QUATRIÈME DIMANCHE DE CARÊME 2016
Lc 15, 1-3.11-32)
L’Évangile
offert à notre méditation en ce quatrième dimanche est long, je le
propose en trois séquences :
En
ce temps là, les publicains et les
pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. Les pharisiens
et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme
fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! »
Nous
sommes en présence de trois entités :
-
les publicains et les pécheurs qui viennent pour se nourrir
des Paroles qui sortent de la bouche du Seigneur, ces Paroles les
attirent par leur profondeur.
-
Les Pharisiens et les scribes qui, comme à l'accoutumé,
récriminent contre Jésus, ils ont bien du mal à accueillir Ses
propos, de plus, Ses fréquentations , les dérangent !
-
Enfin, et surtout, il y a Jésus ! Jésus pourrait se
mettre en colère, invectiver pharisiens et scribes qui ne se gênent
pas pour Le critiquer. Jésus n'ignore rien de leurs intentions
meurtrières, Il avance paisiblement vers son sacrifice, Il ne rentre
pas dans de vaines discutions, ce que nous serions tentés de faire
pour justifier nos choix, nos paroles. Nous le disions récemment,
commencer à discuter c'est entrer dans le jeu du Malin et tomber
dans ses griffes, Jésus reste maître de Lui et propose une
histoire, à la portée de tous, cette magnifique Parabole qui trouve
bien sa place à la mi-temps du Carême et en cette année du
« Jubilé de la Miséricorde ».
En
parcourant les deux séquences suivantes, nous pourrions garder dans
notre esprit la question suivante : lequel des deux fils
domine en moi ?
Alors Jésus leur dit cette parabole .
Premier
temps : le fils cadet demande intentionnellement son
héritage. Il sait en effet ce qu'il a en tête ; subtil, il ne
tient pas à choquer son père qui pourrait refuser, du moins c'est
ainsi qu'il peut ressentir la situation.
Quel
que soit notre âge, ce jeune « tout fou », c'est chacun
de nous quand nous agissons en écervelés, ne désirant rendre
de compte à nul autre qu'à soi-même !
Deuxième
temps : Le père respecte la liberté de son enfant, il
obtempère sachant cependant les risques encourus. Il ne fait aucune
remarque désobligeante, la moindre remarque risque de compliquer la
situation et de distendre les liens. Comblé, ce fils
cadet quitte son père pour faire la fête ! Il y a bien des
façons de faire la fête ! On peut entendre ici, que ce fils
veut vivre à sa guise, profiter de la vie, expression que nous
connaissons bien , « s'éclater », être libre,
apparemment seulement, de quelle liberté s'agit-il en effet ?
Ne
nous perdons pas de vue, c'est encore
chacun de nous,
quand, baptisés dans la mort et la résurrection du Christ, nous
vivons comme étrangers à ce chemin de Vie que Jésus nous trace !
Quand nous passons le temps à nous dissiper pour nous étourdir, que
nous vivons à la surface de soi-même, sans le moindre retour sur
nos agissements, sans la moindre pause pour tenter de parler avec
celui de qui nous tenons TOUT !
Troisième
temps : sans travailler, les biens sont vite dilapidés
et c'est la disette, c'est aussi le début d'une prise de conscience
de la situation . Pas de travail, égale pas de revenus, comment
vivre alors , survivre même?La solution réside dans un travail
quel qu'il soit mais qui permette de se nourrir et de dormir à
l'abri. Dans de telles circonstances, on marche sur sa fierté et on
prend le « premier petit boulot » qui permet de garder
une apparence humaine : ici ce sera la garde de cochons animaux
déconsidérés parce que impurs. Tous les employeurs n'affichent pas
la même humanité et, encore moins, la même honnêteté, notre
« écervelé » n'a même pas le loisir de partager la
nourriture des animaux qu'il garde .
C'est
encore et toujours chacun de nous !
L'essentiel nous manque, nous avançons dans le vide, nous ne savons
vers quoi, vers qui nous allons, nous avançons têtes
baissées,
butés, emmurés imposant le silence à
cette voix intérieure qui nous « titille », voudrait
nous réveiller, nous éveiller à autre chose,
autrement !
Quatrième
temps : l'heure de la réflexion est arrivée,
couronnée par une humble décision. Ce jeune a vécu autrement, il
sait que son père est juste avec son personnel, son père ne compte
pas, chacun mange selon son
appétit … que faire ? Il ne peut
tout de même pas prétendre reprendre la place qu'il occupait comme
fils, c'est impossible, impensable, il a dépensé tout ce qui lui
revenait ! Peut-être peut-il solliciter une place de serviteur,
repartir à zéro, au plus bas de l'échelle ? Sa décision est
prise : il va retourner vers son père, reconnaître son
erreur, bien préciser qu'il ne mérite plus d'être fils, se
présenter en serviteur …. Il est en route, lourd de sa
détresse, la tête basse, les jambes pesantes, traînant les pieds,
il approche du but les yeux rivés sur le sol ( il préférerait ne
voir personne sur son chemin, la honte l'envahit,) perdu dans ses
pensées, il ne voit même pas arriver Celui qui l' espère, qui
l'enveloppe déjà dans ses bras , le couvre de baisers, l'habille de
neuf,donne des ordres pour célébrer ce retour espéré, attendu,
organise un festin, une soirée dansante, on se réjouit, on pleure
de joie, le fils perdu est retrouvé !
Ce
fils, cette fille c'est
encore et toujours
chacun de nous quand nous revenons vers le Père, quand nous
accueillons Son Pardon dans le sacrement de réconciliation :
« il
y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se
convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas
besoin de conversion. Lc
15,7 » Et
qui peut se targuer de n'avoir pas besoin de conversion ?


mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds,allez chercher le veau gras, tuez-le,mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort,et il est revenu à la vie ;il était perdu,
et il est retrouvé.’ Et ils commencèrent à festoyer.

J'avais
autour de 24/25 ans, je rentrais d'animer un camp de jeunes. Depuis
les Landes, nous avions effectué un camp à bicyclette en Espagne.
Comme je ne me donnais jamais à moitié, au retour j'étais épuisée,
les derniers kilomètres furent un supplice, mes rotules ne
fonctionnaient plus ! J'avais rendez-vous avec mon
accompagnateur spirituel et confesseur, à Lourdes.
Il
était de permanence dans l'une des trois basiliques, les confessions
se passaient dans une petite pièce ouverte sur la basilique mais
dans un confessionnal. Comme je lui expliquais ma difficulté à
m'agenouiller, en un tour de main, je me suis retrouvée assise dans
le confessionnal, à sa place, et lui, à genoux, recevait ma
confession ! Dieu, à genoux, dans son prêtre, entendait ma
confession et me donnait son pardon ! Quelle grandeur dans
cette humilité ! De mon côté je suis marquée pour toujours
par tant de grandeur et ne suis pas étonnée que le Seigneur ait
accueilli ce prêtre il y a huit ans, le jour de la fête de la
divine Miséricorde !
N'oubliez
pas : « C'est à genoux que Dieu nous offre
son pardon ! » Il ne cesse de nous espérer.

« ‘Toi,
mon enfant, tu es toujours avec moi,et tout ce qui est à moi
« Dieu
fait avec nous, comme a fait le père de la parabole du fils
prodigue : "mon fils était mort et il est revenu à la
vie". Le père miséricordieux révèle la profondeur du péché
de son fils : il
était mort. Ce fils
prodigue croyait avoir seulement perdu sa dignité de fils : "je
ne suis pas digne d’être appelé ton fils". Il n’avait pas
saisi qu’il s’agissait là d’une mort.
Le père seul sait la gravité de sa trahison et le lui révèle en
même temps qu’il lui redonne vie dans l’effusion de ses bras
affectueux. » Mgr
Camiade évêque de Cahors
« Plus
qu'un parcours sans faute au cours duquel on ne transgresse aucun
des ordres, le chemin du disciple est une expérience personnelle de
la miséricorde du Père. C'est cette expérience que refuse le fils
aîné, tandis que le fils cadet la fait en rentrant en lui-même et
en étant accueilli par son père. »P.
Berrached prions en Église
"Un
monde nouveau est déjà né.Tout cela vient de Dieu : il nous a
réconciliés avec lui par le Christ,et il nous a donné le ministère
de la
réconciliation.Car c’est bien Dieu qui, dans le Christ, réconciliait le monde avec lui : il n’a pas tenu compte des fautes,et il a déposé en nous la parole de la réconciliation. Nous sommes donc les ambassadeurs du Christ,et par nous c’est Dieu lui-même qui lance un appel : nous le demandons au nom du Christ,laissez-vous réconcilier avec Dieu. Celui qui n’a pas connu le péché,Dieu l’a pour nous identifié au péché,afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu."2 Cor 5.
réconciliation.Car c’est bien Dieu qui, dans le Christ, réconciliait le monde avec lui : il n’a pas tenu compte des fautes,et il a déposé en nous la parole de la réconciliation. Nous sommes donc les ambassadeurs du Christ,et par nous c’est Dieu lui-même qui lance un appel : nous le demandons au nom du Christ,laissez-vous réconcilier avec Dieu. Celui qui n’a pas connu le péché,Dieu l’a pour nous identifié au péché,afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu."2 Cor 5.
Oui,
en cette année du Jubilé de la Miséricorde, en cette montée vers
Pâques, laissons-nous réconcilier avec Dieu et soyons Ses
ambassadeurs auprès de nos frères, directement
quand c'est possible, par la prière et l'offrande si ce ne l'est
pas !
DIEU
N'EST QU'AMOUR IL NOUS ATTEND, A GENOUX !
L'Ermite
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