vendredi 8 décembre 2017

PREPAREZ !

DEUXIÈME DIMANCHE DE L'AVENT

ANNÉE B


(Mc 1, 1-8)

« Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur ;
tracez droit, dans les terres arides,
une route pour notre Dieu.
Que tout ravin soit comblé,
toute montagne et toute colline abaissées !
que les escarpements se changent en plaine,
et les sommets, en large vallée !
Alors se révélera la gloire du Seigneur,
et tout être de chair verra
que la bouche du Seigneur a parlé. »



Durant tout le temps de l'Avent nous avancerons avec Isaïe qui, environ 600 ans avant notre ère évoque l'attente du Peuple et annonce le Libérateur.
Il s'agit ici, du second Isaïe ou Deutéro Isaïe qui intervient dans les chapitres 40 à 55 En réalité celui qui écrit ce passage, serait un anonyme qui a vécu à la fin de l'exil babylonien, en terre étrangère. Son intervention se situe entre les années 550 et 538, c'est-à-dire entre les premiers grands succès remportés par le souverain perse Cyrus et la victoire définitive de celui-ci contre Babylone. On sait fort peu de chose de lui ; les textes font une allusion à sa vocation et peut-être à ses souffrances, si les cantiques du Serviteur le concernent. Son style est beaucoup plus chaleureux, passionné, plus « romantique » que celui du prophète Isaïe ; les formules hymnologiques et les oracles de salut abondent dans ses déclarations. Le plan de son livre est difficile à établir, car ce sont sans cesse les mêmes thèmes et les mêmes expressions qu'on retrouve dans ces chapitres. Il s'ouvre de façon significative par le verbe « consoler » et continue par une série de paroles qui ont trait à la fin de l'exil et au retour des déportés juifs en Terre sainte. Le prophète prévoit la chute de Babylone il annonce un nouvel exode sous la conduite de Seigneur lui-même , il sait que Cyrus est l'oint de Dieu et que ses succès ont pour but la reconstruction du temple de Jérusalem Le Proche-Orient tout entier est bouleversé pour permettre la libération du peuple de Dieu.
Mais le prophète se heurte à l'incrédulité, au découragement, à la mauvaise conscience de ses auditeurs. Les exilés doutent que leur Dieu veuille et puisse agir en leur faveur. Nous verrons , dans l’Évangile de ce dimanche que Marc avec Pierre, empruntent les propos du Deutéro Isaïe pour présenter le Précurseur et ce choix n'est pas indifférent.

Commencement de l’Évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu.Il est écrit dans Isaïe, le prophète :Voici que j’envoie mon messager en avant de toi,pour ouvrir ton chemin.
Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur,rendez droits ses sentiers.
Marc, l'un des premiers disciples de Jésus, accompagna Pierre à Rome et n'écrivit son Évangile pratiquement que sous sa dictée, avant 69, et sur des relations de témoins oculaires; Il essaie de montrer que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, surtout à travers ses actes, ses miracles notamment. Il propagea le christianisme en Égypte, où il est vénéré comme premier Patriarche d'Alexandrie où il fut martyrisé. Bien que son évangile soit le plus court, celui de Marc est le moins connu et le moins lu des évangiles. Le récit est parfois gauche, mal conduit. De ces remarques il ressort que Marc n'est à aucun degré une œuvre littéraire. Le plan de l'ensemble est comparable à celui de Matthieu en dehors du fait que cet écrit est plus court. Néanmoins, la pauvreté de la langue permet à la dramatique des scènes de prendre une dimension unique et rafraîchissante : l'évangile selon Marc est comme un témoignage oral, gauche, mais convaincant, sur la personne du Christ. Introduction à cet évangile dans Ictus

Commencement de l’Évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu.C'est par ces mots que Marc ouvre son Évangile, nous ne trouvons pas cela chez les autres évangélistes. D'emblée, Marc nous plonge dans l'identité profonde de Jésus !Il est Sauveur,c'est le sens de Jésus, Il est Christ c'est à dire l'oint du Seigneur de l'univers et donc Roi de cet univers, Messie de Dieu, donc Celui qui est attendu depuis des siècles , Celui qui vient accomplir la promesse, Il est également Fils de Dieu ce qui signifie s'Il est Fils de Dieu qu'Il est Lui-même Dieu .

Quant au terme ÉVANGILE, commun aux quatre évangélistes, ce terme révèle que chacun est conscient d'écrire , non des mémoires, voire une biographie, mais une grande et merveilleuse Bonne Nouvelle, c'est le sens du mot Évangile, en réponse à l'attente du Peuple . S'ils la fixent sur un parchemin c'est bien pour qu'elle traverse les âges et poursuive sa route jusqu'à nous et ceux qui nous suivront ! Et, cette Bonne Nouvelle est toujours « neuve » car nous n'aurons jamais fini d'en connaître la profondeur !

Matthieu commence cette Bonne nouvelle avec la généalogie de Jésus, sa naissance et son
enfance, Luc directement par la naissance et l'enfance, Jean, l'Aigle au regard perçant, capable de voir dans les abysses de Dieu , nous plonge dans le grand mystère d'un Dieu qui est depuis toujours et qui se fait chair pour nous rejoindre :

Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu.Il était au commencement en Dieu.Tout par lui a été fait, et sans lui n'a été fait rien de ce qui existe. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes, Et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point reçue. (Jean 1)

il évoque ensuite, le Baptiste, venu pour rendre témoignage à la Lumière :

Il y eut un homme, envoyé de Dieu; son nom était Jean. Celui-ci vint en témoignage, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous crussent par lui: non que celui-ci fût la Lumière, mais il avait à rendre témoignage à la Lumière.

Jean lui rend témoignage, et s'écrie en ces termes: "Voici celui dont je disais: Celui qui vient après moi, est passé devant moi, parce qu'il était avant moi." (Jean 1)

Pierre, Marc, Marc et Pierre s'appuient disais-je, sur l'oracle d'Isaïe : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi,pour ouvrir ton chemin.Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur,rendez droits ses sentiers.

Nous sommes dans la perspective de la venue du Jour de Dieu ; et dans le livre de l’Exode nous trouvons « Je vais envoyer un messager devant toi pour te garder en chemin et te faire entrer dans le lieu que j’ai préparé » (Ex 23, 20) ; c’est un rappel de la sortie d’Égypte. Ce que Marc sous-entend ici en quelques mots, c’est que Jean-Baptiste nous achemine de l’Alliance historique conclue dans le désert de l’Exode vers l’Alliance définitive en Jésus-Christ. 
 
L’Évangile selon St Marc (et Pierre) s'enracine dans l'Ancienne Alliance, il puise dans les textes prophétiques, pour établir le lien entre les deux Alliances, la seconde débutant avec l'apparition de Jean le Baptiste venu désigner Celui qui vient. Il n'y a pas rupture mais accomplissement de la Parole des Prophètes dans Celui qui vient renouveler toutes choses et surtout, révéler le Père . Jean le Baptiste n'a pas d'autre ambition que celle de Lui ouvrir la route, c'est son appel, c'est sa vocation : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales.Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ;lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. » 
 
« je ne suis pas digne de m’abaisser » cette expression est d'une puissance surprenante et inégalable. Pour accomplir un geste aussi humble que celui de défaire les courroies des sandales du Christ, une grâce bien particulière est nécessaire, indispensable ! Jean le Baptiste nous signifie l'éminente dignité de Celui qui vient ! On n'approche pas Dieu, on ne touche pas Dieu sans se brûler, sans être brûlé ! « N'approche pas d'ici, ôte tes souliers de tes pieds, car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte. .. Moïse se cacha le visage, car il craignait de regarder Dieu.» Ex 3 Cela peut nous renvoyer à la façon dont nous accueillons Jésus , dans nos mains, à la « communion », dans nos cœurs surtout ! « Seigneur, dit le Centurion, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit »  dans quel état d'esprit reprenons-nous ce verset en nous approchant du Saint des saints !

A son heure, Jean apparaît dans le désert Alors Jean, celui qui baptisait,parut dans le désert. Le désert réel mais aussi et surtout, le désert spirituel parce l'humanité avance aveuglément « comme un troupeau sans berger ! » Et que disait Jean ? :Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. » Le Baptiste ne trompe pas les populations pour les attirer, il n'enjolive pas le message, il annonce et préconise un
baptême de conversion ! Il invite, sans la moindre préparation, sans le moindre préalable, à changer de vie à se laisser retourner pour se préparer à accueillir Celui qui vient et dont il n'est pas digne de dénouer les courroies de ses sandales. Et les foules viennent de partout pour entendre son message et demander ce baptême. Il avertit pourtant ; moi je vous baptise dans l'eau mais Lui vous baptisera dans l'eau et dans l'Esprit Saint. Cela ne les rebute pas, ils ne disent pas « attendons le vrai ! » non ils demandent ce baptême que Jésus viendra parfaire, pour s'ouvrir davantage à cet amour. 
 
Ils ne reculent pas devant l'effort demandé et nous ? Car si Jésus est venu, Il ne cesse d'advenir, si nous accourrons vers Lui, si nous déposons le fardeau de nos péchés au pied de la mangeoire , dans la mangeoire, si nous Lui offrons nos pauvretés pour qu'Il renouvelle nos cœurs et que nous nous relevions dynamisés pour devenir des annonceurs de cette unique Bonne Nouvelle , l’Évangile de Jésus-Christ !

Toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui,et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain,en reconnaissant publiquement leurs péchés.

Jean n'avait rien d'un dandy il ne cherchait pas à plaire, non ! Son vocabulaire était rude : «  Race de vipères, qui vous a appris à fuir la colère qui vient? (Luc ( 3) Les foules ne sont attirées ni par sa prestance, ni par ses vêtements, ni par une table remplie de mets savoureux et encore moins par des paroles doucereuses , Jean est lui-même un pénitent qui attend le Salut de Dieu, il mène une vie austère et dépouillée son ambition est de préparer la route à Celui qui vient !

Quelles sont mes ambitions aujourd'hui ? Briller ? Être reconnu, connu ? Rassembler pour me donner de l'importance ? Me faire une place au soleil ? Attirer l'attention ? Avoir la dernière voiture ? La dernière moto ? Un vêtement de marque qui attire les regards ? La plus belle villa ? Tout ce qui fait l'affiche ! Un portefeuille prêt à craquer ? Une belle fourrure ? Quelles sont mes ambitions ?? 
 
Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins ;il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.Il s'habillait et se nourrissait de ce qu'il trouvait sur place, de ce que lui offrait le désert .

Avons-nous ce désir chevillé au corps et à l'esprit, de préparer le route au Seigneur dans le cœur de nos frères et, en premier, dans le nôtre ? Il ne s'agit pas d'imposer, mais d'être vraiment qui nous sommes, de savoir témoigner de notre attachement à l’Évangile, au Christ Lui-même !

Par la suite, Jésus Lui-même ne manquera pas de rendre témoignage à Jean le Baptiste :
Après le départ des envoyés de Jean Baptiste, Jésus se mit à parler de lui aux foules : « Qu'êtes-vous allés voir au désert ? Un roseau agité par le vent ?... Alors, qu'êtes-vous allés voir ? Un homme aux vêtements luxueux ? Mais ceux qui portent des vêtements magnifiques et mènent une vie de plaisir sont dans les palais des rois. Alors, qu'êtes-vous allés voir ? Un prophète ? Oui, je vous le dis ; et bien plus qu'un prophète ! C'est de lui qu'il est écrit : Voici que j'envoie mon messager en avant de toi, pour qu'il prépare le chemin devant toi. Je vous le dis : Parmi les hommes, aucun n'est plus grand que Jean ; et cependant le plus petit dans le royaume de Dieu est plus grand que lui. Tout le peuple qui a écouté Jean, y compris les publicains, a reconnu la justice de Dieu en recevant le baptême de Jean. (Luc 7)

Dès lors ne craignons pas d'être « sacré » insignifiant, inutile , et tout ce qu'il y a de plus bas car le plus petit dans le royaume de Dieu, nous dit Jésus, est plus grand que lui. Puissions-nous devenir plus petit que Jean pour la seule Gloire du Père !

Préparez, à travers le désert,
Les chemins du Seigneur.
Écoutez, veillez, ouvrez vos cœurs,
Car Il vient, le Sauveur


Tracez, dans les terres arides,
Une route aplanie pour mon Dieu.
Les ravins seront relevés,
Tous les monts et les collines abaissés


Portez à mon peuple la joie,
Consolez, consolez mes enfants!
Proclamez le salut de Dieu,
Le rachat et le pardon des péchés 
 


Élève avec force ta voix!
Le voici, ton berger, ne crains pas!
Il rassemble tous ses enfants,
Les conduit sur les chemins de la Vie

l'Ermite

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