vendredi 6 novembre 2015

QUEL EST MON REGARD ?

TRENTE DEUXIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

(Mc 12, 38-44)

LE REGARD DE JÉSUS 


En ce temps-là,
    dans son enseignement, Jésus disait aux foules :
« Méfiez-vous des scribes,
qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat
et qui aiment les salutations sur les places publiques,
    les sièges d’honneur dans les synagogues,
et les places d’honneur dans les dîners.
    Ils dévorent les biens des veuves
et, pour l’apparence, ils font de longues prières :
ils seront d’autant plus sévèrement jugés. »

En ce dimanche, Jésus nous invite à une très grande prudence et à une non moins grande vigilance ! Trop facilement, nous nous laissons berner par l'apparence. Telle personne présente bien, elle est bien placée dans un rassemblement, quel qu'il soit d'ailleurs, (elle s'est, peut-être, placée elle-même) et nous pensons, sans difficultés, qu'il s'agit de « quelqu'un de bien » ! Si, de plus, cette personne affiche de « bonnes manières », si elle s'exprime aisément, et, que de surcroît, elle évoque des sentiments religieux, alors, c'est le sommet et nous sommes prêts à nous incliner, à développer un comportement d'humble soumission, à rechercher sa compagnie, à entrer en relations, imaginant toutes sortes d'ouvertures possibles ! Soyons vigilants ! Attendons de connaître vraiment et forgeons-nous un esprit de perspicacité , de gratuité ! Soyons lucides aussi !

Il me vient en mémoire, entre autres anecdotes, cette jeune religieuse, qui, à l'oraison apparaissait, pour une grande partie de la Communauté, comme le modèle indubitable de la parfaite novice. Elle demeurait trente minutes à genoux sur des bancs inconfortables et durs, sans bouger, apparemment très recueillie et perdue en Dieu ! Elle faisait l'admiration de beaucoup,certaines la sanctifiaient avant l'heure. Comme on la taquinait sur cette apparente sainteté, elle réagit discrètement : « je ne peux parler pour le moment, mais si vous saviez mon souci et à quoi je pense vous seriez surprises ! » En effet, elle réfléchissait à comment trouver une issue, pour se libérer de ce qui n'était pas du tout sa vocation. Très vite après, elle quittait le couvent et se mariait, devenant une excellente épouse et mère de famille.

« Ne vous fiez pas aux apparences » dit un dicton familier et Jésus parle de l'extérieur de la coupe avec ce risque de découvrir un intérieur gonflé de rapine

" Vous donc, Pharisiens, vous purifiez le dehors de la coupe et du plat; mais, en vous, le dedans est plein de rapine et de malice. Insensés ! Celui qui a fait le dehors n'a-t-il pas fait aussi le dedans?
    
Et souvenons-nous du Petit Prince « l'essentiel est invisible pour les yeux » Soyons très vigilants, ne nous laissons pas duper par ce qui brille, attendons de connaître vraiment, ce n'est pas la beauté de l'oeuvre qui fait sa valeur, mais sa qualité d'être. Nous le savons pertinemment mais qui ne s'est jamais laissé prendre par un titre, une position sociale? N'ayons pas peur de « nous observer personnellement » et rectifions nos comportements dès que nous nous rendons compte de nos subtiles incohérences évangéliques ! Redisons à notre esprit, à notre cœur, « l'essentiel est invisible pour les yeux » et rappelons-nous les nombreuses paroles de Jésus ( et ses actes) où Il nous invite à une vérité d'être ! « pour l’apparence, ils font de longues prières :ils seront d’autant plus sévèrement jugés. »

Cette parole n'est pas seulement pour les pharisiens d'il y a deux mille ans, elle nous concerne personnellement . Ne craignons pas de lire la Parole de Dieu s'adressant à « soi » : « je suis bien souvent ce pharisien, cet enfant prodigue, ce fils aîné, ce paralysé, cet aveugle de naissance ... » Soyons sérieux avec la Parole :

« Car elle est vivante la parole de Dieu; elle est efficace, plus acérée qu'aucune épée à deux tranchants; si pénétrante qu'elle va jusqu'à séparer l'âme et l'esprit, les jointures et les moelles; elle démêle les sentiments et les pensées du cœur. Aussi nulle créature n'est cachée devant Dieu, mais tout est à nu et à découvert aux yeux de celui à qui nous devons rendre compte. » Héb,4

Plusieurs fois, dans l'Ecriture,nous voyons Jésus en situation d'observation ! Les Pharisiens L'observent et Jésus observe : deux regards bien différents. Les Pharisiens observent Jésus pour Le prendre en défaut et pouvoir accuser, et éliminer ce gêneur .
Jésus regarde avec bienveillance, pour éduquer, pour faire grandir, pour valoriser, c'est le cas ici.

Jésus s’était assis dans le Temple 
en face de la salle du trésor,
et regardait comment la foule 

y mettait de l’argent.
Beaucoup de riches

 y mettaient de grosses sommes.

Si Jésus voit l'importance de la somme c'est que les donateurs agissent ostensiblement, la discrétion n'est pas au rendez-vous ! Sans doute ne connaissent-ils pas cette autre Parole de Jésus, ou, tout simplement cherchent-ils une reconnaissance ? « Lors donc que tu fais l'aumône, ne sonne pas de la trompette devant toi, comme font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues, afin d'être glorifiés par les hommes. Je vous le dis en vérité, ils reçoivent leur récompense. Mais quand tu fais l'aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite,afin que ton aumône se fasse en secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. » Mt 6

Bien que Jésus l'ait vue, on ne peut pas imaginer que la personne qui suit soit dans l'ostentatoire, Jésus note son apparence , il la qualifie de « pauvre », Il sait qu'elle est veuve, et, dans son cas, a peu de moyens. Ce qu'elle glisse dans l'urne est insignifiant, il s'agit de petites pièces qui ne font pas de bruit quand elle les dépose. Jésus, dans sa finesse remarque tous les détails de la situation et va l'utiliser pour former ses apôtres.

    Une pauvre veuve s’avança
et mit deux petites pièces de monnaie.
    Jésus appela ses disciples et leur déclara :
« Amen, je vous le dis :
cette pauvre veuve a mis dans le Trésor
plus que tous les autres.
    Car tous, ils ont pris sur leur superflu,
mais elle, elle a pris sur son indigence :
elle a mis tout ce qu’elle possédait,
tout ce qu’elle avait pour vivre. »

Les instruments de mesure de Jésus sont bien différents des nôtres ! Jésus considère non la quantité mais la qualité du don. Il ne manque pas de valoriser le geste généreux de cette femme qui vit dans la pauvreté. Les premiers donnent de leur superflu, ce n'est pas à rejeter, mais c'est leur attitude qui blesse ; cette femme donne de son indigence, elle donne même « tout ce qu'elle possédait , tout ce qu'elle avait pour vivre ». Sauf grâce bien spécifique, François d'Assise, Benoît Labre, Jésus ne nous demande pas de nous dépouiller jusqu'au dénuement complet, peut-être même que la clef de ces versets n'est pas dans le don mais dans la manière de procéder , dans notre façon de considérer les personnes, dans le regard que nous portons sur nos frères, dans la confiance aussi, exprimée par cette veuve comme d'ailleurs celle de Sarepta que nous rencontrons aujourdh'ui dans la première lecture.

N'est-ce pas le thème de la première partie de l’Évangile ? Jésus ne nous invite-t-il pas à Lui permettre de purifier notre regard, pour voir avec Son propre Regard ? Ce n'est pas l'apparence qui fait la valeur d'une personne mais la qualité de son cœur, ici, les deux piécettes valent tout l'or du monde.
Demandons à Jésus de nous rendre purs comme Lui-même est pur, dans Ses pensées, dans Ses actions, dans son Regard ! Demandons Lui de nous abandonner à la confiance sachant qu'Il sera partout sur notre route si nous nous en remettons à Son amour. : « Nous qui avons tout donné pour te suivre » disent les apôtres et que répond Jésus ? Jésus leur dit: " Je vous le dis en vérité, lorsque, au renouvellement, le Fils de l'homme siégera sur son trône de gloire, vous qui m'avez suivi, vous siégerez vous aussi sur douze trônes, et vous jugerez les douze tribus d'Israël. Et quiconque aura quitté maisons, ou frères, ou sœurs, ou père, ou mère, ou enfants, ou champs, à cause de mon nom, il recevra le centuple et aura la vie éternelle en possession. "
" Et beaucoup de premiers seront derniers, et beaucoup de derniers premiers. » Mt 19

Oui, beaucoup de premiers seront derniers, riches ou pauvres d'ailleurs, s'ils ont recherché les honneurs sur la terre des hommes, s'ils ont choisi les meilleures places, s'ils ont vécu non en vérité mais pour attirer les regards, leur récompense, celle qu'ils attendent, ils l'ont déjà, mais c'est un feu de paille. Les autres, ceux qui ont fait le bien par amour, ceux-là attendront sans doute longtemps leur récompense mais elle sera éternelle. A nous de choisir !


Ps 145, 1)
Le Seigneur garde à jamais sa fidélité,
il fait justice aux opprimés ;
aux affamés, il donne le pain ;
le Seigneur délie les enchaînés.

Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles,
le Seigneur redresse les accablés,
le Seigneur aime les justes,
le Seigneur protège l’étranger.

Il soutient la veuve et l’orphelin,
il égare les pas du méchant.
D’âge en âge, le Seigneur régnera :
ton Dieu, ô Sion, pour toujours !

L'Ermite

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