samedi 17 octobre 2015

... POUR SERVIR

VINGT NEUVIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

(Mc 10, 35-45)

SERVIR !

 « Maître, ce que nous allons te demander,
nous voudrions que tu le fasses pour nous. »


Nos frères, disciples de Jésus, ont au moins l’avantage de la simplicité et, à mon avis, d’une certaine naïveté ! Il fallait oser ! Ce préambule pourrait mettre mal à l’aise un interlocuteur lambda ! Ne se sentirait-il pas piégé, ligoté ? Certes Jésus nous dit : « demandez et vous recevrez, frappez, et il vous sera ouvert » mais je doute qu’il s’agisse du genre de requête qui suit !

    Il leur dit :
« Que voulez-vous que je fasse pour vous ? »


Jésus se rend disponible, Il est ouvert à toute éventualité, et leur donne la possibilité de s’exprimer librement. Ainsi encouragés, nos frères disciples, ayant posé leur préalable, poursuivent sans gêne :

« Donne-nous de siéger,
l’un à ta droite et l’autre à ta gauche,
dans ta gloire. »

Tout n’est pas négatif ! Ils ont vécu la Transfiguration, Ils voient les œuvres de Jésus, Ils entendent Ses enseignements, tout cela ne manque pas de les faire réfléchir. D’ailleurs, la Transfiguration fut une expérience d’une telle puissance, qu’ils seraient bien restés dans « cette bulle » jusqu’à la fin des temps ! Souvenons-nous de la remarque de Pierre ! « Dressons ici trois tentes ! »

De plus, ils manifestent ici,  leur foi en la vie éternelle puisqu’ils évoquent « la gloire » mais aussi un Royaume qui se mérite, et où ils pourraient siéger avec leur Maître comme Celui-ci l’exprime en Matthieu : « Je vous le dis en vérité, lorsque, au renouvellement, le Fils de l'homme siégera sur son trône de gloire, vous qui m'avez suivi, vous siégerez vous aussi sur douze trônes, et vous jugerez les douze tribus d'Israël. »  (Matthieu 19) Toutefois, Jésus parle des Douze et pas seulement de Jacques et Jean ! Nous avons le droit de percevoir une pointe d’égoïsme que les confrères  ne tarderont pas à soulever ! 
Leurs propos révèlent aussi à quel point ils se sentent bien en compagnie de Jésus et souhaiteraient prolonger à l’infini semblable relation.
Ils ont, cependant, entendu Jésus parler de Sa Passion, mais ils « zappent » préférant envisager la fin et oubliant les étapes ! Jésus va les éveiller à un  peu plus de réalisme, Jésus, disait le catéchisme de mon enfance  « ne nous trompe pas » !

Jésus leur dit :
« Vous ne savez pas ce que vous demandez.
Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire,
être baptisés du baptême 

dans lequel je vais être plongé ? »

Jésus ne les trompe pas ! Nos Frères disciples visent les sommets quant aux annonces de la Passion, elles sont passées au-dessus de leurs têtes, de même la plupart des paroles de Jésus, dont la conclusion du sermon sur la montagne : « Heureux serez-vous si l’on vous persécute…votre récompense sera grande dans le ciel. » La Gloire n’est pas la gloriole, la Gloire sera offerte au terme du pèlerinage en mettant les pas dans ceux de Jésus et Jésus évoque justement « la coupe qui sera la sienne, le baptême dans lequel il va plonger », nos frères et amis n’ont vraiment pas l’air de réaliser, d’assimiler ce que dit Jésus, la preuve est dans leur remarque qui suit :

    Ils lui dirent :
« Nous le pouvons. »

Qui peut prétendre cela ? « Veillez et priez afin que vous n'entriez point en tentation. L'esprit est ardent, mais la chair est faible. "  (Marc 14) avertit Jésus au Jardin des oliviers. Nous pouvons très sincèrement désirer aller jusqu’au martyr, mais la peur peut nous paralyser, nous retourner, songeons à Pierre : « Non je ne connais pas cet homme ». Demandons-nous sérieusement quel serait notre choix  et prions avec force pour rester fidèles à l’amour de Jésus, en toutes circonstances : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire ». Oui nous avons besoin de la grâce du Christ, de la force du Christ, de sa présence agissante en nous pour tenir dans l’adversité, « par nous-mêmes nous ne sommes que péché » écrit quelque part St Paul.

Jésus leur dit :
« La coupe que je vais boire, vous la boirez ;
et vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé.
    Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche,
ce n’est pas à moi de l’accorder ;
il y a ceux pour qui cela est préparé. »

Une fois de plus, Jésus ne cache rien et révèle que tout est entre les Mains de Son Père et notre Père. Nous ne suivons pas Jésus pour une récompense, pour une Gloire, fusse-t-elle celle de l’éternité, mais dans une gratuité absolue, parce que nous aimons. Jésus ne nous  montre-t-il pas le chemin ? Pécheurs, Il nous aime jusqu’à donner Sa vie sur la croix ! C'est à peine si l'on meurt pour un juste, et peut-être quelqu'un saurait-il mourir pour un homme de bien.  Mais Dieu montre son amour envers nous en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, [au temps marqué], Jésus-Christ est mort pour nous.  (Romains 5)

Attribuer une place dans le Royaume n’est pas de son ressort, c’est le Père qui s’en charge. L’essentiel n’est-il pas de voir les bras du Père ouverts pour nous accueillir ? Qu’importe l’endroit où nous serons placés, l’important n’est-il pas de voir ce Dieu qui nous aime et que nous aimons, de Le contempler « pour de bon » et de chanter Sa Gloire éternellement en unissant nos voix à celles des anges ? Siéger à droite ou à gauche, n’est-ce pas raisonner de façon très humaine, avec nos critères humains, un peu comme on reçoit une note pour un travail réussi ? Être en Dieu, doit être tellement différent, tellement plus grand que ce que nous pouvons imaginer, avec, pardonnez-moi, nos cervelles de moineaux ? Vivons pleinement, aimons sincèrement et préparons-nous à cet émerveillement qui dépassera toutes les fééries qui nous ont époustouflés ! Dieu est tellement autre, tellement grand, tellement amour, tellement lumière, tellement pur que nous ne pouvons pas envisager ce que sera La Rencontre des Rencontres, soyons simplement « veilleurs », n’anticipons pas, surtout, mathématiquement, ce qui est d’un tout autre ordre. AIMONS !

    Les dix autres, qui avaient entendu,
se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean.

C’est tout-à-fait normal parce tellement humain ! Le seul fait de s’indigner ne révèle-t-il pas  les tensions, les regards faussés, les peurs d’être soi-même lésés ? Comme si Dieu peut léser un de ses enfants ! Restons dans la confiance, quand sonnera notre heure nous verrons et nous saurons et nous risquons de nous reprocher d’avoir été calculateurs, malveillants pour nos frères inquiets de se « tailler »une place au soleil de l’éternité. Continuons d’apprendre à vivre le moins mal possible l’instant présent !

    Jésus les appela et leur dit :
 « Vous le savez :
ceux que l’on regarde comme chefs des nations
les commandent en maîtres ;
les grands leur font sentir leur pouvoir.
    Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi.
Celui qui veut devenir grand parmi vous
sera votre serviteur.
    Celui qui veut être parmi vous le premier
sera l’esclave de tous :

Jésus n’hésite pas à remettre les choses en place et à renverser l’ordre terrestre : « Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous : » Ce langage est à mille mille de nos façons de voir, d’évaluer les mérites, de considérer les personnes ! Vous avez vu déjà un Maître donner la préséance à son serviteur ? Un chef de file être l’esclave de ses pairs ? Il n’y a que Jésus pour oser cette échelle de valeurs et les saints pour l’adopter ! N’ayons pas peur de demander à Jésus de nous faire entrer dans ce projet d’amour, le seul qui ait du poids à Ses yeux, le seul qui puisse nous ouvrir toutes grandes les portes du Royaume sans autre désir que « d’être avec » ! Ah que nous aurons des surprises à l’heure du « tout en tous » !

    car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi,
mais pour servir,
et donner sa vie en rançon pour la multitude. »

Jésus, Lui, n’a rien revendiqué : « Or je dis ceci: Aussi longtemps que l'héritier est enfant, il ne diffère en rien d'un esclave, quoiqu'il soit le maître de tout;  mais il est soumis à des tuteurs et à des curateurs jusqu'au temps marqué par le père.  (Galates 4) » Et toute sa vie il en sera ainsi puisqu’Il ne fait rien qu’Il ne voie faire au Père, qu’Il s’agenouille au pied de Ses disciples –nos pieds !- pour les leur laver…et qu’Il donne et se donne jusqu’à l’extrême sur le gibet de la croix !

Broyé par la souffrance, le Serviteur a plu au Seigneur.
S’il remet sa vie en sacrifice de réparation,
il verra une descendance, il prolongera ses jours :
par lui, ce qui plaît au Seigneur réussira.
    Par suite de ses tourments, il verra la lumière,
la connaissance le comblera.
Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes,
il se chargera de leurs fautes.

et ce ne serait pas perdre du temps que de s’approprier ce passage de la Lettre de Saint Paul aux Philippiens jusqu’à la connaître par cœur pour lui permettre de monter en nous dans les tentations de pouvoir, d’avoir et de savoir !

Ayez en vous les mêmes sentiments dont était animé le Christ Jésus: 
bien qu'il fût dans la condition de Dieu, i
l n'a pas retenu avidement son égalité avec Dieu;
 mais il s'est anéanti lui-même,
 en prenant la condition d'esclave,
 en se rendant semblable aux hommes,
 et reconnu pour homme par tout ce qui a paru de lui; 
il s'est abaissé lui-même,
se faisant obéissant jusqu'à la mort, 
et à la mort de la croix.
 C'est pourquoi aussi Dieu l'a souverainement élevé,
 et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, 
afin qu'au nom de Jésus 
tout genou fléchisse dans les cieux,
 sur la terre et dans les enfers,  
et que toute langue confesse,
 à la gloire de Dieu le Père, 
que Jésus-Christ est Seigneur.
(Philippiens 2)



L’Ermite

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