vendredi 6 novembre 2020

SE TENIR EN EVEIL

 

XXX IIe DIMANCHE

DU TEMPS ORDINAIRE

ANNEE A

(Mt 25, 1-13)




Il est de bon ton qu'après nous avoir invités à réfléchir sur les Béatitudes et l'importance et la place que nous donnons dans notre vie à cette CHARTE du chrétien, qu'en fin de cycle liturgique, l' Église nous propose, de creuser la Parabole des jeunes filles invitées à des noces. Nous ne tarderons pas à comprendre qu'il s'agit des noces de l'Agneau avec l'humanité !

Qui a t il, en effet, de plus heureux que des noces pour des jeunes gens qui choisissent de faire Alliance pour la vie avec tout ce que cet engagement porte de promesses ? Fonder un foyer chaleureux qui accueillera des enfants pleins de promesses à leur tour ; un foyer où pierre après pierre, chacun grandira à son rythme et selon ses capacités, un foyer ouvert où des amis viendront facilement pour partager ensemble peines et joies et quand c'est possible, la foi qui les anime... Les noces sont promesse de vie,


promesse de joie , promesse de bonheur promesse d'une longue route où on marchera ensemble, main dans la main, jusqu'à l'entrée dans cette vie qui ne finit pas, ce Royaume des cieux évoqué dès le premier verset de notre Parabole.

Ouvrons nos cœurs :

Jésus disait à ses disciples cette parabole : « Le royaume des Cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe pour sortir à la rencontre de l’époux.

Jésus s'adresse à Ses disciples, il s'agit donc d'un enseignement ciblé pour leur propre formation et pour éclairer le Peuple de Dieu le moment venu. Heureux ceux qui sont invités au festin des noces de l'Agneau! " Et il ajouta: " Ces paroles sont les véritables paroles de Dieu. " Je tombai alors à ses pieds pour l'adorer; mais il me dit: "Garde-toi de le faire! Je suis ton compagnon de service, et celui de tes frères qui gardent le témoignage de Jésus. Adore Dieu." Car le témoignage de Jésus est l'esprit de la prophétie. (Ap 19) Les premiers invités sont bien sûr les premiers appelés, donc les disciples qui ont emboîté le pas !

Nous avons des jeunes filles invitées, sans doute les demoiselles d'honneur qui souhaitent voir ! Et voir qui ? L'époux ! Avec un brin de curiosité, pour discourir entre elles par la suite, et faire leurs


commentaires en taillant un costume à l'heureux élu !
« T'as vu ! Oh tu sais ! Regarde ! »

Demoiselles d'honneur ou pas, n'est-ce pas ainsi que nous procédons hélas ? Je ne peux m'empêcher de penser au nouveau cardinal archevêque de Lyon qui dès sa nomination , avant de prendre cette nouvelle charge, est déjà rhabillé de la tête aux pieds par les uns et par les autres ! Qui lui permettra d'arriver pour ce nouveau service, avec l'habit ordinaire de celui qui donne sa vie, qui vient servir par obéissance, et annoncer à ses frères les Mystères de la Foi ? Serons-nous de ceux-là ? Saurons-nous le prendre dans notre prière afin qu'il devienne et soit un Pasteur selon le Cœur de Dieu ? C'est entre nos mains ! Nous sommes tous concernés car il s'agit de l’Église de notre temps, dans un diocèse blessé, meurtri !

Cinq d’entre elles étaient insouciantes, et cinq étaient prévoyantes :    les insouciantes avaient pris leur lampe sans emporter d’huile,    tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leurs lampes, des flacons


d’huile.    Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent. 

Ce groupe joyeux c'est l'humanité tout entière conviée « au festin des noces de l'Agneau »  Heureux les invités au repas des noces de l'Agneau ! »Et il ajouta : « Ce sont les paroles véritables de Dieu.  ( Ap 19)

Oui, heureux sommes-nous qui chaque semaine et plus si nous le pouvons et le désirons, d'être invités à participer au « repas des noces de l'Agneau » : « la Sainte Eucharistie » Jamais nous ne remercierons assez le Seigneur pour ce don incomparable qui fait de nous des « porte-Dieu », des Temples du Divin ! !

N'oubliez pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu'un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira ; car le temple de Dieu est sacré, et ce temple, c'est vous. (1Co 3)

Certains parmi nous, étourdis par la multiplicité des propositions de l'esprit mondain se laissent séduire et étouffent en eux la Perle Précieuse , ce sceau de l'Amour de Dieu qui, pourtant nous marque indélébilement et nous fait fils et filles de Dieu, demoiselles d'honneur du Roi céleste qui règne dans


la Gloire du Père. Nous reconnaissons les jeunes filles saisies par le sommeil parce que épuisées par leurs différentes et multiples dissipations !

D'autres, plus lucides, mieux accompagnés peut-être, s'engagent au service de l’Évangile et trouvent leur joie au service de l'amour avec ce souci constant d'ouvrir le Royaume aux sœurs et aux frères qui ignorent comment avancer dans la vie, comment donner du sens à leur vie et quel sens ! Ils entretiennent la flamme allumée au cierge pascal lors de leur baptême et veillent à maintenir un bon niveau d'huile pour que cette flamme continue de les éclairer et d'éclairer le monde.

Au milieu de la nuit, il y eut un cri :‘Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre.’    Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et se mirent à préparer leur lampe.    Les insouciantes demandèrent aux prévoyantes :‘Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent.’    Les prévoyantes leur répondirent :‘Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous, allez plutôt chez les marchands vous en acheter.

Je vois plusieurs points d'attention dans ces quelques versets même si certains ne tiennent pas à considérer cet apparent refus de partage entre les prévoyants (es) et les étourdis ( ies ).

Tout d'abord un cri dans la nuit , un cri qui surprend et réveille tout le monde : endormis et somnolents ! Ce cri peut être une épreuve qui devient un avertissement, un appel à changer de vie, à se reprendre en mains pour chercher et trouver «le sens de sa vie » jamais aperçu ou perdu par une vie dissipée et encombrée de préoccupations qui n'ont pas lieu d'être ! À chacune et à chacun d'entendre CE CRI et de tenter de le décrypter à la lumière de l’Évangile seul ou avec l'aide et le soutien d'amis plus avisés.

Une annonce, et pas la moindre :Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre ! L'époux approche, c'est une invitation à sortir des chemins battus, pour se porter à sa rencontre . Une invitation à quitter les vieux vêtements qui nous enferment et, en premier lieu le péché, à se délester de ce qui alourdit notre vie, à TOUT QUITTER pour avancer libres et joyeux vers Celui, Jésus, qui se revêt de notre humanité pour être on ne peut plus prêt hormis le péché !

Ensuite : donnez-nous de votre huile ... jamais cela ne suffira pour vous et pour nous ! Nous recevons cet apparent refus comme un coup de poignard ! « Quel égoïsme » pensons-nous ! Prenons notre pelle et creusons un peu ! Si les jeunes filles prévoyantes partagent le peu d'huile qui leur reste compte tenu du retard affiché de l'époux, les unes et les autres ne tarderont pas à manquer de ressources et ce sera la nuit pour toutes ! Dans le choix retenu, elles seront au moins là pour sauver l'honneur et, surtout comme un appel, une invitation, à un changement de perspective pour les étourdies ! C'est une question de jugement, de discernement.

Les uns et les autres nous sommes invités à nous donner et à donner mais pas sans réflexion ! Se donner jusqu'à s'étourdir, jusqu'à manquer à ses premiers devoirs, peut déséquilibrer une vie, détruire une famille . Là encore nous devons, avant tout engagement dans le domaine civil ou religieux, nous asseoir pour réfléchir et quand c'est envisageable , au sein du couple , le faire à deux pour que chacun, à sa façon, participe à la décision !

Quel est celui d'entre vous qui veut bâtir une tour, et qui ne commence pas par s'asseoir pour calculer la dépense et voir s'il a de quoi aller jusqu'au bout ? ( Lc 14)

Hélas, c'était prévisible :’Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva. Celles qui étaient prêtes


entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut fermée.    Plus tard, les autres jeunes filles arrivèrent à leur tour et dirent :‘Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !’    Il leur répondit :‘
Amen, je vous le dis :je ne vous connais pas.’    Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »

Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu'il arrivera et frappera à la porte. Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour. S'il revient vers minuit ou plus tard encore et qu'il les trouve ainsi, heureux sont-ils ! ...Vous aussi, tenez-vous prêts : c'est à l'heure où vous n'y penserez pas que le Fils de l'homme viendra. » (Lc12)

Amen, je vous le dis :je ne vous connais pas.’    Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »Voilà, me semble-t-il ce que nous devons retenir de ce très beau passage :

Un risque terrible : celui d'entendre le Maître nous dire : je ne vous connais pas.

Une recommandation :Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure.


Ne serait-ce pas horrible d'entendre le Maître nous dire 
«  je ne vous connais pas ! » votre vie ne ressemble en rien à ce que j'en espérais !

« Il en remua le sol, il en ôta les pierres, il la planta de ceps exquis. Il bâtit une tour au milieu, et il y creusa aussi un pressoir. Il attendait qu'elle donnât des raisins, mais elle donna du verjus. - "Et maintenant, habitants de Jérusalem et hommes de Juda, jugez, je vous prie, entre moi et entre ma vigne ! Qu'y avait-il à faire de plus à ma vigne, que je n'aie pas fait pour elle? Pourquoi, ai-je attendu qu'elle donnât des raisins, et n'a-t-elle donné que du verjus? » ( Is 5)

Que pouvait faire le Père de plus ? Il a donné Son Fils unique et Celui-ci a offert Sa vie pour nous et nous prendrions , par nos vies décousues, le risque de passer à côté de cet incommensurable amour, de Le négliger, de l'ignorer ?

Quant à la recommandation du Maître :Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. N'avons-nous pas là une nouvelle preuve, s'il en est besoin, de cet amour inconditionnel et gratuit du Fils unique ? Veillez, restez à l'écoute, soyez tendus vers cette heure qui peut vous surprendre à tout instant ! Et je pense à ces enfants à qui un professeur posait la question, alors qu'ils étaient passionnés par leurs jeux en pleine récréation : « que feriez-vous si l'on venait vous dire : dans une heure le Seigneur vient vous chercher ? » L'un répondit : j'irai me confesser ! » l'autre «  j'irai à la chapelle » le futur Saint Louis de Gonzague : « je continuerai de jouer » ! Ce jeune avait l'âme en paix et vivait sous le regard du Seigneur, en Sa compagnie , il attendait même cette heure, il se tenait éveillé  ! Bien que très jeune , il vivait déjà de la Sagesse c'est-à-dire de Jésus ! Et nous ?

La Sagesse est resplendissante,
elle ne se flétrit pas.
Elle se laisse aisément contempler
par ceux qui l’aiment,

elle se laisse trouver
par ceux qui la cherchent
.
    Elle devance leurs désirs
en se faisant connaître la première.
    
Celui qui la cherche dès l’aurore ne se fatiguera pas :
il la trouvera assise à sa porte.

    
Penser à elle est la perfection du discernement,
et celui qui veille à cause d’elle
sera bientôt délivré du souci.

    Elle va et vient
à la recherche de ceux qui sont dignes d’elle ;
au détour des sentiers,
elle leur apparaît avec un visage souriant ;
dans chacune de leurs pensées,
elle vient à leur rencontre.

(Sg 6, 12-16)




L'Ermite

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