XXe
DIMANCHE
DU
TEMPS ORDINAIRE
ANNEE
A
(Mt 15, 21-28)
La
liturgie de ce dimanche fait l'impasse sur le passage de Jésus à
Gnésareth suivi d' une discussion sur les traditions pharisaïques
où les Pharisiens lui reprochent l'irrespect de Ses disciples quant
à la Tradition des Anciens : « Pourquoi
vos disciples transgressent-ils la tradition des Anciens? Car ils ne
se lavent pas les mains lorsqu'ils mangent. » Jésus
réagit en leur montrant les incohérences de leurs pratiques, puis
Il rassemble Lui-même la foule pour donner un enseignement sur le
pur et l'impur pour les aider à sortir de ces fausses
problématiques ! Jésus conclut Son intervention par ces
mots : « c'est du cœur que
viennent des pensées mauvaises: meurtres, adultères, fornications,
vols, faux témoignages, blasphèmes. Voilà ce qui souille l'homme;
mais manger avec des mains non lavées, cela ne souille point
l'homme. » (Mt 14) C'est alors que Jésus se rend dans
la région de Tyr et de Sidon !
Partant
de Génésareth,Jésus se retira dans la région de Tyr et de Sidon.
Pourquoi ? Peut-être pour y trouver le
calme que les foules lui refusaient. Cette région était soumise à
la Paix romaine donc sûre. Encore qu'il y ait des brigands sur les
routes ! En effet,
voulait-il chercher un lieu désert, qu'il y était aussitôt rejoint
par un, deux, puis une multitude !
Jésus
choisit d'aller en terre étrangère, car enfin, là-bas, on le
laissera peut-être en paix. Parce qu' Il a besoin de repos, de
ressourcement. Il a besoin de moments où il pourra retrouver son
Père, se nourrir d'une autre nourriture.
Et
nous ? Cherchons-nous, trouvons-nous de ces moments pour un retour
sur nous-mêmes, pour une regard et une écoute de Dieu ?
Est-ce
par hasard que Jésus se retire dans une région païenne? Car Tyr
et Sidon sont une région païenne !


Cette
femme est étrangère ; le texte de Marc dit
qu’elle est grecque,
ce que la TOB traduit
par païenne (en
note il est dit : grecque
donc non juive;)
. Manifestement très astucieuse, elle va faire jouer, à sa manière,
les réflexes du juif Jésus : par son attitude elle va évoquer
dans l’esprit de Jésus le texte de Proverbes 31,10-31,
qui énumère toute les qualités de la femme et qui est récité
toutes les semaines à la fin de chaque Sabbat :« Une
femme de force qui la trouvera ? Elle
a bien plus de prix que des perles, en elle se confie le cœur de son
mari ! (…) Elle fait son bonheur et non son malheur, tous les
jours de sa vie (…) Elle est comme les navires de négoce ; de
loin elle fait venir son pain (…)Elle ceint
ses reins de force (…) Elle
ouvre la bouche avec sagesse et une Torah
d’amour est
sur sa langue ! Elle surveille la marche de sa maison ; elle
ne mange pas le pain de l’oisiveté. (…) Elle
tisse des étoffes qu’elle vend ; elle
donne au Cananéen une
ceinture. »
Cette
femme du livre des Proverbes est
aussi l’image de la main de Dieu qui a libéré son peuple et
veille sur lui.Les Cananéens sont comme les Samaritains, des ennemis
des Juifs. C'est la vieille histoire de la conquête de Canaan (
Palestine actuelle) par les Israélites au XIIIè siècle avant
Jésus.Les Israélites ont repoussé vers le Nord ceux qu'ils n'ont
pas massacré. Depuis cette époque, pour les cananéens, les
Israélites sont des ennemis héréditaires, comme aujourd'hui, pour
un palestinien, le Juif est l'ennemi numéro un !
Et
de même que la femme du poème vendait à ceux qui pouvait acheter
et donnait au marchand-cananéen ,
de même, Jésus montre de la distance avec la cananéenne
,et fait mine de l'ignorer ! Toutefois interpellé par la force
dont elle
s’est ceint les reins et
par sa Torah
d’amour (le
témoignage de foi et d’amour qu’elle donne), il lui donne une
ceinture pour
ceindre ses reins,
confirmation de la force qu’elle a en elle et qui provoque la
guérison de sa fille. On peut aussi évoquer la ceinture dont parle
Paul (Éphésiens 6,14) : tenez-vous
donc debout, avec la Vérité pour ceinture…
Ainsi
parle le Seigneur :Observez le droit,pratiquez la justice,car
mon salut approche, il vient,et ma justice va se révéler.
Les étrangers qui
se sont attachés au Seigneur pour l’honorer, pour aimer son
nom,pour devenir ses serviteurs,tous
ceux qui observent le sabbat sans le profaner et tiennent ferme à
mon alliance, je les conduirai à ma montagne
sainte,je les comblerai de joie dans ma maison de prière,leurs
holocaustes et leurs sacrifices seront agréés sur mon autel,car ma
maison s’appellera « Maison
de prière pour tous les peuples. »Is
56 , c'est notre première lecture
Certes,
le Peuple Juif est le Peuple élu mais comment Dieu en Jésus,
pourrait-il refuser le Salut à celle ou celui qui se tourne vers Lui
d'où qu'elle ou qu'il vienne !
Les
étrangers qui se sont attachés au Seigneur pour l’honorer, pour
aimer son nom,pour devenir ses serviteurs,tous ceux qui observent le
sabbat sans le profaner et tiennent ferme à mon alliance,
je les conduirai à ma montagne sainte,je les comblerai de joie
dans ma maison de prière
Cette
femme semble bien faire partie de ceux-là ! Ce qui lui importe
c'est la guérison de sa fille et rien d'autre à cette heure. Elle a
entendu parler de Jésus, Il est là et elle ne saisirait pas cette
grâce ? Son but , son souci, c'est le salut de sa fille, rien
d'autre ne compte ! Le regard des autres, les jugements, sans
doute les rejets par la suite, tout cela elle l'ignore et va jusqu'à
se prosterner devant Jésus . Un tel comportement n'est pas sans
conséquence dans une vie .
Se
prosterner, c'est s'incliner profondément devant quelqu'un en
signe de grand respect, d'adoration, d'humilité, de soumission,
d'obéissance. Se prosterner devant quelqu'un c'est reconnaître
sa supériorité, son autorité, éprouver un amour intense et
lui offrir avec une très grande humilité un signe d'hommage et
d'adoration.

Cette
femme, étrangère, païenne, jusque-là ennemie par sa naissance
dans le peuple des cananéens, la voilà qui s'approche et
se
prosterne devant lui en disant :« Seigneur, viens à mon
secours ! » C'est aussi l'appel de l'apôtre
Pierre dimanche quand il perdait pied ! «
Seigneur,sauve-moi !
Jésus
entend puisqu’il va répondre, mais Il sonde aussi la profondeur
des sentiments qui habitent cette personne. Cette prosternation
devant son ennemi est lourde de sens. Jésus, en effet est son ennemi
puisqu’Il est Juif ,soit elle veut Le compromettre, soit elle
reconnaît son Dieu . Que lui répond Jésus ?
« Il
n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux
petits chiens. »
Les enfants sont
les Israélites, qui ont part à l'alliance divine ; les chiens,
animaux impurs, représentent les païens.Mais
Jésus adoucit ce mot, et, par un gracieux diminutif, il désigne
ces « petits
chiens » favoris
qui ont accès dans la maison et jusque sous la table où ils se
nourrissent. C'est même à cette intention délicate de Jésus que
la Cananéenne s'attache dans son admirable réponse.La cananéenne
manifeste une grande finesse et une non moins grande humilité !
Elle s'identifie à une païenne indigne et s'en remet à la
Miséricorde de Jésus . Sa seule raison de vivre c'est de mettre sa
fille DEBOUT. Elle fait abstraction de tout le reste , elle aime sa
fille et veut son bonheur. Cette femme accepte d'être ce petit chien
qui se contenterait des miettes trouvées sous la table DU MAITRE !
Elle considère déjà Jésus comme son Maître , l’important,
l'urgent c'est cette miette qu'elle ne veut pas laisser s'échapper .
Le Maître est là, elle ne va pas le laisser partir sans obtenir
même ce qui traîne parterre ! Avec des restes on fait de bons
plats, il n'y a aucun mépris chez cette femme , aucune colère,
elle est prête à tout, accepte tout, le possible dénouement espéré
en vaut la peine !
Elle
reprit :« Oui, Seigneur ;mais justement, les petits
chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs
maîtres. »
Cette
femme, et elle a raison, considère les petits chiens comme des
privilégiés : ils ont accès aux miettes ! Cette mère
n'en demande pas davantage ! Les miettes lui suffiront !
Elle ne demande pas son intégration, elle ne demande pas un
quelconque honneur, dans son humilité elle accepte de rester sous la
table pour recueillir ce que les autres laissent tomber, négligent
avec indifférence !
Quelle
aurait été notre attitude en recevant cette parole plutôt
blessante de Jésus?Quand des frères, un ami, tel prêtre,
religieux, religieuse nous renvoie à nous-mêmes comment
réagissons-nous ? Faisons-nous confiance à Jésus qui sait
intervenir au bon moment, de la meilleure des façons dans nos vies
ou bien répandons-nous notre mauvaise humeur autour de nous
chargeant ces personnes de tous les défauts du monde ? A nous
de nous poser les bonnes questions qui nous permettront de grandir .
L'attitude
de la Cananéenne touche Jésus :
« Femme,
grande est ta foi,que tout se passe pour toi comme tu le veux ! »Et,
à l’heure même, sa fille fut guérie.
Jésus
reconnaît devant tous la profondeur de la foi de cette étrangère,
de surcroît païenne ! Comment ne se laisserait-Il pas
infléchir si tel est le cas ? A mon avis, dès la
rencontre Jésus sait très bien qu'Il ne la renverra pas avec son
désarrois, cette conversation est tout aussi importante pour les
apôtres que pour ceux qui en suivent le déroulement. Tout ce qui se
passe en nous et autour de nous est porteur de la grâce divine, mais
encore faut-il apprendre à lire les événements de la vie, de
celle de nos frères, de la nôtre comme autant de Paroles de Dieu
dans notre temps, pour notre temps ! Dieu nous parle
aujourd'hui ! Reconnaissons-nous Sa voix ??
Ici,
Jésus ne pose aucun acte particulier, Il ne demande pas à
rencontrer l'enfant, Il constate simplement la Foi, la confiance de
cette païenne ( qui par sa foi n'est plus païenne puisqu'elle
adhère à la Personne de Jésus de qui elle attend le salut de sa
fille) Jésus loue cette foi incomparable et donne à entendre que de
cette foi découle la guérison de l'enfant ! Avons-nous la
foi ?
La
nouvelle, comme souvent dans les milieux orientaux s'est répandue
comme une traînée de poudre au point que l’Évangéliste précise
Et,
à l’heure même, sa fille fut guérie.
je
vous le dis à vous, qui venez des nations païennes :
dans la mesure où je suis moi-même apôtre des nations,
j’honore mon ministère,
mais dans l’espoir de rendre jaloux mes frères selon la chair,
et d’en sauver quelques-uns.
Si en effet le monde a été réconcilié avec Dieu
quand ils ont été mis à l’écart,
qu’arrivera-t-il quand ils seront réintégrés ?
Ce sera la vie pour ceux qui étaient morts !
dans la mesure où je suis moi-même apôtre des nations,
j’honore mon ministère,
mais dans l’espoir de rendre jaloux mes frères selon la chair,
et d’en sauver quelques-uns.
Si en effet le monde a été réconcilié avec Dieu
quand ils ont été mis à l’écart,
qu’arrivera-t-il quand ils seront réintégrés ?
Ce sera la vie pour ceux qui étaient morts !
Les
dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance.
Jadis, en effet, vous avez refusé de croire en Dieu,
et maintenant, par suite de leur refus de croire,
vous avez obtenu miséricorde ;
de même, maintenant, ce sont eux qui ont refusé de croire,
par suite de la miséricorde que vous avez obtenue,
mais c’est pour qu’ils obtiennent miséricorde, eux aussi.
Dieu, en effet, a enfermé tous les hommes dans le refus de croire
pour faire à tous miséricorde.
Jadis, en effet, vous avez refusé de croire en Dieu,
et maintenant, par suite de leur refus de croire,
vous avez obtenu miséricorde ;
de même, maintenant, ce sont eux qui ont refusé de croire,
par suite de la miséricorde que vous avez obtenue,
mais c’est pour qu’ils obtiennent miséricorde, eux aussi.
Dieu, en effet, a enfermé tous les hommes dans le refus de croire
pour faire à tous miséricorde.
Rom11
Que
Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse,
que ton visage s’illumine pour nous ;
et ton chemin sera connu sur la terre,
que ton visage s’illumine pour nous ;
et ton chemin sera connu sur la terre,
…...........
La
terre a donné son fruit ;
Dieu, notre Dieu, nous bénit.
Que Dieu nous bénisse,
et que la terre tout entière l’adore !
Dieu, notre Dieu, nous bénit.
Que Dieu nous bénisse,
et que la terre tout entière l’adore !
Ps 66
L'Ermite
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