samedi 20 juin 2015

N'AVEZ-VOUS PAS ENCORE LA FOI ?



DOUZIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

(Mc 4, 35-41)

« Lui, Jésus, dormait sur le coussin, à l’arrière. »

« Passons sur l’autre rive ! » La journée de Jésus fut rude, « toute la journée, dit le texte, « Jésus avait parlé à la foule », Jésus éprouve le besoin de prendre un peu de distance, pour se reposer dans le calme, et sans doute, pour reprendre des forces. Sur l’autre rive, Jésus espère bien trouver le silence et le calme dont Il a besoin, avant d’arriver au pays des Gadaréniens » (Mt 8, 28) ou des « Géraséniens » (Mc 5,1 ; Lc 8, 26), autrement dit dans une région païenne de la Décapole.

« Passer sur l’autre rive » ne serait-ce pas pour les apôtres comme pour nous aujourd’hui, quitter nos sécurités et oser témoigner du feu qui nous brûle, -Jésus Lui-même, - « en terre inconnue » dans des milieux parfois hostiles, où les personnes cherchent, cependant, un sens à leur vie ?

Les apôtres n’hésitent pas une seconde, secrètement, comme nous le souhaiterions nous-mêmes, n’aspirent-ils pas à se retrouver seuls avec le Maître ? Ils sont loin de voir autre chose qu’un peu de répit dans ce
« passons sur l’autre rive » 

Les compagnons du Maître, sont loin d’imaginer la suite, ils sont tout à la joie de ce moment d’intimité et de tranquillité qu’ils envisagent de s’offrir ! Ils n’ont même pas conscience du degré d’épuisement de Jésus, ils pensent à leur petit confort. Il n’est pas inutile de s’arrêter quelques instants sur cette situation et de considérer à quel point, il nous arrive, d’être terriblement exigeants pour les autres : membres de nos familles, collègues de travail, amis, subalternes. Puissions-nous effectuer un petit retour sur soi et prendre conscience qu’il peut nous arriver d’être de véritables tyrans au point d’entraîner nos frères sur le terrain de l’épuisement !

Rappelons-nous Saint Paul dans la lettre aux Colossiens :

« Vous maris, aimez vos femmes et ne vous aigrissez pas contre elles.
 Vous enfants, obéissez en toutes choses à vos parents, car cela est agréable dans le Seigneur.
Vous pères, n'irritez pas vos enfants, de peur qu'ils ne se découragent.
Vous serviteurs, obéissez en tout à vos maîtres selon la chair, non pas à l'œil et pour plaire aux hommes, mais avec simplicité de cœur, dans la crainte du Seigneur.
Quoi que vous fassiez, faites-le de bon cœur, comme pour le Seigneur, et non pas pour des hommes,  sachant que vous recevrez du Seigneur pour récompense, l'héritage céleste. Servez le Seigneur Jésus-Christ.  (Colossiens 3) « Certaines traductions disent : « n’exaspérez pas » autrement dit : « ne demandez pas trop, n’exigez pas plus qu’il ne le faut, ne les poussez pas à bout. »

« Quittant la foule, ils emmenèrent
Jésus, comme il était,
dans la barque,
et d’autres barques l’accompagnaient.
Survient une violente tempête.
Les vagues se jetaient sur la barque,
si bien que déjà elle se remplissait.
Lui dormait sur le coussin à l’arrière. »

Les apôtres  partent joyeux, mais d’une joie qui sera de bien courte durée, une tempête inattendue se lève sur le lac si calme, au point que l’embarcation est en danger ! Jésus, Lui, très serein, dort paisiblement à l’arrière ce qui amplifie l’effet tempête qui, d’extérieure devient intérieure, les apôtres n’hésitent même pas à
déranger le Seigneur dans son sommeil réparateur. Apeurés, pensant frôler la mort, les apôtres ne pensent plus qu’à eux, à leur confort. Ce tournant, dans le texte, est assez impressionnant.

 D’une part, les apôtres semblent n’avoir qu’une seule préoccupation, égoïste : « sauver leur vie » d’où la violence de leurs propos  à l’égard de Jésus  et, d’autre part, ne font-ils pas là un extraordinaire acte de foi ? Si, dans leur désespoir, ils se tournent vers Jésus, eux, les pêcheurs aguerris, c’est qu’ils ont confiance en Lui, ils savent d’une certitude tout intérieure, qu’Il a, en Lui, ce qui convient pour les tirer de ce mauvais pas !

Les disciples le réveillent et lui disent :
« Maître, nous sommes perdus ;
cela ne te fait rien ? »

N’est-ce pas Catherine de Sienne (je crois) qui, au sortir d’une tourmente spirituelle, s’écriait : « mais où étais-tu tandis que je me débattais ? » et Jésus de répondre : « J’étais au cœur de ta tourmente mais tu ne me voyais pas ! » Catherine était, à ce moment-là trop tournée vars sa propre problématique, incapable de rencontrer le regard du Seigneur !

Dans nos combats, quels qu’ils soient, Jésus n’est jamais bien loin, mais nous sommes à ce point préoccupés de notre bien-être que nous Le croyons indifférent ! Ne nous arrive-t-il pas de Le rendre responsable de nos maladies, de nos difficultés de tous genres ? « Mais que fais-tu Seigneur ? Où es-tu ? Tu pourrais, Toi, arrêter toutes ces guerres, ces tueries ? » Certains vont même jusqu’à dire : « Si Dieu existe, Il ne peut pas laisser le mal dominer ! » Nous oublions, souvent, que l’épreuve est, quoiqu’on en dise et pense la plus belle école de formation ! On le comprend après ! Souvenons-nous des derniers versets du Livre de Job, après avoir lutté, s’être révolté même, Job reconnaît son erreur et la grandeur de son Dieu !

Je sais que tu peux tout, et que pour toi aucun dessein n'est trop difficile.  « Quel est celui qui obscurcit le plan divin, sans savoir?» Oui, j'ai parlé sans intelligence de merveilles qui me dépassent et que j'ignore.  « Écoute-moi, je vais parler; je t'interrogerai, réponds-moi.»  Mon oreille avait entendu parler de toi; mais maintenant mon œil t'a vu.  C'est pourquoi je me rétracte et me repens, sur la poussière et sur la cendre. (Job  42)

« Cela ne te fais rien ? » C’est vraiment la phrase de trop ! La provocation, qui, à l’égard des  personnes, fait basculer dans la violence !

Dans leur angoisse, ils ont crié vers le Seigneur,
et lui les a tirés de la détresse,
réduisant la tempête au silence,
faisant taire les vagues.
                                                                 Psaume du jour

Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer :
« Silence, tais-toi ! »
Le vent tomba,
et il se fit un grand calme.
Jésus leur dit :
« Pourquoi êtes-vous si craintifs ?
N’avez-vous pas encore la foi ? »

Jésus, Lui, garde son calme ! Dans un premier temps, Il apaise les éléments en furie ! A quoi servirait-il d’entrer en dialogue avec ses disciples tant qu’ils sont bouleversés ? Ne risquerait-Il pas d’amplifier le phénomène colérique ? Là encore, nous avons de quoi réfléchir ! Quand nos semblables sont dans l’émoi, il ne sert à rien de raisonner, nous causons bien plus de dégâts… laissons les tempêtes s’apaiser en nous et autour de nous, le calme revenu, chacun sera disposé à écouter et entendre le point de vue de l’autre ! Dans l’émotion chacun veut avoir gain de cause n’est-ce pas l’attitude Jésus ici ? « Et il se fit un grand calme ! » Les éléments sont maîtrisés, les apôtres aussi, au point de s’interroger sur l’identité profonde de leur Maître.

Jésus, Lui, les renvoie à leur être profond, à cette remise de soi dans les mains d’un Autre, discrètement Il rappelle ce qu’ils ont déjà vu et entendu : « N’avez-vous pas encore la foi » ; Autrement dit : « vous êtes les témoins de mes faits et gestes, et vous n’avez pas encore compris ? »

Son baptême, où le Père et l’Esprit se manifestent ! Des guérisons surprenantes !  Des libérations, non moins étonnantes ! Et cet APPEL à Le suivre ? Jésus a conscience que leur éducation va demander du temps, ils ne savent pas encore ce que signifie s’abandonner, faire confiance ! « N’avez-vous donc pas encore la foi ? »

Quelle est, aujourd’hui, notre propre réponse à semblable question ? Dans la tourmente savons-nous faire confiance à ce Dieu qui nous aime et nous conduit ?

Savons-nous Lui dire : « Je ne comprends pas ce que je vis en ce moment, je ne sais pas vers quoi tu m’entraînes, mais je sais, je crois que tu es là et que tu m’aimes. Je sais pertinemment que ce tunnel débouchera sur une lumière plus grande encore, que cette épreuve me rapprochera de toi ! Alors je te dis : Je t’aime, je crois, j’ai confiance ! »

Saisis d’une grande crainte,
ils se disaient entre eux :
« Qui est-il donc, celui-ci,
pour que même le vent et la mer lui obéissent ? »

Ne voyons surtout pas la peur dans cette crainte, mais un immense respect, les apôtres prennent conscience, que Jésus est bien plus que ce qui apparaît, Jésus est bien plus grand qu’Il n’y paraît, il y a en Lui quelque chose qui les dépasse et force l’admiration, le respect …il faudra, malgré tout, la résurrection pour admettre enfin : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »

Allons au-delà des apparences, au-delà de ce que colportent les prophètes de malheur, notamment sur notre Église, Jésus n’a-t-il pas dit : « Je suis avec vous jusqu’à la fin des temps ! » Que craignons-nous ? 

Ils se réjouissent de les voir s’apaiser,
d’être conduits au port qu’ils désiraient.
Qu’ils rendent grâce au Seigneur de son amour,
de ses merveilles pour les hommes.
                                               Psaume de la Liturgie du jour.

Réjouissons-nous aussi, rendons-grâce, louons le Seigneur qui veille sur nous, « pas un cheveu ne tombe de notre tête sans sa permission » vivons dans la confiance : « Dieu est amour ! » 

L'Ermite           

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