vendredi 13 novembre 2020

QUELLE IMAGE DE DIEU EST LA MIENNE ?


XXX IIIe DIMANCHE

DU TEMPS ORDINAIRE

ANNEE A

Mt 25, 14-21


Donc veillez, car vous ne savez ni le jour, ni l'heure. (Mt 25)Telle était la dernière recommandation de la Parabole de Dimanche dernier . Vivre chaque instant sous le Regard du Seigneur afin de ne pas être pris au dépourvu mais, surtout, pour être en harmonie avec la volonté de Notre Père, demeurer sous Son Regard bienveillant !

« Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. » (Jn 8)

Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter du fruit par lui-même s'il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. ( Jn 15)

En ce jour, Jésus continue son enseignement en utilisant le style, maintenant bien connu, de la Parabole. A nous d'ouvrir notre cœur pour tenter de bien comprendre Son message pour nous et les hommes de ce temps !

Car il en est comme d'un homme qui, partant pour un voyage, appela ses serviteurs


et
leur remit ses biens. A l'un il donna cinq talents, à un autre deux, à un autre un, à chacun selon sa capacité, et il partit en voyage.

Surprise par l'entrée en matière de cette Parabole, je suis revenue en arrière pour comprendre : «  « Car » il en est comme d'un homme ». Dans la précédente Parabole, il était question des noces, donc de l'Alliance de Jésus avec l'humanité. Jésus recommande de rester en éveil pour ne pas manquer l'arrivée de l’Époux. Ici il semblerait que l'homme en question, c'est toujours Jésus, mais dans le temps de l'absence , ce temps où Il est remonté vers le Père et où l'humanité attend Son retour à la Parousie, notre temps !

Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus; et encore un peu de temps, et vous me verrez, parce que je vais à mon Père." Jn 14

Sur quoi, quelques-uns de ses disciples se dirent entre eux: "Que signifie ce qu'il nous dit: Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus; et encore un peu de temps, et vous me verrez, parce que je vais à mon Père?" Ils disaient donc: " Que signifie cet "encore un peu de temps"? Nous ne savons ce qu'il veut dire." Jésus connut qu'ils voulaient l'interroger et leur dit: " Vous vous questionnez entre vous sur ce que j'ai dit: Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus; et encore un peu de temps, et vous me verrez.

En vérité, en vérité, je vous le dis, vous pleurerez et vous vous lamenterez, tandis que le monde se réjouira; vous serez affligés, mais votre affliction se changera en joie.... (Jn 16)


Cet Homme, Jésus , en quittant Ses apôtres - l’Église naissante - leur remet Ses biens , c'est-à-dire Sa Parole, Ses sacrements pour les faire fructifier, «  Recevez l'Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. (Jn 20) mais pas seulement, Il leur remet aussi, un monde à gérer, des enfants à éduquer...une vérité à transmettre car TOUT vient du Père : tout est à vous, mais

vous, vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu. (1Co 3)


« A chacun selon ses capacités »
, Pierre, par exemple, devient le successeur de Jésus avec la charge d'organiser la mission et d'étendre le Règne du Christ jusqu'aux limites du monde ! « Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l'emportera pas sur elle. 

Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. » (Mt 16)


En donnant Mission à Pierre, Jésus considère chaque membre de l'humanité, et, c'est nous tous, chacun selon nos capacités qui sommes chargés de faire fructifier les « talents », ces biens que Jésus nous confient !


Écoutons ce qu'écrivait Le Pape Jean Paul II à ce propos :


« L'intendant – le serviteur- n'est pas le Propriétaire mais celui à qui le propriétaire confie ses biens afin qu'il les gère de manière JUSTE et RESPONSABLE .C'est bien ainsi que le prêtre reçoit du Christ les biens du Salut pour les distribuer comme il convient aux personnes à qui il est envoyé. Il s'agit des biens de la foi »


Ceci concerne le prêtre dans le domaine qui lui est imparti, mais chaque chrétien là où il se trouve , selon son État de vie et les dons qu'il a reçus !. Le Saint Père précise « de manière JUSTE ET RESPONSABLE » Voilà deux mots sur lesquels chacun de nous est invité à s'arrêter !

Juste, c'est-à-dire en adéquation avec la volonté de notre Père que nous découvrons dans la prière et à travers les événements de la vie si nous restons en éveil !

Responsable, donc en pleine conscience des décisions que nous prenons, sous le Regard de Notre Père, pour le bien de chacun, dans le respect de nos frères et de la création mise à notre service !


(Aussitôt, celui qui avait reçu les cinq talents s'en alla les faire valoir, et il en gagna cinq autres. De la même manière, celui qui (avait reçu) les deux, en gagna lui aussi deux autres. Mais celui qui en avait reçu un s'en alla faire un trou en terre, et il y cacha l'argent de son maître).

Au temps de Jésus, un lingot d’or, appelé aussi un «talent» était l’équivalent du salaire de six mille journées de travail ! Cela montre l'importance de la confiance faite par le Maître à ses serviteurs : "il leur confie ses biens". Il s’agit donc de gérer des biens qui ne nous appartiennent pas, ce sont ceux du Maître, c’est-à-dire de Dieu. Ainsi le sens profond de la parabole ne concerne pas le bon usage de nos "dons personnels". Il s’agit surtout de notre coopération active pour la construction du Royaume de Dieu, le Royaume de l'Amour !Ce que Saint Paul exprime ainsi : « Or donc, étant ses coopérateurs, nous vous exhortons à ne pas recevoir la grâce de Dieu en vain. Car il dit: " Au temps favorable, je t'ai exaucé, au jour du salut je t'ai porté secours. " Voici maintenant le temps favorable, voici le jour du salut. Nous ne donnons aucun sujet de scandale en quoi que ce soit, afin que notre ministère ne soit pas un objet de blâme ». (2Co 6)

Longtemps après, le maître de ces serviteurs revient et leur fait rendre compte. S'avançant, celui qui avait reçu les cinq talents en présenta cinq autres, en disant: " Maître, vous m'aviez remis cinq talents; voici cinq autres talents que j'ai gagnés. " Son maître lui dit: " Bien, serviteur bon et fidèle; en peu tu as été fidèle, je te préposerai à beaucoup; entre dans la joie de ton maître. " S'avançant aussi, celui qui (avait reçu) les deux talents dit: " Maître, vous m'aviez remis deux talents; voici deux autres talents que j'ai gagnés. " Son maître lui dit: " Bien, serviteur bon et fidèle, en peu tu as été fidèle, je te préposerai à beaucoup; entre dans la joie de ton maître. "

On se réjouit du comportement de ces deux serviteurs qui ont mis toute leur ardeur à la fructification des biens qui leur ont été confiés . Chacun a doublé la mise pour la joie


et du Maître et des appelés !

Bien différente est la situation suivante et combien attristante ! Non seulement ce serviteur n'a rien fait, mais c'est la peur « au ventre » qu'il a attendu le retour du Maître après avoir caché « le bien confié »  ! Il a caché la VERITE à ses frères, il les a empêchés de s'épanouir, de connaître la Route qui mène au Royaume.

( S'avançant aussi, celui qui avait reçu un talent dit: " Maître, j'ai connu que vous êtes un homme dur, qui moissonnez où vous n'avez pas semé, et recueillez où vous n'avez pas répandu. J'ai eu peur, et je suis allé cacher votre talent dans la


terre; le voici, vous avec ce qui est à vous.

Ce serviteur est particulièrement maladroit, inhibé , replié sur lui-même, et, dépourvu de jugement ! Pour justifier son manque de résultat il commence par accuser le Maître en exposant ce qu'il a compris de Ses exigences. Ce faisant il dénature l'image de Dieu, Le considère comme un tyran inaccessible et dangereux ! Dès le départ, c'est-à-dire, dès qu'il comprend ce que Dieu attend de lui, il se méfie et préfère se cacher pour ne pas avoir à rendre des comptes !Quand nos Premiers parents ont pris conscience de leur faute comment ont-ils réagi? En se cachant ! Et pourquoi se sont-ils cachés ? Parce qu'ils ont eu peur ! Et pourquoi ont-ils eu peur ? Parce qu'ils ont prêté à Dieu des agissements humains , ils ont calqué Dieu sur l'homme et non le contraire ! Agir ainsi c'est dénaturer Dieu, Dieu n'est plus Dieu ! Dieu, qui est amour ne peut que vouloir le bien et le bonheur de l'homme !

L'homme et la femme se cachèrent devant le Seigneur Dieu au milieu des arbres du jardin. Le Seigneur Dieu appela l'homme et lui dit: " Où es-tu ? " Il répondit: " J'ai entendu ta voix dans le jardin, j'ai pris peur car j'étais nu, et je me suis caché. " ( Gen 3)

La peur dit-on est mauvaise conseillère, que d'exactions lui sont imputables ! Quelqu'un qui a peur, se cache derrière le mensonge, derrière la violence aussi, derrière l'accusation :

Sara nia en disant: " Je n'ai pas ri ", car elle avait peur. " Si ! reprit-il, tu as bel et bien ri. ( Gn 18)

C'est sûrement ta femme! Pourquoi as-tu dit: " C'est ma sœur " ? " Isaac lui répondit: "


Je l'ai dit par peur de mourir à cause d'elle. ( Gn26)

En effet, tout homme qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne lui soient reprochées (Jn 3)

Quelqu'un qui a peur peut commettre ou être tenté de commettre l'irréparable, ou fuir devant un danger, on voit cela même dans l’Écriture :

Il n'y a pas de crainte dans l'amour, l’amour parfait chasse la crainte ; car la crainte est liée au châtiment, et celui qui reste dans la crainte n'a pas atteint la perfection de l'amour. (1Jn 4)

On discutait beaucoup à son sujet dans la foule. Les uns disaient : « C'est un homme de bien. » D'autres répliquaient : « Non, il égare la foule. » Toutefois, personne ne parlait ouvertement de lui, par crainte des Juifs. (Jn 7)

" C'est moi, n'ayez pas peur! " Ils voulurent le prendre dans la barque, mais aussitôt la barque toucha terre au lieu où ils allaient. ( Jn 6)

La peur est mauvaise conseillère disions-nous, et c'est vrai Outre ce qui vient d'être dit , la peur paralyse, elle bloque toutes les facultés et empêche d'avancer, elle nuit à l'épanouissement d'une personne, elle la conduit à piétiner. Parce qu'elles ont peur de tout, certaines personnes ne vivent plus , elles ne connaissent ni la paix , ni les petites joies quotidiennes de la vie : bonheur de respirer, bonheur de contempler la nature, bonheur de l'amitié, de nouvelles rencontres, bonheur de découvrir, de lire et de pouvoir lire etc Et nous vivons dans une société hélas où on se protège de tous et de


tout, au lieu d'abattre les murs entre nous, nous en construisons toujours de nouveaux pour ne pas être vus, observés, pour que les animaux des voisins ne s'invitent pas chez nous .. Il ne serait pas inutile de nous arrêter quelque peu pour identifier nos différentes peurs et leur tordre le cou en les jetant dans le cœur du Seigneur qui nous dit et répète dans l’Évangile
«  N'ayez pas peur, c'est moi ! » ? Que craignons-nous ? en nous abandonnant , quoiqu'il arrive , Il est là et Il nous aime ! L'épreuve, est un appel à la confiance, à l'abandon , un appel parfois à changer de cap, à servir mieux et autrement ! L'épreuve n'est JAMAIS une punition elle est APPEL à grandir, à devenir « le meilleur de soi -même » !

Alors ils furent pris de peur, mais Jésus leur dit: " C'est moi, n'ayez pas peur!

« La paix soit avec vous ! »

Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » (Jn 20)


Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Ce n'est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur cesse de se troubler et de craindre. ( Jn 14)


Comme ils parlaient ainsi, Jésus fut présent au milieu d'eux et il leur dit: " La paix soit avec vous. (Lc24)


Ce troisième serviteur a manqué de confiance, sa peur l'a complètement neutralisé,


paralysé, rendu incapable de prendre une responsabilité ! Sans doute, derrière cette peur peut-on discerner un soupçon d'orgueil : ne pas faire pour ne pas s'exposer à une remise en question, d'où qu'elle vienne !

" Son maître lui répondit: " Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne où je n'ai pas semé, et que je recueille où je n'ai pas répandu; il te fallait donc porter mon argent aux banquiers, et, à mon retour, j'aurais repris ce qui est mien avec un intérêt. Ôtez-lui donc le talent, et donnez-le à celui qui a les dix talents. Car on donnera à celui qui a, quel qu'il soit, et il y aura (pour lui) surabondance; mais à celui qui n'a pas, on lui ôtera même ce qu'il a. Et ce serviteur inutile, jetez-le dans les ténèbres extérieures: là il y aura les pleurs et le grincement de dents. (Mt 25))

Car on donnera à celui qui a, quel qu'il soit, et il y aura (pour lui) surabondance; mais à celui qui n'a pas, on lui ôtera même ce qu'il a. Ce verset est à la fois simple et difficile à comprendre. Pourquoi donner à celui qui a et retiré le peu qu'il a à celui qui n'a pas ? Est-ce juste de la justice de Dieu ? En fait, celui qui donne et qui se donne, reçoit bien plus car il décuple ses capacités de compréhension et tout son potentiel. « C'est en donnant que l'on reçoit » prions-nous avec St François.

L'autre tel notre troisième serviteur replié sur lui-même perd le peu qu'il possédait au tout départ. En effet, à force de laisser dormir ses propres capacités , de les abriter pour les conserver, il obtient le résultat contraire, ce qu'il avait non seulement ne produit pas de fruits mais se délite et meurt ! C'est aussi l'histoire du figuier qui ne porte aucun fruit : 'Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n'en trouve pas. Coupe-le. A quoi bon le laisser épuiser le sol ( Lc 13)

Demandons le grâce d'être et de devenir Ceux qui ont reçu la semence dans la bonne terre : ceux-là entendent la Parole, ils l'accueillent, et ils portent du fruit : trente, soixante, cent pour un. » ( Mc 4)La foi chrétienne, c’est l’amour qui libère de la peur, l’amour qui se risque à la suite de Jésus Lui-même qui a donné sa vie pour ses frères. Enfouir les "talents", c’est avoir l’obsession de la sécurité et éviter tout risque. Être disciple de Jésus c’est faire fructifier le Royaume confié. Celui qui ne pense qu’à se protéger, qu’à garder ce qu’il a reçu le rend stérile, inutile, et il a déjà tout perdu dit Jésus : "Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix". Nous voilà donc bien loin d’une simple morale du "rendement personnel". En retournant vers son Père Jésus nous a confié la responsabilité et la gestion du Royaume de Dieu, Royaume d’Amour pour tous. Qu'en faisons-nous ?

Peut-être pourrions-nous prier avec force et amour ce qui suit :


Seigneur je voudrais être de ceux qui risquent leur vie

qui donnent leur vie

A quoi bon la vie si ce n'est pour la donner !
Seigneur, vous qui êtes né au hasard d'un voyage
Et êtes mort comme un malfaiteur,
Après avoir couru sans argent toutes les routes,
Tirez-moi de mon égoïsme et de mon confort.
Que, marqué de votre Croix, je n'aie pas peur de la vie rude
Et des métiers où l'on risque sa vie : marine, aviation, colonies.
Des métiers où l'on engage sa responsabilité.
Mais Seigneur, au-delà de toutes les aventures
Au-delà de tous les risques d'une vie engagée dans l'action,
Au-delà de tous les héroïsmes à panache,
rendez-moi disponible pour la belle aventure où vous m'appelez.
J'ai à engager ma vie, Jésus, sur votre Parole.
J'ai à jouer ma vie, Jésus, sur votre Amour.

Les autres peuvent bien être sages;
Vous m'avez dit qu'il fallait être fou.
D'autres croient à l'ordre;
Vous m'avez dit de croire à l'amour.
D'autres pensent qu'il faut conserver;
Vous m'avez dit qu'il faut donner.
D'autres s'installent;
Vous m'avez dit de marcher
Et d'être prêt à la joie et à la souffrance,
Aux échecs et aux réussites,
De ne pas mettre ma confiance en moi,
Mais en vous,

de jouer le jeu chrétien sans me soucier des conséquences;
Et finalement de risquer ma vie
En comptant sur votre Amour.

Seigneur, délivrez-moi de moi-même.
Donnez-moi Seigneur une âme accueillante
Un cœur ouvert, une main toujours prête à l'amitié,
Une âme prête à recevoir de vos mains
Souffrances et Joies

Une âme qu'aucun bouleversement n'effraie
Qu'aucun appel ne surprend
Et qui soit prête à s'envoler vers Vous
Au jour où vous voudrez bien l'appeler
En votre béatitude.
Amen ! Alléluia ! ( Abbé Joly)



L'Ermite

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