vendredi 15 décembre 2017

JE SUIS LA VOIX

TROISIÈME DIMANCHE DE L'AVENT

ANNÉE B
(Jn 1, 6-8.19-28)


Ce troisième dimanche de l'Avent est appelé le dimanche de Gaudete, ce qui signifie le dimanche de la joie. Nous approchons de Noël , ce jour extraordinaire où l'Amour du Père se manifeste en donnant au monde un Sauveur en la personne de Son Fils unique, Jésus-Christ ! Alors oui nous pouvons nous réjouir et les lectures de ce jour nous y invitent largement :

Je tressaille de joie dans le Seigneur,mon âme exulte en mon Dieu.Car il m’a vêtue des vêtements du salut, il m’a couverte du manteau de la justice, comme le jeune marié orné du diadème, la jeune mariée que parent ses joyaux. Comme la terre fait éclore son germe, et le jardin, germer ses semences, le Seigneur Dieu fera germer la justice et la louange devant toutes les nations clame Isaïe . Et saint Paul dans sa lettre aux Thessaloniciens ne parle pas autrement :

Frères,soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance : c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus. N’éteignez pas l’Esprit, ne méprisez pas les prophéties, mais discernez la valeur de toute chose : ce qui est bien, gardez-le ;éloignez-vous de toute espèce de mal.Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie tout entiers ; que votre esprit, votre âme et votre corps, soient tout entiers gardés sans reproche pour la venue de notre Seigneur Jésus Christ. Il est fidèle, Celui qui vous appelle : tout cela, il le fera.

Pour exprimer cette joie, cette allégresse les ministres du culte revêtent en ce jour des ornements de couleur rose. Écoutons ce qu'en disait Saint Jean Paul II en 2003 lors de l'Angélus :
« Question du jour : Que trouve-t-on entre le violet et le blanc ? Entre la fête et la pénitence ? Du rose et de la joie ! On vous l’accorde, le lien entre le rose et la joie n’est pas évident. Et pourtant ce 3e dimanche de l’Avent est celui du « Gaudete », de la joie. Pour l’occasion, nous pouvons voir les prêtres ce dimanche célébrer la messe « en rose ».

Le rose est aussi la couleur de l'aurore , du ou d'un commencement ! « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était Dieu »  écrit St Jean l’Évangéliste. Noël marque le commencement d'une ère nouvelle , le commencement d'une Alliance Nouvelle, où la terre tout entière est appelée à un renouvellement ! « Soyez dans la joie » c'est aussi le premier mot de la prière d'ouverture de ce dimanche « soyez dans la joie, soyez dans la joie, le Seigneur est proche ! » Oui, réjouissons-nous, que le monde entier chante et se réjouisse. L’Église nous donne chaque année cette merveilleuse possibilité de revivre cet avènement d'un Dieu qui se fait proche pour nous entraîner dans son sillage jusqu'aux cimes de l'amour ! N'ayons pas peur de nous laisser façonner , recréer, renouveler, configurer au Rédempteur ! Il est cette Lumière qui vient éclairer nos ténèbres, qui vient changer nos nuits en jour, qui vient éclairer ceux qui marchent sans but ! C'est ce qui est développé, en partie, dans l’Évangile de ce jour, et tout au long des Évangiles .

Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean.Il est venu comme témoin,
pour rendre témoignage à la Lumière,afin que tous croient par lui.Cet homme n’était pas la Lumière,mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière.

Cette fois, c'est l’Évangéliste Saint Jean qui nous parle du Précurseur. Saint Jean précise la mission du Baptiste et le présente comme témoin. Sans doute ose-t-il ce terme parce qu'il écrit son évangile vers l'an 95, il a eu le temps d'approfondir les événements et de comprendre, après coup, les paroles et les gestes de Jean-Baptiste. Il peut se permettre dès
lors d'en faire un témoin, mais en réalité , le Précurseur avance dans la foi, il ne sait pas qui est le Messie, en effet, chez Matthieu au chapitre 11 quand il est en prison, Jean-Baptiste envoie ses propres disciples interroger Jésus sur son identité : «  Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » 
 
Toutes les paroles du Précurseur sont d'inspiration divine, Il parle sous la mouvance de l'Esprit Saint et L’Évangéliste, qui lui, a été témoin du déroulé des événements peut affirmer ce qu'il a vu et entendu et comment, dans son comportement le Baptiste annonce Celui qui vient et qui est attendu. Les deux cousins ne se sont-ils pas rencontrés alors qu'ils étaient l'un et l'autre dans le sein maternel ? Rencontrés et mystérieusement reconnus puisque « quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l'enfant tressaillit dans son sein, et elle fut remplie du Saint-Esprit. (Luc 1). Reconnus en Esprit, non organiquement. Si Élisabeth est remplie de l'Esprit Saint on est en droit de croire que l'enfant qui réagit en reçoit sa part également , part qui le propulse en avant du Messie pour lui ouvrir la route !


Voici le témoignage de Jean, quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander :« Qui es-tu ? »Il ne refusa pas de répondre, il déclara ouvertement :« Je ne suis pas le Christ. »Ils lui demandèrent :« Alors qu’en est-il ? Es-tu le prophète Élie ? »Il répondit :« Je ne le suis pas.– Es-tu le Prophète annoncé ? »Il répondit :« Non. »Alors ils lui dirent :« Qui es-tu ?Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés.Que dis-tu sur toi-même ? »

Nous voyons que les questions ne manquent pas , le Messie est attendu et la prédication de Jean le Baptiste pose question, elle trouble les esprits !
Est-ce que notre manière de vivre, de parler de nous comporter pose question à nos contemporains ? En nous voyant agir peuvent-ils penser que le chrétien a un plus, un quelque chose qui leur donne envie de chercher à connaître et rencontrer Celui qui les anime?
Regardons et écoutons la réponse du Précurseur . Il commence par dire « Je ne suis pas le Christ. je ne suis pas Élie. » Il veut que les choses soient claires, il ne laisse planer aucune ambiguïté sur sa propre identité et il ne tire aucun profit de la mission qui lui est confiée. Jean le Baptiste est parfaitement honnête :
Il répondit :« Je suis la voix de celui qui crie dans le désert :Redressez le chemin du Seigneur,comme a dit le prophète Isaïe. » Or, ils avaient été envoyés de la part des pharisiens.

Jean le Baptiste ne confond pas parole et voix ! Il précise bien qu'il n'est que la voix l'organe transmetteur , celui qui émet des sons dont le contenu ne lui appartient pas, ce contenu vient de l'Ailleurs, lui il est le canal qui permet à un certain contenu d'annoncer le renouvellement de ce monde. Il sera plus précis par la suite quand il en viendra à désigner Celui qui vient de l'Ailleurs

Remarquons qu'il est interrogé par les Pharisiens ce qui manifeste leur profonde inquiétude, comme le monde entier, ils sont dans l'attente de Celui qui doit venir, mais ils
redoutent et le moment et Celui qui vient... et quand ce dernier apparaîtra, ils se rangeront du côté des opposants, du côté de ceux qui le rejettent, ils chercheront eux-mêmes à Le déstabiliser dès son apparition, ils sont à l’affût !

Ils lui posèrent encore cette question :« Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le Prophète ? »

L'attitude de Jean les trouble, ses actes les surprennent, ils ne comprennent pas, ils étalent la panoplie des possibles que réfute le Baptiste, ils sont encore plus inquiets à la pensée que Jean ne se reconnaît dans aucune des personnes évoquées à leur question il répond :« Moi, je baptise dans l’eau.Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ;

Le connaît-il vraiment Lui-même ? Il semble que non, nous l'avons noté plus haut ! Et plus tard, dans ce même prologue de l’Évangéliste, il précisera en apercevant Jésus qui s'approche : Voici l'agneau de Dieu, voici celui qui ôte le péché du monde. 3C'est de lui que j'ai dit: un homme vient après moi, qui est passé devant moi, parce qu'il était avant moi." 

Cela peut nous troubler, mais je le répète, le Baptiste parle sous la mouvance de l'Esprit . Expérience spirituelle que nous pouvons tous faire un jour ou l'autre : exprimer quelque chose qui nous dépasse, qui nous est donné de l'intérieur, et venant de Celui, voire Ceux (la très Sainte Trinité) qui vit (vivent) en nous !

Et moi, je ne le connaissais pas, mais c'est afin qu'il fût manifesté à Israël que je suis venu baptiser dans l'eau." Et Jean rendit témoignage en disant: "J'ai vu l'Esprit descendre du ciel comme une colombe, et il s'est reposé sur lui. Et moi je ne le connaissais pas; mais celui qui m'a envoyé baptiser dans l'eau m'a dit: Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre et se reposer, c'est lui qui baptise dans l'Esprit-Saint. Et moi j'ai vu et j'ai rendu témoignage que celui-là est le Fils de Dieu." (Jean 1)
Ces versets où Jean précise qu'Il ne connaissait pas Jésus avant l'étonnante rencontre du baptême, sont d'une très grande importance pour notre marche de chrétiens. C'est en avançant que nous comprenons peu à peu la volonté de Dieu, c'est en avançant, que s'éclairent les signes qu'Il place sur notre route ...Et nous n'avons jamais fini de Le connaître comme l'indique Jean le Baptiste, l’Évangile qui nous parle au quotidien, si nous le voulons, est sans cesse nouveau. C'est le merveilleux de cette rencontre unique qu'est le Christ dans une vie. Et même en Le fréquentant, nous ne Le connaissons pas, nous balbutions, les exégètes, les théologiens balbutient, Dieu est tellement grand, mais d'une grandeur abordable, elle n'écrase pas, elle éveille, elle relève, elle fait tenir debout! Dieu fait jaillir le meilleur « dans et de » nos vies ! Dieu comble une vie qui s'abandonne à son amour, d'un amour positif bien sûr, d'un amour responsable, d'un amour purifié, libéré …
Celui que le monde ne connaissait pas, qu'il ne connaît pas et ne reconnaît pas poursuit Jean le Baptiste n'a pas peur de venir humblement après le Précurseur, Il ne cherche pas la gloire et pourtant le Baptiste reconnaît qu'il n'est pas digne de dénouer les courroies de Ses sandales ! La vraie grandeur, nous ne le dirons jamais assez est dans la petitesse. Souvent les hommes rivalisent pour être grands, pour être reconnus, ils jouent des coudes pour se faire une place au soleil avec Jésus c'est tout le contraire, c'est à celui qui sera le plus petit
c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale. »

Oui Jésus vient derrière Jean, après Jean, et Il enseignera à faire de même «  quand vous êtes invités à des noces ne prenez pas les premières places ...attendez, «  le plus grand parmi vous sera comme celui qui sert … Lui-même se mettra à genoux devant ses disciples pour leur laver les pieds, Dieu à genoux devant l'humain ! Telle est la démesure de l' AMOUR DIVIN : DIEU à genoux. Peut-être serait-il bon de prendre quelques instants pour s'imprégner de cette grandeur dans la petitesse, dans l'humilité et de demander à ce Dieu qui nous approche, avec une infinie délicatesse , dans un corps de tout petit, d'éclairer le brouillard qui règne en nos cœurs pour nous permettre de percevoir nos inconséquences. Souvent, nous voulons tellement être, paraître, à coups de clairon nous clamons : j'y étais, je savais, j'ai fait ceci et encore cela, c'est moi qui ! » Savons-nous nous mettre à genoux devant nos frères ? Acceptons-nous d'apprendre à disparaître pour que Jésus transparaisse nous qui sommes pourtant créés à l'image et ressemblance de ce Dieu d'Amour ?

R. Nous sommes tout petit, tout petit devant toi Seigneur
Nous sommes tout petit devant Toi.

1.Devant les bois et les vallons, les hauts sommets de tous les monts
Devant le soleil, le ciel bleu, Toi seul est grand mon Dieu.

2.Toutes les fleurs à travers prés, le bouton d’or, l’épi de blé
Tout est reflet de ta clarté, tu nous as tant aimé.

3.Devant le tout petit enfant qui s’endort près de sa maman
Et qui sourit en s’éveillant : Jésus tu es présent.

Les Petites Sœurs de Jésus
Et Saint Jean l’Évangéliste de conclure:

Cela s’est passé à Béthanie, de l’autre côté du Jourdain,à l’endroit où Jean baptisait.

En écrivant ce verset je pense que St Jean veut nous conforter dans la foi. En précisant de la sorte le lieu où le Précurseur est intervenu au Nom du Seigneur dont la Présence avait pris possession de son être, l'apôtre concrétise d'une certaine façon cette prédication qui bouleverse ceux qui sont dans l'Attente de la venue du Messie. Oui, c'est vrai, nous dit-il, c'est à cet endroit précis qu'il nous a fait part de la merveille espérée depuis des siècles. C'est à notre tour chers amis, d'être la voix qui prépare la route dans les déserts de nos campagnes et de nos villes, dans le désert du monde aussi! N'ayons pas peur Dieu est avec nous jusqu'à la fin des temps !

Il comble de biens les affamés,
renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur,
il se souvient de son amour


Le Seigneur fit pour moi des merveilles
Saint est Son Nom !



L'Ermite

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