vendredi 9 juillet 2021

Malheur à moi si je n'annonce pas l’Évangile

XVe DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE


Année B

(Mc 6,7-13)




Voilà un certain temps que Jésus chemine avec les Douze. Ils participent à la vie quotidienne de Jésus, écoutent Ses enseignements, sont témoins de Sa compassion pour ceux qui souffrent, souvent de miracles, ils perçoivent aussi les tensions qui se font jour ici et là , les controverses ne leur échappent pas , tout cela contribue à leur formation ? Ils ont entendu des paraboles qui leur donnaient droit à un cours particulier parfois : Il ne leur disait rien sans employer de paraboles, mais en particulier, il expliquait tout à ses disciples. (Mc 4) Ont compris que Jésus donne Sa vie sans lésiner Il revint à la maison, et la foule s'y assembla de nouveau, de sorte qu'ils ne pouvaient pas même manger. Les siens, l'ayant appris, partirent pour se saisir de lui, car ils disaient : " Il est hors de sens. (Mc 3) « La Mission d'abord » pourrait être la devise de Jésus à leurs yeux, l'heure semble venue d'aller seuls – c'est-à-dire sans Jésus – sur le terrain, pour expérimenter ce qu'ils ont découvert auprès du Maître : Jésus appela les Douze ; alors il commença à les envoyer en mission deux par deux.

Pourquoi deux ? Pourquoi pas un, voire trois, nous demandons-nous ? Je pense qu'il y a là l'expression d'une grande sagesse. A deux, si l'un a une quelconque défaillance ( de santé, d'élocution, de mémoire ) le second pourra le secourir . Si l'un se blesse, le partenaire pourra aller chercher du secours. De plus, quand il faudra rendre compte de la mission l'un complétera l'autre ou rectifiera tout faire-valoir éventuel. Le choix de deux personnes, pour une même mission, authentifie les paroles et les actes de ces personnes. Jésus Lui-même ne s'est-Il pas appuyé sur le témoignage de Son Père pour donner force à Sa Parole :

Vous jugez selon la chair; moi je ne juge personne. Et si je juge, mon jugement est véridique, car je ne suis pas seul, mais moi, et le Père qui m'a envoyé. Il est écrit dans votre Loi, que le témoignage de deux hommes est digne de foi. Or, je rends témoignage de moi-même, et le Père qui m'a envoyé rend aussi témoignage de moi." (Jn 8)

Nous trouvons la référence de Jésus à la Loi dans le Deutéronome : Un seul témoin ne sera pas admis contre un homme pour constater un crime ou un péché, quel que soit le péché commis. C'est sur la parole de deux témoins ou sur la parole de trois témoins que la chose sera établie. (Dt 19)

Sans doute en référence à la Loi, Jean le Baptiste est fidèle à cette manière de procéder : Les disciples de Jean rapportèrent tout cela à leur maître. Alors il appela deux d'entre eux, et les envoya demander au Seigneur : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » (Lc 7)

Et Jésus l'appliquera chaque fois qu'Il le jugera utile et nécessaire : Après cela, le Seigneur en désigna encore soixante-douze, et il les envoya deux par deux devant lui dans toutes les villes et localités où lui-même devait aller. (Lc 10)

A l'approche de Bethphagé et de Béthanie, sur les pentes du mont des Oliviers, il envoya deux disciples : « Allez au village qui est en face. A l'entrée, vous trouverez un petit âne attaché : personne ne l'a encore monté. Détachez-le et amenez-le. (Lc19)

Jésus donne également les outils, dont certainement, le plus essentiel  Il leur
donnait autorité sur les esprits impurs, l’Évangile ne développe pas dans cet extrait, en quoi consiste cette autorité. Essayons de comprendre pour éviter certaines confusions toujours possibles . 

« L’autorité de Jésus vient de Celui qui en est la source «  Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre ( Mt 28,18). Jésus est réellement l’Envoyé de Dieu, le Messie « Ne crois-tu pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même: le Père qui demeure en moi fait lui-même ces œuvres. Croyez sur ma parole que je suis dans le Père, et que le Père est en moi. (Jn 14)

Son autorité réside dans la cohérence entre ce qu’il dit et ce qu’il fait, cette cohérence s’accomplira pleinement sur la Croix par le don de soi total et son amour poussé jusqu’au sacrifice : Car le Fils de l'homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup. (Mc 10)

Son autorité n’est pas un pouvoir, ni une aliénation, elle est une puissance d’amour créatrice qui se manifestait dans Son enseignement et dans sa Parole qui guérissait et libérait : Et ils étaient stupéfaits de son enseignement, car il les enseignait comme ayant autorité, et non comme les scribes. (Mc 1)

Quand Jésus parle, il fait exister Le voleur ne vient que pour dérober, égorger et détruire; moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, et qu'elles soient dans l'abondance. (Jn10) ( Église catholique e France)

Il n'y a pas de disciple au-dessus du maître, proclame Jésus Lui-même, ni de serviteur au-dessus de son seigneur. Il suffit au disciple d'être comme son maître, et au serviteur comme son seigneur. S'ils ont appelé le maître de maison Béelzéboul, combien plus les gens de la maison! (Mt 10)

En conséquence, les « choisis », les ouvriers de la moisson, ne peuvent avoir d'autre ambition que celle d'appliquer ce que le « Saint de Dieu » Jésus, l'Envoyé du Père , leur révèle par Sa vie donnée. Comme Jésus leur vie personnelle doit être en cohérence avec la Parole de Vie qu'ils annoncent c'est ce qui leur permettra d'être écouté , entendu et cru , c'est cela qui fondera leur autorité ! Avant de dire, le témoin doit être, il convient qu'il vive au maximum de ses possibilités ce qu'il annonce ! Tout apôtre est appelé à devenir et être un autre Christ. Notre monde a besoin de saints qui l' entraînent sur le chemin de la sainteté. L'autorité ne s'exprime pas en pouvoir mais en service, l'apôtre de tous les temps est au service de ses frères, il est un indicateur qui montre le chemin par excellence : CELUI DE L'EVANGILE.

Jésus donne les outils et exige une grande liberté , liberté à l'égard des biens pour parvenir à une absolue liberté de l'esprit.

 et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture.     « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. »

Jésus, nous ne le dirons jamais assez, est venu accomplir et non abolir « Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. (Mt 5) Jésus enracine la mission évangélique dans la longue marche du Peuple hébreux lors de la Pâque :Vous le mangerez ainsi: les reins ceints, les sandales aux pieds, et le bâton à la main, et vous le mangerez à la hâte. C'est la Pâque du Seigneur. (Ex 12)

Comme les hébreux qui s'apprêtent pour la longue marche à travers le désert à la conquête de la terre promise, l'évangélisateur doit être et devenir parfaitement libre, tout superflu est à bannir . Jésus, en Saint Matthieu , demande à ceux qui veulent s'engager dans cette nouvelle voie de l'amour, de s'abandonner entièrement à la Providence : N'ayez donc point de souci du lendemain, car le lendemain aura souci de lui-même: à chaque jour suffit sa peine. (Mt 6) A plus forte raison Le demande t-il à ceux qui ont accepté de mettre leurs pas dans les siens « Lui qui n'a pas de pierre où reposer Sa tête" : Les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel des abris, mais le Fils de l'homme n'a pas où reposer la tête. » (Mt 8) Aujourd'hui encore, la plupart des religieux sont libres (ou devraient être) de tout bien pour se consacrer à la mission . Je connais des religieuses qui, lorsqu'elles sont appelées par la Supérieure Générale, à rejoindre une autre communauté, n'ont pour tout bagage qu'un minuscule sac à dos !

St Paul , fidèle à Jésus, n'agit pas autrement :

Alors quel est mon mérite ? C'est d'annoncer l'Évangile sans rechercher aucun avantage matériel, et sans faire valoir mes droits de prédicateur de l'Évangile.

Oui, libre à l’égard de tous, je me suis fait l’esclave de tous afin d’en gagner le plus grand nombre possible.

Et avec les Juifs, j’ai été comme un Juif, pour gagner les Juifs. Avec ceux qui sont sujets de la Loi, j’ai été comme un sujet de la Loi, moi qui ne le suis pas, pour gagner les sujets de la Loi.

Avec les sans-loi, j’ai été comme un sans-loi, moi qui ne suis pas sans loi de Dieu, mais sous la loi du Christ, pour gagner les sans-loi.

Avec les faibles, j’ai été faible, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns.

Et tout cela, je le fais à cause de l’Évangile, pour y avoir part, moi aussi.

Tout évangélisateur se doit de cultiver une liberté sinon absolue, en raison de son statut social ( célibataire ou marié) du moins, la plus grande possible pour se faire proche des hommes de son époque. Jésus n'en donne t-Il pas l'exemple quand Il épouse notre humanité avec toutes ses limites ?

Comportez-vous ainsi entre vous, comme on le fait en Jésus Christ : lui qui est de condition divine n’a pas considéré comme une proie à saisir d’être l’égal de Dieu. Mais il s’est dépouillé, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes, et, reconnu à son aspect comme un homme, il s’est abaissé,devenant obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur une croix. Ph 2

 Il leur disait encore : « Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ. Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. » Jésus leur demande ici de ne pas s'imposer, de ne rien exiger , d'être et de rester des témoins de la paix. C'était vrai au temps de Jésus, c'est vrai aujourd'hui ! La foi, le don de Dieu, ne s'imposent pas,( comme on gaverait un canard) ils se proposent ! Si notre Père respecte nos libertés individuelles jusqu'à l'extrême, nous devons agir de même. Si mon frère veut aller à sa perte, je peux en souffrir, mais je ne peux l'obliger , le seul recours c'est la prière, c'est de demander à Dieu de l'aider par une rencontre, un événement, à ouvrir son cœur, mais Dieu Lui-même, en Jésus, accepte Son impuissance face à l'homme pécheur ! C'est le sens de la mort de Jésus sur la croix. Ne le dit-Il pas Lui-même ? Alors Jésus lui dit: " Remets ton glaive à sa place; car toux ceux qui prennent le glaive périront par le glaive. Ou penses-tu que je ne puisse pas recourir à mon Père, qui me fournirait sur l'heure plus de douze légions d'anges? Comment donc s'accompliraient les Écritures, d'après lesquelles il doit en être ainsi? " (Mt 26)

secouez la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. Nous sommes en présence de paroles peut-être un peu difficiles à comprendre, pourtant elles nous ramènent encore et toujours au respect de la liberté. Agir comme Jésus le recommande ici, n'est-ce pas dire : nous respectons vos choix et le fait de respecter leurs choix devient un témoignage de respect de la diversité des pensées, tout en gardant au cœur l'ardent désir de les voir se tourner à un moment, vers Celui qui est la Vie et qui la donne en abondance. C'est ainsi que se conduiront Paul et Barnabé : Mais les Juifs excitèrent les femmes adoratrices de rang élevé et les principaux de la ville; ils poussèrent à la persécution contre Paul et Barnabé, et ils les chassèrent de leur territoire. Ceux-ci, ayant secoué contre eux la poussière de (leurs) pieds, allèrent à Iconium. Quant aux disciples, ils étaient remplis de joie et d'Esprit-Saint. (Act 13)


Ainsi préparés par Jésus Lui-même les Douze partirent, et proclamèrent qu’il fallait se convertir . Ils expulsaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient

« Je n’étais pas prophète, ni fils de prophète ; j’étais bouvier, et je soignais les sycomores. Mais le Seigneur m’a saisi quand j’étais derrière le troupeau, 

et c’est lui qui m’a dit : ‘Va, tu seras prophète pour mon peuple Israël.’ » (1ere lecture) Jésus nous prend comme nous sommes, là où nous en sommes , AUJOURD'HUI Jésus nous envoie, nous n'avons rien à craindre , si nous Lui sommes unis comme Il est uni au Père, ce n'est pas nous qui parlons, agissons c'est Christ qui vit en nous !

Si j'annonce l'Evangile, ce n'est pas pour moi une gloire, c'est une obligation qui m'incombe, et malheur à moi si je n'annonce pas l’Évangile ! Si je le faisais de mon propre gré, je mériterais une récompense; mais je le fais par ordre, alors c'est une charge qui m'est confiée. Quelle est donc ma récompense? C'est que prêchant l’évangile je l'offre gratuitement, sans user de mon droit de prédicateur de l’Évangile. (1Co 9)

Voici ce qu'écrivait le Cardinal Henri de LUBAC retourné à la Maison d’Éternité en 1991:Chacun de nous, à sa place modeste , « est » l’Église. Par chacun de nous, l’Église doit annoncer l’Évangile ; Elle doit l'annoncer à à toute créature. Elle en doit faire briller la lumière aux yeux de tout homme venant en ce monde : tel un candélabre qui n'est qu'un porte-flambeau. En chacun de nous, elle doit s'effacer devant son Seigneur , n'être qu'un doigt qui Le montre, qu'une voix qui transmet Sa voix. Chacun de nous doit être à sa manière et à son rang , un « serviteur » de la Parole.

«  Que le Seigneur soit en mon cœur et sur mes lèvres, pour que j'annonce avec compétence et dignité son Évangile » Ce vœu que tout prêtre énonce au moment de lire l’Évangile de la messe, ne doit pas rester formule rituelle. S'il n'est pas le vœu qui inspire notre prédication et nos tâches d’Église en toutes circonstances, nous méritons le jugement que prononçaient à tort les Israélites blâmés par Jérémie 5,13 : « Quant aux Prophètes ils ne sont que vanité, et la Parole n'est point en eux ! »

Et pour annoncer l’Évangile dignement et avec compétence, la chose qu'il importe de nous rappeler par-dessus tout, c'est que nous en sommes indignes et que nous ne le comprenons pas ! » 

( entendons ici que la plupart du temps la fine pointe de ce que dit le Christ nous échappe l’AMOUR JUSQU'A LA CROIX, VOILA UNE PAROLE DE VERITE !)

    Béni soit Dieu, le Père
de notre Seigneur Jésus Christ !
Il nous a bénis et comblés
des bénédictions de l’Esprit,
au ciel, dans le Christ.

    Il nous a choisis, dans le Christ,
avant la fondation du monde,
pour que nous soyons saints, immaculés 
devant lui, dans l’amour.

    Il nous a prédestinés
à être, pour lui, des fils adoptifs
par Jésus, le Christ.

Ainsi l’a voulu sa bonté,
    à la louange de gloire de sa grâce,
la grâce qu’il nous donne
dans le Fils bien-aimé.


    En lui, par son sang,
nous avons la rédemption,
le pardon de nos fautes.

C’est la richesse de la grâce
que Dieu a fait déborder jusqu’à nous
en toute sagesse et intelligence. 

    Il nous dévoile ainsi le mystère de sa volonté,
selon que sa bonté l’avait prévu dans le Christ :
    pour mener les temps à leur plénitude,
récapituler toutes choses dans le Christ,
celles du ciel et celles de la terre.

    En lui, nous sommes devenus
le domaine particulier de Dieu,
nous y avons été prédestinés 
selon le projet de celui qui réalise tout ce qu’il a décidé :
il a voulu  que nous vivions 
à la louange de sa gloire,
nous qui avons d’avance espéré dans le Christ.


    En lui, vous aussi,
après avoir écouté la parole de vérité,
l’Évangile de votre salut,
et après y avoir cru,
vous avez reçu la marque de l’Esprit Saint.
Et l’Esprit promis par Dieu
    est une première avance sur notre héritage,
en vue de la rédemption que nous obtiendrons,
à la louange de sa gloire.

L'Ermite

vendredi 2 juillet 2021

IL S'ETONNA...


XIVe DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE


Année B

(Mc 6, 1-6)



En ce temps-là, Jésus se rendit dans son lieu d’origine, et ses disciples le suivirent.

Nous suivons Jésus dans Ses déplacements depuis le début de son Ministère. Après avoir parcouru la Galilée, Il s'est rendu en Décapole en traversant le lac un soir de tempête où Ses disciples effrayés, Le réveillent, Le suppliant de les secourir ! Cet appel au secours montre à quel point ils ont compris que cet homme Jésus, apporte un plus à leur vie de pêcheurs professionnels.

Après ce bref séjour en Décapole, nous Le retrouvons en Galilée où Sa réputation d'homme de compassion attire les foules , un notable n'a pas honte de s'adresser à Lui pour demander du secours pour la chair de sa chair , cette grande fille de 12 ans gravement malade, sur le chemin, une femme, elle aussi malade, et cela depuis douze ans, sans vouloir Le déranger ose un acte de foi surprenant qui n'échappe pas à Jésus et nous manifeste un homme plein de délicatesse qui apporte la Paix, le Salut ( Ta foi t'a sauvée)

et la guérison physique et spirituelle. Nous Le retrouvons aujourd'hui, dans un contexte familier et familial, puisqu'Il revient dans ce village de Son enfance qui L'a vu grandir au milieu des siens, où, vraisemblablement Il exerçait le métier de charpentier aux côtés de son père putatif. Il ne semble pas que Jésus ait eu le temps, ni les moyens de fréquenter les écoles rabbiniques pour se former intellectuellement, d'autant que nous savons, par Saint Luc, qu' à tout juste douze ans, il est capable d'en remontrer, sans le chercher d'ailleurs, aux Docteurs de la loi stupéfaits de Son intelligence :

Or, au bout de trois jours, ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant; et tous ceux qui l'entendaient étaient ravis de son intelligence et de ses réponses. (Lc 2)

De passage dans Son milieu d'origine, Jésus peut espérer être accueilli en frère, Il n'hésite pas à rejoindre les croyants le jour du Sabbat à la Synagogue accompagné de Ses disciples , par contre, nul ne L'attend comme Prédicateur or :

Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. Nous pouvons imaginer la surprise, l'étonnement dit l’Évangile, des auditeurs ! Jusqu'à il y a quelques mois Jésus, discret et silencieux, partageait la vie des uns et des autres, et voilà qu'Il revient , prend la parole en public dans la chaire des Rabbis, il y a de quoi ouvrir grands ses oreilles et ses yeux, il est même accompagné par de jeunes hommes qui marchent avec Lui, semblent Le soutenir, partager Sa vie, et Son discours est cohérent plein de Sagesse, souvent accompagné de phénomènes surprenants qui relèvent du miracle !

De nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient : « D’où cela lui vient-il ? 
Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se
 réalisent par ses mains ? Les uns et les autres se posent des questions tout-à-fait pertinentes et légitimes , cette situation les dépasse. Certes, Il était absent depuis quelques mois, mais pas suffisamment pour se former, s'entourer de disciples et revenir en « Maître à penser » ! Là où tout bascule, c'est dans la remarque qui suit :

N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Jésus est connu et reconnu comme charpentier, une profession manuelle, comme le fils de Marie ( sans doute Joseph est-il, à cette période, déjà entré dans la Maison d’Éternité puisqu'il n'en sera plus question) et le frère de ceux que nous appelons chez nous , cousins et cousines. Notons qu'il n'est pas rare, aujourd'hui encore, d'entendre des africains notamment, présenter des membres de la famille comme frères et sœurs, alors qu'il s'agit de cousins et cousines , ils vont même jusqu'à nommer cousins, cousines, des personnes qui font partie de leur cercle d'amis, y compris des européens !

Sa Parole et Ses actes Le posent comme un Maître, or, Ses origines sont connues, du moins c'est ce que chacun croit savoir, et voilà qu'Il se permet de donner des

enseignements dans une assemblée ! De plus, la rumeur ( les nouvelles circulent vite) rapporte des faits surprenants concernant des guérisons, des libérations … Quelque chose échappe aux uns et aux autres et suscite la jalousie, soulève des passions cachées : Et ils étaient profondément choqués à son sujet.

Que Ses connaissances génèrent surprises, stupéfactions, on peut le comprendre , qu'elles choquent c'est autre chose ! Pourquoi être choqués quand quelqu'un de connu émerge parmi ses frères ? Ne serait-il pas plus sage, plus respectueux, plus judicieux, d'écouter, de regarder , d'essayer de comprendre ce qui se passe et d'en tirer tous les bienfaits dont nous pouvons être bénéficiaires ? Et nous ne sommes pas à l'abri de ces réactions épidermiques qui nous situent souvent en rivaux au lieu de nous réjouir du bien opéré par des personnes que l'on ne croyait pas susceptibles d'entraîner des groupes. N'avons-nous jamais rencontré ce genre de situation dans nos villages, nos quartiers , nos promotions d'étudiants, nos entreprises ?? S'il y a promotion au lieu de nous réjouir simplement, nous cherchons « l'anguille sous roche » et nous permettons des suppositions hasardeuses qui peuvent aller jusqu'à détruire une personne, un couple etc …

Nous pouvons appliquer à Jésus le passage d’Ézéchiel qui nous est offert en première lecture :

 l’esprit vint en moi et me fit tenir debout. J’écoutai celui qui me parlait. Il me dit :« Fils d’homme, je t’envoie vers les fils d’Israël, vers une nation rebelle qui s’est révoltée contre moi. Jusqu’à ce jour, eux et leurs pères se sont soulevés contre moi. Les fils ont le visage dur, et le cœur obstiné ; c’est à eux que je t’envoie. Tu leur diras : ‘Ainsi parle le Seigneur Dieu...’Alors, qu’ils écoutent ou qu’ils n’écoutent pas – c’est une engeance de rebelles ! – ils sauront qu’il y a un prophète au milieu d’eux. »

Les contemporains et compatriotes de Jésus ne se posent même pas la question, pourtant ils sont sensés connaître les Écritures et en vivre ! Ils attendent impatiemment le Messie promis mais pas « CELUI-LA » ils attendent non pas quelqu'un de brillant par la SAGESSE et L'INTELLIGENCE seulement, mais un guerrier qui mènera le monde à « la baguette », combattra l'occupant et le boutera hors le Pays. C'est d'eux et de tous ceux qui refusent de voir et d’entendre, que Jésus parle quand Il dit :Le cœur de ce peuple s'est alourdi : ils sont devenus durs d'oreille, ils se sont bouchés les yeux, pour que leurs yeux ne voient pas, que leurs oreilles n'entendent pas, que leur cœur ne comprenne pas, et qu'ils ne se convertissent pas. Sinon, je les aurais guéris ! (Mt 13)

Jésus a vite fait de percevoir ces tensions suscitées par Sa prise de parole et Ses actions, Il ne se gêne pas pour le dire haut et fort

 « Un prophète, dit Jésus, n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. » Jésus fait la dure expérience du rejet de ceux qui devraient L'accueillir en ami et s'intéresser à la nouveauté qu'apporte Sa Parole .

Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains. Jésus ne peut accomplir de miracles et encore moins guérir comme Il le dit en Matthieu 13, parce que les cœurs Lui sont fermés, et tout simplement sont fermés ! Nous sommes, comme très souvent, face au problème de la LIBERTE HUMAINE. Toutefois, même s'ils sont entravés par les dires

des uns et des autres, par les regards malveillants, certains ont réussi à se faufiler pour s'approcher de Jésus et recevoir la guérison par l'imposition des mains. Même dans une foule hostile, il y a et il y aura toujours des personnes discrètes qui par leur confiance, réchaufferont le cœur de Jésus. Pensons à Véronique sur le chemin du Calvaire elle n'a pas craint de se démarquer , alors que les apôtres brillaient par leur absence, pour tenter de rafraîchir le visage tuméfié de Jésus !

Et il s’étonna de leur manque de foi. Ce verset m'a retenue un moment : comment ce peut-il que Jésus soit étonné de leur manque de foi ? Je me suis endormie en essayant de le décortiquer, et il ne m'a pas lâchée durant la matinée.

Cela nous prouve sans doute que Jésus est vraiment homme et que, comme tel, Jésus avance Lui aussi, dans une totale remise de soi au Père qu'Il ne manque pas de consulter en se retirant à l'écart, dans le silence.

Peut-être pense-t-Il aussi , même si les moyens de communication ne sont pas ceux d'aujourd'hui, que Ses compatriotes connaissent un certain nombre de Ses interventions: Son Baptême et la manifestation de la Sainte Trinité qui a dû en bouleversé plus d'un, Cana ce tout Premier miracle qui n'a pas manqué de faire jaser, cette guérison d'un lépreux qui le met hors la loi, celle , spectaculaire, d'un paralytique et bien d'autres encore... Tous ces gestes ne devaient-ils pas éveiller leurs consciences, induire une profonde réflexion sur cette personnalité hors du commun ? Eh bien non ! Ou , si les uns et les autres réfléchissent, ils préfèrent y voir l'intervention de Beelzéboul comme au chapitre 3 de Marc « Les scribes, qui étaient descendus de Jérusalem, disaient : « Il est possédé par Béelzéboul ; c'est par le chef des démons qu'il expulse les démons. (Mc 3)

Nous pouvons leur appliquer ce que Jésus dira un peu plus tard aux Pharisiens : " Vous aussi, êtes vous donc sans intelligence ? (Mc 7)

Jésus, ne s'est-Il pas étonné il y a quinze jours , du manque de foi des apôtres lors de la tempête qui secouait allégrement leur barque : " Pourquoi êtes-vous ainsi peureux? Comment n'avez-vous pas de foi? " (Mc 4)

Peut-être enfin, pouvons-nous discerner ici, la montée en puissance des oppositions qui conduiront Jésus sur la croix ! Que le Pharisien, le scribe, le Docteur de la Loi lambda ne perçoive pas le Mystère, passe, mais que Ses proches, certains intimes ne comprennent pas ou, du moins ne se posent pas quelques questions, c'est on ne peut plus douloureux pour l'envoyé du Père . Jésus, comme Il le suggérera à ses apôtres, s'éloigne alors de Nazareth et Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant.

Dans toute maison où vous entrerez, dites d'abord : 'Paix à cette maison.' S'il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l'on vous servira ; car le travailleur mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison. Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qu'on vous offrira. Là, guérissez les malades, et dites aux habitants : 'Le règne de Dieu est tout proche de vous.' Mais dans toute ville où vous entrerez et où vous ne serez pas accueillis, sortez sur les places et dites : 'Même la poussière de votre ville, collée à nos pieds, nous la secouons pour vous la laisser. Pourtant sachez-le : le règne de Dieu est tout proche.' (Lc 10)

Et nous, sommes-nous des femmes et des hommes de FOI ? Donnons-nous toute notre confiance à Jésus ?

Hier, comme chaque année à cette période, hors COVID bien sûr, j'étais invitée, avec une centaine de personnes du coin, à un vernissage, qui clôturait une dizaine de jours de stage de peinture d'art. La rencontre se déroulait entre 18 et 20 h chez un habitant du Pays propriétaire d'un gîte avec chambres d'hôtes. J'avais averti que j'honorerai l'invitation, mais après la messe, donc pas avant 18 h 45. Nous avons eu la journée la plus humide de la semaine, les averses se succédaient, pas toujours violentes , mais elles obligeaient à trouver un abri, ce qui risquait de compromettre le temps de convivialité prévu autour d'un verre de l'amitié permettant les rencontres.

Je franchissais à peine l'entrée du clos, que le Maître des lieux, s'est détaché du

groupe avec lequel il échangeait pour me dire , visiblement heureux : « je suis sûr que vous avez prié pour nous, avec vous, le soleil s'installe ! » Quelques instants interdite de stupéfaction, je confirmais avoir prié à la messe pour ce rassemblement, pas spécialement pour le temps, mais pour que tout se passe au mieux. « J'en étais sûr ! » fut la réponse, avec un large sourire. Ce monsieur ne pratique que pour des occasions particulières mais il est profondément croyant, comme toute la grande famille, dont les parents ne manquaient pas la messe quand la santé le leur permettait, et reçoivent aujourd'hui la Sainte Eucharistie , chaque dimanche à leur domicile.

Voilà un aspect de la foi du croyant qui s'en remet à Dieu et en espère Présence, soutien, accompagnement dans les détails de la vie. Les gens du Pays, sont rassurés, affermis, confiants dans la Présence aimante et agissante du Seigneur parce qu'il y là, quelqu'un qui , par sa seule présence, pas nécessairement par la parole, leur rappelle que « Dieu veille » comme le dit le psaume « sur chacun de nos pas » C'est là, le témoignage donné par la présence des consacrés ( prêtres, religieux, religieuses) mais de tout chrétien qui ne craint pas d'exprimer sa foi et accueille le don de Dieu !

SEIGNEUR AUGMENTE EN MOI LA FOI

Mon Dieu, je crois en toi, augmente ma foi ;
j’espère en toi, assure mon espérance ;
je t’aime, fais-moi t'aimer de plus en plus,
je me repens d’avoir péché, accrois mon repentir.

Je t’adore comme mon premier principe,
je te désire comme ma fin dernière,
je te rends grâce comme à mon perpétuel soutien,
je t'appelle comme mon protecteur plein d'amour.

Mon Dieu, dirige-moi par ta sagesse,
corrige-moi-moi par ta justice,
réconforte-moi par ta miséricorde,
et protège-moi par ta puissance.

Je te consacre mes pensées,
qu'elles soient fixées sur toi ;
mes paroles, qu'elles ne parlent que de toi,
mes actions, qu'elles reflètent ton amour pour moi,
mes souffrances, qu'elles soient offertes pour toi.

Seigneur, je veux ce que tu veux,
parce que tu le veux,
et autant que tu le veux.

D'après la prière du Pape Clément XI


La prière de l'incroyant

Notre Père, si tu existes, j’ose me tourner vers Toi.
Si tu existes, ton Nom est saint, qu’il soit sanctifié.
Si tu existes, ton règne est l’ordre, et aussi sa splendeur : Que ton règne arrive.
Si tu existes, ta volonté est la loi des mondes et la loi des âmes !
Que ta volonté soit faite en nous tous et en toutes choses,
Sur la terre comme au ciel.
Donne-nous, si tu existes, notre pain de chaque jour, le pain de vérité, le pain de sagesse, le pain de joie, le pain substantiel qu’on promet à qui peut le reconnaître.
Si tu existes, j’ai de grandes dettes envers Toi : daigne me remettre mes dettes, comme je remets moi-même volontiers à ceux qui me doivent.
A l’avenir, ne m’abandonne pas à la tentation, mais délivre-moi de tout mal.

Père Dalmace Sertillanges (1863-1948)


L'Ermite

vendredi 25 juin 2021

NE CRAINS PAS, CROIS SEULEMENT

XIIIe DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE


Année B


(Mc 5, 21-43)




Dieu n’a pas fait la mort,
il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants.

Il les a tous créés pour qu’ils subsistent ;
ce qui naît dans le monde est porteur de vie
:
on n’y trouve pas de poison qui fasse mourir.
La puissance de la Mort ne règne pas sur la terre,
car la justice est immortelle.

Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité,
il a fait de lui une image de sa propre identité.

C’est par la jalousie du diable
que la mort est entrée dans le monde

Voilà ce que nous dit en première lecture de la liturgie de ce jour, le Livre de la Sagesse .L'auteur du Livre de la Sagesse n'est ni un théologien, ni un philosophe. Il se propose beaucoup moins de faire l'exposé méthodique d'un système que d'exhorter ses lecteurs à la recherche de la Sagesse et de la vie concrète qu'elle requiert. Son livre est la méditation d'une âme à la foi ardente, l'émouvant appel d'un croyant à ses frères. Dieu a fait l'homme pour l'incorruptibilité, telle est la bonne nouvelle. Après la mort, et sans doute immédiatement, l'âme fidèle continue de vivre, non pas de la survie traditionnelle du chéol, loin de Dieu, mais d'une vie sans fin de bonheur auprès de Dieu.( Extrait de la présentation du Livre de la Sagesse sur le CD ICTUS terme qui signifie Jésus-Christ Fils de Dieu Sauveur)

D'emblée, même après une lecture rapide de l'Evangile de ce jour, en nous appuyant sur le Livre de la Sagesse, nous comprenons que Jésus est venu pour la vie, nous trouvons de nombreuses références dans l'Evangile qui confirment cette assertion  :

Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie. » (Jn 8)

St Jean, dans son Evangile, évoque quarante huit fois la vie :

Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu'ils l'aient en abondance. (Jn 10)

Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. (Jn 6)

Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. (Jn 6)

Je ne vous donnerai pas les 48 références, je mets toutefois un terme à cette énumération avec ce verset de St Marc où Jésus nous dit bien clairement Que le Père n'est pas le Dieu des morts mais des vivants :

« n'avez-vous pas lu dans le livre de Moïse, au passage du Buisson, comme quoi Dieu lui dit : Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, et le Dieu de Jacob? Il n'est pas Dieu de morts, mais de vivants. (Mc 12)

Nous sommes créés pour la vie et ce que nous appelons la mort ( personnellement j'évite ce terme) n'est autre que « le passage sur l'autre rive » dont nous parlions dimanche dernier, l'entrée dans la vraie vie, celle qui n'aura pas de fin. C'est Thérèse de Lisieux qui disait : « je ne meurs pas, j'entre dans la Vie » Dès lors, il n'est pas étonnant que Jésus, qui passe en faisant le bien, remette debout et l'esprit et le corps, des personnes qui lui en font la demande. Aujourd'hui nous sommes en présence de deux situations où la vie est en danger et où Jésus intervient .

Mais pourquoi la guérison de cette femme interfère-t-elle dans dans le récit de la fille du chef de la Synagogue ? A mon avis, parce c'est une situation de vie. Que de fois nous sommes occupés à un service et une urgence se présente à laquelle nous répondons pour poursuivre ensuite ce que nous avions laissé en attente ! Il s'agit de la vie au quotidien et Jésus n'y échappe pas dans son humanité !

Et si nous consultons les synoptiques nous trouvons ces mêmes événements exactement dans le même ordre. Nous retrouvons Jésus effectuant le chemin inverse, Il quitte la Décapole et revient en barque en Galilée où une grande foule s'assemble autour de lui.

Jésus regagna en barque l’autre rive, et une grande foule s’assembla autour de lui.

Il était au bord de la mer. Arrive un des chefs de synagogue ,nommé Jaïre. Voyant Jésus, il tombe à ses pieds et le supplie instamment :« Ma fille, encore si jeune, est à la dernière extrémité. Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. » Jésus partit avec lui, et la foule qui le suivait était si nombreuse qu’elle l’écrasait.

Jaïre est un chef dans la synagogue à Capharnaüm, donc une personne respectée, parce qu'il essaie de vivre en conformité avec la loi divine .Comme tel, beaucoup pensent qu'il devrait être épargné de la maladie, lui et les siens . Eh bien non, suivre la loi divine ne garantit pas une vie sans problèmes, ni maladies. Jaïre a sans doute entendu des enseignements de Jésus à la synagogues, peut-être même vu des miracles, aussi, quand il apprend que Jésus est dans la Région l'amour de sa fille le pousse à rencontrer ce Jésus et à Le supplier d'intervenir. Tout notable qu'il est, cet homme tombe aux pieds de Jésus et Lui demande son aide en des termes d'ailleurs surprenants : « Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. » Jaïre manifeste indéniablement qu'il a une grande estime pour Jésus et les actes de salut qu'Il pose. On peut percevoir dans les termes de son propos une foi certaine dans la capacité de Jésus, puisqu'il Lui demande de venir, chez lui, pour imposer les mains à sa fille, afin qu'elle soit sauvée et qu'elle vive !

Jésus ne tergiverse pas, quelqu'un souffre, quelqu'un s'en remet à Lui, sur le champ,

Jésus part et comme une foule s'était rassemblée autour de Lui, elle emboîte le pas et le presse « au point de l'écraser » dit le texte. Dans cette foule se trouve une femme qui, en toute discrétion, peut-être par timidité, peut-être par gêne , ou parce qu'elle ne se sent pas digne d'approcher Celui que beaucoup appellent déjà Maître, cette femme, va tenter de s'approcher sans bruit, sans se faire remarquer en disparaissant au maximum à ses propres yeux, à ceux de Jésus, à ceux de la foule : Or, une femme, qui avait des pertes de sang depuis douze ans…– elle avait beaucoup souffert du traitement de nombreux médecins, et elle avait dépensé tous ses biens sans avoir la moindre amélioration ; au contraire, son état avait plutôt empiré –… cette femme donc, ayant appris ce qu’on disait de Jésus, vint par-derrière dans la foule et toucha son vêtement. Elle se disait en effet :« Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. » À l’instant, l’hémorragie s’arrêta, et elle ressentit dans son corps qu’elle était guérie de son mal. Aussitôt Jésus se rendit compte qu’une force était sortie de lui. Il se retourna dans la foule, et il demandait :« Qui a touché mes vêtements ? » Ses disciples lui répondirent :« Tu vois bien la foule qui t’écrase, et tu demandes : “Qui m’a touché ?” » Mais lui regardait tout autour pour voir celle qui avait fait cela. Alors la femme, saisie de crainte et toute tremblante, sachant ce qui lui était arrivé, vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité. Jésus lui dit alors : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. »

Certains à cette lecture, seront tentés de voir dans le geste de cette femme, de la superstition, ils la déclareront naïve et se moqueront de la simplicité de ce geste .N'oublions pas ce qui est dit au prophète dans la livre de Samuel :

«Ne prends pas garde à sa figure et à la hauteur de sa taille, car je l'ai écarté. Il ne s'agit pas de ce que l'homme voit; l'homme regarde le visage, mais le Seigneur regarde le cœur (1Sam16)

et dans l'évangile, Jésus ordonne :

« Ne jugez point afin de n'être point jugés, (Mt 7)

Nous ne savons pas , nous ne connaissons pas ce que nos frères portent dans leur

cœur, nous ne savons pas ce qui les anime, allons à Lourdes par exemple , n'est-ce pas admirable de voir tous les gestes posés par des frères qui expriment leur attachement , leur foi , leur espérance ? Celui-ci baise le sol de la grotte, d'autres touchent la pierre où la Vierge est apparue, d'autres gravissent le chemin de croix à genoux... autant de gestes et bien d'autres encore qui disent la foi de ces personnes. Alors , ici, rien de déplacé d'autant que cette femme ne pose pas un geste ostensible, c'est tout discrètement, qu'elle s'approche subrepticement pour toucher délicatement le vêtement du Seigneur, elle espère bien passer inaperçue et disparaître dans la foule, mais guérie cette fois. C'est sans compter avec le mystère de Celui qui déplace les foules, c'est Lui qui donne et se donne : « Ma vie, nul ne la prend, mais c'est moi qui la donne C'est pour cela que mon Père m'aime, parce que je donne ma vie pour la reprendre. Personne ne me la ravit, mais je la donne de moi-même; » Jn 10)

Une force est sorti de Lui , Jésus veut connaître la personne qui lui fait confiance à ce point, les apôtres pas encore sensibles aux mouvements de la grâce, tentent de détourner Son attention sur la foule qui le presse de toutes parts ! Jésus sait faire la différence entre les mouvements de foule et un acte volontaire, même discret, de quelqu'un qui est là , avec une attente précise, l'esprit déterminé à obtenir ce que son cœur désire et attend fermement. Depuis douze ans, elle est épuisée !

Cette personne qui a tout de suite éprouvé un bien-être , éprouve une certaine crainte à se manifester devant tous, mais elle est loyale et Jésus reste discret sur la raison profonde du geste de cette femme qui se jette à Ses pieds dans un attitude de foi et

d'action de grâce. Au lieu d'être réprimandée comme peut-être elle le craignait, Jésus, devant tous, loue sa grande foi « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. » Quelle densité dans cette brève phrase où sont rassemblées : la foi, la paix et cette guérison tant espérée ! Cette femme aurait pu repartir guérie mais avec un pincement au cœur ayant le sentiment d'avoir « volé » une grâce au lieu de cela, le Seigneur l'appelle « ma fille », loue sa foi vecteur de sa guérison, et lui offre la paix du cœur ! Quelle merveille !Jésus et la femme sont touchés, même avec Jésus, ce n'est jamais à sens unique : la femme est touchée parce qu'elle est reconnue, reçoit la Paix de Jésus et retrouve la santé. Jésus est touché par l'expression de la Foi de cette personne, parce qu'Il est en présence de quelqu'un qui souffre et attend de Lui cette remise en santé tant espérée ! Avons-nous cette foi inébranlable qui attend patiemment le don de Dieu ? Cette femme a attendu douze ans pour rencontrer la Bonne Personne et nous, savons-nous, nous abandonner jusqu'à ce que le Seigneur mette sur notre route la, ou les personnes qui nous permettront d'avancer ? Cette rencontre a légèrement retardé Jésus en route pour imposer les mains à la fille de Jaïre comme cela vient de lui être demandé il parlait encore, quand des gens arrivent de la maison de Jaïre, le chef de synagogue, pour dire à celui-ci :« Ta fille vient de mourir. Quel choc pour un père d'entendre semblable nouvelle, il y a de quoi s'effondrer .A l'écoute de cette nouvelle, les pensées doivent se bousculer dans l'esprit de ce père de famille : si cette femme n'avait pas retenu Jésus, si Jésus avait continué sa route ,nous n'en serions pas là... la révolte n'est pas très loin et le rejet de Jésus non plus ! N'est-ce pas notre attitude quand les choses ne marchent pas comme nous le désirons ? Pour les chargés de cette difficile mission, tout est terminé, ils vont même jusqu'à penser et dire : À quoi bon déranger encore le Maître ? » Mais Jésus reste attentif et saisit le message, Il prend le relais en rassurant Jaïre : Jésus, surprenant ces mots, dit au chef de synagogue :« Ne crains pas, crois seulement.» Nous restons dans le domaine de la foi, point commun aux deux situations qui nous occupent . Foi et abandon dans la confiance, c'est ce que Jésus demande. Ne crains pas, sous-entendu « laisse-moi faire » Et Jésus poursuit Sa route

Il ne laissa personne l’accompagner, sauf Pierre, Jacques, et Jean, le frère de Jacques. Nous retrouverons ces trois apôtres lors de la Transfiguration :

prenant avec lui Pierre, Jean et Jacques, il monta sur la montagne pour prier. Pendant qu'il priait, l'aspect de son visage devint autre, et son vêtement d'un blanc éblouissant. (Lc 9)

et de l'agonie au Jardin des oliviers

Ils arrivent en un domaine appelé Gethsémani, et il dit à ses disciples : " Demeurez ici tandis que je prierai. " Et il prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il commença à sentir de la frayeur et de l'angoisse. Et il leur dit : " Mon âme est triste jusqu'à la mort; restez ici et veillez. (Mc14)

Pourquoi ? Sans doute parce qu'il s'agit là de moments très forts de la vie terrestre de Jésus. Il est important que des témoins puissent en rendre compte le moment venu lors de la résurrection de Jésus pour embraser le monde.

Jésus part donc avec seulement les trois apôtres :

Ils arrivent à la maison du chef de synagogue. Jésus voit l’agitation, et des gens qui pleurent et poussent de grands cris. Il entre et leur dit :« Pourquoi cette agitation et ces pleurs ? L’enfant n’est pas morte : elle dort. » Mais on se moquait de lui. Alors il met tout le monde dehors, prend avec lui le père et la mère de l’enfant, et ceux qui étaient avec lui ; puis il pénètre là où reposait l’enfant. L'agitation dont il est question est surtout le fait de la coutume. L'enfant est considérée décédée aussi les connaissances se rassemblent et crient leur « désespoir » avec cris, larmes et lamentations de tous genres. D'où la question de Jésus et sa remarque qui devraient rassurer. Pour Jésus l'enfant dort comme dormait Lazare, comme dorment les chrétiens qui s'endorment dans la Foi pour entrer dans la Vie éternelle « Il parla ainsi, et ajouta: "Notre ami Lazare dort, mais je me mets en route pour le réveiller." Ses disciples lui dirent: "S'il dort, il guérira." Mais Jésus avait parlé de sa mort, et ils pensaient que c'était du repos du sommeil. Alors Jésus leur dit clairement: "Lazare est mort; et je me réjouis à cause de vous de n'avoir pas été là, afin que vous croyiez; mais allons vers lui." (Jn 11)

Mais nous ne voulons pas, frères, que vous soyez dans l'ignorance au sujet de ceux qui se sont endormis, afin que vous ne vous affligiez pas, comme les autres hommes qui n'ont pas d'espérance. Car si nous croyons que Jésus est mort et qu'il est ressuscité, croyons aussi que Dieu amènera avec Jésus ceux qui se sont endormis en lui. (1Th 4)

Or ce n'est pas le cas, il n'est pas pris au sérieux , on se moque ! Jésus n'en tient pas compte, Il prend la décision d'éloigner les pleureurs et de n'entrer dans la chambre qu'avec les parents de l'enfant et Ses trois témoins.

Jésus saisit la main de l’enfant, et lui dit :« Talitha koum »,ce qui signifie :« Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! » Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher– elle avait en
effet douze ans.

La fille de Jaïre, comme le fils de la veuve de Naïm Le Seigneur l'ayant vue( la maman), fut touché de compassion pour elle, et il lui dit: " Ne pleurez pas. " Et s'approchant, il toucha le cercueil, et les porteurs s'arrêtèrent; et il dit: " Jeune homme, je te le dis, lève-toi! " Et le mort se dressa sur son séant et se mit à parler; et il le rendit à sa mère. Tous furent saisis de crainte, et ils glorifiaient Dieu (Lc 7)

comme Lazare "Cette maladie ne va pas à la mort, mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle." (Jn 11) ont été ressuscités pour prolonger leur vie ici-bas, avec leur corps promis à devenir poussière à l'heure du vrai grand

passage dont la vraie victoire n'adviendra qu'au matin de Pâques quand Jésus se lèvera du tombeau pour entrer dans la Gloire de Son Père où l'humanité sera entraînée avec un corps glorifié. Nous serons les mêmes et pas vraiment les mêmes quant à la chair. Nos corps ressuscités participeront du Corps glorieux de Jésus, ce Corps transfiguré, contemplé par Pierre , Jacques et Jean, les témoins choisis par Jésus pour soutenir la foi des frères à l'Heure du Relèvement. On comprend que les témoins de ces grands moments , ces moments uniques et stupéfiants soient frappés d’une grande stupeur. Comme nous le sommes en cet instant où il nous est difficile de bien rendre compte , par des mots souvent figés, ces heures de grâce où le spirituel est entaché de matérialité. Pour s'en approcher il convient d'avoir la foi et de la demander avec force si la nôtre est vacillante ! C'est la Foi qui sauve la femme atteinte d'hémorragies « Ma fille ta foi t'a sauvée » c'est la foi qui est demandée à Jaïre, qui aurait pu désespérer « crois seulement » c'est la foi qui est demandée aux futurs baptisés «  croyez-vous En Dieu le Père, en Jésus mort et ressuscité, en l'Esprit Saint ... » ou aux parents, parrain et marraine pour les jeunes enfants. « puisque vous avez tout en abondance, la foi, la Parole, la connaissance de Dieu, » 2ème lecture

Devant la stupeur des témoins Jésus leur ordonna fermement de ne le faire savoir à personne ; Certains voient ici le secret messianique c'est-à-dire, que Jésus ne puisse être reconnu comme Messie qu'après la Passion mais, comprenons-le, Jésus, est obligé aussi de se protéger, comme après la multiplication des pains où les gens veulent le faire roi : Mais Jésus savait qu'ils étaient sur le point de venir le prendre de force et faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira, tout seul, dans la montagne. (Jn 6) Jésus reste libre et tient à être libre, les actes qu'Il pose sont des actes de pur amour, de pure compassion, aussi Il s'empresse ici, comme souvent de revenir au cœur de la situation , Il est l'envoyé du Père, Jésus est missionné par le Père pour révéler ce Père débordant d'amour pour l'humanité Il s'empresse ici de ramener les regards et la pensée des uns et des autres en les invitant à revenir à l'essentiel et à l'urgent du moment : nourrir cette fillette qui doit reprendre des forces après l'épreuve : puis il leur dit de la faire manger. Voilà Jésus plein de délicatesse, d'humanité , Jésus proche de chacun de nous jusque dans les questions matérielles de faim et de soif ! « J'ai compassion de cette foule, car voilà déjà trois jours qu'ils restent près de moi, et ils n'ont rien à manger. Je ne veux pas les renvoyer à jeun, de peur que les forces ne leur manquent en chemin. " Les disciples lui dirent: " Où nous (procurer) dans un désert assez de pains pour rassasier une si grande foule? " Jésus leur dit: " Combien de pains avez-vous? — Sept, lui dirent-ils, et quelques petits poissons. " Alors il commanda à la foule de s'asseoir par terre, il prit les sept pains et les poissons, et, après avoir rendu grâces, il les rompit et les donna aux disciples, et les disciples aux foules. Tous mangèrent et furent rassasiés; et des morceaux qui restaient, on emporta sept corbeilles pleines ». (Mt 15)



Celui qui en avait ramassé beaucoup
n’eut rien de trop,
celui qui en avait ramassé peu
ne manqua de rien

(Ex repris par 2 Cor)



Je te dis que si tu crois,
Tu verras la gloire de Dieu.
Je te dis que si tu crois,
Tu verras la gloire de Dieu.


Tu verras la gloire de Dieu,
Tu verras la gloire de Dieu,
Je te dis que si tu crois,
Tu verras la gloire de Dieu.




PAROLE DE DIEU

                     PAROLE DE VIE

L'Ermite