puis Pierre, Philippe, Nathanaël à le suivre. Une noce de village sera leur première sortie commune. La fête est menacée car il n'y a plus de vin. Sur l'intervention discrète de la mère de Jésus, tout s'arrange. De l'eau est transformée en bon vin et la fête se poursuit sans anicroche. Une belle histoire pour un début d'évangile. Mais, à bien y regarder, les aspérités du texte laissent soupçonner tout autre chose qu'un « dépannage sympathique et peu ordinaire ».
 il y eut un mariage à Cana de Galilée.La mère de Jésus était là.
    Jésus aussi avait été invité au mariage
avec ses disciples.
La cérémonie nuptiale n'est pas évoquée. Le dialogue de Jésus avec sa mère, la réaction du maître du repas prennent une place disproportionnée. On ne connaîtra jamais les réactions du marié...
    Or, on manqua de vin.
N'est-il pas surprenant que le vin vienne à manquer un jour de fête comme celui-là ? L'intervention de Marie ne nous surprend-elle pas ? Dans une première lecture , nous trouvons cela plutôt sympathique, mais nous restons sur notre questionnement . C'est Marie qui semble s'apercevoir du manque la première et lorsqu'elle veut faire intervenir Jésus, Celui-ci, avant d'obtempérer, paraît établir une distance ! »Mon heure n'est pas encore venue » renchérit Jésus ;de quelle heure s'agit-il ? Marie ne tient pas compte des remarques de Jésus, elle avance et fait avancer l'entourage ! Quant à Jésus, Il avance aussi et va demander d'utiliser des jarres destinées aux ablutions, pour changer l'eau en vin ! Tout cela n'est-il pas déroutant ?
St Jean est le seul à parler des noces de Cana et il conclut cette séquence en précisant qu'il s'agit ici du commencement des Signes de Jésus et de la première manifestation de Sa Gloire !
« L'évangile de Notre Seigneur Jésus-Christ selon Saint Jean est une méditation très profonde sur Jésus, Verbe de Dieu. Écrit peut être vers 95-100 dans la rédaction que nous avons, il témoigne de plus de recul que les trois autres évangiles. Matthieu, Marc et Luc sont issus de la même souche : la prédication de Pierre (c'est pourquoi on les nomme " synoptiques " - qui peuvent être " vus ensemble "). Apôtre lui-même, et témoin oculaire privilégié, Saint Jean use de sa liberté. On peut le reconnaître dans le "disciple que Jésus aimait". Jean ne s'est pas senti tenu par une chronologie : il montre surtout une pénétration plus intime du mystère du Christ. Pour lui, Jésus n'est pas seulement le messie qui accomplit les prophéties et fonde le Royaume, ni le fils de Dieu qui subjugue les masses, ni le sauveur qui vient proclamer un message de mansuétude, c'est le Verbe incarné, Dieu lui-même, qui révèle aux hommes le Dieu invisible. Le plan même en est transformé : Prologue - la gloire du Verbe (1), la gloire de Jésus (1-12), Jésus dans l'intimité de ses disciples (13-17), la Gloire de la passion (18-19), la Gloire de la résurrection (20) et l'appendice (21). Les antithèses s'y bousculent et font de cet écrit l'un des plus lus et des plus difficiles à pénétrer. Pour s'y essayer, une piste est d'étudier les couples de mots clefs qui rythment le récit : Dieu - Verbe, lumière - ténèbres, vie - mort, témoignage - foi, monde - reconnaissance, chair - esprit, unité - péché, gloire - don, loi - vérité, adoration – Jérusalem... » Ictus
L’Évangéliste évoque la Présence de Marie dans deux passages seulement : à Cana et au pied de la croix (Jn 19, 25-27) sans doute veut-il lier ces deux événements ? Dans ce même évangile il est souvent question de l'Heure de Jésus en avançant on devine que cette Heure révèle le moment de la mort de Jésus sur la croix !
" Crois-moi, femme, l'heure vient où ce n'est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. (Jean 4)
Mais l'heure vient - et c'est maintenant - où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. (Jean 4)
Amen, amen, je vous le dis : l'heure vient - et c'est maintenant - où les morts vont entendre la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l'auront entendue vivront. (Jean 5)
Ne soyez pas surpris ; l'heure vient où tous ceux qui sont dans (Jean 5)
On cherchait à l'arrêter, mais personne ne mit la main sur lui parce que son heure n'était pas encore venue. (Jean 7)
Il prononça ces paroles alors qu'il enseignait au Temple, du côté du Trésor. Et personne ne l'arrêta, parce que son heure n'était pas encore venue. (Jean 8)
: « L'heure est venue pour le Fils de l'homme d'être glorifié. Amen, amen, je vous le dis :
si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; (Jean 12)
Maintenant je suis bouleversé. Que puis-je dire ? Dirai-je : Père, délivre-moi de cette heure ? - Mais non ! C'est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton nom ! » (Jean 12)
Avant la fête de Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde à son Père, après avoir aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'à la fin. (Jean 13)
Avant la fête de la Pâque, sachant que l'heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'au bout. (Jean 13)
Mais voici pourquoi je vous dis tout cela : quand cette heure sera venue, vous vous souviendrez que je vous l'avais dit. Je ne vous l'ai pas dit dès le commencement, parce que j'étais avec vous. (Jean 16)
J'ai employé des paraboles pour vous parler de tout cela. L'heure vient où, sans employer de paraboles, je vous annoncerai ouvertement tout ce qui concerne le Père. (Jean 16)
L'heure vient - et même elle est venue - où vous serez dispersés chacun de son côté, et vous me laisserez seul ; pourtant je ne suis pas seul, puisque le Père est avec moi. (Jean 16)
Ainsi parla Jésus. Puis il leva les yeux au ciel et pria ainsi : « Père, l'heure est venue. Glorifie ton Fils, afin que le Fils te glorifie. (Jean 17)
Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. (Jean 19)

La mère de Jésus lui dit :
« Ils n’ont pas de vin. »
    Jésus lui répond :
« Femme, que me veux-tu ?
Mon heure n’est pas encore venue. »
Les citations qui précèdent montrent bien que l' HEURE dont parle Jésus est bien celle de Sa glorification sur le croix ! Le lien entre Cana et la croix se resserre. La foi est un thème essentiel qui court tout au long du quatrième évangile. Devant Jésus il faut prendre position : les uns croient en lui, les autres non. Dès le départ, grâce au signe de Jésus, les disciples se transforment en croyants. Ainsi la croix, c'est-à-dire la mort et la glorification de Jésus, se profile déjà à Cana.
Dans la Bible et la tradition juive du temps de Jésus, le thème des noces sert à décrire l'espoir des temps merveilleux que Dieu prépare pour son peuple
Voici que des jours viennent, - oracle de Yahweh, et le laboureur joindra le moissonneur, et celui qui foule les grappes joindra celui qui répand la semence ; les montagnes dégoutteront de vin nouveau, et toutes les collines ruisselleront.Je ramènerai les captifs de mon peuple d'Israël ; ils bâtiront les villes dévastées et les habiteront, ils planteront les vignes et en boiront le vin, ils feront des jardins et en mangeront les fruits. Et je les planterai sur leur sol, et ils ne seront plus jamais arrachés de leur terre, que je leur ai donnée, dit Yahweh, ton Dieu. (Amos 9)
les temps messianiques de la surabondance, des festins où le vin coulera à flot. L'image des noces illustre la conviction des fils d'Israël : Dieu viendra en son temps, en son jour, changer notre monde de misère en un monde selon Son cœur. Jésus dans le récit des noces de Cana tient le rôle de l'époux, et c'est lui qui donne le bon vin des derniers temps qui coule à flots. Traduisons : Jésus est le Messie attendu, avec lui nous entrons dans les temps nouveaux de Dieu.
La réponse de Jésus à sa mère, placée dans le contexte biblique, reçoit une explication. Dans la Bible, lorsqu'un malentendu s'installe entre deux personnes, on l'exprime par la formule : « Qu'y a-t-il entre toi et moi ? » Le roi répondit: « Qu'ai-je à faire avec vous, fils de Sarvia? (2Samuel16) La mère de Jésus est sur le registre de l'entraide, et Jésus veut l'entraîner sur le registre de la signification religieuse de son geste. Rien n'est irrespectueux sur les lèvres de Jésus. L'interpellation « Femme » est ordinaire à l’époque et nullement péjorative Jésus ayant vu sa mère, et auprès d'elle le disciple qu'il aimait, dit à sa mère: "Femme, voilà votre fils." Ensuite il dit au disciple: "Voilà votre mère." Et depuis cette heure-là, le disciple la prit chez lui. (Jean 19)

    Sa mère dit à ceux qui servaient :
« Tout ce qu’il vous dira, faites-le. »
    Or, il y avait là six jarres de pierre
pour les purifications rituelles des Juifs ;
chacune contenait deux à trois mesures,
(c’est-à-dire environ cent litres).
    Jésus dit à ceux qui servaient :
« Remplissez d’eau les jarres. »
Et ils les remplirent jusqu’au bord. Il leur dit :
« Maintenant, puisez,
et portez-en au maître du repas. »
Ils lui en portèrent.
    Et celui-ci goûta l’eau changée en vin.
Il ne savait pas d’où venait ce vin,
mais ceux qui servaient le savaient bien,
eux qui avaient puisé l’eau.
Alors le maître du repas appelle le marié  et lui dit :
« Tout le monde sert le bon vin en premier
et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon.
Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. »
Ici, c'est non seulement la surabondance mais une qualité inégalée et inégalable ! N'avons-nous pas ici le symbole de la surabondance du Salut offert par le Père en livrant Jésus pour le salut de la multitude ?
Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement; et le pain que je donnerai, c'est ma chair, pour le salut du monde. D'autres traduisent la multitude)" (Jean 6)
et tout homme verra le salut de Dieu. (Luc 3)
C'est le commandement que le Seigneur nous a donné : J’ai fait de toi la lumière des nations pour que, grâce à toi, le salut parvienne jusqu'aux extrémités de la terre. (Actes 13)
Dieu Père, donne et se donne totalement, Il ne retient rien pour Lui pas même Son Fils, Son Unique «  Le Père m'aime parce que je donne ma vie pour la reprendre ensuite. Personne n'a pu me l'enlever : je la donne de moi-même. J'ai le pouvoir de la donner, et le pouvoir de la reprendre : voilà le commandement que j'ai reçu de mon Père. » (Jean 10)
Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. (Jean 15)
« Si tu savais le don de Dieu, si tu connaissais celui qui te dit : 'Donne-moi à boire', (Jean 4)
Quant à Jésus n'est-Il pas venu pour que le monde ai la vie « Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. » Jn 10 et qu'il l'ait en abondance, C'est l'abondance de Cana, c'est l'abondance de la croix, de Pentecôte où le Fils livre l'Esprit qui demeure avec Son Église, avec chacun de nous jusqu'à la fin des temps . Quand Dieu donne Il donne tout, Il se donne sans restriction ! Et nous ?
De son côté, Marie avance sans faiblir, peut-être ne comprend-elle pas exactement les allusions de Jésus, une seule compte pour elle en cet instant : « tirer les mariés de
l'embarras » N'oublions pas cela, quand le ciel s'obscurcit, quand nous ne voyons aucune éclaircie immédiate possible, n'hésitons pas à nous tourner vers Marie Elle saura remplir les jarres de nos vies et, en forçant un peu, et en douceur, Elle conduira Jésus à agir, même s' Il estime que ce n'est ni le moment, ni l'heure !
St Jean conclut cette séquence en précisant :
    Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit.
C’était à Cana de Galilée.
Il manifesta sa gloire,
et ses disciples crurent en lui.
Jésus, en effet est au tout début de sa vie publique, nous savons aujourd'hui, - et nous n'en connaissons qu'une infime partie, celle retenue par les évangélistes, - que Jésus est intervenu des quantités de fois pour libérer, rendre la joie, donner la paix, ouvrir des chemins de réconciliation, … Jésus est passé en faisant le Bien, Lui, le Seul Bien véritable, jusqu'à la manifestation de Sa Gloire à l'Heure où Il donne tout, jusqu'à l'extrême, en s'offrant librement sur la Croix qui nous sauve : « Le Père m'aime parce que je donne ma vie pour la reprendre ensuite. Personne n'a pu me l'enlever : je la donne de moi-même. » (Jean 10) Si Jésus a ouvert Son ministère public par un acte de création ( l'eau changé en vin) c'est entre autres , pour éveiller la confiance de ses disciples «et ses disciples crurent en lui. » qui ballottés par les flots tumultueux de la vie afficheront des hauts et des bas, mais seront là, le moment venu pour prendre la relève
quand Jésus leur commandera «Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ; et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
C'est parce qu'ils ont cru que nous croyons aujourd'hui ; à notre tour de :

R/ Racontez (er) à tous les peuples
les merveilles du Seigneur !
 (Ps 95, 3)
Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
chantez au Seigneur et bénissez son nom !
De jour en jour, proclamez son salut,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !
Rendez au Seigneur, familles des peuples,
rendez au Seigneur, la gloire et la puissance,
rendez au Seigneur la gloire de son nom.
Adorez le Seigneur, éblouissant de sainteté.Allez dire aux nations : Le Seigneur est roi !
Il gouverne les peuples avec droiture.


L'Ermite

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